''Communauté'' : un gros mot ? : Différence entre versions

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''« Il faut s'entraider, c'est la loi de la nature »''<br>
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'''Notions-clès''': ''[https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89cologie_sociale écologie sociale], [https://fr.wikipedia.org/wiki/G%C3%A9nie_%C3%A9cologique écologie technique],[https://www.google.com/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=1&cad=rja&uact=8&ved=0ahUKEwilhZeamY7OAhVnJMAKHVmTDGgQFggeMAA&url=https%3A%2F%2Ffr.wikipedia.org%2Fwiki%2F%25C3%2589covillage&usg=AFQjCNH56vVHHy9kHIFpZUpAyXBcqk3b1Q&sig2=EJUN53P4aIsIklh06OwiNw''éco-lieu''],[http://www.laligue-alpesdusud.org/html/publications/associatifs/ass28_logicielslibres_enjeuxsociete.html liberté de choix],[https://fr.wikipedia.org/wiki/Mutualisation_des_services mutualisation],[https://en.wikipedia.org/wiki/Cohabitation cohabitat],[https://groups.diigo.com/group/e_culture/search?what=communaut%C3%A9 communauté].''
Jean de La Fontaine
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Les projets d'écolieux dont nous parlent les médias sont essentiellement « techniques » : il est question d'économie d'énergie, de matériaux sains, de préservation de sa santé. Mais on constate souvent que le ''chacun chez soi'' domine. On nous dit peu de choses le quotidien des cohabitants, leurs liens avec le monde du travail ou entre eux, les mise en communs de budgets pour acheter responsable, sur l'environnement socio-économique général. Quid en effet des structures permettant aux participants de monter des entreprises ensemble ? De partager les frais d'éducation des enfants ? De mutualiser certaines dépenses de santé ou de transport ? C'est de tout cela et bien encore qu'il est question dans l'écologie sociale, notion encore assez nouvelle et peu médiatisée. Sans doute parce qu'elle amène à parler de « communauté », un mot qui fait peur dans l'esprit du grand public.<br>
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''« Il faut s'entraider, c'est la loi de la nature »'', Jean de La Fontaine.
  
Eh oui, l’idée de « vivre en communauté » est très, trop, souvent liée à des souvenirs négatives : manque de privacité, espaces communs mal rangées, personnes qui abusent et qui nous font perdre confiance dans le groupe, manque de respect de la liberté de l’autre, obligation de faire la vaisselle, notamment celle de ses voisins, déviances en tous genres. De plus, les expériences hippies des années 60 et 70 ont, semble-t-il, laissé un souvenir aigre-doux dans l’inconscient collectif. <br>
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Les expériences hippies des années 60 et 70 ont, semble-t-il, laissé un souvenir aigre-doux dans l’inconscient collectif. C'est peut-être pour cela que le mot communauté est aujourd'hui un peu difficile à prononcer, surtout lorsqu'on y associe un autre mot : ''écologie''. Le mélange des deux, ''écologie communautaire'', fait surgir quelques craintes ou, en tout cas, du scepticisme. C'est pourquoi il est parfois plus prudent d'employer le terme ''écologie sociale'' pour décrire le renouveau communautaire auquel nous assistons. Mais entre écologie ''communautaire et sociale'', la différence est infime.
  
Pourtant nous vivons en communauté de pratiques, tous les jours : la Communauté Européenne, les communautés d'usagers, les collaborateurs du travail, les communautés virtuelles... L'expression « faire du travail communautaire », se réfère au travail social réalisé dans un quartier, que ce soit pour développer des activités sportives, artistiques ou pour aider les gens à trouver du travail et à défendre leurs droits sociaux. La notion de communauté reste donc importante pour un grand nombre d'humains qui ont compris les limites du ''tout individuel''. L'être humain est, par nature, un être social. Il a besoin de relations.
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Dans les deux cas, il est question avant tout d'éducation, de culture, d'économie, de tout ce qui fait évoluer nos comportements. On reconnaît une communauté de destin. On aborde ensemble tous les besoins humains, bien au-delà de la seule écologie technique (énergies renouvelables, écoconstruction, économie domestique). Or, reconnaissons-le, les projets d'écolieux dont nous parlent les médias sont essentiellement techniques : il y est question d'économie d'énergie, de matériaux sains, de préservation de sa santé.
Simplement, la méfiance règne dans cette époque de standardisation, où la différence représente souvent un risque. La complexité et la vitesse de la société de consommation, associées à la peur projetée par les médias qui doivent bien vendre de la publicité (et pour cela capter notre attention avec des nouvelles qui font sensation), tout cela et bien d'autres paramètres nous éloignent de nos racines et de notre confiance en l'autre, le prochain, le frère. Avons-nous même le temps pour dialoguer ?
 
 
 
<br>'''Voilà pourquoi choisir sa communauté, c'est choisir d'habiter avec d'autres et de mélanger les cultures. C'est choisir son environnement de stimulation. C'est choisir le chemin vers la qualité de vie. C'est s'ouvrir à l'écologie communautaire'''. <br>
 
  
==L'expérience de Smala==
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Dans ces projets, on constate souvent que le chacun chez soi perdure. On nous dit peu de choses sur le quotidien des cohabitants, sur leurs liens avec le monde du travail ou entre eux, sur la mise en commun de budgets pour acheter responsable, sur le travail à distance, bref sur l'environnement socio-économique général.  
Comme peuvent en témoigner les membres de l'association Smala, à l'initiative du projet Ecopol (voir l'acte 4, consacré à Smala), on peut vivre en communauté tout en préservant son intimité ou la cellule familiale : salle de bain, toilettes, cuisine, salon sont des espaces privés dans chaque foyer des écologis Smala. Un petit truc qui fait parfois toute la différence pour une bonne ambiance : on refuse d'accueillir les personnes qui n'acceptent pas d'abord de payer pour le nettoyage des espaces communs effectué par des concierges, et en même temps, on encourage les habitants à devenir concierges... et à facturer . Cela parait compliqué administrativement, car il faut payer d'abord et recevoir l'argent ensuite. Cela ne marche pas parfaitement non plus, mais en tout cas ça marche très bien pour des choses essentielle comme la propreté (on est en Suisse tout de même!), cela marche mieux que les tournus de bénévoles ou la liberté de faire chacun quand on peut. Nous avons défini de nombreuses autres règles de base tout aussi simple finalement, qui empruntent parfois à l'économie classique, parfois aux traditions ancestrales, parfois à la bohème, et toujours au bon sens. C'est pour cela que les maisons Smala sont comme des ruches où chacun peut venir butiner et pourquoi pas y faire son nid. Dans ces éco-lieux où certains travaillent, d'autres habitent et d'autres les deux, se trouvent conjuguées l'ambiance conviviale d'une famille recomposée et d'une maison de quartier, la propreté d'un hôtel et la qualité de gestion d'un institut de recherche. <br>
 
  
Quand à l'écologie communautaire, vous le verrez dans ces articles, c'est une clé-de-voûte indispensable pour des projets de co-habitat qui ne se limitent pas à la mutualisation des achats pour la construction de logements moins gourmands en énergie.  
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Dans un écolieu, les participants ont-ils prévu de l’entraide pour créer des micro-entreprises, pour cohabiter et coopérer dans le même environnement ? A quel point les parents s’entendront-ils pour adopter des règles communes au sujet de l’accès à la télévision, du partage de baby-sitters, des repas ? Pourra-t-on y partager des véhicules, des médecins, des jardins, une salle polyvalente ? Qui paiera et combien ? C'est de tout cela et bien plus encore dont il est question dans l'écologie sociale, notion encore assez nouvelle et peu médiatisée. Sans doute parce qu'elle amène à parler de communauté, un mot tabou !
  
Et nous avons du succès. A l'heure où nous bouclons cette première édition du livre, en septembre 2013, nous venons de signer notre... 41e contrat de gestion de maison. Le succès de Smala réside dans le fait qu’il y a – malgré les préjugés sur la vie en communauté – une proportion grandissante de personnes qui souhaite faire cette expérience de cohabitation et/ou coopération dans des lieux plus humanistes, ici et maintenant, concrètement. Les offres sont quasiment inexistantes. Smala propose de vivre en respectant mieux l’environnement, en développement sa responsabilité individuelle dans cette société de consommation. Nos pratiques sont basées sur la simplicité volontaire, la sobriété heureuse, la jubilation dans l’effort de vivre.<br>
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Et oui, l’idée de vivre en communauté est trop souvent liée à des images ou souvenirs négatifs : promiscuité, espaces communs mal rangés, minorité qui abuse et qui fait perdre confiance dans le groupe, manque de respect de la liberté d'autrui, obligation de faire la vaisselle, notamment celle des autres, déviances en tous genres. Pourtant, nous vivons en communautés de pratiques, tous les jours : la Communauté européenne, les communautés d'usagers, les collaborateurs de travail, les communautés virtuelles, etc.
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L'expression faire du travail communautaire, par exemple, se réfère au travail social réalisé dans un quartier. Que ce soit pour développer des activités sportives, artistiques ou pour aider les gens à trouver du travail, à défendre leurs droits sociaux. La notion de communauté reste donc importante pour un grand nombre d'humains qui ont compris les limites du tout ''individuel''.
  
Ces pionniers de l'écologie communautaire sont plus ou moins conscientes que la durabilité de la vie sur terre passe par la vie en communauté, que cela permet de réduire la consommation grâce au partage de matériels (réfrigérateur, connexion web, potager), tout en ayant une totale indépendance de rythme et des espaces réservés à l'usage privé. Ces personnes sont prêt à augmenter leur conscience en faisant l'expérience pratique, pour un week-end d'essai, puis quelques mois ou années. Ces personnes peuvent constater que, mise à part une réunion de maison par mois et le rangement régulier de leurs affaires dans les locaux communs, elles peuvent vivre entièrement à leur rythme.<br>
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L'être humain est, par nature, un être social. Il a besoin de relations. Mais prenons-nous seulement le temps de dialoguer ?
 
 
==Des relations humaines de qualité==
 
Mis à part une séparation de couple, rien de plus délicat qu'un déménagement. Alors imaginer s'il s'agit en plus de déménager dans un lieu o?u vous devrez participer à une réunion par mois avec d'autres co-habitants, où vous devrez adopter certaines nouvelles pratiques de tri des déchêts, de mutualisation de certains achats... Vous l'avez compris, dans l'écologie communautaire, l'élément le plus délicat est le facteur humain. C'est ici qu'on parle d'écologie relationnelle, un art qui vise à établir une communication harmonieuse entre les êtres humains. La régulation des relations entre les acteurs d'un tel lieu, le bon équilibre entre libertés individuelles et la gestion du bien commun sont autant de dimensions à organiser. S’il ne fallait retenir qu’une chose, c’est simplement qu'on peut faire des erreurs. On peut même accepter des régressions dans la qualité de la dynamique de l’écologie communautaire. Si on ne dramatise pas, si on n'entre pas dans des jeux de pouvoirs où l'on cherche à imposer ses idées au risque de faire exploser le groupe, alors on s'aperçoit qu'au fond, il y a des choses qu'on perd mais d’autres qu'on récupère ! Au final, les solutions adoptées conviennent à ceux qui s'engagent dans des relations durables. ''Relations durables'' ne veut pas dire ''relations faciles'', cela désigne surtout la capacité à s'accepter et à s'entendre sur les règles du jeu, au-delà des différences.
 
 
 
Pourtant, il est plus facile d'être solidaire lorsque tout va bien. Proposer un changement et mener ce changement à bien est plus conflictuel. Lorsqu'un groupe de personnes choisit d'expérimenter l'écologie communautaire, des discordances peuvent apparaître. D'où l'importance de mettre en place : <br>
 
*Une bonne gouvernance ou ''Qui décide quoi ?'' : afin que chacun se sente impliqué et écouté, il est essentiel de trouver une façon de décider qui soit la plus démocratique possible. Les outils de gestion informatiques, répondant aux critères de la ''culture libre'' (voir notre article ''[[Les netizens et la culture libre]]''), favoriseront le dialogue, la résolution des conflits et protégeront des despotismes.
 
*Un environnement social favorable : la présence de pionniers compétents dans la gestion des conflits est importante. Leur modération, leur recherche du consensus, leur attachement au bien commun et leur croyance en la non accumulation des ressources permettront de maintenir un climat sain et agréable pour tous.
 
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== En conclusion : bilan positif... après des démarrages où il faut s'accrocher==
 
Notre message fondamental : expérimenter l'écologie communautaire, c'est salutaire pour le corps et l'esprit, pour autant qu'on ait un peu de résistance morale aux difficultés initiales d'adaptation. Pour ne parler que de notre expérience directe, la très grande majorité des près de deux mille personnes qui ont co-habité et/ou co-opéré dans des maisons Smala de 1993 à 2013 considèrent que cela a été pour elles une "école de la vie" très instructive, qu'elles ont beaucoup appris et que cela leur a été très utile pour leur développement humain. Nous écrivons cela après des entretiens avec plusieurs centaines d'entre eux, des demandes de feedbacks réguliers, etc.<br> Il est temps, avec l'initiative Ecopol, de passer à un plus large déploiement de cet art de vive Smala.
 
 
 
Avanti al popolo ! C'est parti mon kiki !
 

Version actuelle datée du 16 août 2016 à 11:03

Notions-clès: écologie sociale, écologie technique,éco-lieu,liberté de choix,mutualisation,cohabitat,communauté.


« Il faut s'entraider, c'est la loi de la nature », Jean de La Fontaine.

Les expériences hippies des années 60 et 70 ont, semble-t-il, laissé un souvenir aigre-doux dans l’inconscient collectif. C'est peut-être pour cela que le mot communauté est aujourd'hui un peu difficile à prononcer, surtout lorsqu'on y associe un autre mot : écologie. Le mélange des deux, écologie communautaire, fait surgir quelques craintes ou, en tout cas, du scepticisme. C'est pourquoi il est parfois plus prudent d'employer le terme écologie sociale pour décrire le renouveau communautaire auquel nous assistons. Mais entre écologie communautaire et sociale, la différence est infime.

Dans les deux cas, il est question avant tout d'éducation, de culture, d'économie, de tout ce qui fait évoluer nos comportements. On reconnaît une communauté de destin. On aborde ensemble tous les besoins humains, bien au-delà de la seule écologie technique (énergies renouvelables, écoconstruction, économie domestique). Or, reconnaissons-le, les projets d'écolieux dont nous parlent les médias sont essentiellement techniques : il y est question d'économie d'énergie, de matériaux sains, de préservation de sa santé.

Dans ces projets, on constate souvent que le chacun chez soi perdure. On nous dit peu de choses sur le quotidien des cohabitants, sur leurs liens avec le monde du travail ou entre eux, sur la mise en commun de budgets pour acheter responsable, sur le travail à distance, bref sur l'environnement socio-économique général.

Dans un écolieu, les participants ont-ils prévu de l’entraide pour créer des micro-entreprises, pour cohabiter et coopérer dans le même environnement ? A quel point les parents s’entendront-ils pour adopter des règles communes au sujet de l’accès à la télévision, du partage de baby-sitters, des repas ? Pourra-t-on y partager des véhicules, des médecins, des jardins, une salle polyvalente ? Qui paiera et combien ? C'est de tout cela et bien plus encore dont il est question dans l'écologie sociale, notion encore assez nouvelle et peu médiatisée. Sans doute parce qu'elle amène à parler de communauté, un mot tabou !

Et oui, l’idée de vivre en communauté est trop souvent liée à des images ou souvenirs négatifs : promiscuité, espaces communs mal rangés, minorité qui abuse et qui fait perdre confiance dans le groupe, manque de respect de la liberté d'autrui, obligation de faire la vaisselle, notamment celle des autres, déviances en tous genres. Pourtant, nous vivons en communautés de pratiques, tous les jours : la Communauté européenne, les communautés d'usagers, les collaborateurs de travail, les communautés virtuelles, etc.

L'expression faire du travail communautaire, par exemple, se réfère au travail social réalisé dans un quartier. Que ce soit pour développer des activités sportives, artistiques ou pour aider les gens à trouver du travail, à défendre leurs droits sociaux. La notion de communauté reste donc importante pour un grand nombre d'humains qui ont compris les limites du tout individuel.

L'être humain est, par nature, un être social. Il a besoin de relations. Mais prenons-nous seulement le temps de dialoguer ?