Les leaders bienveillants

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A un niveau supérieur de la gestion de la complexité, il existe des personnalités fortement ancrées dans leurs valeurs, soucieuses du bien commun, qui cumulent les expériences réussies. Le leader bienveillant émerge souvent en période de crise et fait office de pilote du chaos. Ils sont nombreux autour de nous mais rarement médiatisés à leur juste valeur, sauf au cours d'événements historiques où leur action se fait mieux connaître. Un leader bienveillant est capable de sortir un pays de la guerre ou de rassembler un peuple derrière une vision, grâce à des qualités humaines exceptionnelles.

Le leader bienveillant accompagne les autres afin de leur montrer le chemin de l'autonomie. Il a bien souvent raison trop tôt, ce qui lui vaut parfois d'être pourchassé par les pouvoirs qu'il dérange. Le monde n'est pas malade, il enfante, écrit Xavier Sallantin dans l'ouvrage du même nom[1]. Et un accoucheur de société compétent est parfois bienvenu...

Typologie des bons dirigeants

Selon la culture, ces personnes peuvent être qualifiées de :

  • Despote éclairé : expression issue du siècle des Lumières. Dans le passage sur l’Eldorado du conte Candide, Voltaire dresse ainsi le portrait d'un monarque idéal qui se conduit certes en maître absolu mais règne sans problèmes économiques, ni politiques, ni culturels. Jerry Rawlings, ancien président du Ghana, incarne cette différence entre les tyrans mégalomanes et les « despotes éclairés ». Il a fait plusieurs coups d'état et organisé des transitions démocratiques dès que la situation de son pays était gangrenée par la corruption. Il n'a pas cherché à garder le pouvoir au cours des élections qu'il organisait... Un leader bienveillant agit dans l'esprit du mandat impératif et se retire en suivant[2].
  • Gourou : terme communément compris en Occident comme un maître à penser qui réunit des adeptes. En Occident, le mot gourou désigne surtout un leader manipulateur d'un groupe religieux sectaire. Or c'est à l'origine le guide d'un groupe spirituel dans la tradition issue de l'hindouisme. Par extension, un gourou peut aussi désigner un expert dans un domaine particulier (notamment en informatique ou en management). Ses avis sont largement reconnus et respectés. Par exemple, John Carmack est considéré comme un « gourou de la programmation informatique 3D ». Michael Porter ou Tom Peters seraient plutôt des gourous en management.
  • Dictateur bienveillant. Cette expression a été adoptée par le monde du logiciel libre. « Le développement d'un logiciel libre est ouvert à tout le monde mais en pratique son efficacité tire très souvent profit d’une structure qui voit une personne, presque toujours le créateur initial, se dégager de la multitude pour exercer, ce que l’on qualifie faute de mieux, une "dictature bienveillante"»[3]. Richard Stallman est considéré par beaucoup de membres de la communauté du logiciel libre comme un dictateur bienveillant.

Parmi les leaders bienveillants, on peut aussi citer en exemple : Elisabeth Kübler-Ross[4], Olympe de Gouges[5], ou encore Charles Fourrier (voir l'encadré sur le Phalanstère dans Les communautés intentionnelles).

Un gourou traditionnel : Gandhi


Pionnier et théoricien du satyagraha, résistance à l'oppression à l'aide de la désobéissance civile, le tout fondé sur l'ahimsa (« non-violence »), Gandhi a contribué à l'indépendance de l'Inde. Il est souvent considéré comme un gourou, au sens traditionnel du terme : un leader charismatique, inspiré par des valeurs spirituelles, qui fait office de guide pour une communauté.

Sa vision a inspiré de nombreux mouvements de libération et de droits civiques ainsi que de nombreuses autres personnalités comme Albert Schweitzer, Martin Luther King, Nelson Mandela, Steve Biko, le dalaï lama et Aung San Suu Kyi. Ses critiques importantes envers la modernité occidentale, les formes d'autorité et d'oppression (dont l'État), lui valurent aussi la réputation de critique du développement. Ses idées ont influencé beaucoup de penseurs politiques.

Points de discernement sur les hommes de pouvoir

  • L'aspiration fondamentale du dictateur bienveillant, et par extension de tout bon leader de communauté, est de retourner cultiver son jardin, comme Candide, le personnage de Voltaire. Il est finalement le prototype même de l'anti-dictateur, car il n'est pas motivé par le besoin de dominer. Son action s'inscrit donc dans une durée limitée. Il souhaite pouvoir passer la main. Comme les incubateurs d'innovation sociale, il met en place un certain nombre d'outils, par exemple un contrat social ou une nouvelle constitution, afin que le système légué soit autonome et surtout durable.
  • A la différence des entrepreneurs sociaux ou des incubateurs, son action a des répercussions sur une grande communauté humaine, et ses idées sont généralement fondatrices pour l'évolution de l'humanité.
  • L'action du leader bienveillant n'aboutit pas à un enrichissement personnel. Gandhi et ses partisans fabriquaient les vêtements qu'ils portaient ; ils encourageaient les autres à faire de même dans le but de redonner une certaine autonomie économique à l'Inde rurale.


  1. Aux Editions O.E.I.L. 1989.
  2. Voir l'article Jerry Rawlings, symbole d’une possible démocratie à l’africaine sur www.afrikakt.e-monsite.com
  3. Article publié sur le blog de Framasoft, réseau de sites web collaboratifs sur le logiciel libre et son état d’esprit: Un logiciel libre peut-il se passer d'un dictateur bienveillant à vie ?, www.framablog.org.
  4. Elisabeth Kübler-Ross, née le 8 juillet 1926 à Zurich en Suisse et morte le 24 août 2004 aux États-Unis, est une psychiatre et une psychologue helvético-américaine, pionnière de l'approche des « soins palliatifs » pour les personnes en fin de vie.
  5. Née à Montauban (France) en 1748, morte à Paris en 1793, héroïne révolutionnaire considérée comme l’une des premières féministes françaises, Olympe de Gouges s’est distinguée par son célèbre texte intitulé Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne. Elle y prônait ardemment l’émancipation féminine.