Comportements citoyens et netoyens

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Voici une histoire qui montre que la réalité dépasse souvent la fiction:

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Dans une jolie chocolaterie d'un quartier chic du centre ville de Genève, un petit panneau en chinois mentionne « Veuillez s'il vous plaît ne pas cracher par terre ». Pourquoi ce message et pourquoi en chinois? Parce que culturellement, en Chine, il n'est pas considéré comme nécessaire pour l'hygiène d'éviter de cracher par terre. Les gens crachent dans la rue, mais ils crachent aussi dans les transports publics et dans les magasins. Le gouvernement chinois a entrepris plusieurs campagnes de grande envergure pour sensibiliser les citoyens à la nécessité d'arrêter de cracher par terre; pour nous, cette pratique culturelle est perçue comme archaïque et non pas seulement mal polie, mais aussi considérée comme un manque de comportement citoyen.

Mettez-vous maintenant à la place des citoyens du net, ceux qui ont conscience qu'envoyer une pièce jointe en format .doc est un manque de respect de l'espace public, qu'envoyer un e-mail à tous ses contacts en permettant à des personnes qui ne se connaissent pas de voir les adresses les uns des autres est un manque de respect pour la sécurisation des adresses et favorise la propagation des virus informatiques, ou encore qu'écrire en majuscules signifie crier, et est très impoli. Ces citoyens du net conscients regardent les internautes qui n'ont pas cette conscience des comportements citoyens comme nous regardons ces chinois qui crachent par terre dans une chocolaterie. Ils sont choqués, ils n'arrivent pas à comprendre comment de tels comportements, de telles déviances, ont pu se développer. Même si cette comparaison peut paraître excessive, il ne s'agit pas de savoir si elle est juste ou fausse, mais de souligner l'importance de la perception, de la prise de conscience. Les chinois n'ont pas conscience du mal qu'ils font; au même titre les internautes qui font preuve d'un manque de citoyenneté numérique, n'ont pas conscience de la détérioration qu'ils commettent dans l'espace de l'information publique. Voici donc quelques comportements citoyens et netoyens qui montrent la situation.

Tableau des comportements citoyens et netoyens

Thème Action citoyenne Action netoyenne
Ecologie Trier ses déchets Ne pas envoyer des pièces jointes trop volumineuses
Respect des travailleurs Acheter des marchandises issues du commerce équitable Acheter des équipement électroniques dont les concepteurs respectent les droits des travailleurs...
Mobilisation Manifester devant une centrale nucléaire Contribuer à publier un classement des positions des élus selon vos valeurs et choix politiques
Contribution Élire le gouvernement de la ou les communautés géographiques dont vous faite partie Elire le gouvernement de la ou les communautés thématiques dans lesquelles vous contribuez (wikipedia, Debian, Creativecommons...)
Revendication Pétition ePétition

Les personnes actives passent autant de temps à communiquer derrière un écran qu'avec leur voisin (si ce n'est plus). Il faut donc poser des principes de comportement comme le fait la netiquette.

Internet permet une amplification des actes citoyens et l'émergence d'une nouvelle culture citoyenne. Laura Timonen et Vilma Luoma-aho ont analysé l'évolution citoyenne depuis la Grèce antique jusqu'à l'aire numérique et ont publié leur résultats sous la forme d'un tableau récapitulatif. [1]

Après une lente éclosion, puis une maturation difficile, la notion de citoyenneté semble aujourd'hui bien établie. Chacun est citoyen d'un état géographiquement délimité. Le citoyen a des droits et des devoirs. Le mot 'citoyen' est même très en vogue depuis quelques années et se décline dans de multiples expressions : "actions citoyennes", "comportements citoyens." Des expressions qui reviennent de plus en plus souvent dans les discours politiques et ceux des collectivités [www.escp-eap.net/conferences/marketing/pdf/canel.pdf] C'est qu'être un citoyen est devenu aujourd'hui si commun que certains en viennent à oublier les devoirs élémentaires qu'engage une citoyenneté épanouie. Dans les démocraties modernes, tout le monde -ou presque [2]- a le droit de vote. C'est un fait acquis. Est-ce pour cette raison que les taux de participation des électeurs sont toujours plus faibles [3] ? L'intérêt que revêt la citoyenneté est-il soluble dans sa banalisation ? La citoyenneté ne se limite pas au fait de voter ou pas. Elle se déploie dans l'action de chacun pour la communauté. La citoyenneté moderne dépasse aussi l'espace circonscrit des États.



Titre 2

L'attrait déclinant pour la citoyenneté pourrait s'expliquer par une crise de la représentation [4] impliquant une crise plus globale : celle de la confiance dans les institutions, mises à mal par divers scandales spoliant la grande majorité des citoyens. Ces dix dernières années, un type nouveau de citoyenneté s'est développé, sur Internet. Il peut être considéré comme le prolongement, voire l'approfondissement de la citoyenneté classique. En effet, certains utilis'acteurs des outils numériques ont compris le potentiel qu'ils avaient pour engager des actions citoyennes à grande échelle et rapidement. Toutefois, cette culture de la citoyenneté numérique, que l'on pourrait appeler netoyenneté, se fait elle aussi par étapes. Le grand public n'a pas encore pris toute la mesure de l'amplification que les réseaux pouvaient amener à la citoyenneté. Certains sont encore dans une phase de fascination ludique et enfantine devant des objets d'une grande complexité technologique. Mais ils n'exploitent pas leurs potentialités. Or, pour devenir un netoyen, il ne faut pas seulement se poser en utilisateurs passif d'outils numériques mais en contributeurs. Internet est devenu un rouage incontournable de nos sociétés. La citoyenneté numérique s'impose donc au citoyen responsable.


Titre 3

La citoyenneté numérique a pour but d'affirmer et de mettre en œuvre le droit des générations futures à accéder à des conditions de vie décentes et convenables. Elle agit pour le bien commun. Elle est issue d'une prise de conscience et d'un développement de l'esprit critique. Chacun est acteur de la société et son action sur les technologies aura un impact, positif ou négatif, mais jamais neutre. La citoyenneté numérique fait appel à la responsabilisation de chacun. Le partage des connaissances et la mutualisation des moyens amplifiés par les outils numériques permet le développement rapide et puissant d'enjeux démocratiques redynamisés.

Evolution des attentes et des définitions citoyennes

Type de citoyenneté Particularités de cette citoyenneté
Grèce Antique Seuls les hommes libres peuvent être actifs politiquement. Ils considèrent la citoyenneté comme un privilège.
Libéralisme Relation individuelle avec l'Etat. L'accent est mis sur les droits citoyens. L'Etat est garant de ces droits.
Communautarisme L'accent est mis sur la communauté, la participation et l'identité commune. La communauté s'auto-gouverne.
Vision tripartite de Marshall Une division doit être faite entre les droits civils, politiques et sociaux.
Globalisation Va au-delà de l'Etat nation et entrevoit peut-être une citoyenneté civile globale. Protection des consommateurs. Investissements éthiques
Aire numérique Citoyenneté numérique (netoyen), technologique, urbaine, culturelle, écologique
  • traduit de l'anglais



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Les textes et images de ce livre sont sous licence "Art Libre". Les auteurs sont mentionnés. Mais qui prend le temps de bien lire une licence ? Pas grand monde. Les termes sont souvent compliqués, le langage est spécifique au domaine juridique. Néanmoins, c'est un effort à faire à l'occasion, comme une hygiène. Et voici l'occasion, avec ces quelques extraits tirés de la licence "Art Libre". Cette dernière est utile pour les modes d'emploi, les images, la musique, les films...

Les (...) signifient que nous avons supprimé un passage moins important.



Voilà, c'est tout. Aller, arrêtons de lire ces articles compliqués sur des aspects légaux dont pas grand monde n'a compris grand-chose, et filons vite regarder une série télé piratée sur Youtube. Mais non, c'est une blague. Vive la culture libre et la liberté d'expression ! CQFD



Encart 1

La Déclaration d’indépendance du Cyberespace fait fausse route lorsqu’elle construit un espace politique unifié en miroir inversé de cet autre, dominé par « les géants fatigués de chair et d’acier ». Il faut bien plutôt se représenter le cyberespace comme un espace fragmenté, en mille-feuilles, où se juxtaposent des centaines de millions d’espaces autonomes, auto-régulés, et aussi en interaction les uns avec les autres. Des listes de discussion aux forums, des blogs aux wikis, des [BBS] aux réseaux sociaux, de Usenet au Web 2.0, des jeux massivement multijoueurs aux univers virtuels, c’est la même histoire qui se joue, selon des modalités différentes : c’est la construction d’espaces politiques locaux et interconnectés, c’est l’apprentissage invisible pour des centaines de millions de gens d’une sociabilité de proximité et d’une citoyenneté à taille humaine. http://blog.homo-numericus.net/article10639.html

Encart 2

Le saviez-vous ? Le sociologue Nicolas Auray a montré, à propos de la communauté des développeurs et des utilisateurs de la distribution Linux Debian, que celle-ci devait s’appréhender comme une cité politique ayant adopté ses propres lois.


Sources et notes

Source : http://blog.homo-numericus.net/article10639.html

Sources iconographiques

http://www.chine-informations.com/images/upload/large_143209.jpg