Fracture numérique : Différence entre versions

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== '''Internet : une nouvelle source d’inégalités''' ==
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inégalités, équité, inéquité, minorités, information, droits, exclusion, défavorisé
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== Fracture numérique ==
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700 millions de Chinois, et moi et moi et moi... J'y pense et puis j'oublie, c'est la vie c'est la vie. Dans les années 1960, quand Jacques Dutronc chantait cette chanson, ces 700 millions de chinois nous paraissaient si loin, si inaccessibles... Mais avec l'essor d'Internet, les distances se sont réduites. Vite. Beaucoup. Tout est plus près, plus facile d'accès, on rencontre la même personne par hasard dans deux pays différents et notre planète semble toute petite. Du moins, c’est ce que ressentent ceux qui ont la chance d’être du bon côté de la « fracture numérique ».
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Fracture numérique, c’est le nom donné à l’inégalité d’accès aux nouvelles technologies, comme Internet. Alors que nous considérions à leurs débuts, que l’ordinateur et Internet n’étaient que des gadjets, nous savons aujourd’hui qu’il s’agit en fait de nécessités, partout dans le monde. Internet est devenu un réel enjeu de société… et une nouvelle source d’inégalités.
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=== Internet : nouvelle source d’inégalités ? ===
  
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== '''L’isolement des plus pauvres''' ==
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''Sept cents millions de Chinois, et moi et moi et moi... J'y pense et puis j'oublie, c'est la vie c'est la vie''. Les Chinois que chantait Jacques Dutronc, dans les années 1960, paraissaient bien loin et très inaccessibles à ses admirateurs francophones. Avec le développement d'Internet, les distances se sont réduites, de manière rapide et considérable. À leurs débuts, l'ordinateur et Internet étaient perçus comme des gadgets réservés à une minorité d'utilisateurs. Ils ont, depuis lors, démontré leur caractère essentiel à la vie sociale et économique de chacun d'entre nous, partout dans le monde. La libre circulation d'une information le plus souvent gratuite concourt à favoriser l'égalité des chances et le rapprochement des individus : en proposant des outils qui facilitent la vie de tous les jours, la technologie numérique aide à réduire les différences sociales entre ses utilisateurs. Le paradoxe, c'est qu'Internet a également contribué à creuser l'écart entre utilisateurs et non utilisateurs du Net, amplifiant ainsi les inégalités qui lui préexistaient.
  
Sur Terre au début du 21e siècle, 2,6 milliards d'humains vivent avec moins de 2 dollars par jour. Ils sont tout en bas de l'échelle sociale. Et, tout en haut, un cinquième de la population mondiale consomme à lui seul environ 90% des ressources disponibles. Ces chiffres ont été publiés dans un état des lieux alarmant des Nations Unies en 2010 [1].
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On a baptisé fracture numérique l'inégalité d'accès aux nouvelles technologies telles qu'Internet. Ceux qui sont du bon côté de ce fossé peuvent en principe disposer du Net pour défendre leurs droits et leurs idées, pour s'informer et pour communiquer. Les autres subissent un désavantage supplémentaire à ceux qu'ils connaissaient déjà : ils se retrouvent totalement exclus d'une nouvelle dimension de la société, qui leur échappe chaque jour un peu plus.
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Comment des différences aussi importantes sont-elles possibles ? Quand même, cela parait incroyable ! Si un paysan en Inde ou en Chine vend sa récolte à des commerçants de sa région, il devrait gagner suffisamment pour vivre dans la dignité, avec bien plus que 2 dollars par jour, même s'il est pauvre. Eh bien non, cela ne se passe pas souvent comme ça. Injustices, petites et grandes, sont monnaie courante. Pourquoi ? A cause du manque de formation pour accéder et produire de l'information de qualité. La plupart du temps, le manque d'information (ou sa faible qualité) amène les gens à ne pas connaître les différentes options qu'ils ont face à des choix qui régissent leur vie. Donc ils acceptent des situations qui les laissent dans un état de dépendance. Il est plus facile de recevoir du poisson que d'apprendre à pêcher. Il est plus facile de faire comme on a toujours fait, comme on nous a appris à faire ou comme nos parents faisaient, plutôt que de tenter de nouveaux comportements sociaux.
 
  
Donc comment réduire les fossés sociaux ? Bien des avis convergent : en favorisant l'équité des chances et en rendant les gens autonomes.
 
A ce stade, devinette : qu'est-ce qui est compliqué ''à priori'' mais qui peut favoriser l'équité des chances et rendre les gens autonome s'il est bien utilisé ? Vous aviez pensé à Internet ? Bingo !
 
  
Si vous lisez ce livre, vous êtes probablement déjà bien informé, vous avez accès aux médias, à Internet. Et donc vous l'avez expérimenté : les technologies de l'information, dites "numériques", permettent d'accélérer les mouvements d'informations, d'avoir plus d'équité sociale, et de devenir plus autonome dans ses actions quotidiennes. Et vous avez aussi remarqué, peut-être sans y prêter attention, qu'Internet vous donne un avantage sur ceux qui n'y ont pas accès. Tout va plus vite : les décisions, et aussi l'impact des décisions.  
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==== Petite histoire d'une révolution…  ====
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Dans de nombreuses régions du monde, les commerçants des métropoles régionales s'entendent sur l'achat des récoltes paysannes. Ils se partagent les régions, créant de la sorte des situations de monopole. Lorsque l'un d'entre eux arrive dans un village avec le camion destiné à charger la récolte locale, il se trouve, face aux paysans, en situation de force : « Vous n'avez pas le choix. C'est moi qui décide du prix, car je suis le seul à venir dans votre village éloigné pour acheter votre récolte. » Ce prix, le sien, finit en général par être accepté.
  
Un train déraille dans une région bien connectée, et rapidement des transports alternatifs sont organisés. Dans une région mal connectée, tout le monde attend, les solutions s'organisent bien plus lentement, l'information passe mal.  
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Mais avec l'arrivée des téléphones mobiles et d'Internet, les paysans équipés ont désormais la possibilité de répondre : « Nous sommes navrés, cher négociant, mais nous venons de nous renseigner sur le Web ou par téléphone. Il en ressort que si nous allions vendre notre récolte en ville par nous-mêmes, nous en obtiendrons un prix supérieur. Alors si vous n'acceptez pas notre prix de vente, nous louerons un camion et irons vendre notre récolte en ville. Vous ne tenez plus le couteau par le manche. C'est maintenant nous qui décidons. »
  
Un pauvre cherche une adresse, il fait du porte à porte, va à pied, demande dans la rue, perd du temps, et doit avoir beaucoup de force intérieure pour atteindre son but. Un riche utilise son GPS et son téléphone portable, fonce sur l'autoroute ; il a des filets de sécurité en permanence.  
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==== Et de ses laissés pour compte  ====
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Cette petite histoire illustre comment les plus défavorisés sont privés des ressources auxquelles ils pourraient avoir droit, s'ils disposaient d'une connexion à Internet.  
  
Une développeur de logiciels informatiques a du retard dans son travail, il ne sort plus de chez lui, commande des pizzas livrées à domicile ; et de l'autre côté de la chaine de production, des banlieusards travaillent dans une usine de fabrication de pâte à pizza dans un pays sans protection sociale ni sécurité au travail, pour satisfaire les besoins de l'informaticien. Difficile de trouver dans son quartier une pizzeria fonctionnant selon les principes de l'économie ''sociale et solidaire'', même si c'est parfois possible. Et difficile de trouver un ouvrier dans une usine agroalimentaire d'un pays pauvre qui utilise quotidiennement Internet pour s'informer, défendre ses droits, organiser ses loisirs, améliorer sa santé. Au contraire, l'émergence de l'informatique en réseau a accentué les inéquités sociales, globalisé le fast food, augmenté les écarts de revenus entre riches et pauvres, et cela au sein même de chaque pays.
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Les victimes de la fracture numérique sont nombreuses, notamment :
  
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* Les plus pauvres, qui n'ont pas les moyens de se procurer des appareils informatiques ou d'en louer ;
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* Les plus éloignés des centres villes, qui n'ont accès ni au réseau, ni aux cybercafés, et dont personne dans l'entourage ne peut encourager l'usage d'Internet ;
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* Les plus âgés, qui n'ont pas encore réussi à s'adapter à ce nouveau fonctionnement social.
  
== '''Le microcrédit : une porte de sortie ?''' ==
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Sur Terre, en ce début du xxi<sup>e</sup> siècle, 2,6 milliards d'humains vivent avec moins de deux dollars par jour. Ils sont tout en bas de l'échelle sociale. Et, tout en haut, un cinquième de la population mondiale consomme à lui seul environ 90&nbsp;% des ressources disponibles. Ces chiffres ont été publiés dans un état des lieux des Nations Unies en 2010.
  
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Le manque de moyens empêche à une grande partie de la population mondiale d'accéder aux équipements numériques. Les plus pauvres, déjà handicapés par leur faible niveau de vie et le pouvoir qu'acquièrent dès lors sur eux les plus riches, sont les premières victimes de cette nouvelle iniquité&nbsp;: ils sont confrontés à une rareté de l'information. Parce que les nouvelles technologies permettent d'augmentater la qualité et la quantité des communications, les «&nbsp;bien connectés&nbsp;» sont plus autonomes dans leurs actions quotidiennes. Prenons l'exemple d'un train qui déraille dans une région bien connectée&nbsp;: très rapidement, des transports alternatifs vont être mis en place. Dans une région mal connectée, l'attente va se prolonger, les solutions s'organiseront plus lentement, car l'information circule mal. Plusieurs événements récents ont montré que l'accès à Internet pouvait amener les populations à prendre conscience de leur position et à s'autonomiser&nbsp;: ce fut le cas, on le sait, dans le monde arabe en 2010 et 2011, où les premières révolutions se sont organisées à partir d'Internet et des réseaux sociaux.
  
Alors quoi ? C'est comme ça ? Il faudrait se résigner à accepter que l'écart entre faibles et forts augmente à cause d'Internet ? Non, au contraire ! Souvenez-vous : Internet est un moyen, pas une fin. C'est un outil qui favorise un mode d'organisation qui, bien que complexe, n'est pas centralisateur. Au contraire, il donne un pouvoir équitable à chacun de ses utilisateurs, pour autant que nous soyons aptes à l'utiliser intelligemment. Exemple de bon usage qui réduit la fracture sociale : le micro-crédit. Dans de nombreuses régions du monde, les commerçants des métropoles régionales s'entendent sur l'achat des récoltes des paysans. Ainsi, lorsqu'un commerçant arrive dans un village avec un camion pour le remplir de la récolte locale, il dit implicitement aux paysans : ''« vous n'avez pas le choix ! C'est moi qui décide du prix, car je suis le seul à venir dans votre village éloigné pour acheter votre récolte »''. Le commerçant attend que les paysans du village soient au bout du rouleau, qu'ils craquent et acceptent son prix. Depuis l'arrivée des téléphones mobiles et d'Internet, les paysans peuvent maintenant lui répondre : ''« désolé cher commerçant, nous venons de nous renseigner sur le web ou par téléphone. Nous constatons que le prix moyen serait supérieur si nous allions vendre nos denrées en ville par nous-mêmes. Si vous n'acceptez pas notre prix de vente, nous pouvons louer un camion et descendre dans la métropole pour les vendre. Vous ne tenez plus le couteau par le manche. C'est maintenant nous qui décidons. Proposez-nous un prix équitable, c'est la condition pour continuer à commercer avec vous''. Et que vient faire le micro-crédit là-dedans ? Si le paysan a passé son année à préparer sa récolte, bien souvent il n'a plus d'économie au moment de vendre sa récolte pour louer un camion. Il va alors pouvoir contracter un micro-prêt, dit « micro-crédit », pour louer un camion, descendre en ville, vendre sa récolte à un meilleur prix, remonter dans le village et rembourser le micro-prêt. Souvent les téléphones mobiles ou le matériel du cybercafé du village ont, eux aussi, été acheté grâce au micro-crédit.  
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L'isolement géographique est un autre facteur de fracture numérique&nbsp;: l'accès à un lieu connecté est plus aisé en ville, directement dans un cybercafé ou avec l'aide d'utilisateurs déjà équipés. En milieu urbain, même sans ordinateur, il est possible de recueillir l'information, tant elle circule&nbsp;: conversations, commerces diffusant radio ou télévision… L'information est partout dans l'air. ''A contrario'', dans un petit village de montagne, qui plus est peu peuplé où personne n'a accès à Internet, les chances de recueillir l'information de manière indirecte sont inexistantes&nbsp;: pas de cybercafés, ni de lieux de rencontre ou de cours d'informatique. Les liens avec l'extérieur sont trop limités pour que l'information pénètre le village. Sans Internet, ni téléphone, l'information reste en ville… sans même que les villageois se rendent compte de leur préjudice.  
  
Permettre de passer par-dessus les intermédiaires qui se ''sucrent'' sans vraie valeur-ajoutée : voilà un des intérêts fondamentaux d'Internet. C'est dans cet esprit que de nombreuses actions citoyennes ont été mises en place afin de lutter contre la fracture numérique. On les désigne avec les termes suivants : e-inclusion, inclusion socio-digitale, réduction de la fracture numérique, insertion socio-numérique...
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Par ailleurs, dans toutes les sociétés, sans distinction de classe sociale ou de localisation, les personnes les plus âgées sont plus sujettes à l'exclusion numérique. La plupart d'entre elles ne parviennent pas à intégrer à leur quotidien cette nouvelle dimension de la société, ce qui aggrave encore le fossé entre les générations. Plusieurs programmes ont été mis en place pour aider les «&nbsp;anciens&nbsp;», qui ne sont pas nés avec le numérique, à intégrer les nouveaux schémas de pensées nécessaires à la compréhension et à l'utilisation du numérique au quotidien.  
Dans un premier temps, les initiatives pour réduire cette fracture visaient les personnes qui n'ont pas accès à l'information, les régions isolées, les populations sans les moyens financiers d'accéder aux technologies numériques. Progressivement, les actions d'inclusion numérique visent aussi personnes qui ont des handicaps physiques, les séniors, bref, toutes les communautés. Internet permet aussi de relocaliser l'économie et de préparer ainsi ''l'après pétrole''. Des initiatives d'inclusion numérique se lancent dans toutes les régions et pour tous les buts.
 
  
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La fracture numérique ne sort pas de nulle part&nbsp;: elle est une amplification des fractures sociales. Être exclu du numérique (ne pas avoir accès à Internet, ne pas posséder de téléphone portable, etc.) entraîne des conséquences, sociales et politiques dont nul n'avait idée au lancement d'Internet.
  
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==== Inclure plutôt qu'exclure ====
  
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Pour lutter contre la fracture numérique, il existe plusieurs solutions, baptisées eInclusion, inclusion socio-digitale, insertion socio-numérique. Dans un premier temps, les initiatives en question visaient les personnes qui n'ont pas accès à l'information pour une raison économique, démographique ou géographique. Progressivement, les actions d'inclusion numérique tendent à cibler également les personnes porteuses de handicaps physiques et les seniors.
=== Sources iconographiques ===
 
http://www.almin.be/newsletter/pics/almin009-05.gif
 
  
http://1.bp.blogspot.com/_TlqOebU2Ank/RbP19iCdnwI/AAAAAAAAAGA/59oIi8TT-fY/s400/fracture-num%C3%A9rique.png
 
  
http://artic.ac-besancon.fr/histoire_geographie/BJacquet/cartographie/images/web03.gif
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== Sources et notes ==
  
http://civitas.blog.tdg.ch/media/01/02/1623193681.jpg
 
 
=== Sources et notes ===
 
 
http://fr.wikipedia.org/wiki/Fracture_num%C3%A9rique#Probl.C3.A9matiques
 
http://fr.wikipedia.org/wiki/Fracture_num%C3%A9rique#Probl.C3.A9matiques
  
 
Rapport sur la fracture numérique en Suisse, par la CEAT (MM Vodoz, Steiner, etc) : http://www2.unil.ch/cwp/rap_int_pnr51.pdf
 
Rapport sur la fracture numérique en Suisse, par la CEAT (MM Vodoz, Steiner, etc) : http://www2.unil.ch/cwp/rap_int_pnr51.pdf
  
http://www.ladocumentationfrancaise.fr/dossiers/internet-monde/fracture-numerique.shtml  
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http://www.ladocumentationfrancaise.fr/dossiers/internet-monde/fracture-numerique.shtml
  
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[http://www.useit.com/alertbox/digital-divide.html 3 stages of digital divide]
  
 
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=== Sources iconographiques ===
'''Version numérique, à reprendre
 
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Des milliards de dollars sont en effet investis chaque année par gouvernements et institutions parapubliques (fondations, associations) pour tenter d'éviter un nouveau drame social mondial : la fracture numérique, alias le fossé digital (''digital divide'' en anglais).

 
 
 
Selon les gouvernements et la plupart des grandes ONG qui gèrent des projets de réduction de la fracture, il s'agit d'une fracture entre connectés et déconnectés, entre internautes réguliers et ponctuels, entre webmasters et analphabéTICs (TIC signifie dans le jargon institutionnel "Technologies de l'Information et de la Communication"). Pour cela, ils font appel à des représentants de la « Société Civile » (PME, associations) et leur fournissent des ordinateurs. Ainsi, ils facilitent la connexion au réseau Internet, financent quelques cours de Word et organisent de nombreuses conférences sur la nécessité de réduire la fracture. En marge, ils font une photo d’enfants et de femmes devant les ordinateurs pour justifier l’usage de l’argent, fournissent des chiffres impressionnants, et parfois organisent un forum sur Internet et un site qui va durer quelques années avant de s’arrêter faute de moyens... Et voilà, hop, le tour est joué, il y a eu un « acte visible de réduction de la fracture numérique ».
 
 
 
Pour justifier leurs démarches, ils utilisent des arguments quantitatifs : il y a autant de téléphones à New-York que dans toute l'Afrique. Un ordinateur coûte au moins 4 ans de salaire moyen au Bangladesh et seulement 1 mois salaire moyen en Angleterre. Une entreprise suisse a accès à autant d'informations stratégiques pour ses affaires chaque jour qu'une entreprise de Bolivie en une année. 

Mais, concrètement, est-ce en livrant des technologies qu’on réduit une fracture sociale ?
 
 
 
Nous l'avons dit: la vraie fracture est sociale. Elle coupe l’humanité entre une minorité qui contrôle les ressources, et une majorité qui les subit, consommateurs involontaires. Mais les mesures pour réduire cette fracture de manière qualitative ne sont pas des mesures visibles dans l’économie de la panique, modèle de gestion dominant en occident.
 
 
 
=== Encart 1 ===
 
'''Argent public et fracture numérique'''
 
 
 
Difficile d’utiliser l’argent public pour atteindre des objectifs qualitatifs. Les gouvernements ont besoins de résultats à court terme, de chiffres impressionnants. Mais la fracture est entre ceux qui contrôlent l’information par voie numérique, et ceux qui la subissent. Elle réside entre ceux qui se sentent otages des ordinateurs pour assurer leur avenir professionnel, et ceux qui apprécient ces outils pour devenir plus autonomes dans leur développement général. Elle existe entre les responsables informatiques des grandes organisations et les directions des ces organisations qui ne comprennent pas les enjeux des choix qu’ils doivent faire. Elle se loge enfin entre ceux qui ont compris comment « devenir le média », et ceux qui ne voient dans l’E-communication qu’un système moins cher que la poste.
 
Cette fracture creuse chaque jour plus les inégalités sociales.
 
Si l’électronique dope les dynamiques, il faut s’assurer que nous dopons une dynamique de construction de la planète, et non de destruction de la planète.
 
 
 
 
 
'''Définitions'''
 
 
 
La fracture numérique est une fracture sociale accentuée par les progrès technologiques liés à l'informatique et à Internet. Elle peut être définie comme "l'inégalité dans l'accès et l'usage des technologies numériques."
 
 
 
Socio Digital inclusion : descriptif de ce que c'est Socio digital inclusion ainsi qu'illiteracy (alphabétisation numérique) et fluidité numérique (digital fluency), les différents niveaux de compétences de l'eculture, avec les médiateurs tout en haut et encore les pilotes en disant que ça se fait partout, etc. Comparatif Wikimedia, Debian (chaque fois des développeurs, membres d'un conseil, etc.)
 
 
 
== Version en ligne ==
 
 
 
=== Reste à faire ===
 
Théo: synthèse
 
 
 
important: de toute façon y a une volonté citoyenne, donc de toute façon ça va dans le bon sens, mais parfois ça frise, voire c'est carrément contre-productif, et souvent ça a un impact faible par rapport aux moyens investis, parce que y a des brides et des déviances involontaires et non anticipées, et ça pose problème
 
 
 
''' Tableau '''
 
 
 
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Version actuelle datée du 12 août 2012 à 18:28

inégalités, équité, inéquité, minorités, information, droits, exclusion, défavorisé


Fracture numérique

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Internet : nouvelle source d’inégalités ?

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Sept cents millions de Chinois, et moi et moi et moi... J'y pense et puis j'oublie, c'est la vie c'est la vie. Les Chinois que chantait Jacques Dutronc, dans les années 1960, paraissaient bien loin et très inaccessibles à ses admirateurs francophones. Avec le développement d'Internet, les distances se sont réduites, de manière rapide et considérable. À leurs débuts, l'ordinateur et Internet étaient perçus comme des gadgets réservés à une minorité d'utilisateurs. Ils ont, depuis lors, démontré leur caractère essentiel à la vie sociale et économique de chacun d'entre nous, partout dans le monde. La libre circulation d'une information le plus souvent gratuite concourt à favoriser l'égalité des chances et le rapprochement des individus : en proposant des outils qui facilitent la vie de tous les jours, la technologie numérique aide à réduire les différences sociales entre ses utilisateurs. Le paradoxe, c'est qu'Internet a également contribué à creuser l'écart entre utilisateurs et non utilisateurs du Net, amplifiant ainsi les inégalités qui lui préexistaient.

On a baptisé fracture numérique l'inégalité d'accès aux nouvelles technologies telles qu'Internet. Ceux qui sont du bon côté de ce fossé peuvent en principe disposer du Net pour défendre leurs droits et leurs idées, pour s'informer et pour communiquer. Les autres subissent un désavantage supplémentaire à ceux qu'ils connaissaient déjà : ils se retrouvent totalement exclus d'une nouvelle dimension de la société, qui leur échappe chaque jour un peu plus. Web03.gif


Petite histoire d'une révolution…

Dans de nombreuses régions du monde, les commerçants des métropoles régionales s'entendent sur l'achat des récoltes paysannes. Ils se partagent les régions, créant de la sorte des situations de monopole. Lorsque l'un d'entre eux arrive dans un village avec le camion destiné à charger la récolte locale, il se trouve, face aux paysans, en situation de force : « Vous n'avez pas le choix. C'est moi qui décide du prix, car je suis le seul à venir dans votre village éloigné pour acheter votre récolte. » Ce prix, le sien, finit en général par être accepté.

Mais avec l'arrivée des téléphones mobiles et d'Internet, les paysans équipés ont désormais la possibilité de répondre : « Nous sommes navrés, cher négociant, mais nous venons de nous renseigner sur le Web ou par téléphone. Il en ressort que si nous allions vendre notre récolte en ville par nous-mêmes, nous en obtiendrons un prix supérieur. Alors si vous n'acceptez pas notre prix de vente, nous louerons un camion et irons vendre notre récolte en ville. Vous ne tenez plus le couteau par le manche. C'est maintenant nous qui décidons. »

Et de ses laissés pour compte

Cette petite histoire illustre comment les plus défavorisés sont privés des ressources auxquelles ils pourraient avoir droit, s'ils disposaient d'une connexion à Internet.

Les victimes de la fracture numérique sont nombreuses, notamment :

  • Les plus pauvres, qui n'ont pas les moyens de se procurer des appareils informatiques ou d'en louer ;
  • Les plus éloignés des centres villes, qui n'ont accès ni au réseau, ni aux cybercafés, et dont personne dans l'entourage ne peut encourager l'usage d'Internet ;
  • Les plus âgés, qui n'ont pas encore réussi à s'adapter à ce nouveau fonctionnement social.

Sur Terre, en ce début du xxie siècle, 2,6 milliards d'humains vivent avec moins de deux dollars par jour. Ils sont tout en bas de l'échelle sociale. Et, tout en haut, un cinquième de la population mondiale consomme à lui seul environ 90 % des ressources disponibles. Ces chiffres ont été publiés dans un état des lieux des Nations Unies en 2010.

Le manque de moyens empêche à une grande partie de la population mondiale d'accéder aux équipements numériques. Les plus pauvres, déjà handicapés par leur faible niveau de vie et le pouvoir qu'acquièrent dès lors sur eux les plus riches, sont les premières victimes de cette nouvelle iniquité : ils sont confrontés à une rareté de l'information. Parce que les nouvelles technologies permettent d'augmentater la qualité et la quantité des communications, les « bien connectés » sont plus autonomes dans leurs actions quotidiennes. Prenons l'exemple d'un train qui déraille dans une région bien connectée : très rapidement, des transports alternatifs vont être mis en place. Dans une région mal connectée, l'attente va se prolonger, les solutions s'organiseront plus lentement, car l'information circule mal. Plusieurs événements récents ont montré que l'accès à Internet pouvait amener les populations à prendre conscience de leur position et à s'autonomiser : ce fut le cas, on le sait, dans le monde arabe en 2010 et 2011, où les premières révolutions se sont organisées à partir d'Internet et des réseaux sociaux.

L'isolement géographique est un autre facteur de fracture numérique : l'accès à un lieu connecté est plus aisé en ville, directement dans un cybercafé ou avec l'aide d'utilisateurs déjà équipés. En milieu urbain, même sans ordinateur, il est possible de recueillir l'information, tant elle circule : conversations, commerces diffusant radio ou télévision… L'information est partout dans l'air. A contrario, dans un petit village de montagne, qui plus est peu peuplé où personne n'a accès à Internet, les chances de recueillir l'information de manière indirecte sont inexistantes : pas de cybercafés, ni de lieux de rencontre ou de cours d'informatique. Les liens avec l'extérieur sont trop limités pour que l'information pénètre le village. Sans Internet, ni téléphone, l'information reste en ville… sans même que les villageois se rendent compte de leur préjudice.

Par ailleurs, dans toutes les sociétés, sans distinction de classe sociale ou de localisation, les personnes les plus âgées sont plus sujettes à l'exclusion numérique. La plupart d'entre elles ne parviennent pas à intégrer à leur quotidien cette nouvelle dimension de la société, ce qui aggrave encore le fossé entre les générations. Plusieurs programmes ont été mis en place pour aider les « anciens », qui ne sont pas nés avec le numérique, à intégrer les nouveaux schémas de pensées nécessaires à la compréhension et à l'utilisation du numérique au quotidien.

La fracture numérique ne sort pas de nulle part : elle est une amplification des fractures sociales. Être exclu du numérique (ne pas avoir accès à Internet, ne pas posséder de téléphone portable, etc.) entraîne des conséquences, sociales et politiques dont nul n'avait idée au lancement d'Internet.

Inclure plutôt qu'exclure

Fracture num rique.png Pour lutter contre la fracture numérique, il existe plusieurs solutions, baptisées eInclusion, inclusion socio-digitale, insertion socio-numérique. Dans un premier temps, les initiatives en question visaient les personnes qui n'ont pas accès à l'information pour une raison économique, démographique ou géographique. Progressivement, les actions d'inclusion numérique tendent à cibler également les personnes porteuses de handicaps physiques et les seniors.


Sources et notes

http://fr.wikipedia.org/wiki/Fracture_num%C3%A9rique#Probl.C3.A9matiques

Rapport sur la fracture numérique en Suisse, par la CEAT (MM Vodoz, Steiner, etc) : http://www2.unil.ch/cwp/rap_int_pnr51.pdf

http://www.ladocumentationfrancaise.fr/dossiers/internet-monde/fracture-numerique.shtml

3 stages of digital divide

Sources iconographiques