Les netizens et la culture libre : Différence entre versions

De Wiki ECOPOL
 
(55 révisions intermédiaires par 10 utilisateurs non affichées)
Ligne 1 : Ligne 1 :
Un peu partout dans le monde, la question de l'absentéisme électoral semble indiquer que l'on est moins citoyen qu'auparavant. Et si les citoyens, face au manque de confiance en leurs représentants politiques, commençaient en réalité à s'exprimer différemment, notamment par la cybercitoyenneté ?
+
'''''Notions-clé:''''' [https://groups.diigo.com/group/e_culture/search?what=internet internet],[https://groups.diigo.com/group/e_culture/search?what=culture+libre culture libre],[https://groups.diigo.com/group/e_culture/search?what=netizen netizen],[https://groups.diigo.com/group/e_culture/search?what=+cyber-citoyennet%C3%A9 cyber-citoyenneté],[https://groups.diigo.com/group/e_culture/search?what=citoyen+du+net citoyens du net],[https://groups.diigo.com/group/e_culture/search?what=libert%C3%A9+d%27expression liberté d'expression],[https://groups.diigo.com/group/e_culture/search?what=communaut%C3%A9 communauté],[https://groups.diigo.com/group/e_culture/search?what=hacker hacker],[https://groups.diigo.com/group/e_culture/search?what=Massachusetts+Institute+of+Technologies+%28MIT%29 Massachusetts Institute of Technologies (MIT)],[https://groups.diigo.com/group/e_culture/search?what=droits+d%27auteurs droits d'auteurs],[https://groups.diigo.com/group/e_culture/search?what=culture+num%C3%A9rique culture numérique],[https://groups.diigo.com/group/e_culture/search?what=libert%C3%A9s+fondamentales libertés fondamentales],[https://groups.diigo.com/group/e_culture/search?what=bazar bazar],[https://groups.diigo.com/group/e_culture/search?what=bien+commun bien commun],[https://fr.wikipedia.org/wiki/Soci%C3%A9t%C3%A9_de_l%27information société de l'information],[https://fr.wikipedia.org/wiki/Nouvelles_technologies nouvelles technologies],[https://groups.diigo.com/group/e_culture/search?what=logiciel+libre logiciel libre],[https://groups.diigo.com/group/e_culture/search?what=partage+des+savoirs partage des savoirs], [https://groups.diigo.com/group/e_culture/search?what=r%C3%A9seau+social réseau social],[https://groups.diigo.com/group/e_culture/search?what=culture+wiki culture wiki],[https://groups.diigo.com/group/e_culture/search?what=Wikipedia Wikipedia],[https://groups.diigo.com/group/e_culture/search?what=EKopedia Ekopedia],[https://groups.diigo.com/group/e_culture/search?what=propri%C3%A9t%C3%A9+intellectuelle propriété intellectuelle] ,[https://groups.diigo.com/group/e_culture/search?what=copyleft copyleft],[https://groups.diigo.com/group/e_culture/search?what=sagesse+foules sagesse des foules],[https://groups.diigo.com/group/e_culture/search?what=+hi%C3%A9rarchie+de+contribution hiérarchie de contribution],[https://fr.wikipedia.org/wiki/Mode_d%27emploi mode d'emploi],[https://groups.diigo.com/group/e_culture/search?what=certifications+par+les+pairs certification par les pairs],[https://groups.diigo.com/group/e_culture/search?what=cultures+de+don culture du don],[https://fr.wikipedia.org/wiki/Progr%C3%A8s_social progrès social],[https://groups.diigo.com/group/e_culture/search?what=transition transition],[https://groups.diigo.com/group/e_culture/search?what=coop%C3%A9tition coopétition].''
Pour mémoire, Internet a été imaginé par les militaires américains pour des questions de sécurité. Le concept: un réseau reposant sur un système décentralisé, afin de pouvoir continuer à fonctionner malgré la destruction d'une une ou plusieurs machines. Ce système décentralisé permet aujourd'hui aux citoyens de trouver et de diffuser toutes les informations utiles, tel un émetteur radio. Est alors apparu une nouvelle citoyenneté, la citoyenneté numérique. Cette nouvelle catégorie de citoyenx "augmentés" s'appelle les netizens. <br>
+
--------------------------
Dans son sens premier, un [http://fr.wikipedia.org/wiki/Netizen netizen] ou un cybercitoyen (ou netoyen) est un acteur du réseau Internet impliqué dans ses aspects citoyens, sa dimension culturelle et participative : démocratie électronique, intelligence collective, communauté virtuelle... <br>
+
Connaissez-vous un outil inventé par des militaires et utilisé aujourd'hui par les citoyens pour exercer leur liberté d'expression ? Internet bien sûr !
  
Netizen est un mot-valise issu de la contraction anglaise de net (abréviation d'Internet) et de citizen (qui signifie citoyen). En 1992, l'universitaire américain, Michael Hauben, évoque ce mot et voit dans l'émergence d'Internet la possibilité donnée aux internautes de davantage s’engager ou d’intervenir dans les grandes questions du monde, de pouvoir se rendre utile au niveau planétaire.<br>
+
Pour mémoire, internet a été imaginé par les militaires américains pour des questions de sécurité. Le concept : un réseau reposant sur un système décentralisé, afin de pouvoir fonctionner malgré la destruction d'une ou plusieurs machines. Ce système décentralisé permet aujourd'hui aux citoyens de trouver et de diffuser toute information utile... sans centre de contrôle, comme dans un grand bazar. C'est dans cet environnement de liberté qu'est apparue une nouvelle forme citoyenneté, la citoyenneté numérique. Elle est incarnée par des internautes conscients des enjeux de la société numérique, les netizens.
Plus récemment, avec l’arrivée des réseaux sociaux, netizen perd son sens militant pour celui d’utilisateur éclairé du net, connecté à d’autres netizens qu'il s'est choisis. <br>
 
D'une manière générale, grâce à l'arrivée d'internet, le monde voit émerger une nouvelle forme de conscience citoyenne qui a bien compris la puissance de l'outil internet. <br>
 
''Source'' : Wikipédia.<br>
 
  
==Citoyens du Net ou la culture du Libre==
+
''Netizen'' est un mot-valise issu de la contraction anglaise de ''net'' (abréviation d'Internet) et de ''citizen'' (qui signifie citoyen). En 1992, l'universitaire américain, Michael Hauben, évoque ce mot et voit dans l'émergence d'Internet la possibilité accrue pour les internautes de s’engager ou d’intervenir dans les grandes questions du monde, de pouvoir se rendre utiles au niveau planétaire.<br>
L'émergence de ce nouveau mode d'expression civique est notamment décrite dans un livre participatif [http://netizen3.org ''Citoyens du Net''] librement accessible sur www.netizen3.org. Ce livre ''wiki'' permet de mieux cerner l'opportunité du numérique pour l'expression citoyenne.  <br>
+
Plus récemment, avec l’arrivée des réseaux sociaux, le sens du mot netizen s'est élargi à celui d’utilisateur éclairé du net, connecté à d’autres netizens qu'il s'est choisis. <br>
La citoyenneté numérique promeut (et met œuvre!) la liberté d'expression ainsi que le droit des générations futures à accéder à des conditions de vie décentes et convenables. Les netizens engagés, qui incarnent cette culture, appliquent déjà un système de gouvernance éthique qui a bien pris conscience de l'impact positif des licences libres comparé aux licences privées. <br>
 
Le notion de bien commun fait partie de la culture informatique, parce qu'un logiciel que tous les experts peuvent améliorer est plus sûr, plus performant, plus durable qu'un logiciel développé par un groupe limité d'informaticiens. Ce n'est pas un hasard si la majorité des serveurs Web utilise désormais GNU/Linux. Qui dit serveur Web dit obligation de qualité, donc le plus souvent... logiciel libre. Les netizens ne sont pas les seuls à reconnaître l'utilité du logiciel libre. Militaires et missions spatiales les utilisent aussi pour des questions de sécurité. Ces derniers font finalement confiance à l'intelligence des foules pour garantir la pérennité de ces outils.  
 
  
La communauté du libre fonctionne selon les principes suivant :  
+
Plus fondamentalement encore, un [http://fr.wikipedia.org/wiki/Netizen netizen], cybercitoyen ou netoyen, est un ange gardien de ce réseau de partage d'information. Les netizens contribuent consciemment à éviter qu'internet ne soit récupéré par un pouvoir central. Un netizen s'engage pour le bien commun et l'équité des chances. Pour cela, il participe aux communautés des promoteurs de la ''culture Libre''. Elle a été définie dès les années 1980 par quatre libertés fondamentales : libertés d'accéder, d'utiliser, de modifier et de redistribuer l'information.
 +
Grâce à l'arrivée d'internet, le monde voit émerger une nouvelle forme de conscience citoyenne. Elle a bien compris la puissance du partage des connaissances, de la modération, de l'équité des chances.
 +
 
 +
La culture du Libre, la culture libre ou plus simplement le Libre est un courant de pensée défendant notamment l'idée que les droits d'auteurs ne doivent pas porter atteinte aux libertés fondamentales du public. Dans un souci de défense du bien commun, elle agit en utilisant des licences libres. Cet outil autorise précisément les usages que les lois sur les droits d'auteurs proscrivent par défaut.
 +
 
 +
Il existe des communautés du Libre dans tous les domaines : plans d'architecture partagés pour des maisons durables et améliorés à chaque contribution, banques d'images (wikicommons), de musiques, de logiciels bien sûr (exemple : le fameux firefox ou la suite bureautique Libre Office), d'encyclopédies (Wikipedia), de recettes culinaires (marmiton.org), etc...
 +
 
 +
L'aspect le plus inspirant des netizens, c'est qu'ils ont compris qu'en partageant l'information, ils peuvent générer des revenus. Ils ne sont pas obligés de miser sur le modèle des droits d'auteurs exclusifs ou de la propriété intellectuelle. Ils se concentrent sur la vente du temps passé à fournir des services (conseils, adaptations, solutions sur mesure, formations à l'usage des méthodes décrites dans les informations partagées...). Et ça marche<ref> Voir cet article sur owni.fr, [http://owni.fr/2012/05/16/les-bonnes-recettes-du-libre/ ''Les bonnes recettes du libre''] qui cite le parcours réussi de plusieurs artistes netizens. Voir aussi le livre participatif [http://netizen3.org ''Citoyens du Net''], qui traite des nouveaux modèles économiques, librement accessible sur [http://www.netizen3.org www.netizen3.org]</ref> !
 +
 
 +
== L'information a plus de valeur lorsqu'on la partage... ==
 +
 
 +
Le partage des connaissances trouve aujourd'hui dans internet son média de prédilection. Dans l'Europe médiévale, la connaissance était réservée à une minorité de privilégiés. Avec la découverte de l'imprimerie, au XVe siècle, tout s'est accéléré. Plus nombreux, moins coûteux, les livres ont progressivement fait l'objet de traductions qui les ont rendu plus accessibles. Désormais, avec le web, ce sont toutes les classes sociales, toutes les nationalités, tous les âges qui peuvent avoir accès à une somme d'informations en libre accès et infiniment étendues. La circulation des connaissances n'est plus contrôlée par un petit nombre d'érudits : elle est dynamisée par la masse des internautes.
 +
 
 +
Le numérique a révolutionné notre conception du savoir et du partage de l'information. Les encyclopédies telles que Wikipédia ou Ékopédia sont l'illustration parfaite de cette nouvelle compréhension du savoir : chacun peut en bénéficier et surtout y contribuer. Plus précise et exhaustive que jamais, l'information est universellement disponible. Plus elle est partagée, relayée, rediffusée, commentée, plus elle est utilisée et prend de la valeur. Comme un sourire, qui a plus de valeur lorsqu'il est partagé, répercuté, mémorisé... Internet change donc la donne. L'irruption d'un environnement aussi innovant que le numérique a des répercussions multiples et fondamentales sur la société, sur notre vie quotidienne, et sur les transitions en cours.
 +
 
 +
La contribution permanente de netizens (par exemple les 100 000 contributeurs de Wikipedia pour 400 millions de pages vues par jour) a permis la mise en place spontanée d'un nouveau fonctionnement social. Il est basé sur l'entraide et le partage, sur le nivellement des différences sociales et sur la relativisation des distances géographiques. Elle autorise un partage du savoir détaché des questions de religion, de couleur, de sexe, de nationalité ou encore de classe sociale.
 +
 
 +
À nouvel outil, nouvelles compétences. L'expertise technique qui permet d'éditer une page dans un wiki s'enrichit de la compétence sociale ainsi mise en œuvre. Elle est déployée dans un écosystème d'intelligence collective par interaction et confrontation de visions. Dans le même temps, le respect de règles d'éthique aide à prendre conscience de l'importance de chacune de nos actions.
 +
 
 +
La communauté du Libre fonctionne selon les principes suivants :  
 
*La citation des sources (ce que j'écris a été dit/écrit par untel)
 
*La citation des sources (ce que j'écris a été dit/écrit par untel)
 
*La culture de l'hyper-objectivité (être au plus vrai, sans prendre parti)
 
*La culture de l'hyper-objectivité (être au plus vrai, sans prendre parti)
Ligne 20 : Ligne 34 :
 
*La hiérarchie de contributions, plutôt que la hiérarchie de statut
 
*La hiérarchie de contributions, plutôt que la hiérarchie de statut
 
*La culture de la modération, où chaque proposition peut être remise en question
 
*La culture de la modération, où chaque proposition peut être remise en question
*La gestion citoyenne des bases de données, pour partager les patrimoines d'informations
+
*La gestion citoyenne des bases de données, pour partager les patrimoines de connaissance
 
*Les limites de l'autopromotion (faire sa propre pub)
 
*Les limites de l'autopromotion (faire sa propre pub)
  
Parmi les mots-clé de la citoyenneté numérique : culture du don, copyleft, slow info(information durable et non immédiate), coopétition (et non compétition), [http://fr.wikipedia.org/wiki/N%C3%A9tiquette netiquette] (règles de conduite et de politesse), sagesse des foules (culture wiki)... <br>
+
Parmi les mots-clé de la citoyenneté numérique : culture du don, ''copyleft'', ''slow info'' (information durable et non soumise au diktat de l'immédiat), coopétition (et non compétition), [http://fr.wikipedia.org/wiki/N%C3%A9tiquette netiquette] (règles de conduite et de politesse), sagesse des foules (culture wiki)... Ces principes inspirent de nombreuses communautés qui partageaient déjà l'information, en vue d'un progrès social. Elles savent qu'elles peuvent compter sur les membres de la communauté du Libre car ils font office d'alliés.
  
==Une nouvelle gouvernance est à l’œuvre==
+
== ''Ne rejetez pas le média, soyez le média!''==
Dans l'Europe médiévale, la connaissance était réservée à une toute petite minorité de privilégiés.
 
C'est avec l'invention de l'imprimerie, au xve siècle, que tout s'accélére. Plus nombreux, moins coûteux, les livres font progressivement fait l'objet de traductions qui les rendent plus accessibles. <br>
 
Le partage des connaissances trouve aujourd'hui dans Internet son média d'élection. Avec le Web, ce sont toutes les classes sociales, toutes les nationalités, tous les âges qui peuvent avoir accès à une somme d'informations gratuites et infiniment étendues. La circulation des connaissances n'est plus contrôlée par un petit nombre d'érudits : elle est dynamisée par la masse des internautes, sans restriction. <br>
 
Le numérique a révolutionné notre conception du savoir et du partage de l'information. Les encyclopédies telles que Wikipédia ou Ékopédia sont l'illustration parfaite de cette nouvelle compréhension du savoir : chacun peut en bénéficier et surtout y contribuer. Plus précise et exhaustive que jamais, l'information est universellement disponible. L'irruption d'un média aussi innovant a sur la société des répercussions multiples et fondamentales.<br>
 
  
La contribution permanente de netizens engagés (par exemple 100 000 contributeurs pour Wikipedia pour 400 millions de pages vues par jour) a permis la mise en place spontanée d'un nouveau fonctionnement social, basé sur l'entraide et le partage, sur le nivellement des différences sociales et sur la relativisation des distances géographiques. Elle autorise un partage du savoir détaché des questions de religion, de couleur, de sexe, de nationalité ou encore de classe sociale.<br>
+
Voici une anecdote autour de Jello Biafra, chanteur, politicien et militant écologiste américain.
 +
<br>Lors d'une conférence, quelqu'un lui demande:
 +
<br>''« Que pensez-vous d'internet, vous qui dénoncez la globalisation sauvage et destructrice, par une minorité, abusant de la majorité ? »''.
 +
<br>Il répondit:
 +
<br>''« Ne rejetez pas le média, devenez le média ».''
 +
<br>Par extension, on peut dire:
 +
<br>''« Ne rejetez pas internet, devenez internet »''.  
 +
<br>Devenez les citoyens de cet environnement dit numérique ! Les propriétés fondamentales, les fondements, les principes de fonctionnement sont profondément équitables, justes, durables, respectueux de l'environnement, de l'être humain. Elles promeuvent une économie basée sur l'[[équité des chances]], sur l'éthique, et non sur la loi du plus fort.
  
À nouvel outil, nouvelles compétences, qui se conjuguent volontiers en simultané. Ainsi l'expertise technique qui permet d'éditer une page dans un wiki s'enrichit-elle de la compétence sociale ainsi mise en œuvre, déployée dans un écosystème d'intelligence collective par interaction et confrontation de vision. Dans le même temps, le respect de règles d'éthique aide à prendre conscience de l'importance de chacune de nos actions. <br>
 
 
== Un mot sur la culture wiki ==
 
== Un mot sur la culture wiki ==
Le livre que vous êtes en train de lire est un pur "produit wiki"! Il a associé une cinquantaine de participants pendant les trente mois de sa co-rédaction.
 
Le wiki est un type de plate-forme web créée pour que tout le monde puisse y participer. Une trace des contributions de chacun reste visible et un système de contrôle participatif doté d'un outil d'alerte évite le vandalisme (destruction d'information, détournement d'idée, publicité déguisée). Les Wikis peuvent notamment servir à définir notions et mots-clés comme dans une encyclopédie, mais leur usage est plus étendu encore. Il peut ainsi s'appliquer à un projet commun à un groupe donné, comme l'élaboration d'une lettre, la diffusion d'une pétition, la rédaction d'un livre ou d'un mode d'emploi, l'écriture d'un manifeste ou d'un scénario de cours. <br>
 
Le wiki le plus connu est l'encyclopédie Wikipédia, lancée par la fondation [http://www.wikimedia.org/ Wikimédia], elle-même à l'origine de nombreux autres projets : images sous licence libre(wikicommons), citations (wikiquote), etc. Ce livre fait appel à ces ressources. <br>
 
Mais au fait, que veut dire le mot "wiki" ? Il est dérivé de l'adjectif hawaïen "wikiwiki", qui veut dire "rapide", mais pas au sens où nous l'entendons en premier lieu (celui de la célérité), plutôt au sens de libre et passe-partout, simple et informel. En d'autres termes, une info wiki est aisément accessible sans chemin prédéfini. La revue The Economist a pour sa part évoqué le fait que le mot wiki est l'acronyme de « What I Know Is » (littéralement : « Ce que je sais est » ou « Voici ce que je sais »).  <br>
 
  
Ces dernières années sont apparus de nombreux projets concurrents ou complémentaires de Wikipédia. Même s'ils ne bénéficient pas de la même notoriété, certains d'entre eux sont tout aussi intéressants et très utiles à la culture participative et citoyenne qui se développe sur Internet. Parmi ces initiatives, [http://www.ekopedia.org/ Ekopédia], qui fait partie des bases documentaires sur les pratiques durables <br>
+
Le livre que vous êtes en train de lire est un ''pur produit wiki''! Il a associé une cinquantaine de participants pendant les trente mois de sa co-rédaction.
 +
 
 +
Le wiki est un type de plateforme web créée pour que tout le monde puisse y participer. Une trace des contributions de chacun reste visible. Un système de contrôle participatif doté d'un outil d'alerte évite le vandalisme (destruction d'informations, détournement d'idées, publicités déguisées).
  
Un dernier conseil : partout où vous passerez, prenez le temps de lire les modes d'emploi. Le wiki est le royaume des chevaliers qui savent lire.
+
Les Wikis peuvent notamment servir à définir des notions et mots-clés comme dans une encyclopédie, mais leur usage est plus étendu encore. Il peut ainsi s'appliquer à un projet commun, comme l'élaboration d'une lettre, la diffusion d'une pétition, la rédaction d'un livre ou d'un mode d'emploi, l'écriture d'un manifeste ou d'un scénario.
 +
 
 +
Le wiki le plus connu est l'encyclopédie Wikipédia, lancée par la fondation [http://www.wikimedia.org/ Wikimédia], elle-même à l'origine de nombreux autres projets : répertoire d'images sous licence libre (Wikicommons), banque de citations (Wikiquote), etc. Ce livre fait appel à ces nombreuses ressources.
 +
 
 +
Mais au fait, que veut dire le mot ''wiki'' ? C'est un dérivé de l'adjectif hawaïen « wikiwiki », qui veut dire ''rapide'', mais pas au sens où nous l'entendons en premier (celui de la célérité), plutôt au sens de libre et passe-partout, simple et informel. En d'autres termes, une info wiki est aisément et directement accessible sans chemin prédéfini. La revue ''The Economist'' évoque le mot wiki comme acronyme de « What I Know Is » (littéralement : « Ce que je sais est » ou « Voici ce que je sais »).
 +
 
 +
Ces dernières années, sont apparus de nombreux projets concurrents ou complémentaires de Wikipédia. Même s'ils ne bénéficient pas de la même notoriété, certains d'entre eux sont tout aussi intéressants et très utiles. Ils encouragent la culture participative et citoyenne qui se développe sur internet. Parmi ces initiatives, [http://www.ekopedia.org/ Ekopédia] est une des bases documentaires sur les pratiques durables.
 +
 
 +
Un conseil : partout où vous passerez, prenez le temps de consulter les modes d'emploi. Le wiki est le royaume des chevaliers qui savent lire.
  
 
== Parmi les netizens, on compte aussi les hackers ==
 
== Parmi les netizens, on compte aussi les hackers ==
Les hackers et les crackers (hacker qui s'infiltre dans les systèmes) représentent deux familles d'informaticiens très astucieux. Ils passent ainsi beaucoup de temps à s'« auto-former » aux programmes logiciels en démarrant souvent très jeunes, stimulés par la dimension ludique du numérique. Ils sont en majorité des promoteurs du logiciel libre, du partage du savoir, et de la culture netizen. <br>
 
Les fondements du hacking sont issus du célèbre Massachusetts Institute of Technologies - MIT, où un groupe d'étudiants en mathématiques travaillant au développement de l'informatique en 1960 a établi un code d'éthique du hacker à partir de l'observation des besoins de leur travail, notamment celui de partager le savoir pour améliorer les capacités de l'ordinateur. Cette éthique comprend 6 règles : <br>
 
  
*L'accès aux ordinateurs - et à tout ce qui peut nous apprendre comment le monde marche vraiment - devrait être illimité et total,
+
Lorsqu'on entend le mot "hacker", on pense souvent à des pirates de l'informatique mal intentionnés. Ils sont en réalité majoritairement des anges gardiens de la société de l'information. Fer de lance de l'informatique libre, les hackers et les crackers (qui s'infiltrent dans les systèmes) représentent deux familles d'informaticiens très astucieux. Ils passent beaucoup de temps à s'« auto-former » aux programmes logiciels. Ils ont démarré souvent très jeunes, stimulés par la dimension ludique du numérique. Ils sont en majorité des promoteurs du logiciel libre, du partage du savoir et de la culture netizen. L'un des plus connus est Julien Assange, le fondateur de Wikileaks<ref>WikiLeaks est une association à but non lucratif dont le site web, lanceur d'alerte, publie des documents ainsi que des analyses politiques et sociales. Sa raison d'être est de donner une audience aux fuites d'information, tout en protégeant ses sources. Taxé de terrorisme, le site [http://fr.wikipedia.org/wiki/WikiLeaks Wikileaks] a toujours revendiqué défendre les libertés citoyennes.</ref>.
 +
 
 +
Les fondements du hacking sont issus du célèbre Massachusetts Institute of Technologies (MIT). En 1960, un groupe d'étudiants en mathématiques, travaillant au développement de l'informatique, a établi un code d'éthique du hacker à partir de l'observation de leurs besoins au travail. Parmi ces besoins : celui de partager le savoir pour améliorer les capacités de l'ordinateur.
 +
 
 +
Cette éthique comprend 6 règles :
 +
*L'accès aux ordinateurs - et à tout ce qui peut nous renseigner sur la marche du monde - devrait être illimité et total,
 
*L'information devrait être libre et gratuite,
 
*L'information devrait être libre et gratuite,
 
*Méfiez-vous de l'autorité. Encouragez la décentralisation,
 
*Méfiez-vous de l'autorité. Encouragez la décentralisation,
*Les hackers devraient être jugés selon leurs œuvres, et non selon des critères qu'ils jugent factices comme la position, l'âge, la nationalité ou les diplômes,
+
*Les hackers devraient être jugés selon leurs œuvres, et non selon des critères qu'ils jugent factices, comme la position, l'âge, la nationalité ou les diplômes,
 
*On peut créer l'art et la beauté sur un ordinateur,
 
*On peut créer l'art et la beauté sur un ordinateur,
 
*Les ordinateurs sont faits pour changer la vie.  
 
*Les ordinateurs sont faits pour changer la vie.  
  
Face à l'évolution de nos sociétés, deux nouvelles règles ont été rajoutées à la fin du siècle dernier :
+
Face à l'évolution de nos sociétés, deux nouvelles règles ont été ajoutées :
 
*Ne jouez pas avec les données des autres,
 
*Ne jouez pas avec les données des autres,
*Favorisez l'accès à l'information publique,protégez le droit à l'information privée.  
+
*Favorisez l'accès à l'information publique, protégez le droit à l'information privée.  
<br>
+
 
 +
Les hackers découvrent des astuces pour améliorer les logiciels, comme un jardinier qui embellit un parc grâce à son savoir-faire. Ils contribuent à régler des problèmes informatiques qui concernent souvent des millions d'internautes. Ils s'investissent sans compter leurs heures, parfois bénévolement, pour la beauté de l'acte et le plaisir d'avoir trouvé la solution au problème qu'ils ont identifié. Hors de leurs communautés virtuelles, ils restent le plus souvent inconnus. La majorité appartient pourtant à une nouvelle espèce d'anges gardiens, qui facilite l'accès de tous au cyberespace.
 +
 
 +
==Pour aller plus loin ==
  
Les hackers découvrent des astuces pour améliorer les logiciels, comme un jardinier qui embellit un parc grâce à son savoir-faire. Ils contribuent à régler des problèmes informatiques qui concernent souvent des millions d'internautes. Ils s'investissent sans compter les heures, parfois bénévolement, pour la beauté de l'acte et le plaisir d'avoir trouvé la solution au problème qu'ils ont identifié. Ils restent le plus souvent inconnus hors de leurs communautés virtuelles. La majorité appartiennent pourtant à une nouvelle espèce d'anges gardiens, qui facilite l'accès de tous au cyberespace. <br>
+
L'émergence de ce nouveau mode d'expression civique est décrite en détail dans un livre participatif, [http://netizen3.org ''Citoyens du Net''], librement accessible sur [http://www.netizen3.org www.netizen3.org]. Ce livre est un complément au live Ecopol. Il documente les transitions en cours non pas dans le monde physique, mais dans la sphère des idées, du monde de l'esprit. Internet en est la plus grande représentation. Le livre ''Citoyens du net'' permet de mieux cerner l'opportunité du numérique pour l'expression citoyenne. Il sert de fil rouge pour la politique de gestion de l'information dans les Ecopols.
  
A ne pas confondre parmi les crackers :<br>
+
==Notes et références==
  
*Les crackers bienveillants (« white hats », symbolisés par un chapeau blanc). Leur ambition est le plus souvent d'identifier les failles de sécurité d'un réseau, comme un biologiste traquant les virus pour anticiper les épidémies. Lorsqu'ils trouvent une faille de sécurité, la majorité des crackers contactent les responsables des programmes et se proposent de les aider à la réparer en utilisant leur expertise.
+
<references/>
*Les crackers malveillants, pirates dangereux (« black hats », symbolisés par un chapeau noir). Seuls ceux qui entrent dans cette catégorie peuvent être désignés comme des « pirates à combattre ». Ils réussissent parfois à entrer dans une base de données et dérobent des numéros de cartes de crédit ou prennent le contrôle de messageries. Ils sont effectivement des dangers publics, mais représentent peu ou prou moins de 1 pour 1 million des hackers.
 

Version actuelle datée du 19 août 2016 à 16:47

Notions-clé: internet,culture libre,netizen,cyber-citoyenneté,citoyens du net,liberté d'expression,communauté,hacker,Massachusetts Institute of Technologies (MIT),droits d'auteurs,culture numérique,libertés fondamentales,bazar,bien commun,société de l'information,nouvelles technologies,logiciel libre,partage des savoirs, réseau social,culture wiki,Wikipedia,Ekopedia,propriété intellectuelle ,copyleft,sagesse des foules,hiérarchie de contribution,mode d'emploi,certification par les pairs,culture du don,progrès social,transition,coopétition.


Connaissez-vous un outil inventé par des militaires et utilisé aujourd'hui par les citoyens pour exercer leur liberté d'expression ? Internet bien sûr !

Pour mémoire, internet a été imaginé par les militaires américains pour des questions de sécurité. Le concept : un réseau reposant sur un système décentralisé, afin de pouvoir fonctionner malgré la destruction d'une ou plusieurs machines. Ce système décentralisé permet aujourd'hui aux citoyens de trouver et de diffuser toute information utile... sans centre de contrôle, comme dans un grand bazar. C'est dans cet environnement de liberté qu'est apparue une nouvelle forme citoyenneté, la citoyenneté numérique. Elle est incarnée par des internautes conscients des enjeux de la société numérique, les netizens.

Netizen est un mot-valise issu de la contraction anglaise de net (abréviation d'Internet) et de citizen (qui signifie citoyen). En 1992, l'universitaire américain, Michael Hauben, évoque ce mot et voit dans l'émergence d'Internet la possibilité accrue pour les internautes de s’engager ou d’intervenir dans les grandes questions du monde, de pouvoir se rendre utiles au niveau planétaire.
Plus récemment, avec l’arrivée des réseaux sociaux, le sens du mot netizen s'est élargi à celui d’utilisateur éclairé du net, connecté à d’autres netizens qu'il s'est choisis.

Plus fondamentalement encore, un netizen, cybercitoyen ou netoyen, est un ange gardien de ce réseau de partage d'information. Les netizens contribuent consciemment à éviter qu'internet ne soit récupéré par un pouvoir central. Un netizen s'engage pour le bien commun et l'équité des chances. Pour cela, il participe aux communautés des promoteurs de la culture Libre. Elle a été définie dès les années 1980 par quatre libertés fondamentales : libertés d'accéder, d'utiliser, de modifier et de redistribuer l'information. Grâce à l'arrivée d'internet, le monde voit émerger une nouvelle forme de conscience citoyenne. Elle a bien compris la puissance du partage des connaissances, de la modération, de l'équité des chances.

La culture du Libre, la culture libre ou plus simplement le Libre est un courant de pensée défendant notamment l'idée que les droits d'auteurs ne doivent pas porter atteinte aux libertés fondamentales du public. Dans un souci de défense du bien commun, elle agit en utilisant des licences libres. Cet outil autorise précisément les usages que les lois sur les droits d'auteurs proscrivent par défaut.

Il existe des communautés du Libre dans tous les domaines : plans d'architecture partagés pour des maisons durables et améliorés à chaque contribution, banques d'images (wikicommons), de musiques, de logiciels bien sûr (exemple : le fameux firefox ou la suite bureautique Libre Office), d'encyclopédies (Wikipedia), de recettes culinaires (marmiton.org), etc...

L'aspect le plus inspirant des netizens, c'est qu'ils ont compris qu'en partageant l'information, ils peuvent générer des revenus. Ils ne sont pas obligés de miser sur le modèle des droits d'auteurs exclusifs ou de la propriété intellectuelle. Ils se concentrent sur la vente du temps passé à fournir des services (conseils, adaptations, solutions sur mesure, formations à l'usage des méthodes décrites dans les informations partagées...). Et ça marche[1] !

L'information a plus de valeur lorsqu'on la partage...

Le partage des connaissances trouve aujourd'hui dans internet son média de prédilection. Dans l'Europe médiévale, la connaissance était réservée à une minorité de privilégiés. Avec la découverte de l'imprimerie, au XVe siècle, tout s'est accéléré. Plus nombreux, moins coûteux, les livres ont progressivement fait l'objet de traductions qui les ont rendu plus accessibles. Désormais, avec le web, ce sont toutes les classes sociales, toutes les nationalités, tous les âges qui peuvent avoir accès à une somme d'informations en libre accès et infiniment étendues. La circulation des connaissances n'est plus contrôlée par un petit nombre d'érudits : elle est dynamisée par la masse des internautes.

Le numérique a révolutionné notre conception du savoir et du partage de l'information. Les encyclopédies telles que Wikipédia ou Ékopédia sont l'illustration parfaite de cette nouvelle compréhension du savoir : chacun peut en bénéficier et surtout y contribuer. Plus précise et exhaustive que jamais, l'information est universellement disponible. Plus elle est partagée, relayée, rediffusée, commentée, plus elle est utilisée et prend de la valeur. Comme un sourire, qui a plus de valeur lorsqu'il est partagé, répercuté, mémorisé... Internet change donc la donne. L'irruption d'un environnement aussi innovant que le numérique a des répercussions multiples et fondamentales sur la société, sur notre vie quotidienne, et sur les transitions en cours.

La contribution permanente de netizens (par exemple les 100 000 contributeurs de Wikipedia pour 400 millions de pages vues par jour) a permis la mise en place spontanée d'un nouveau fonctionnement social. Il est basé sur l'entraide et le partage, sur le nivellement des différences sociales et sur la relativisation des distances géographiques. Elle autorise un partage du savoir détaché des questions de religion, de couleur, de sexe, de nationalité ou encore de classe sociale.

À nouvel outil, nouvelles compétences. L'expertise technique qui permet d'éditer une page dans un wiki s'enrichit de la compétence sociale ainsi mise en œuvre. Elle est déployée dans un écosystème d'intelligence collective par interaction et confrontation de visions. Dans le même temps, le respect de règles d'éthique aide à prendre conscience de l'importance de chacune de nos actions.

La communauté du Libre fonctionne selon les principes suivants :

  • La citation des sources (ce que j'écris a été dit/écrit par untel)
  • La culture de l'hyper-objectivité (être au plus vrai, sans prendre parti)
  • La non-discrimination radicale (les mêmes droits pour tout le monde)
  • La certification par les pairs (je valide ce qui est fourni par un autre)
  • La hiérarchie de contributions, plutôt que la hiérarchie de statut
  • La culture de la modération, où chaque proposition peut être remise en question
  • La gestion citoyenne des bases de données, pour partager les patrimoines de connaissance
  • Les limites de l'autopromotion (faire sa propre pub)

Parmi les mots-clé de la citoyenneté numérique : culture du don, copyleft, slow info (information durable et non soumise au diktat de l'immédiat), coopétition (et non compétition), netiquette (règles de conduite et de politesse), sagesse des foules (culture wiki)... Ces principes inspirent de nombreuses communautés qui partageaient déjà l'information, en vue d'un progrès social. Elles savent qu'elles peuvent compter sur les membres de la communauté du Libre car ils font office d'alliés.

Ne rejetez pas le média, soyez le média!

Voici une anecdote autour de Jello Biafra, chanteur, politicien et militant écologiste américain.
Lors d'une conférence, quelqu'un lui demande:
« Que pensez-vous d'internet, vous qui dénoncez la globalisation sauvage et destructrice, par une minorité, abusant de la majorité ? ».
Il répondit:
« Ne rejetez pas le média, devenez le média ».
Par extension, on peut dire:
« Ne rejetez pas internet, devenez internet ».
Devenez les citoyens de cet environnement dit numérique ! Les propriétés fondamentales, les fondements, les principes de fonctionnement sont profondément équitables, justes, durables, respectueux de l'environnement, de l'être humain. Elles promeuvent une économie basée sur l'équité des chances, sur l'éthique, et non sur la loi du plus fort.

Un mot sur la culture wiki

Le livre que vous êtes en train de lire est un pur produit wiki! Il a associé une cinquantaine de participants pendant les trente mois de sa co-rédaction.

Le wiki est un type de plateforme web créée pour que tout le monde puisse y participer. Une trace des contributions de chacun reste visible. Un système de contrôle participatif doté d'un outil d'alerte évite le vandalisme (destruction d'informations, détournement d'idées, publicités déguisées).

Les Wikis peuvent notamment servir à définir des notions et mots-clés comme dans une encyclopédie, mais leur usage est plus étendu encore. Il peut ainsi s'appliquer à un projet commun, comme l'élaboration d'une lettre, la diffusion d'une pétition, la rédaction d'un livre ou d'un mode d'emploi, l'écriture d'un manifeste ou d'un scénario.

Le wiki le plus connu est l'encyclopédie Wikipédia, lancée par la fondation Wikimédia, elle-même à l'origine de nombreux autres projets : répertoire d'images sous licence libre (Wikicommons), banque de citations (Wikiquote), etc. Ce livre fait appel à ces nombreuses ressources.

Mais au fait, que veut dire le mot wiki ? C'est un dérivé de l'adjectif hawaïen « wikiwiki », qui veut dire rapide, mais pas au sens où nous l'entendons en premier (celui de la célérité), plutôt au sens de libre et passe-partout, simple et informel. En d'autres termes, une info wiki est aisément et directement accessible sans chemin prédéfini. La revue The Economist évoque le mot wiki comme acronyme de « What I Know Is » (littéralement : « Ce que je sais est » ou « Voici ce que je sais »).

Ces dernières années, sont apparus de nombreux projets concurrents ou complémentaires de Wikipédia. Même s'ils ne bénéficient pas de la même notoriété, certains d'entre eux sont tout aussi intéressants et très utiles. Ils encouragent la culture participative et citoyenne qui se développe sur internet. Parmi ces initiatives, Ekopédia est une des bases documentaires sur les pratiques durables.

Un conseil : partout où vous passerez, prenez le temps de consulter les modes d'emploi. Le wiki est le royaume des chevaliers qui savent lire.

Parmi les netizens, on compte aussi les hackers

Lorsqu'on entend le mot "hacker", on pense souvent à des pirates de l'informatique mal intentionnés. Ils sont en réalité majoritairement des anges gardiens de la société de l'information. Fer de lance de l'informatique libre, les hackers et les crackers (qui s'infiltrent dans les systèmes) représentent deux familles d'informaticiens très astucieux. Ils passent beaucoup de temps à s'« auto-former » aux programmes logiciels. Ils ont démarré souvent très jeunes, stimulés par la dimension ludique du numérique. Ils sont en majorité des promoteurs du logiciel libre, du partage du savoir et de la culture netizen. L'un des plus connus est Julien Assange, le fondateur de Wikileaks[2].

Les fondements du hacking sont issus du célèbre Massachusetts Institute of Technologies (MIT). En 1960, un groupe d'étudiants en mathématiques, travaillant au développement de l'informatique, a établi un code d'éthique du hacker à partir de l'observation de leurs besoins au travail. Parmi ces besoins : celui de partager le savoir pour améliorer les capacités de l'ordinateur.

Cette éthique comprend 6 règles :

  • L'accès aux ordinateurs - et à tout ce qui peut nous renseigner sur la marche du monde - devrait être illimité et total,
  • L'information devrait être libre et gratuite,
  • Méfiez-vous de l'autorité. Encouragez la décentralisation,
  • Les hackers devraient être jugés selon leurs œuvres, et non selon des critères qu'ils jugent factices, comme la position, l'âge, la nationalité ou les diplômes,
  • On peut créer l'art et la beauté sur un ordinateur,
  • Les ordinateurs sont faits pour changer la vie.

Face à l'évolution de nos sociétés, deux nouvelles règles ont été ajoutées :

  • Ne jouez pas avec les données des autres,
  • Favorisez l'accès à l'information publique, protégez le droit à l'information privée.

Les hackers découvrent des astuces pour améliorer les logiciels, comme un jardinier qui embellit un parc grâce à son savoir-faire. Ils contribuent à régler des problèmes informatiques qui concernent souvent des millions d'internautes. Ils s'investissent sans compter leurs heures, parfois bénévolement, pour la beauté de l'acte et le plaisir d'avoir trouvé la solution au problème qu'ils ont identifié. Hors de leurs communautés virtuelles, ils restent le plus souvent inconnus. La majorité appartient pourtant à une nouvelle espèce d'anges gardiens, qui facilite l'accès de tous au cyberespace.

Pour aller plus loin

L'émergence de ce nouveau mode d'expression civique est décrite en détail dans un livre participatif, Citoyens du Net, librement accessible sur www.netizen3.org. Ce livre est un complément au live Ecopol. Il documente les transitions en cours non pas dans le monde physique, mais dans la sphère des idées, du monde de l'esprit. Internet en est la plus grande représentation. Le livre Citoyens du net permet de mieux cerner l'opportunité du numérique pour l'expression citoyenne. Il sert de fil rouge pour la politique de gestion de l'information dans les Ecopols.

Notes et références

  1. Voir cet article sur owni.fr, Les bonnes recettes du libre qui cite le parcours réussi de plusieurs artistes netizens. Voir aussi le livre participatif Citoyens du Net, qui traite des nouveaux modèles économiques, librement accessible sur www.netizen3.org
  2. WikiLeaks est une association à but non lucratif dont le site web, lanceur d'alerte, publie des documents ainsi que des analyses politiques et sociales. Sa raison d'être est de donner une audience aux fuites d'information, tout en protégeant ses sources. Taxé de terrorisme, le site Wikileaks a toujours revendiqué défendre les libertés citoyennes.