Smala visite des écolieux et s'en inspire : Différence entre versions

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L’expérience d’'''Artamis''' à Genève a attiré notre attention sur le danger de cloisonnement progressif des artistes, lorsqu’il n’y a pas de volonté de l’Etat, dès le début, de soutenir, d’incuber, et d’accompagner la qualité du lieu. Artamis nous semble finalement n’avoir été qu’un provisoire qui dure, basé sur une écoute faible, une absence de règles cohérentes, et des responsables qui ne pouvaient pas être légitimes, au vu du terreau d’anarchie qu’alimentait l'absence d'Etat. On a constaté les déviances que ça a généré en matière de conflit entre les usagers et les responsables des lieux, en matière de zone de non droit et plus largement de démotivation des personnes bienveillantes. Ces dernières se cassaient les dents sur des problèmes structurels, liés à des conditions défavorables de gestion. Rien n’était mis par écrit, ça compliquait les relations...
 
L’expérience d’'''Artamis''' à Genève a attiré notre attention sur le danger de cloisonnement progressif des artistes, lorsqu’il n’y a pas de volonté de l’Etat, dès le début, de soutenir, d’incuber, et d’accompagner la qualité du lieu. Artamis nous semble finalement n’avoir été qu’un provisoire qui dure, basé sur une écoute faible, une absence de règles cohérentes, et des responsables qui ne pouvaient pas être légitimes, au vu du terreau d’anarchie qu’alimentait l'absence d'Etat. On a constaté les déviances que ça a généré en matière de conflit entre les usagers et les responsables des lieux, en matière de zone de non droit et plus largement de démotivation des personnes bienveillantes. Ces dernières se cassaient les dents sur des problèmes structurels, liés à des conditions défavorables de gestion. Rien n’était mis par écrit, ça compliquait les relations...
  
Nous avons observé la même situation à '''Piracanga''' au Brésil. Depuis 2003, on y apporte une participation relativement active dans le développement du tourisme, le coaching, le développement de micro-projets, l'appui au lieu. C’est un couple et quelques amis qui se sont transformés en une soixantaine de maisons et entre 200 et 500 habitants selon le moment de l’année. C’est un lieu paradisiaque, mais là aussi, l’absence de règles mises par écrit n'encourage pas les gens à s'impliquer activement, à développer des micro-entreprises, autrement dit à innover. Parce que, comme beaucoup de choses sont dans l’informel, quand il n’y a pas une culture de l’incubateur, il est difficile de s’investir pleinement.
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Nous avons observé la même situation à '''Piracanga''' au Brésil. Depuis 2003, on y apporte une participation relativement active dans le développement du tourisme, le coaching, le développement de micro-projets, l'appui au lieu. C’est un couple et quelques amis qui se sont transformés en une soixantaine de maisons. Il y a entre 200 et 500 habitants selon le moment de l’année. C’est un lieu paradisiaque, mais là aussi, l’absence de règles mises par écrit n'encourage pas les gens à s'impliquer activement, à développer des micro-entreprises, autrement dit à innover. Parce que, comme beaucoup de choses sont dans l’informel, quand il n’y a pas une culture de l’incubateur, il est difficile de s’investir pleinement.
  
 
Dans la plupart des lieux, notamment Piracanga, Forte Petrazza ou la Friche de Belle de Mai, on a vu que ceux qui avaient une bonne situation géographique étaient capables de compléter leurs activités par des revenus touristiques, et plus largement, de mélanger des activités pédagogiques de formation ou d’art, avec du logement. A ce titre, ils étaient à même d’augmenter leurs propres revenus et d’offrir en même temps au public une expérience d’immersion dans l’écolieu, pour vivre de l’intérieur, co-vivre avec les habitants, l’expérience de l’écologie communautaire.
 
Dans la plupart des lieux, notamment Piracanga, Forte Petrazza ou la Friche de Belle de Mai, on a vu que ceux qui avaient une bonne situation géographique étaient capables de compléter leurs activités par des revenus touristiques, et plus largement, de mélanger des activités pédagogiques de formation ou d’art, avec du logement. A ce titre, ils étaient à même d’augmenter leurs propres revenus et d’offrir en même temps au public une expérience d’immersion dans l’écolieu, pour vivre de l’intérieur, co-vivre avec les habitants, l’expérience de l’écologie communautaire.

Version du 22 septembre 2013 à 23:19

écolieux, Forte Petrazza, Artamis, Piracanga, la Friche de Belle de Mai, Torri Superiore, Auroville, Findhorn, Damanhur, Smala


Dans les actes 2 et 3, on fait un tour du monde des initiatives, pas seulement à partir de nos lectures, mais aussi et surtout à partir de nos expériences pratiques. Voici quelques exemples concrets de lieux qui nous ont inspiré.

Dans les friches, à Forte Petrazza en Italie, qui fut un grand fort longtemps contrôlé par la mafia, on a vu que la récupération de lieux qui avaient été sous la coupe des organisations criminelles constituait un bon terreau pour faire refleurir des initiatives citoyennes, puisque ça ne pouvait pas être pire... Cela a suscité beaucoup d’espoir et laisse la porte ouverte à de nombreux possibles.

Dans la friche industrielle de La Belle de Mai à Marseille, on a pu constater l’importance d’avoir des incubateurs officiels, qui accompagnent les projets d’innovation et de créativité, que ce soit au niveau social, environnemental ou artistique, qui les mettent en réseaux, et qui facilitent les espaces et les dynamiques de coopération.

L’expérience d’Artamis à Genève a attiré notre attention sur le danger de cloisonnement progressif des artistes, lorsqu’il n’y a pas de volonté de l’Etat, dès le début, de soutenir, d’incuber, et d’accompagner la qualité du lieu. Artamis nous semble finalement n’avoir été qu’un provisoire qui dure, basé sur une écoute faible, une absence de règles cohérentes, et des responsables qui ne pouvaient pas être légitimes, au vu du terreau d’anarchie qu’alimentait l'absence d'Etat. On a constaté les déviances que ça a généré en matière de conflit entre les usagers et les responsables des lieux, en matière de zone de non droit et plus largement de démotivation des personnes bienveillantes. Ces dernières se cassaient les dents sur des problèmes structurels, liés à des conditions défavorables de gestion. Rien n’était mis par écrit, ça compliquait les relations...

Nous avons observé la même situation à Piracanga au Brésil. Depuis 2003, on y apporte une participation relativement active dans le développement du tourisme, le coaching, le développement de micro-projets, l'appui au lieu. C’est un couple et quelques amis qui se sont transformés en une soixantaine de maisons. Il y a entre 200 et 500 habitants selon le moment de l’année. C’est un lieu paradisiaque, mais là aussi, l’absence de règles mises par écrit n'encourage pas les gens à s'impliquer activement, à développer des micro-entreprises, autrement dit à innover. Parce que, comme beaucoup de choses sont dans l’informel, quand il n’y a pas une culture de l’incubateur, il est difficile de s’investir pleinement.

Dans la plupart des lieux, notamment Piracanga, Forte Petrazza ou la Friche de Belle de Mai, on a vu que ceux qui avaient une bonne situation géographique étaient capables de compléter leurs activités par des revenus touristiques, et plus largement, de mélanger des activités pédagogiques de formation ou d’art, avec du logement. A ce titre, ils étaient à même d’augmenter leurs propres revenus et d’offrir en même temps au public une expérience d’immersion dans l’écolieu, pour vivre de l’intérieur, co-vivre avec les habitants, l’expérience de l’écologie communautaire.

A Torri Superiore, en Italie, avec qui on a un vrai lien d’amitié depuis de nombreuses années, on a vu à quel point le fait d’avoir des foyers indépendants pour les familles facilitait la dynamique communautaire. Cela permettait de mieux apprécier la vie en communauté, dans le choix laissé de se retrouver dans les espaces communs. Ils pouvaient ainsi en permanence s'éclipser pour retrouver leur nid. Ce dédale de 160 pièces semblait bénéficier d'une qualité de vie exceptionnelle.
On a aussi vu qu’à Torri Superiore, les habitants participaient à la vie de la commune, notamment en s'engageant comme pompiers, et qu'à ce titre, la communauté était bien intégrée. Cette ouverture à l'extérieur créait un climat de confiance et de collaboration avec les autres villageois. Le fait de rendre service à sa localité, à sa région, favorise une très bonne dynamique d’intégration d’un projet pionnier dans une région.

A Auroville, l’écolieu d’écologie profonde le plus grand, nous avons retenus ces choses-là :
L’indépendance législative et exécutive d’Auroville semble être un gros plus, pour qu’ils puissent développer des projets en faisant leurs propres choix sur l’aménagement du territoire, sur la gouvernance entre police préventive et répressive, pour qu’ils puissent s’autogérer en profondeur. En revanche, ils ont une grosse épine dans le pied : c'est d'avoir sur leur terrain (qui fait environ 10 kilomètres sur 10), de très petites poches dont ils ne possèdent pas la gestion, et où s’entassent des habitants de la région. Ces Indiens qui viennent en quête de travail parce qu’ils ont le réflexe de se dire : « Tiens, parmi les 1 800 aurovilliens, il y en a une bonne partie de culture occidentale et donc il y a de l’argent à gagner ».
L’installation de ces gens qui ne sont pas motivés par la même intention que les Aurovilliens empêche la mixité de se créer. Il y a de ce fait un choc culturel permanent entre des choix de vie écologique et puis tout à coup, à quelques centaines de mètres, « bof », une petite maison avec un autre mode de vie. Ce phénomène rend la cohérence du message très difficile.
Par ailleurs, les habitants d'Auroville ont commencé à construire de petits lieux, à gauche à droite sur ces 10 km2, mais ils n’ont jamais réussi à mettre en oeuvre leur plan urbanistique initial. Donc, ils se retrouvent avec un ver dans la pomme, dans le sens où il y a plein de petits villages — c’est très bien — mais ça amène une dispersion des énergies et de la communication. Cela a plus d’impact sur la biodiversité. Tous ces petits lieux, au final, compliquent la dynamique du groupe et l’interaction entre l’homme et la nature. Ils ont pris l’habitude d’aller d’un endroit à l’autre en moto et donc ça pollue pas mal, même s’il y en a aussi qui vont en vélo. Il n’y a pas un habitat dense et compact qui serait cohérent pour un lieu durable et, à ce titre, ils ont manqué de fermeté au début et ils en paient le prix fort.

A Damanhur enfin, en Italie, on a pu voir qu’on peut aller jusqu’à créer une dynamique de groupe suffisante pour que les habitants de la partie écolieu d’un village soient élus à la mairie et président à la destinée du village de manière consensuelle avec des personnes qui n’ont pas fait le choix d’une vie écologique. Et donc, une approche mixte entre communautés intentionnelles et habitants individualistes est tout à fait possible.
On a aussi vu qu’il était possible d’avoir un supermarché avec uniquement des produits locaux. Ça marche tout à fait d’avoir une commune où la cigarette est interdite même à l’extérieur, sauf dans les espaces privés des habitants.
On a enfin vu à Damanhur, et plus largement dans de nombreux écolieux anthroposophes, que le fait d’accueillir et de fournir des prestations pour des seniors, ou des personnes en situation de handicap, pouvait générer un revenu honnête et utile, et qu’il était important de le regarder sous l’angle d’un double intérêt de mixité sociale et de durabilité socio-économique.

La dernière chose qu’on peut retenir c’est que, si les lieux comme Auroville, Findhorn et Damanhur, mettent beaucoup en avant l’aspect spirituel, on n'y a jamais subi de prosélytisme de type « viens participer à un rituel » ou « paie pour visiter un de nos monuments religieux ». Au contraire, la spiritualité y est pratiquée de manière plutôt modérée et relativement œcuménique. Ce n’est pas du tout quelque chose qui est mis en avant, on n’est pas dans une situation sectaire et donc ça nous a aussi motivé.

On a aussi bien sûr visité des villes écologiques, et on s’est immergé au sein des peuples premiers. Concrètement, on a même des membres qui ont une histoire de vie de type ancestral, comme la trésorière de l’association Smala qui a vu pour la première fois des éléments de base de la civilisation occidentale comme l’école ou les supermarchés vers la fin de l’adolescence, vers 17-18 ans. Avant, elle vivait dans un environnement où il y avait uniquement la nature, l’agriculture, le lien avec la terre. Elle a pu ensuite faire des études universitaires et donc, elle a un pied des deux côtés.
On a de nombreux membres qui font ces expériences en s’immergeant dans des lieux très naturels où il n’y a pas de civilisation moderne, qui se déconnectent pour de la méditation, pour des marches. On a par exemple un cohabitant qui a un statut d’avocat au Barreau du canton de Vaud et qui en même temps a fait des marches décroissantes, en allant de la Suisse à Rome à pieds pour réfléchir à son avenir. On a même des membres et sympathisants qui, après avoir visité des écovillages avec nous, sont partis au Népal à pieds avec un chien et deux ânes... Ce sont des sources d’inspiration pour nous, ça nous connecte avec les écolieux et la qualité de vie.