Motivation de l'initiateur d'Ecopol : Différence entre versions

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Mais parfois à l'école, au centre-ville ou en voyage, j'étais confronté à la tristesse du monde.  
 
Mais parfois à l'école, au centre-ville ou en voyage, j'étais confronté à la tristesse du monde.  
  
Triste par exemple: Fathi Derder. Journaliste devenu député national Suisse d'un parti bien conservateur, sa carrière s'est bâtie en bonne partie sur la férocité de ses interviews à la radio puis télévision régionale. La plitique spectacle. Quand il avait 5-6 ans, il avait pris l'habitude de m'attendre à la sortie de l'école pour me casser la gueule. J'avais 17 mois de moins que lui. Je crois que j'étais de nature enthousiaste sans voir les limites sociales que le groupe s'imposait. J'aimais proposer des initiatives et j'allais dans tous les sens. Rétrospectivement, ça me parait assez évident que mon comportement force de proposition représentait quelque part un danger pour lui. Je stimulais involontairement ses bas instincts. J'avais bien sûr peur de ses réactions, peur de ses coups. Mais au fond je ne voyais pas le danger, j'avais surtout l'intuition confuse que c'était lui qui souffrait d'un complexe, qui cherchait de l'amour par ses actes violents, et je retournais souvent vers lui pour lui proposer de partager du bon temps. Au-delà de l'homme, qui pour moi importe peu, mis à part l'anecdote de deux destins divergents bien qu'issus du même quartier, c'est de la dynamique socio-politique qu'il représente à laquelle je fais ici référence. Déjà à l'époque, j'étais triste de devoir accepter l'ordre établi et les relations tendues avec mes proches. Je cherchais activement à arranger les choses, sans ménager mes efforts, je proposais plein de choses, sans ressentir l'échec comme une honte, sans peur de prendre des coups. C'était dans mon ADN. 
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Triste par exemple: Fathi Derder. Journaliste devenu député national Suisse d'un parti bien conservateur, sa carrière s'est bâtie en bonne partie sur la férocité de ses interviews à la radio puis télévision régionale. La plitique spectacle. Quand il avait 5-6 ans, il avait pris l'habitude de m'attendre à la sortie de l'école pour me casser la gueule. J'avais 17 mois de moins que lui. Je crois que j'étais de nature enthousiaste sans voir les limites sociales que le groupe s'imposait. J'aimais proposer des initiatives et j'allais dans tous les sens. Rétrospectivement, ça me parait assez évident que mon comportement force de proposition représentait quelque part un danger pour lui. Je stimulais involontairement ses bas instincts. J'avais bien sûr peur de ses réactions, peur de ses coups. Mais au fond je ne voyais pas le danger, j'avais surtout l'intuition confuse que c'était lui qui souffrait d'un complexe, qui cherchait de l'amour par ses actes violents, et je retournais souvent vers lui pour lui proposer de partager du bon temps. Au-delà de l'homme, qui pour moi importe peu, mis à part l'anecdote de deux destins divergents bien qu'issus du même quartier, c'est de la dynamique socio-politique qu'il représente à laquelle je fais ici référence. Déjà à l'époque, j'étais triste de devoir accepter l'ordre établi et les relations tendues avec mes proches. Je cherchais activement à arranger les choses, sans ménager mes efforts, je proposais plein de choses, sans ressentir l'échec comme une honte.
  
 
Triste aussi les mendiants vus dans la rue durant mon premier voyage à Venise vers sept ans. Mains tendues dans le froid de l'hiver. Regards éteints. Des scènes qui sont habituelles aujourd'hui pour presque tout le monde, mais qui m'ont choqué à vie. Elles ont renforcé ma motivation à faire quelque chose pour que la vie soit plus belle en général, pas juste pour mon petit chez moi, vu que mon chez moi était déjà assez chouette à l'époque. Aujourd'hui encore, quand je vois une personne mendier dans la rue, même si je suis conscient que c'est parfois plus facile pour certains que de travailler vu leur chemin de vie, je sais surtout c'est le résultat d'un dysfonctionnement de notre société, une maladresse collective aux racines profondes, et une responsabilité tout aussi collective de réduire ces écarts, sans céder à la tentation de se dire que "ma foi y'a toujours eu des injustices, on ne peut pas changer le monde". Je me nourris de leur souffrance pour rester focalisé sur un objectif de bien commun, pour alimenter ma propre humanité et tenter faire un avec mes semblables, à ma modeste mesure.
 
Triste aussi les mendiants vus dans la rue durant mon premier voyage à Venise vers sept ans. Mains tendues dans le froid de l'hiver. Regards éteints. Des scènes qui sont habituelles aujourd'hui pour presque tout le monde, mais qui m'ont choqué à vie. Elles ont renforcé ma motivation à faire quelque chose pour que la vie soit plus belle en général, pas juste pour mon petit chez moi, vu que mon chez moi était déjà assez chouette à l'époque. Aujourd'hui encore, quand je vois une personne mendier dans la rue, même si je suis conscient que c'est parfois plus facile pour certains que de travailler vu leur chemin de vie, je sais surtout c'est le résultat d'un dysfonctionnement de notre société, une maladresse collective aux racines profondes, et une responsabilité tout aussi collective de réduire ces écarts, sans céder à la tentation de se dire que "ma foi y'a toujours eu des injustices, on ne peut pas changer le monde". Je me nourris de leur souffrance pour rester focalisé sur un objectif de bien commun, pour alimenter ma propre humanité et tenter faire un avec mes semblables, à ma modeste mesure.

Version du 14 septembre 2013 à 05:03

«Vers cinq ans, j'ai commencé à me plonger dans les livres de la collection bibliothèques rose. Je me les enfilais d'un coup, en un ou deux jours. Ca m'embarquais dans des aventures autour du monde, avec des drames, des passions, des défis. Je vivais à Chailly-Village, un quartier plein de verdure et de calme à Lausanne. On se disait bonjour entre inconnus dans la rue, chacun avait son potager, la vie était facile. Je jouais à planter des légumes avec mon père et j'ai eu l'idée de tenir un petit magasin pour proposer ma petite production et faire du commerce avec les gens devant la maison. Ca a marché, ça m'a marqué. Avec des voisins de mon âge, je rêvais de faire des tunnels pour relier les jardins des camarades du voisinage.

Mais parfois à l'école, au centre-ville ou en voyage, j'étais confronté à la tristesse du monde.

Triste par exemple: Fathi Derder. Journaliste devenu député national Suisse d'un parti bien conservateur, sa carrière s'est bâtie en bonne partie sur la férocité de ses interviews à la radio puis télévision régionale. La plitique spectacle. Quand il avait 5-6 ans, il avait pris l'habitude de m'attendre à la sortie de l'école pour me casser la gueule. J'avais 17 mois de moins que lui. Je crois que j'étais de nature enthousiaste sans voir les limites sociales que le groupe s'imposait. J'aimais proposer des initiatives et j'allais dans tous les sens. Rétrospectivement, ça me parait assez évident que mon comportement force de proposition représentait quelque part un danger pour lui. Je stimulais involontairement ses bas instincts. J'avais bien sûr peur de ses réactions, peur de ses coups. Mais au fond je ne voyais pas le danger, j'avais surtout l'intuition confuse que c'était lui qui souffrait d'un complexe, qui cherchait de l'amour par ses actes violents, et je retournais souvent vers lui pour lui proposer de partager du bon temps. Au-delà de l'homme, qui pour moi importe peu, mis à part l'anecdote de deux destins divergents bien qu'issus du même quartier, c'est de la dynamique socio-politique qu'il représente à laquelle je fais ici référence. Déjà à l'époque, j'étais triste de devoir accepter l'ordre établi et les relations tendues avec mes proches. Je cherchais activement à arranger les choses, sans ménager mes efforts, je proposais plein de choses, sans ressentir l'échec comme une honte.

Triste aussi les mendiants vus dans la rue durant mon premier voyage à Venise vers sept ans. Mains tendues dans le froid de l'hiver. Regards éteints. Des scènes qui sont habituelles aujourd'hui pour presque tout le monde, mais qui m'ont choqué à vie. Elles ont renforcé ma motivation à faire quelque chose pour que la vie soit plus belle en général, pas juste pour mon petit chez moi, vu que mon chez moi était déjà assez chouette à l'époque. Aujourd'hui encore, quand je vois une personne mendier dans la rue, même si je suis conscient que c'est parfois plus facile pour certains que de travailler vu leur chemin de vie, je sais surtout c'est le résultat d'un dysfonctionnement de notre société, une maladresse collective aux racines profondes, et une responsabilité tout aussi collective de réduire ces écarts, sans céder à la tentation de se dire que "ma foi y'a toujours eu des injustices, on ne peut pas changer le monde". Je me nourris de leur souffrance pour rester focalisé sur un objectif de bien commun, pour alimenter ma propre humanité et tenter faire un avec mes semblables, à ma modeste mesure.

Triste enfin et surtout, le livre "cinq milliard d'hommes dans un vaisseau" d'Albert Jacquard : un manifeste de l'écoconscience avant l'heure, qui dénonçait le péril nucléaire et montrait avec des mots simples l'étendue des problèmes de l'humanité, condamnée à s'adapter ou périr. Symboliquement, j'aimerais préciser ici que ce grand homme du 20e siècle, disparu la semaine du bouclage de ce livre en septembre 2013, était devenu un des premiers parrains internationaux des projets de l'association Smala. Il a éveillé tant d'âme par son parcours exemplaire et son verbe si juste. Je lui suis profondément reconnaissant.

Dans mon petit lit d'enfant, quand la nuit tombait dans ce petit coin de paradis au bord du lac Léman, je n'arrivais pas toujours à m'endormir, j'étais souvent triste. Entre deux livres dans lesquels je ne pouvais oublier les descriptions des multiples facettes du désespoir présent dans le monde, je réfléchissais aux moyens de contribuer à une société où les choses seraient "meilleures". J'imaginais comment faire évoluer le fonctionnement de la justice, de l'école, de l'urbanisme... J'échafaudais des plans dans tous les sens, comme dans un labyrinthe infernal dont on cherche la porte de sortie. Je rêvais tout éveillé. C'étaient autant de graines pour mon destin.

Très vite, dès mes huit ans, je me suis investi à fond dans des micro-projets concrets. Principalement des récoltes de fonds pour des causes. J'allais sonner aux portes de tout le quartier pour proposer les timbres de Pro Juventute au profit des enfants pauvres, ou vendre les oranges d'Helvetas pour réduire la famine en Afrique. J'avais une bonne mémoire, je me souvenais de chaque personne, chaque rue, chaque réaction. Je me sentais utile. J'aimais les gens. J'aimais essayer de les comprendre, de les sentir, d'interagir.

Mes parents, intellectuels et enseignants, me semblaient passablement étranger à cette vision qui m'habitait, à mes sensibilités culturelles, même s'ils m'apportaient beaucoup. Alors dès l'adolescence, j'ai quitté l'école formelle pour entrer dans l'école de la vie. J'ai cherché d'autres références, plus en phase avec mes intuitions qui convergeaient vers cette idée de contribuer à "créer un environnement plus favorable pour la société".

J'ai commencé à exprimer ma vision d'une humanité réconciliée avec elle-même et son environnement en réalisant des performances théâtrales, puis des photographies. Mes images montraient des gens interagir dans la nature de manière décalée. Chaque mise en scène photographique était une aventure, comme un tournage de scène de film. Scénario, budget, décor, casting de photomodèles en herbe, équipe de production, transport, mini-formation, pic-nic... avec à la clé des vernissages d'expositions, des fêtes mémorables, avec des gens magnifiques qui me faisant confiance.

Charles-Henri Favrod, alors directeur du musée de l'Elysée, m'a ouvert ses portes. Homme du monde, il m'a reconnu et encouragé. J'ai gagné en confiance et en joie de vivre. J'avais encore beaucoup de chemin à parcourir pour trouver ma voie, mais j'étais sur les rails.

Pour me faire les pieds, j'ai voyagé et travaillé comme "imagineur" touche-à-tout : curateur d'expositions, entrepreneur socioculturel, incubateur de réseaux, gestionnaire de programmes intergouvernementaux de coopération Nord/Sud, formateur d'adulte et réalisateur de films documentaires, bref, tout ce qui a trait à la créativité et qui transcende les disciplines. J'ai commencé à signer mes œuvres "imagination Théo Bondolfi", pour signifier que j'avais mis en image une vision, que j'avais accompagné cette vision en la documentant pour amener l’œuvre à dépasser l'homme. Je cumulais les expériences autodidactes dans des domaines où la formation académique n'est pas la seule entrée possible, à la différence notable des professions d'avocat ou de médecin. Des États-unis à la Yougoslavie, de l'Asie du Sud à l'Europe de l'Est, de l'Afrique de l'Ouest à l'Amérique du Sud, j'ai ainsi roulé ma bosse de 16 à 35 ans. Parallèlement, j'ai gardé la plupart de mes doigts de pied en Suisse, où je créais et surtout animait des ruches dédiées aux nouveaux modes de vie : les maisons Tir Groupé, renommées maisons Smala dès 1997.

Pour bien me former, j'ai cherché des mentors et des magazines spécialisés. Ils m'ont aidés à canaliser et à clarifier ce répertoire de pratiques, à m'orienter vers ce que je n'ai réussi à nommer que bien plus tard "écologie communautaire". En imaginant ces œuvres, dont quelques-unes sont relatées en filigrane pour illustrer cet ouvrage, j'ai pu réunir progressivement de nombreuses connaissances relatives aux pratiques durables, toutes plus inspirantes les unes que les autres. Comme un collectionneur, je les mettais dans ma besace de méthodes, d'idées et de manières de faire. C'est devenu une marque de fabrique : j'avais des suggestions de solutions à un répertoire de plus en plus large de problèmes de société. Solutions non pas toutes faites, mais simplement vécues, documentées. Elles s'appuyaient sur de vastes mouvements et experts, peu connus et pourtant bien concrets.


Ce livre est le résultat de mes études sur le terrain. Je publie à un moment que j'espère être le milieu de ma vie, le début de la quarantaine, pour passer à une nouvelle étape, la diffusion sous une forme digeste d'une méthode globale qui me semble intéressante à tenter à large échelle : Ecopol".

Qu'y a-t-il de si nouveau. Rien pris individuellement. C'es le tout qui mérite de l'attention. Car sur ce chemin de vie, j'ai pu découvrir des réalités dont la presse parle peu. des pratiques particulièrement utiles pour répondre aux enjeux actuels de notre société, qui reste trop souvent sous le radar médiatique, qui sont mal considérée et ont donc bien moins d'échos qu'elle ne le mérite. C'est de ces réalités que parle ce livre. Si je l'avais eu dans les mains enfant ou du moins adolescent, j'aurais gagné un temps précieux. Il n'est pas trop tard, ni pour moi, ni pour vous. Le monde n'est pas malade, il enfante, a dit un poète.

Voici une petite contribution à cet accouchement. Bonne lecture. Bons rêves éveillés.

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