Les critères de notre labellisation

De Wiki ECOPOL
Révision datée du 16 janvier 2014 à 16:31 par Pryska Ducoeurjoly (discussion | contributions) (En conclusion : possible ou impossible ?)

Évaluer la viabilité d'une communauté, n'est-ce pas un peu loin de nos réalités quotidiennes du métro-boulot-dodo ? Un peu sûrement, car le style de vie dominant rend cette démarche encore difficile. Alors, avec qui évaluer et sur quelles bases ? Nos voisins de palier dans un écoquartier ? Ont-ils seulement le temps ?

Eh oui, l'enjeu d'une société durable réside donc bien dans la transition progressive de nos modes de vie, pour mieux vivre ensemble et entrer dans cette démarche en groupe. C'est possible, tout en gardant, rappelons-le encore une fois, sa liberté de rythme et la privacité de son foyer.

Selon notre expérience, une fois l'écolieu construit, si l'objectif d'amélioration n'est pas annoncé dès le début, il sera difficile d'obtenir que les co-habitants acceptent de se prêter au jeu. Voilà pourquoi il est utile de planifier, voire expérimenter cette évaluation dès le début d'un projet.

Si ce que vous avez lu précédemment vous a convaincu d'aller plus en avant dans l'écologie pratique, voici le meilleur des outils à notre connaissance : l'Évaluation de la Viabilité d'une Communauté (EVC)[1]. C'est une liste de critères d'évaluation concrets. Nous les avons adaptés du fabuleux travail de pionniers, entrepris dès le début des années 1990, par Linda Joseph, Hildur Jackson, Karen Svensson et toute l'équipe qui a démarré le Réseau mondial des écovillages (GEN) sur fonds du Gaia Trust en Scandinavie, à Findhorn et en Amérique du Nord.

L'EVC, c'est le chemin sur lequel avancer pour atteindre l'équilibre, année après année.

Équilibre écologique

Les aspects écologiques de la vie en communauté sont équilibrés lorsque:

  • Les gens sont profondément en contact avec le lieu où ils vivent.
  • Les frontières, les forces, les faiblesses et les rythmes sont clairs. Les humains vivent de manière synchrone et en harmonie avec l’écosystème dont ils font partie.
  • L'humain participe à la revitalisation des espèces sauvages, des écosystèmes et plus largement de l'environnement.
  • L’alimentation provient principalement d’origines locales et régionales. Elle est biologique – sans produits toxiques - et apporte un équilibre nutritionnel.
  • Le bâti est adapté à l’environnement naturel, avec des matériaux et méthodes de construction naturels, régionaux et écologiques (renouvelables, non-polluants).
  • Les moyens et possibilité de transports sont économiques.
  • La consommation est minimisée, ainsi que la production de déchets.
  • La source d’eau potable de qualité est disponible. La communauté est consciente de ses ressources aquatiques. Elle les respecte, les protège, les économise et les recycle.
  • Les déchets humains et les eaux usées sont recyclés ou utilisés au profit de l’environnement et de la communauté.
  • Des sources d’énergies renouvelables et non-polluantes sont utilisées pour le chauffage et pour produire de l’énergie pour l'ensemble de la communauté. Des technologies modernes et innovantes ne sont pas nécessairement exclues, mais appliquées avec parcimonie, en veillant au respect du bien commun.

Équilibre social

Les aspects sociaux de la vie communautaire sont équilibrés lorsque:

  • Il y a un sentiment de stabilité mais aussi de dynamisme dans la vie communautaire. La sécurité et la confiance permet aux individus de s’exprimer librement, au bénéfice de tous.
  • Des espaces et des outils sont disponibles afin de optimiser la communication, les relations humaines et la productivité.
  • Il y a des technologies adéquates pour la communication interne, mais également externe (avec les communautés du monde entier).
  • Les talents, aptitudes et autres ressources de la communauté sont librement partagés. Ils bénéficient aussi au monde l'extérieur (échanges avec les communes voisines ou, plus largement, à des fins humanitaires).
  • La diversité, qu'elle soit naturelle ou culturelle (mixité sociale), est valorisée comme source de santé, de vitalité et de créativité.
  • La capacité d'acceptation, l’inclusivité et le souci de transparence apportent une meilleure compréhension des avantages de la diversité, enrichie de nos expériences sociales et environnementales, et promeut la justice.
  • Le développement personnel, l’apprentissage et la créativité sont valorisés et encouragés ; des apprentissages sont proposés, accessibles à tous les âges ou catégories de personnes, grâce à une variété de formes éducationnelles.
  • Il y a la possibilité, à prix abordables, de prendre soin de sa santé (physique, mentale, émotionnelle), sur la base de remèdes naturels et de pratiques de santé alternatives – tels que la méditation et le travail corporel. La prévention santé tient une place importante.
  • La circulation des ressources - dons ou génération d’argent, de biens et services - sont équilibrés afin de satisfaire les besoins et désirs de la communauté. Les surplus sont redistribués.

Équilibre culturel

Les aspects culturels de la vie communautaire sont équilibrés lorsque:

  • La vitalité culturelle est maintenue à travers des activités artistiques ou des manifestations culturelles.
  • La créativité et les arts sont perçus comme une dimension essentielle de l'être humain. Ils sont encouragés et supportés par diverses formes d’expression artistique, dans un souci de partage des valeurs esthétiques.
  • Le temps de loisir est valorisé.
  • Il y a respect des croyances et pratiques spirituelles.
  • Des opportunités de pratiques culturelles et spirituelles existent pour celui veut développer sa vie intérieure.
  • Un sens d’unité et d’intégrité règne au sein de la communauté. Cela peut s’exprimer par une vision commune et des ententes qui expriment les engagements communs ; ils peuvent être partagés par des croyances culturelles, des valeurs et des pratiques.
  • L'expression de la joie des habitants et de leur sentiment d'appartenance sont favorisés par diverses manifestations festives.
  • Lorsque des difficultés surviennent, la communauté est capable de flexibilité et de réponses positives.
  • Que ce soit en région urbaine, suburbaine ou rurale, économiquement développée ou non, il y a une compréhension de l’interdépendance de tous les éléments sur Terre (écosystémie, holisme). La communauté reconnaît sa place dans et en relation avec le monde.
  • La communauté contribue consciemment à la création d’un monde paisible, aimant et viable.

Des exemples de questions concrètes dans l'EVC

En version PDF, l'EVC contient 70 pages de questions concrètes, avec réponses à choix multiples. Le processus d'évaluation demande 2 heures pour une personne seule et concentrée. Mais l'intérêt de l'EVC réside dans la confrontation des perceptions des co-habitants. Donc mieux vaut prévoir un bon week-end en groupe, avec des intervenants internes et externes pour stimuler, suggérer des pistes d'améliorations, partager des méthodes concrètes, aider à clarifier les zones grises, et surtout pondérer. Pondérer ? C'est le principe de définir ce qui compte le plus, de montrer l'impact de chaque point sur l'environnement naturel, social et culturel.

Voici deux exemples parlants.

1. Les systèmes de communication sont utilisés et fonctionnent bien dans la communauté pour ce qui suit : (cochez toutes les réponses qui vous semblent correspondre à la réalité de votre communauté)

  • Annonce d'événements sociaux
  • Annonce d’activités de travail en groupe
  • Encourage les discussions à propos de décisions importantes pour la communauté
  • Donne de l’information au sujet de décisions prises par la communauté dans le passé et des politiques disponibles
  • Fournit des opportunités de partager des ressources, des aptitudes, du transport etc.
  • Fournit du support personnel lorsqu’un membre de la communauté en a besoin
  • Échange d’idées non censurées et discussion sur des valeurs et visions


2. L’éducation et l’apprentissage sont-ils valorisés dans la communauté ? Oui car  : (cochez toutes les réponses qui vous semblent correspondre à la réalité de votre communauté)

  • On y trouve des mentors, des stages et/ou apprentissages offerts par des experts ou des personnes qui ont des aptitudes particulières
  • Il y a des rencontres communautaires pour l’échange d’informations et d'apprentissage de groupe
  • Il y a des rencontres communautaires pour discuter des réussites ou des erreurs, et apprendre à faire les changements qui s’imposent lorsque quelque chose ne fonctionne pas bien.
  • Les opinions et contributions des membres plus âgés de la communauté sont recherchées et respectées
  • Les enfants sont inclus dans les travaux et les activités communautaires de toutes sortes
  • Les parents sont impliqués dans le processus éducatif de leurs enfants
  • Les étudiants sont impliqués dans le choix des thèmes et du contenu des programmes éducatifs
  • Il n'y a pas ou peu d'enfants qui décrochent du système éducationnel

En conclusion : possible ou impossible ?

Les critères d'évaluations vous paraissent-ils plutôt irréalisables ou réalisables ? L'intention fondamentale de ces critères n'est pas d'imposer une vision modèle du monde, mais d'encourager à se poser honnêtement les questions de l'écologie sociale, à aborder concrètement les problèmes.

Le processus de labellisation Ecopol s'appuie donc sur la capacité d'un groupe à mener un travail de réflexion, à définir des priorités d'améliorations. Après une rencontre, on se donne rendez-vous six à douze mois plus tard pour voir si les objectifs, raisonnables et mesurables, ont été atteints. Et ainsi de suite. Ensemble. En douceur. Durablement. Avec le sourire intérieur. C'est ce processus, intime et collectif à la fois, qu'on ose appeler "spiritualité".

  1. Voir le document original de l'EVC sur http://gen.ecovillage.org/activities/csa/pdf/csa-fr.pdf