Biosphère & Noosphère

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Qui n'a jamais pensé être le premier à imaginer quelque chose ? Depuis que l'Internet existe, il est possible d'aller vérifier à quel point cette idée, bonne ou moins bonne, a déjà été développée ailleurs. Une idée, c'est plus qu'une information, un savoir ou une connaissance : c'est un processus complexe. L'Internet permet de vérifier si cette complexité a été enrichie par d'autres. Ce qui a conduit de nombreux internautes inventifs à cesser de réclamer la paternité de telle ou telle idée et à commencer à reconnaître que d'autres les avaient eues avant eux. Les idées seraient ainsi inspirées les unes des autres : c'est le principe même de la noosphère. Explication et retour à la nature des… idées.

Découvreurs plutôt qu'inventeurs

Qu'est-ce qui a une origine, un développement, un chemin de vie, qu'est-ce qui se reproduit et meurt ? Les humains, les animaux, les plantes. Et les idées ? Le corps et l'esprit ne sont-ils pas interdépendants ? Dès le xxe siècle, des chercheurs en sciences de la vie ont mis en évidence la capacité des idées à faire leur propre chemin. Ainsi Lynn Margulis, biologiste, a-t-elle démontré le pouvoir de négociation des bactéries[1].

James Lovelock[2] parle de l'hypothèse Gaïa pour proposer que la planète terre est un organisme vivant à part entière. Puis, Rupert Sheldrake a formulé l'hypothèse des champs morpho-génétiques : les idées seraient des ondes de formes, comparables à des ondes radios, que nous capterions, traduirions puis restituerions sous forme de création et cela intuitivement. Comme l'écrit Bernard Werber[3] : « un peintre, un musicien, un inventeur ou un romancier seraient alors essentiellement un récepteur radio hypersensible. » Nous serions tous potentiellement capables d'aller, avec notre cerveau droit, puiser dans l'inconscient collectif, puis de laisser communiquer hémisphères droit et gauche suffisamment librement et créativement pour parvenir à mettre en œuvre les concepts qui naviguent dans la noosphère, à la disposition de tous.

Le nouveau paradigme consiste dès lors à considérer que nous sommes des découvreurs et non plus des inventeurs d'idées.

Le cyberespace réunit toutes les informations qui baignent dans la noosphère. L'Internet, en tant que support, véhicule instantanément l'information numérique à l'échelle planétaire. L'Internet joue ainsi un rôle de catalyseur et d'accélérateur dans les échanges d'idées. L'humanité du XXIe siècle s'est complexifiée, au point de se concentrer sur le numérique. Au tournant du millénaire, la majorité des humains ont déjà utilisé l'Internet et compris que ce nouveau média faisait désormais d'eux des êtres interconnectés. Quelle puissance que de pouvoir accéder en tout temps et en tout lieu à n'importe quelle information ! Nous détenons des facultés autrefois réservées aux dieux. Face à ce pouvoir quelle est notre responsabilité ? Comment notre conscience doit-elle évoluer si nous voulons éviter de connaître un nouveau type de chaos collectif ? Les réponses dépendent très largement du développement de la conscience dans nos pratiques numériques citoyennes.

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Noosphère et infosphère

Compléments

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Yin et yang
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Les « 2 cerveaux »

Des champs morphogénétiques ?

Rupert Sheldrake, un des biologistes les plus innovants et controversés de ce début de XXIe siècle, suggère qu'il existe des interconnexions entre les organismes, une mémoire collective des espèces. Par conséquent, l'homme n'inventerait rien mais se ferait découvreur, capteur des idées que la noosphère met à sa disposition. Après les avoir confrontées à sa propre histoire, il les transformerait puis les restituerait. C'est le « rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme » de Lavoisier, adapté à la noosphère. L'hypothèse de Sheldrake n'a jamais été formellement validée, mais elle incite à rester ouvert et réceptif à ce qui se passe autour de nous, aux idées qui circulent – de quoi stimuler notre créativité. La culture émergente d'un monde interconnecté par l'Internet, puits de science en libre accès, renforce cette hypothèse.

Deux sphères, une vie

C'est dès 1926 que le scientifique Vladimir Vernadski a imaginé le principe de biosphère, en posant comme hypothèse que la vie était une force géologique qui ne cesse de transformer la Terre. Cette sphère de la vie matérielle réunit les mondes végétal, animal et humain. Fragile, la biosphère est au cœur des enjeux de société contemporains, comme a pu l'attester l'organisation des sommets de Rio (1992), de Kyoto (1997) ou de Copenhague (2009).
Avec Pierre Teilhard de Chardin s'est développée l'image d'une conscience globale, la noosphère, sphère de la pensée et de l'esprit. Les deux sphères sont entrelacées, interdépendantes, tel un couple qui danse la vie. Sur le chemin de cette vie, c'est notre esprit le guide, lui-même conditionné par le chemin parcouru, comme un rappel du tao qui unit les opposés, Yin et Yang.

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Biosphère et noosphère, schéma explicatif

Quelques pères spirituels de l'Internet

À leur manière, ils ont posé les bases du concept de l'Internet :

Vladimir Vernadski : un des fondateurs de la géochimie moderne, il est des premiers à envisager l'impact de l'activité humaine sur le climat, dès la fin du xixe siècle. Ses travaux en la matière rencontrèrent cependant peu d'écho, à une époque qui concevait la nature comme dotée de capacités de régénération inépuisables. Il aborde la notion biosphère et noosphère.

Père Pierre Teilhard de Chardin : il magnifia l'idée de noosphère, inspiré par la vision que « le monde n'est pas malade, il enfante », une source d'espoir en ces temps de transition marqués par l'incertitude. Paléontologue et théologien français, exilé involontaire en Chine pendant la seconde guerre mondiale, jésuite aux thèses peu orthodoxes, on pourrait dire qu'il a écrit le cahier des charges spirituel de l'Internet.

Gregory Bateson : depuis la Grande-Bretagne, il s'est évertué à tisser un lien entre toutes les recherches voisines sur le sujet. Le mouvement qu'il animait a été appelé écologie spirituelle et inspira les inventeurs du concept Internet, regroupés dans ce qui allait devenir la Silicon Valley (École de Palo Alto). Ce mouvement de recherche sans tabou, également à l'origine de la programmation neuro-linguistique (PNL), accompagna largement les débuts de l'Internet avant que le réseau ne soit financé par les militaires (voir l'article Tout a commencé avec l'École de Palo Alto).

Lynn Margulis : biologiste, elle est co-auteure avec James Lovelock de l'hypothèse Gaia1, qui suggère que la terre est un grand organisme vivant. Elle a démontré que des micro-organismes vivants tels que les bactéries ne se limitaient pas à un comportement automatique : ils négocient leurs attributs génétiques, effectuant ainsi naturellement ce que l'homme commence à entreprendre avec les organismes génétiquement modifiés. À ce titre, les bactéries n'utilisent pas seulement leur patrimoine matériel, mais également l'immatériel. Leur écologie est d'ordre spirituel. Or dès les débuts de l'informatique, on parle de s'inspirer des organismes vivants.

Doug Engelbarts : parallèlement aux informaticiens qui rédigèrent le protocole technique de l'Internet comme Vinton Cerf ou Pierre Vallée, Doug fut l'accoucheur de l'esprit communautaire du cyberespace. Concrètement, dans les années 1970 il a pensé et lancé le premier blog et réseau social, avec les moyens du bord, et ainsi initié la culture de l'ergonomie web, facilitant l'accès intuitif aux informations présentées graphiquement. En parallèle, il méditait et faisait la fête, ouvert et curieux de tout. Un vrai soixante-huitard.


Notes et références

Annexes

Formulaire de satisfaction prestations Ynternet.org