Pour arriver à la transition
« L'écologie est aussi et surtout un problème culturel. Le respect de l'environnement passe par un grand nombre de changements comportementaux. »
Nicolas Hulot, extrait de la revue Ma planète - Novembre/Décembre 1997.
Faire évoluer ses pratiques n'est pas une mince affaire. Chacun a déjà pu expérimenter la difficulté de certaines transitions, petites et grandes : modification de ses habitudes alimentaires, déménagement, changement de travail, rupture sentimentale. Pour les nouveaux arrivants dans un pôle d'écologie communautaire de type Ecopol, le premier objectif est de réussir à trouver sa place tout en appréciant l'équilibre impulsé par le groupe. Le nouvel environnement de vie demande d'adopter d'autres habitudes et des réflexes parfois bien différents. Tout un art !
Cela passe par :
- une alimentation biologique, sans produits toxiques, à base de produits naturels. Un approvisionnement alimentaire hors des sentiers battus (achat groupé notamment).
- des usages économes en énergie (électricité, eau...) et en biens de consommation (commerce équitable, souci du recyclage optimal, objets de seconde vie)
- des dynamiques de consensus et de gestion de conflits basées sur la modération et la non cristallisation des problèmes : se focaliser sur les solutions, décrisper les tensions en permanence en se concentrant sur les aspects positifs et sur ce qui est important pour se construire et construire son environnement
- une dynamique de formation tout au long de sa vie : gérer le changement, développer les savoir-être, apprendre en faisant.
- le foisonnement culturel : dans un Ecopol des personnes de tous les horizons et de toutes les cultures cohabitent. Apprendre à apprécier la diversité sociale permet de bénéficier pleinement de sa richesse.
- une vie globalement de simplicité volontaire, avec quelques moments d'hyperconsommation pour se rappeler ensemble des tendances actuelles de l'humanité.
Vivre dans un lieu labellisé Ecopol implique également de "se reprogrammer" en profondeur pour :
- apprendre à partager des espaces collectifs, être attentif à l'autre, positionner son égo en douceur, relativiser les désaccords, etc. Autant de savoir-être enseignés par l'école de la vie et encouragés dans Ecopol.
- apprendre à se satisfaire de l'essentiel : non pas dans une logique de privation, mais davantage dans une volonté de résister au rythme effréné de la société hyperproductiviste et à son consumérisme. Il s'agit d'apprendre à Etre plus qu'à Faire ou Avoir. En résumé : ne plus perdre sa vie à la gagner...
Bien que ces règles demandent certains « sacrifices », elles apportent également de nombreuses satisfactions dont on ne peut pas bénéficier dans nos sociétés:
- redécouverte du silence et des bruits de la nature si le lieu Ecopol est situé en zone rurale ou vierge.
- partage et écoute avec les co-opérants et co-habitants
- vie plus saine et meilleure forme physique
- équité avec les autres membres
Sommaire
Une liberté de rythme
Lorsqu'on parle de vie communautaire, des appréhensions surgissent :
Serai-je libre d'entrer et sortir du lieu comme je le veux? Pourrai-je réaliser mes repas et manger à l'heure qui me convient ? Devrai-je travailler pour la communauté pour justifier ma présence au sein du lieu ?
Dans un lieu inspiré d'Ecopol, la liberté est totale, dans la mesure où elle ne porte pas préjudice au bien-être des co-habitants et ne dessert pas l'intérêt commun. Chacun peut se ménager un éco-habitat confortable et un rythme de vie qui lui est propre. Autrement dit, si quelqu'un veut s'isoler et avoir la paix c'est possible !
On peut continuer à travailler pour des clients extérieurs si on dispose déjà d'un travail, notamment en télétravail. Mais un résident peut aussi créer une nouvelle activité utile à la communauté, et générer ainsi sur place des revenus qui viennent couvrir ses frais de vie dans un Ecopol.
Parler de liberté individuelle, cela inclut aussi le respect du temps personnel nécessaire pour réaliser en douceur une transition au sein d'un Ecopol. Espace qui inclut des lieux appartenant à tous et des réflexes adoptés par toute une communauté. En matière de vivre ensemble, à chacun son rythme d'apprentissage...
La seule "obligation" pour les habitants d'un lieu Ecopol est de respecter les principes fondamentaux qui définissent l'esprit du lieu et de participer une fois par mois à une réunion, à un repas en commun. Faire un point régulier sur les conditions de vie et sur les améliorations suggérées par certains, fait partie des règles du jeu.
Pour arriver à la transition vers des lieux de vie communautaire contemporains, une vue d'ensemble des initiatives existantes ou du passé est opportune. C'est pourquoi nous vous proposons de suivre notre Acte 2, consacré à l'histoire des éco-lieux.
Et vous, êtes-vous en transition ?
Le psychologue Clare Graves fut l'adjoint de Maslow, créateur de la pyramide des besoins. Graves explique que face à un environnement qui évolue, nous pouvons adopter trois postures qui sont autant d'indices du potentiel de changement :
1→ Ouvert
- Ouverture d’esprit, écoute ;
- Capacité à voir les barrières et désir de les vaincre ;
- Capacité d’anticiper les changements ;
- Acceptation du changement.
2→ Arrêté
- Tendance à vivre à l’intérieur des barrières de la vie ;
- Stress, tension, problèmes gastriques ;
- Comportement passif ou agressif ;
- Rejet des modèles de transformation en se fixant sur l’idée que l’on ne peut rien y changer.
3→ Fermé
- Enfermement dans sa coquille ;
- Compulsif, perfectionniste ;
- Réactions extrêmes à une frustration ;
- Exclusivité de la vision du monde ;
- Insatiabilité.
Une fois la transition amorcée, il est utile de se souvenir que :
- Tout changement demande une aide pendant et après la transition ;
- Toute personne qui change doit s’attendre à être « punie » par celles qui refusent le changement ;
- Les vieilles barrières peuvent resurgir de manière punitive.
Sources
Article Transition sur Wikipédia.
Voir aussi www.transitiontowns.org