La transition vers la durabilité

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Révision datée du 30 janvier 2014 à 00:24 par Dinara (discussion | contributions) (Dès 2005 : nouvelles maisons Smala)

adaptabilité, transfert de compétences, durabilité, insertion sociale, partenariat, coopération, bien commun, internet, école de la vie, formation, ONU, fonds publics.


1996. Le premier d'une longue série de gros déménagements... Après le Labyrinthe de la place Arlaud, nous venons de rebondir au “Chapitô”. C'est le 22 mai, c'est l'inauguration de cette grande salle de 150m2, complétée par divers ateliers. C'est un mini-Flon à part entière. Il est prêté à une cinquantaine d'artisans et d'artistes dans deux gigantesques bâtiments, un lieu de créativité qui fera date à Lausanne. L'association Tir Groupé n'en occupe qu'une petite partie, c'est déjà immense. Pour stimuler l'engagement de financement de diverses administrations publiques dont nous prolongions l'action (social, culturel, formation, micro-entreprises), nous avions annoncé que nous allions passer la main à de nouveaux arrivants, et qu'il était nécessaire d'assurer la « professionnalisation » de la démarche pour qu'elle perdure. Et ils sont venus : les représentants des exécutifs du gouvernement vaudois et de la commune de Lausanne se sont assis à la même table, pour parler d'avenir. Ils se sont engagés à financer une expérience pilote avec l'équivalent de postes à plein temps. Chapeau. C'est un acte rare. C'est une nouvelle étape pour l'avenir. Le comité initial passe donc la main, en laissant un beau patrimoine : trois maisons avec des contrats de prêt de longue durée, des subventions annuelles de la ville de Lausanne et du canton, suffisantes pour l'équivalent de deux postes à plein temps, une liberté de ton et des résultats solides. De plus, nous formions intra-muros un service d'aide à l'insertion de demandeurs d'emploi, qui a eu beaucoup de succès. Mais le nouveau comité de Tir Groupé n'a pas suffisamment d'expérience, les erreurs se cumulent. Au lieu de mandater des entrepreneurs indépendants, ils emploient des animateurs, plus aptes à se réaliser eux-mêmes qu'à appuyer les porteurs de projets. Ce nouveau comité se déconnecte progressivement des diverses sphères sociétales (intergénérationnelles, interculturelles, interprofessionnelles). Il perd progressivement la confiance des autorités et réduit l'activité. Il se coupe aussi des fondateurs de l'équipe initiale. Un des leaders, Pierre-Yves Studer, meurt tragiquement d'un accident de la route. C'est l'implosion, la valse entre l'entre-déchirement et la bastringue débridée. Les voisins se plaignent des nuisances. La presse dénonce la gabegie. Les baux sont résiliés l'un après l'autre. C'est un échec. Tout est perdu, surtout les fonds annuels et la confiance des fournisseurs et partenaires privés (associations, PME...) réunis par l'équipe initiale.

Cette dernière décide que c'est un esprit qui mérite de perdurer, et accepte de tout recommencer à zéro. Nous en tirons d'importants enseignements sur l'art d'incuber en douceur pour éviter les faillites, qu'il s'agisse d'entreprises avec ou sans but lucratif. Nous allons créer l'association Smala en 1997.

Premiers pas sur internet

Sur 1997-1998, on lance plusieurs projets pionniers de l'internet communautaire. D'abord Younet, premier site web d'information pour la jeunesse. Ensuite on co-pilote le passage du service Ciao (qui était sur Télétexte) vers internet. Ciao.ch devient le premier service romand de questions-réponses sur la santé (sexe, drogue..) et les problèmes des jeunes. Dans la foulée, on découvre les logiciels libres, prémisses de Wikipedia et autres dynamiques collaboratives qui ouvrent des perspective très importantes pour nos valeurs et visions partagées. C'est le début d'un esprit de partage mondial des bonnes pratiques, une démarche qui nous tient tant à cœur.

Nouveau nom : Smala

En 1997 est créée Smala, qui reprendra l'histoire et assure depuis lors sa pérennité. Smala signifie famille élargie, tribu en mouvement. C'est aussi le nom donné aux résistants face aux colons en Algérie au 19ème siècle. La Smala est pour nous comme une capitale itinérante d'esprits libres, une fédération d'entrepreneurs sociaux en mouvement, forces de propositions créatives pour répondre aux problèmes causés par une société de consommation à la dérive.

1997 donc : nouveaux lieux, nouvelles activités, et toujours le même fil rouge. On démarre rue de Chandieu à Lausanne, avec une maison, puis vite deux, trois…

On lance Tricycle : 1500 m² d'ateliers créatifs, une école du terrain, un lieu qui va évoluer sur 8 ans.

Voici ce qu'en relate Christophe Fovanna dans Le Journal de Genève, en novembre 1997 :

« Dans un immeuble de quatre étages, de jeunes professionnels travaillant dans les domaines de la danse, du rap et de l’image, offriront à d’autres jeunes la possibilité d’une “formation culturelle”. Ouverture officielle des lieux samedi, dès 18 heures.
« Le projet s’inscrit dans une logique d’“école du terrain”. “Ce lieu est un centre de formation culturelle qui a son utilité aussi bien avant, que parallèlement ou après une école”, explique Théo Bondolfi (que les Lausannois connaissent déjà pour avoir été notamment l’un des initiateurs de l’Association Tir Groupé, dont Tricycle est une sorte de prolongement). “Ce n’est plus seulement un lieu pour les copains, ajoute-t-il, mais un lieu pour les meilleurs : nous visons un nivellement par le haut !” »

En juillet 1999, le premier film produit sur nos activités est un grand succès : nous redonnons vie à la Voile d'or. Sous le titre « Toutes voiles dehors », Jacqueline Favez écrit dans le quotidien 24Heures :

« Ils ont réussi ! Après plusieurs mois de démarches, les jeunes de l’Association la Smala ont décroché un contrat de confiance leur permettant d’occuper La Voile d’Or à Lausanne-Vidy. Le célèbre bâtiment construit pour l’Expo de 1964, à l’abandon depuis environ quatre ans, va donc revivre. Et plutôt deux fois qu’une ! En effet, la Smala prévoit d’atteindre progressivement un taux d’ouverture des locaux de 100 %, en accueillant des clients à la buvette extérieure aux heures où d’autres sortiront encore de l’espace consacré à l’animation nocturne.

« Un fantastique défi qui va être relevé dans l’urgence puisque l’inauguration est agendée à vendredi soir, soit à peine une semaine après la signature du contrat.»

A nouveau, l'initiative porte ses fruits : nous faisons une offre de rachat. Ironie du sort, le bâtiment est racheté par… les patrons du MAD. On reste en bons termes, et on poursuit à Tricycle, ruche créative par excellence. On y incube notamment Ynternet.org, qui va progressivement devenir un des leaders mondiaux spécialisés dans un domaine aussi pointu scientifiquement qu'essentiel pour le projet Ecopol à venir : l'internet solidaire, le bien commun dans notre société dite de l'information. Les ruches créatives permettent d'y attirer les pointures mondiales de ce domaine peu connu, et pourtant qui nous concerne au quotidien. Avec Ynternet.org, les co-fondateurs de Tir Groupé appuient des projets de coopération Nord/Sud, et aident des ONG en Afrique francophone, soutenus par l'agence Intergouvernementale de la francophonie. En 2013, Ynternet.org est devenue institut partenaire de l'Université romande HES-SO, et a plus de quinze projets internationaux d'innovation socioculturelle à son actif.

Marie-Jane Berchten est nommée déléguée de la Suisse au Forum mondial de la Jeunesse du système des Nations Unies. Alors que la Suisse n'est pas encore officiellement membre de l'ONU, la voilà à Dakar en été 2001, avec le droit de vote pour faire avancer les droits des jeunes dans le parlement mondial. Forts d'un engagement sur le plan local, nous cumulons les participations à de grands forums mondiaux. Théo Bondolfi est nominé par l'UNESCO parmi 3 000 candidats « jeunes entrepreneurs sociaux hors du commun », et fait partie des 60 sélectionnés pour un programme de formation d'une année qui est une équivalence au master. Nous offrons un stage de formation à Barbara Steudler, qui fait ses premières armes dans la créativité socio-environnementale, ce qui l'aidera à développer par la suite l'association Nice Future, en compagnie de Vincent Girdardin (ancien vice-président de Tir Groupé).

2003-2004 : dissolution de Tir Groupé, reprise officielle par Smala

Après s'être réduite comme peau de chagrin, l'association Tir groupé part en faillite. Théo Bondolfi reçoit chez lui les actes de poursuite pour non-paiement des charges sociales des salaires, car son nom était resté comme employeur officiel, dû à un oubli du nouveau comité...

François, un des co-fondateurs de la Smala, a dit ce proverbe un soir : « Il y a des choses qu'on perd, il y en a d'autres qu'on récupère, c'est ça la vie communautaire ». Smala donc va reprendre le flambeau des activités dans l'esprit d'origine de Tir Groupé, avec quatre des fondateurs initiaux : Mariette Glauser, Marie-Jane Berchten, Johana Raphael et Théo Bondolfi. Viendront ensuite se former dans le comité, notamment Gwenael Groppetti, Noémie Verdon et Jérémie Tinturier. Des jeunes à l'avenir prometteur.

Dès 2005 : nouvelles maisons Smala

Nous reprenons la gestion de nombreuses maisons prêtées ou louées temporairement, sous l'égide de Smala. Certaines avec des gros travaux, mais toujours sur des durées courtes. Difficile d'installer durablement nos activités dans ces conditions. Parallèlement, la qualité et la quantité de parrains et partenaires de Smala se renforcent. Signalons par exemple l'appui remarquable d'Albert Jacquard, actif sur tant de causes, notamment le droit au logement. Nous voilà invités à présenter notre démarche à Pierre Rabhi et aux coordinateurs locaux du mouvement créé pour le soutenir: les Colibris.