De la nécessité de penser global

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« Nous vivons à la fois dans le mouvement perpétuel et dans le sur-place, dans le trop plein et dans le trop vide. À la fois dans l'idée que tout est possible, et dans le constat que rien ne peut être maîtrisé. »

« La société dépressive », Robert de Herte (Alain de Benoist), Éléments, nº 114, automne 2004, p. 3

L'écologie est aujourd'hui abordée partout et tout le temps. Pour certains c'est une source d'inquiétude, un problème à résoudre. Pour d'autres c'est un nouveau secteur économique: écoquartier, produits avec labellisation écologique, vêtements biologiques... Mais dans tous les cas, l'écologie est une question complexe, qui nécessite une approche écosystémique (toutes les parties d'un écosystème sont liées, il faut donc tenir compte de chacune d'entre elles). C'est là que se situe le principal défi.

Construire un écoquartier : une avancée?

Lorsqu'une entreprise de construction décide d'innover et de construire un écoquartier, elle choisit des matériaux naturels, réduit la consommation d'énergie et ainsi diminue l'empreinte écologique des habitants du lieu.
Beaucoup s'exclameront: « Superbe! »
Cependant, cette initiative rencontre ses limites. Lorsque les habitants s'installent dans ce genre de lieu plus par mode que par pure conscience écologique, certaines situations paradoxales peuvent apparaître. Les habitants veulent conserver leur confort: chacun veut garder sa voiture, sa télévision, son grand salon pour recevoir des amis, sa maison secondaire...
L'écoquartier est donc un pas en avant, mais: « Est-ce une solution satisfaisante pour répondre aux urgences actuelles? Cette construction écologique est-elle suffisante pour nettoyer la planète de la pollution provoquée par l'Homme? ».
La première réponse est évidemment: « Non! ».

L'écologie globale : autant sociale qu'environnementale

Voici un autre exemple illustrant le manque d'implication globale en matière d'écologie:
Le syndicat d'une entreprise produisant des produits hautement chimiques et néfastes pour l'environnement lutte pour de meilleures conditions de travail des salariés et obtient gain de cause. Ceci est essentiel pour réconcilier les différentes classes sociales et construire ensemble un monde meilleur. Néanmoins, ces salariés continuent d'habiter dans des maisons préfabriquées qui consomment beaucoup d'énergie car mal isolées, roulent dans des voitures hautement polluantes, n'ont pas la culture des soins par les thérapies douces, et surtout contribuent à la pollution de la planète par leur travail.
Parallèlement, un groupe de médecins en thérapie douce ouvre un centre de formation pour transmettre ses savoir-faire aux jeunes générations. Ce projet est essentiel pour réduire la production de médicaments industriels. Il enseignera aux bénéficiaires comment se soigner par anticipation et utiliser des plantes pour être en bonne santé. Cette équipe revalorisera des savoirs-faire ancestraux et les rendra accessibles au grand public. Les salariés auront accès à toutes ces connaissances et seront sensibilisés à l'écologie. Le projet est très abouti mais ce groupe de médecins ne sait pas gérer son équipe de travailleurs. Leurs salariés sont sous-payés et n'ont pas accès à la sécurité sociale.

Ces exemples sont exagérés, certes. Dans la pratique, il est possible de conjuguer respect de l'environnement, sécurité sociale et économie non spéculative.
« Alors pourquoi est-ce que de telles initiatives globales n'émergent pas plus largement un peu partout sur Terre ? »
Surement parce qu'il est difficile et très contraignant de respecter tous ces critères. Bien que la contribution de chacun soit importante, le temps nécessaire pour arriver à un projet répondant à tous les défis du monde actuel serait trop long. Il est urgent de chercher et de trouver des solutions rapides, efficaces et globales aux défis planétaires. Nous ne pouvons pas attendre que l'eau et l'air soient entièrement viciés pour retrousser nos manches et adopter des pratiques globalement justes.

Le chemin de la transition

Interrogez les habitants de l'écoquartier, les syndicalistes qui défendent les conditions décentes de travail, les thérapeutes qui sensibilisent les nouvelles générations, tous vous diront:
« Oui je suis d'accord, j'essaie de contribuer à mon échelle car je ne peux pas, à moi tout seul, changer le monde. Mon acte de solidarité est intéressant, certes pas suffisant. Mes journées ne durent que 24 heures, je ne peux pas faire plus!»

C'est en cela qu'un pôle d'écologie est essentiel. Il permet de réunir toutes ces bonnes pratiques dans un seul lieu. D'offrir une vision globale de ce qu'il est possible de réaliser pour résister aux concurrences déloyales et s'inspirer des expériences déjà disponibles pour éviter de reproduire des erreurs du passé, tout en construisant un ensemble cohérent.

Ecopol propose de vivre dans un écoquartier, de se détourner de l'économie spéculative, de faire la transition vers une médecine plus douce, et d'augmenter la sécurité sociale. Plus globalement, il s'agit de vivre en cohérence avec ses valeurs du développement durable.

Les différents degrés de l’action écologique

Alors que davantage de monde se réclame de l'écologie, il est intéressant de resituer ici les différents degrés d'implication afin de discerner le niveau réel de motivation des acteurs.
Voici une typologie des actions écologiques entreprises par les gros groupes mondiaux, d'après Jean François Rischard, ex-vice-président de la Banque Mondiale jusqu'en 2005, devenu consultant en « économie de la connaissance ». Extrait de l'entretien accordé à Clés sous le titre "Les 5 stades de l'action écologique des multinationales".

  1. La philanthropie
    Il s'agit souvent de tous petits efforts en matière de culture ou d’art, dans le cadre des centres d'intérêt de chacun. Cela peut être la participation aux actions d'une association ou la création de sa propre fondation.
  2. La responsabilité Sociale défensive
    Elle se met en place au sein des entreprises dans un contexte d'attaque médiatique ou juridique. A titre individuel, lorsque l'on est impliqué dans une action néfaste pour l'environnement (habitat hautement consommateur d'énergie, possession de plusieurs véhicules), on compense les dégâts que l'on provoque par des actes écolos (achat d'aliments biodynamiques, installation de panneaux solaires...)
  3. La responsabilité Sociale pro-active
    Afin de prouver son engagement écologique, on accepte de changer ses pratiques au quotidien (car sharing, inscription à une AMAP...). Les entreprises prennent elles-mêmes des initiatives RSE pour impressionner leurs salariés, leurs actionnaires, leurs clients. C'est une question d'image.
  4. L'implication profonde
    Afin de palier les défaillances de l’État, les citoyens décident de développer des actions de protection de l'environnement ( vélorution ou masse critique, nettoyage de printemps, happening...). Au delà des actions de conscientisation, les citoyens créent leur propre projet afin de limiter leur impact environnemental (covoiturage, coopérative d'achats...). Du côté des entreprises, "elles se substituent aux gouvernements comme agents de développement, ou de nettoyage de l'environnement, ou de politique sanitaire, etc. Et ça c'est intéressant, parce que souvent, elles n'en parlent pas beaucoup. Elles le font parce qu'il y a réellement un trou dans le système et que les gouvernements ne font pas ce qu'il faut".
  5. La résolution des problèmes
    Lorsque ce sont les entreprises qui s’attaquent à la résolution des problèmes planétaires, elles le font à différents titres (il peut en être de même pour les citoyens) :
  • En tant que « leader du travail cérébral »
    John Brown de la BP a financé les analyses des solutions du réchauffement global de l’institut de Princeton. D’autres sociétés américaines financent des études sur la gestion des très grandes villes dans trente ou quarante ans, quand elles seront extrêmement congestionnées.
  • En tant que lobbyistes.
    Une quarantaine de grosses boîtes se sont alliées pour inciter le gouvernement américain à contrôler les émissions de carbone. Et même du temps de Kyoto, une cinquantaine d’entreprises poussaient Washington à ratifier les fameux accords de Tokyo.
  • En tant que décideurs de normes.
    Unilever a décidé de cesser, à partir de 2005, d’acheter des poissons en provenance de pêcheries non durables. Ce faisant, la firme introduit une sorte de norme générale que tout le monde va être amené à suivre, surtout quand elle est suivie par une entreprise comme Walmart, qui est un énorme acheteur. Le poids d'Unilever est d’autant plus grand pour imposer une norme, qu’il travaille sur cent cinquante pays, alors qu’un gouvernement peut au mieux agir sur le sien.

Source : Les 5 stades de l'action écologique des multinationales, magazine Clés, http://www.cles.com/dossiers-thematiques/autres-regards/quelles-alternatives-humaines-a-la/article/les-5-stades-de-l-action