Le changement de paradigme : Différence entre versions

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''hominisation, transformation des -ismes en -ité, transition, 21 critères, show me the code, howto''
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"Il est devenu presque banal de constater l'échec de deux projets de sociétés: celui qui est offert par le capitalisme sauvage et celui qui est offert par le communisme bureaucratique. Mais il est plus difficile de définir la "troisième voie" vers laquelle nous nous engageons."
 
  
'''Source''': Joël de Rosnay in Le macroscope: vers une vision globale  
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« Il est devenu presque banal de constater l'échec de deux projets de sociétés&nbsp;: celui qui est offert par le capitalisme sauvage et celui qui est offert par le communisme bureaucratique. Mais il est plus difficile de définir la ''troisième voie'' vers laquelle nous nous engageons. »<ref>Joël de Rosnay in ''Le macroscope'' : vers une vision globale.</ref>
  
==== Processus d'hominisation ====
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== Modèle en transition  ==
  
Une transition intéressante qui est à l'œuvre aujourd'hui est celle que l'on pourrait nommer métaphoriquement la transformation des -ismes en -ité. Elle induit la notion d'un retournement radical de modèle avec le glissement d'un modèle dominant transmis verticalement à un public passif à celui de savoir-faire et de pratiques transversaux, raisonnés et responsables. Cette transition demande un changement de comportement très profond.
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Une transition intéressante est aujourd'hui à l'œuvre&nbsp;: la transformation des -''ismes'' en -''ité''. Elle induit la notion d'un retournement radical de modèle, plus précisément le glissement d'un modèle dominant transmis verticalement à un public passif vers un modèle horizontal, privilégiant des savoir-faire et des pratiques transversaux, raisonnés et responsables. Cette transition s'accompagne nécessairement d'un «&nbsp;Net&nbsp;» changement de comportement. On peut parler de changement de paradigme (modèles de référence et système de représentation qui génèrent des cultures, des habitudes).
  
Dans l'ancien paradigme, les choix de modèles de société se nomment capitalisme, communisme, socialisme ou, auparavant, christianisme, royalisme, etc. Dans une société globalisée où tout est relié, il n'est plus question de modèles, mais de boîte à outils. Il faut en permanence passer d'un modèle à l'autre et s'adapter en fonction des contextes. La clé du succès est l'adaptation. Il s'agit de modifier ses critères d'analyse en fonction de la culture. Certaines expressions sont des embryons de nouveau paradigme. C'est le cas du système D.
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Selon l'ancien paradigme, les différents choix de modèles de société se nommaient ''capitalisme, communisme'','' socialisme ''ou,'' auparavant'','' christianisme'','' royalisme,'' etc. Dans le nouveau modèle d'une société globalisée, où tout est relié, il n'est plus question de modèle, mais de boîte à outils : ''adaptabilité'', ''évolutivité'', ''diversité''... Actuellement, il faut être capable de passer en permanence d'un modèle à l'autre et savoir s'adapter en fonction des contextes.  
  
Ainsi, on se confronte en permanence à d'autres modes de fonctionnement. La diversité des cultures et des approches se mélange dans notre tête, dans nos pratiques quotidiennes, dans notre être tout entier. On passe d'un système de pensée unique, rejetant tous les autres, à une combinaison de systèmes de pensée, de modes d'actions, plus riches, plus complets et bien plus variés.
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L'adaptation, de fait, est la clé du succès&nbsp;: il s'agit désormais de modifier ses critères d'analyse en fonction de l'évolution culturelle. Certaines méthodes ou recettes connues, comme le système D, font d'ailleurs figure d'embryons du nouveau paradigme. Nous sommes constamment confrontés à d'autres modes de fonctionnement. La diversité des cultures et des approches se mélange dans notre tête, dans nos pratiques quotidiennes, dans notre être tout entier. Nous passons d'un système de pensée unique, qui rejette tous les autres, à une combinaison de systèmes de pensée et de modes d'actions plus riches, plus complets et bien plus variés. La pensée simpliste ne fonctionne plus, nous devons gérer la [[http://wiki.ecopol.net/index.php/Les_gestionnaires_de_la_complexit%C3%A9 ''complexité'']]
  
C'est cela, le processus d'hominisation : maîtriser une plus grande part de notre potentiel humain grâce à la maîtrise de dynamiques qui nous semblent à priori plus complexes. La boîte à outils est plus complexe, elle s'exprime par critères, par conditions. Le monde n'est plus seulement relatif, il est aussi conditionnel. Les conditions de succès ici ne seront pas les conditions de succès là-bas. Un signal de ce changement est l'usage des termes en "-ité". Il symbolise le fait que les choses sont de moins en moins tranchées et contradictoires (système communiste ou capitaliste pour ne citer qu'une opposition classique). Les réalités sont de plus en plus nuancées. Les formulations émergentes sont sociabilité, "compatibilité", "évolutivité". Le concept qui sous-tend la fin des mots en "-ité" est celui de la fluctuation, qu iremplace ou complète, selon les croyances, celui de tendance. On parle ainsi de "degré"  d'adaptabilité, de créativité, de fonctionnalité... et non plus de "tendance" capitaliste ou communiste.
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==La voie de l'hominisation==
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Utilisons-nous vraiment toutes les capacités de notre cerveau? Bien que certains scientifique assure que nous sommes parvenus au stade final de notre évolution, cet avis est loin d'être partagé par tous. [http://fr.wikipedia.org/wiki/Mouvement_du_potentiel_humain Le mouvement du potentiel humain] (Human Potential Movement), né aux Etats-Unis dans les années 60, soutient par exemple l'idée que des ressources psychologiques et spirituelles, des états supérieurs de conscience ou des expériences transcendantes, transpersonnelles ne sont pas exploitées en l'être humain. Sans entrer dans le débat, on peut néanmoins postuler que tout modèle de pensée figé peut s'avérer sclérosant pour nos fonctions cérébrales. Notre cerveau est doté de grandes capacités, condition de lui donner l'opportunité de s'entraîner. La gymnastique cérébrale n'est pas innée, elle se pratique.
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C'est cela, le processus d'hominisation&nbsp;: la maîtrise d'une part toujours plus grande de notre potentiel humain, grâce à la maîtrise de dynamiques qui nous semblent ''a priori'' plus complexes. La boîte à outils, en effet, est plus complexe. Elle fait intervenir des critères requis, des conditions nécessaires. Le monde n'est plus seulement relatif, mais conditionnel. Les conditions du succès ici ne seront pas les conditions du succès là-bas. Le développement de l'usage de termes dotés du suffixe -''ité'' atteste que les choses sont moins tranchées et contradictoires qu'elles ne le furent (comme dans l'opposition classique des systèmes communiste et capitaliste).
  
Les technologies numériques sont au cœur de cette évolution car elles donnent accès à tous et en tout temps à l'ensemble des outils permettant de passer d'un mode de fonctionnement à l'autre, d'une grille de lecture à l'autre, d'un indicateur à l'autre. Par exemple, nous développons tous des capacités de sociologue en analysant les comportements humains, ou des pratiques de journaliste en sélectionnant des informations, en les échangeant et en les mettant en perspective.
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Les réalités sont de plus en plus nuancées et l'on voit émerger de nouvelles formulations telles «&nbsp;sociabilité&nbsp;», «&nbsp;compatibilité&nbsp;» ou «&nbsp;évolutivité&nbsp;». Le suffixe -''ité'' évoque la fluctuation qui remplace ou complète, selon les croyances, la notion de tendance. On parle ainsi de «&nbsp;degré&nbsp;» d'adaptabilité, de créativité, de fonctionnalité… et non plus de «&nbsp;tendance&nbsp;» capitaliste ou communiste.
  
Ce passage révèle celui d'une culture théorique à une culture de mécanismes pratiques, un glissement du dogme aux faits et à la mobilité, à l'agilité intellectuelle. Ce passage est d'autant plus ardu qu'il nous demande non seulement de participer à la création ou à l'adaptation de ces modes de pensée mais aussi et surtout de les incarner. On ne peut plus se contenter de dicter comment les choses doivent être ; il faut aussi les mettre en œuvre, les habiter pour les faire vivre.
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Les technologies numériques sont au cœur de cette évolution car elles donnent accès à tous et en tout temps à l'ensemble des outils permettant de passer d'un mode de fonctionnement à l'autre, d'une grille de lecture à l'autre, d'un indicateur à l'autre. Ainsi, nous développons tous des capacités de sociologue, en analysant les comportements humains, ou des pratiques de journaliste, en sélectionnant des informations, en les échangeant et en les mettant en perspective.
  
Certains termes permettent de réunir des pratiques qui sembles contradictoires à certains. Notamment: entrepreneuriat social, un concept qui encourage autant la dynamique d'entreprendre que la culture du bien commun. Pionniers du changement: passeurs de la transition. Créatifs culturels: ils développent de nouvelles solutions face aux enjeux sociétaux. Ou encore les médiateurs: dans les domaines sociaux et professionnels (médiateur à la consommation, médiateur social, médiateur internet), les médiateurs et les modérateurs créent du lien.  
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Ce passage est celui d'une culture théorique à une culture de mécanismes pratiques, un glissement du dogme aux faits et à la mobilité, à l'agilité intellectuelle. Ce passage est d'autant plus ardu qu'il nous demande non seulement de participer à la création ou à l'adaptation de ces modes de pensée mais aussi et surtout de les incarner. Il en résulte une grande autonomie. On ne peut plus se contenter de dicter comment les choses doivent être, il faut aussi les mettre en œuvre, les habiter pour les faire vivre.
 
==== Une transition difficile ====
 
  
Tout le monde est d'accord sur le fait de promouvoir des pratiques vraiment durables. Mais on ne s'entend pas sur les critères pour définir ces pratiques ? Cette transition se fait donc souvent avec des ruptures, à cause du choc culturel entre visions du monde. C'est le principe du "trois pas en avant, deux pas en arrière, puis trois pas en avant à nouveau. Au niveau de l'école, il y a de plus en plus de rejets du système scolaire par les étudiants qui disent « nous, on demande une école beaucoup plus flexible, modulaire, moins dogmatique, qui réduit le contrôle des enseignants et favorise l'entraide entre étudiants». qui s'exprime aussi au niveau politique, où il y a de plus en plus d'organisations de la société civile qui disent « nous, on s'engage en tant qu'organisme qui va peser dans le processus politique, mais qui ne présente pas de candidat et qui ne représente pas un mouvement politique, mais plutôt le droit à une citoyenneté active. »  Cette dynamique citoyenne a toujours existé, mais elle est plus forte encore aujourd'hui.
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Certaines activités permettent d'identifier et de réunir des pratiques qui pourraient sembler contradictoires. C'est le cas de l'entrepreneuriat social, un concept qui encourage aussi bien la dynamique entrepreneuriale que la culture du bien commun. Les pionniers du changement sont les précieux passeurs requis par cette grande transition&nbsp;; les créatifs culturels développent de nouvelles solutions face aux enjeux sociétaux&nbsp;; les médiateurs, dans les domaines sociaux et professionnels (médiateur consommation, médiateur social, médiateur Internet…), au même titre que les modérateurs, créent du lien.
  
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== Une transition difficile ==
  
=== 21 critères pour comprendre les 2 tendances au le 21e siècle ===
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Tout le monde est d'accord sur l'urgence de promouvoir des pratiques vraiment durables. Il est plus difficile de dégager une unanimité sur les critères choisis pour définir ces pratiques. La transition se déroule donc souvent à travers des ruptures provoquées par le choc de visions du monde sinon antagonistes, en tout cas délicates à unifier. La progression semble suivre le principe du « trois pas en avant, deux pas en arrière, puis trois pas en avant à nouveau ».<br>
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Cette tension, qui apparaît nécessaire lors d'un changement de paradigme, est palpable au niveau scolaire et universitaire. Les étudiants sont de plus en plus nombreux à rejeter le système qui leur est imposé. Ils réclament une école beaucoup plus flexible, modulaire, moins dogmatique, qui réduise le contrôle exercé par les enseignants et favorise l'entraide entre étudiants.<br> Les mêmes aspirations s'expriment dans le champ politique, où de plus en plus d'organisations de la société civile choisissent de s'engager pour peser dans le processus politique, mais sans présenter de candidats aux élections&nbsp;: elles ne se posent pas en mouvements politiques. Elles revendiqueraient plutôt le droit à une '''citoyenneté active'''. Cette dynamique citoyenne a certes toujours existé, mais elle est plus forte aujourd'hui qu'elle ne le fut jamais.
  
Dans le nouveau paradigme d'une société globalisée, où l'information est infinie et la matière finie, les options sont très nombreuses. Ce qui compte pour prendre les bonnes décisions, c'est de définir les bons critères d'analyse. Pour cela, il est important de connaitre les visions du monde (croyances) qui sous-tendent chaque critère. On peut ensuite utiliser ces critères comme aide à la décision. Quand ils faut faire un choix important, nos réflexes sont-ils basés sur les critères anciens, d'un monde basé sur des modèles, ou sur les critères nouveaux d'un monde basé sur des boîtes à outils ? Ce tableau se pose en outil pour distinguer les deux tendances.
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== Vingt-et-un critères pour comprendre les deux tendances au XXI<sup>e</sup> siècle  ==
  
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Selon le nouveau paradigme d'une société globalisée, où l'information est infinie et la matière finie, les options disponibles sont très nombreuses. Pour prendre les bonnes décisions, il importe d'abord d'avoir défini de bons critères d'analyse. Il est à cette fin indispensable de connaître les différentes visions du monde (croyances) qui sous-tendent chaque critère. On pourra ensuite utiliser ces critères comme autant d'aides à la décision. Lorsqu'un choix important se propose à nous, nos réflexes sont-ils basés sur les critères anciens d'un monde lui-même fondé sur des modèles, ou sur les critères nouveaux d'un monde de boîtes à outils ? Ce tableau, imaginé par Théo Bondolfi, permet de distinguer les deux tendances.
  
 
{| class="wikitable" style="background-color:#DBDEDD"
 
{| class="wikitable" style="background-color:#DBDEDD"
 
|+ '''21 critères pour 2 tendances'''
 
|+ '''21 critères pour 2 tendances'''
 
! Tendance et croyance anthropocentriste, l’homme est au centre de l’univers.  
 
! Tendance et croyance anthropocentriste, l’homme est au centre de l’univers.  
! Tendance et croyance géocentriste, la terre est au centre, l’homme en fait partie, il est gardien de la planète  
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! Tendance et croyance géocentriste, la Terre est au centre, l’homme en fait partie, il est gardien de la planète  
 
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| Cloisonnement  
 
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| Conformisme
 
| Conformisme
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| Modération
 
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| Autarcie
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| Attention
 
| Attention
 
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| Informelles
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| Organicité
 
| Organicité
 
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| Compétition
 
| Coopération
 
| Coopération
 
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| Décentralisation
 
| Décentralisation
 
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| Eloignement
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| Éloignement
 
| Proximité
 
| Proximité
 
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'''Article connexe''' : [[La polarisation et la convergence, les deux effets du vortex]]
'''Article connexe'''
 
  
[[La polarisation et la convergence, les deux effets du vortex]]
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== Notes et références ==
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<references/>
  
=== Encart 1 ===
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== Annexes ==
 
 
 
=== Encart 2 ===
 
 
 
Histoire vraie : ''Show me the code''
 
 
 
Un exemple issu de l'histoire de l'informatique libre est assez parlant à ce sujet : Linus Torvalds, peu après avoir diffusé le logiciel Linux dès 1991, recevait beaucoup de messages de professionnels de l'informatique, qui lui suggéraient des modifications ou des améliorations, souvent complexes et longues à mettre en œuvre. Pendant un certain temps, il a montré profil bas, en pensant qu'il aurait tort de ne pas tirer parti de l'expérience de personnes plus expérimentées, mais il a fini par se lasser de ces donneurs de leçons. Il a répondu à ceux, toujours prêts à suggérer mais jamais à s'impliquer : Parler ne coûte rien. Montrez-moi plutôt le code (''Talk is cheap. Show me the code'' en anglais). Il marquait ainsi sa préférence pour ceux qui lui faisaient une proposition solide avec une mise en œuvre qui marche plutôt que ceux qui se contentaient de prodiguer des conseils sans mettre la main à la pâte.
 
 
 
=== Encart 3 ===
 
 
 
'''Le royaume des howto'''
 
 
 
Aujourd'hui on apprend de plus en plus par soi-même. 'Howto'': "Vient de ''how to (do)'' (comment faire). Internet est le nouveau royaume des HowTo. Toute pratique y est documentée. Souvent sous forme résumée, pas toujours suffisante pour faire juste, mais toujours pour aider les moins expérimentés. Ainsi, dans une volonté de simplification, les modes d'emploi laissent de côté certains détails réservés aux experts. En cherchant des modes d'emploi, on entre dans la culture des Howto. Au début concentré sur les manières de résoudre des problèmes informatiques, les Howto ont vite débordé dans tous les domaines. Recettes de cuisine, conseils santé, auto-construction de maison, réparation de machines, mais aussi relations de couple, etc... Un problème, une question ? Taper "comment" suivi de votre question, affiner la recherche, et vous trouverez. Essayez, testez, puis modifiez ou commentez si ce mode d'emploi n'est pas assez claire. A travers les how-to, c'est l'adaptabilité et la participativité qui s'expriment. Tiens, des concepts en "ité"...
 
 
 
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=== Sources et notes ===
 
http://fr.howto.wikia.com/wiki/Accueil http://kjcornell.files.wordpress.com/2009/11/20070416-how-to-tie-a-tie.gif
 
 
 
 
=== Sources iconographiques ===
 
http://www.bivingsreport.com/wp-content/uploads/2006/09/WindowsLiveWriter/ProBloggersHowto.Contest_C6B3/how%20to%5B3%5D.gif
 

Version actuelle datée du 2 novembre 2012 à 19:09

hominisation, transformation des -ismes en -ité, transition, 21 critères, show me the code, howto


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« Il est devenu presque banal de constater l'échec de deux projets de sociétés : celui qui est offert par le capitalisme sauvage et celui qui est offert par le communisme bureaucratique. Mais il est plus difficile de définir la troisième voie vers laquelle nous nous engageons. »[1]

Modèle en transition

Une transition intéressante est aujourd'hui à l'œuvre : la transformation des -ismes en -ité. Elle induit la notion d'un retournement radical de modèle, plus précisément le glissement d'un modèle dominant transmis verticalement à un public passif vers un modèle horizontal, privilégiant des savoir-faire et des pratiques transversaux, raisonnés et responsables. Cette transition s'accompagne nécessairement d'un « Net » changement de comportement. On peut parler de changement de paradigme (modèles de référence et système de représentation qui génèrent des cultures, des habitudes).

Selon l'ancien paradigme, les différents choix de modèles de société se nommaient capitalisme, communisme, socialisme ou, auparavant, christianisme, royalisme, etc. Dans le nouveau modèle d'une société globalisée, où tout est relié, il n'est plus question de modèle, mais de boîte à outils : adaptabilité, évolutivité, diversité... Actuellement, il faut être capable de passer en permanence d'un modèle à l'autre et savoir s'adapter en fonction des contextes.

L'adaptation, de fait, est la clé du succès : il s'agit désormais de modifier ses critères d'analyse en fonction de l'évolution culturelle. Certaines méthodes ou recettes connues, comme le système D, font d'ailleurs figure d'embryons du nouveau paradigme. Nous sommes constamment confrontés à d'autres modes de fonctionnement. La diversité des cultures et des approches se mélange dans notre tête, dans nos pratiques quotidiennes, dans notre être tout entier. Nous passons d'un système de pensée unique, qui rejette tous les autres, à une combinaison de systèmes de pensée et de modes d'actions plus riches, plus complets et bien plus variés. La pensée simpliste ne fonctionne plus, nous devons gérer la [complexité]

La voie de l'hominisation

Utilisons-nous vraiment toutes les capacités de notre cerveau? Bien que certains scientifique assure que nous sommes parvenus au stade final de notre évolution, cet avis est loin d'être partagé par tous. Le mouvement du potentiel humain (Human Potential Movement), né aux Etats-Unis dans les années 60, soutient par exemple l'idée que des ressources psychologiques et spirituelles, des états supérieurs de conscience ou des expériences transcendantes, transpersonnelles ne sont pas exploitées en l'être humain. Sans entrer dans le débat, on peut néanmoins postuler que tout modèle de pensée figé peut s'avérer sclérosant pour nos fonctions cérébrales. Notre cerveau est doté de grandes capacités, condition de lui donner l'opportunité de s'entraîner. La gymnastique cérébrale n'est pas innée, elle se pratique. C'est cela, le processus d'hominisation : la maîtrise d'une part toujours plus grande de notre potentiel humain, grâce à la maîtrise de dynamiques qui nous semblent a priori plus complexes. La boîte à outils, en effet, est plus complexe. Elle fait intervenir des critères requis, des conditions nécessaires. Le monde n'est plus seulement relatif, mais conditionnel. Les conditions du succès ici ne seront pas les conditions du succès là-bas. Le développement de l'usage de termes dotés du suffixe -ité atteste que les choses sont moins tranchées et contradictoires qu'elles ne le furent (comme dans l'opposition classique des systèmes communiste et capitaliste).

Les réalités sont de plus en plus nuancées et l'on voit émerger de nouvelles formulations telles « sociabilité », « compatibilité » ou « évolutivité ». Le suffixe -ité évoque la fluctuation qui remplace ou complète, selon les croyances, la notion de tendance. On parle ainsi de « degré » d'adaptabilité, de créativité, de fonctionnalité… et non plus de « tendance » capitaliste ou communiste.

Les technologies numériques sont au cœur de cette évolution car elles donnent accès à tous et en tout temps à l'ensemble des outils permettant de passer d'un mode de fonctionnement à l'autre, d'une grille de lecture à l'autre, d'un indicateur à l'autre. Ainsi, nous développons tous des capacités de sociologue, en analysant les comportements humains, ou des pratiques de journaliste, en sélectionnant des informations, en les échangeant et en les mettant en perspective.

Ce passage est celui d'une culture théorique à une culture de mécanismes pratiques, un glissement du dogme aux faits et à la mobilité, à l'agilité intellectuelle. Ce passage est d'autant plus ardu qu'il nous demande non seulement de participer à la création ou à l'adaptation de ces modes de pensée mais aussi et surtout de les incarner. Il en résulte une grande autonomie. On ne peut plus se contenter de dicter comment les choses doivent être, il faut aussi les mettre en œuvre, les habiter pour les faire vivre.

Certaines activités permettent d'identifier et de réunir des pratiques qui pourraient sembler contradictoires. C'est le cas de l'entrepreneuriat social, un concept qui encourage aussi bien la dynamique entrepreneuriale que la culture du bien commun. Les pionniers du changement sont les précieux passeurs requis par cette grande transition ; les créatifs culturels développent de nouvelles solutions face aux enjeux sociétaux ; les médiateurs, dans les domaines sociaux et professionnels (médiateur consommation, médiateur social, médiateur Internet…), au même titre que les modérateurs, créent du lien.

Une transition difficile

Tout le monde est d'accord sur l'urgence de promouvoir des pratiques vraiment durables. Il est plus difficile de dégager une unanimité sur les critères choisis pour définir ces pratiques. La transition se déroule donc souvent à travers des ruptures provoquées par le choc de visions du monde sinon antagonistes, en tout cas délicates à unifier. La progression semble suivre le principe du « trois pas en avant, deux pas en arrière, puis trois pas en avant à nouveau ».
Cette tension, qui apparaît nécessaire lors d'un changement de paradigme, est palpable au niveau scolaire et universitaire. Les étudiants sont de plus en plus nombreux à rejeter le système qui leur est imposé. Ils réclament une école beaucoup plus flexible, modulaire, moins dogmatique, qui réduise le contrôle exercé par les enseignants et favorise l'entraide entre étudiants.
Les mêmes aspirations s'expriment dans le champ politique, où de plus en plus d'organisations de la société civile choisissent de s'engager pour peser dans le processus politique, mais sans présenter de candidats aux élections : elles ne se posent pas en mouvements politiques. Elles revendiqueraient plutôt le droit à une citoyenneté active. Cette dynamique citoyenne a certes toujours existé, mais elle est plus forte aujourd'hui qu'elle ne le fut jamais.

Vingt-et-un critères pour comprendre les deux tendances au XXIe siècle

Selon le nouveau paradigme d'une société globalisée, où l'information est infinie et la matière finie, les options disponibles sont très nombreuses. Pour prendre les bonnes décisions, il importe d'abord d'avoir défini de bons critères d'analyse. Il est à cette fin indispensable de connaître les différentes visions du monde (croyances) qui sous-tendent chaque critère. On pourra ensuite utiliser ces critères comme autant d'aides à la décision. Lorsqu'un choix important se propose à nous, nos réflexes sont-ils basés sur les critères anciens d'un monde lui-même fondé sur des modèles, ou sur les critères nouveaux d'un monde de boîtes à outils ? Ce tableau, imaginé par Théo Bondolfi, permet de distinguer les deux tendances.

21 critères pour 2 tendances
Tendance et croyance anthropocentriste, l’homme est au centre de l’univers. Tendance et croyance géocentriste, la Terre est au centre, l’homme en fait partie, il est gardien de la planète
Cloisonnement Ouverture
Statique Dynamique
Conformisme Adaptabilité
Incompatibilité Compatibilité
Démesure Modération
Invariabilité Évolutivité
Autarcie Mutualisation
Institutionnalisation Modélisation
Répression Prévention
Monolithisme Modularité
Ignorance Attention
Non formalisation Formalisation
Homogénéité Diversité
Opacité Transparence
Mécanique Organicité
Compétition Coopération
Spéculation Valorisation
Centralisation Décentralisation
Éloignement Proximité
Exclusivité Non exclusivité
Dispersion Finalisation


Article connexe : La polarisation et la convergence, les deux effets du vortex

Notes et références

  1. Joël de Rosnay in Le macroscope : vers une vision globale.

Annexes