Les blogueurs et autres consomm'acteurs : Différence entre versions

De Wiki ECOPOL
 
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Souvenez-vous des débuts d'Internet et de la manière dont vous l'utilisiez! Eh oui à l'époque ce n'était qu'un simple moyen de communication parmi d'autres. On consultait ses emails et l'on ouvrait des pages web comme celles des livres. Le début des années 2000 marque la rupture entre un web statique (web 1.0) et un web dynamique (web 2.0) où les notions d'interactivité et de participations en sont devenues les clés.
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''Communication, contribution, acteur, consommateur''
Rappelez-vous ces années-là, quand les mains moites et le coeur battant la chamade, vous postiez fièrement vos premiers commentaires sur des forums. Songez aux premiers webmail à interfaces web et puis à l'arrivée révolutionnaire de l'authentification! Une récompense, que dis-je, un sésame, une porte ouverte à des options particulières réservées aux utilisateurs enregistrés. Au fil des années, des fonctions ont été développées pour donner les moyens nécessaires aux simples spectateurs de devenir acteurs de cette société de l'information. Comble de l'absurde pour certains, ces fonctions donnaient la possibilité de modifier des pages web! Mais dans cette optique de consomm'action les wikis sont apparus. Puis ce fut le tour des blogs. Le tout s'est suffisamment développé pour donner du souffle à cette idée saugrenue de participer au contenu web. Publier, commenter de l'information, et même créer son propre journal informant proches et étrangers du monde entier ont déclenché la même dépendance à l'actualité que les télés, les radios et les journaux.
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==Il était une fois …==
  
'''En ce premier quart du 21ème siècle...'''
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L'homme n'a pas été créé avec Internet. Bien avant la naissance du réseau, il communiquait déjà avec ses semblables, de manière orale et en face à face. Ensuite il a créé le livre, la presse, le téléphone, la radio, la télévision. Mais dans le monde qui était alors le sien, les informations étaient rares, contrôlées par des minorités.  
  
20 ans après la naissance du web non seulement presque tous les usages grand public d'Internet sont interfacés mais en plus la majorité des usages considérés comme attractifs, durables et dignes d'intérêt sont ceux où l'on peut interagir, modifier et surtout commenter. Que penser actuellement d'un site commercial sans avis des internautes? Comment découvrir toutes les possibilités offertes par Internet sans l'aide de forums spécialisés en la matière? Où d'autres trouver des acheteurs soucieux d'en aider d'autres à choisir le bon produit? En cette deuxième décennie du XXIe siècle la rémunération d'un blogueur ou d'un ''wikien'' n'est plus substantiel, mais se comptabilise en réputation, en crédit moral ou en honneur. Plus il saura se rendre utile à la société numérique, plus grande sera la reconnaissance des autres utilisateurs.  
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Le citoyen lambda pouvait certes, à l'occasion, donner son avis sur la marche du monde, lorsqu'une « enquête d'opinion », ou un sondage, entreprenait de le consulter — trop rarement, cependant, pour le responsabiliser et l'impliquer autant qu'il aurait pu le souhaiter.
  
'''La culture de la contribution'''
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===Le numérique a tout bouleversé===
  
La participation à un blog forme notre mode de fonctionnement et de pensée. Dès 2004 le rôle des medias sociaux croît d'ailleurs considérablement. Ils deviennent un outil essentiel dans l’expression ainsi que la formation d’opinion et se mutent en nouvelle source d’information libre, non bridée ou contrôlée et reconnue par le public. Un lieu d’expression libre par excellence où se côtoient politiciens, hommes d’affaire, hommes d’Etat, musiciens, artistes, en bref tous bipèdes y voyant l'opportunité réelle et tant attendue de publier son opinion, d'expérimenter l'outil et de découvrir les aspects jubilatoires de la scène planétaire jusque-là inconnus. En bref la consomm'action sert tous types d'intérêts et de ce fait il existe autant de motivations spécifiques à contribuer sur le web que de contributions. Ces dernières sont d'ailleurs devenues des critères d'évaluation de la qualité d'un projet. Un étudiant nourri à la culture de la contribution, participant à l'amélioration en apportant des modifications à certains sites culturelles et scientifiques aura bien du mal à ne pas vouloir agir de la sorte dans une institution scolaire très hiérarchisée. A l'inverse une personne moins à l'aise avec ce système se sentira malheureusement non légitimée à modifier du contenu web malgré ses connaissances intéressantes.
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Souvenez-vous de votre première vision du Web. Vous avez lu des pages d'information, comme on lit un livre. Vous avez traité des messages, comme on traite un courrier postal. Et peu à peu, vous avez compris que vous n'aviez pas affaire à un moyen de communication tout à fait comme les autres. De simple utilisateur d’un bureau de poste ou d'une vitrine de magasin virtuel, vous vous êtes senti devenir progressivement acteur.
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<br>Vous avez commencé à intervenir dans des forums.
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*À commenter des articles.  
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*À évaluer des produits.
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*À définir les préférences de votre profil utilisateur au sein d'une communauté virtuelle.
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*À inviter tous vos amis sur un réseau social. À poster des annonces.  
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*À proposer à la vente vos biens ou vos services.
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*À modifier une page créée par un autre internaute, par exemple sur Wikipédia.
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*Et à voir vos contributions affichées en temps réel sur une succession de sites-relais.
  
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Le mot de passe pour entrer dans ce nouveau monde, c'est la contribution. En contribuant, vous avez pu découvrir des options sociotechniques réservées aux utilisateurs enregistrés : paramétrer le flux d'information, poster, modifier, catégoriser/tagger, relayer, modérer… C'est ainsi que les simples spectateurs ont pu devenir les acteurs de cette nouvelle société de l'information. C'est dans la même perspective de consomm'action qu'ont été imaginés les wikis, puis les blogs, les réseaux sociaux, les microblogs… toutes ces applications qui constituent ce que l'on appelle aujourd'hui les ''médias sociaux''.
  
Actuellement on dénombre un peu plus de 150 millions de blogs et des centaines de millions de forums en tous genre. Pourtant, malgré ces nombres impressionnants le passage du web statique au web dynamique n'est socialement pas adopté. Très peu d'utilisateurs sont déterminés à entrer dans cette nouvelle formule de plein pieds, très peu ont le réflexe de corriger, d'améliorer ou de rebondir sur une erreur et préfèrent encore la pointer du doigt. Si vous pensez que la qualité des médias sociaux est encore panachée ou même médiocre, intervenez et ne restez pas dans une optique de science plus dynamique que la conscience, ce ne serait que ruine de l'âme.  
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Ces médias sociaux ont des règles et des usages communs :
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*l'authentification,
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*la personnalisation,
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*la participation,
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*l'interaction,
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*la confrontation,
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*la modération,
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*l'autorégulation,
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*la combinaison.
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<br>Leur utilisation est instantanée, ouverte à la simultanéité, affranchie de toute autorité centrale et fort peu onéreuse. Le pouvoir citoyen est soudain à portée de clic.
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Une fois connecté au réseau des réseaux, il est possible de créer son propre journal, de maintenir son public en haleine au gré d'un fil de discussion, d'interagir dans l'espace et le temps avec l'ensemble de son carnet d’adresse, de contribuer, à son rythme, aux encyclopédies globales. Cette nouvelle culture de la consomm'action se propage comme un virus bénéfique, elle déferle comme une lame de fond. Et dans son élan, elle entraîne les anciens médias, invités à s'adapter à cette nouvelle manière de communiquer.
  
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La participation aux médias sociaux est au cœur de la '''transformation de notre mode de fonctionnement et de pensée'''. Ce mode de production participatif optimise les compétences cognitives telles que la perception, le raisonnement, la conscience, le langage, l'intelligence et la transdisciplinarité. Il n'est pas question, pour autant, de faire preuve d'angélisme : de nouveaux risques sont apparus, des pièges inédits jusqu'alors ont émergé. De fait, les médias sociaux magnifient la diversité culturelle, sans autre limite que notre conscience, avec ses qualités et ses faiblesses. Ils représentent à la fois une nouvelle source d'information et un espace d'expression libre par excellence, où se côtoient politiciens, artistes, commerçants…, toutes générations et origines confondues : la multiplicité des motivations à publier sur le Web explique le nombre des publications qui y fourmillent.
  
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[[Fichier:5608 164316.png]]
  
'''Réagissons'''
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Au sein de ces écosystèmes numériques, la force d'un projet ne procède plus de son concept originel mais de la quantité et de la qualité des acteurs concernés, et de leurs contributions.
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<br>Ainsi un étudiant nourri par cette culture de consomm'action, exercé à chatter avec ses camarades, à commenter les résultats sportifs sur un forum dédié ou à corriger telle ou telle imprécision sur une page Wikipédia, supportera de plus en plus difficilement de devoir rester assis dans une salle de cours à suivre un programme prédéfini : impossible pour lui de picorer ça et là comme il en a l'habitude et de faire la démonstration de sa force de contributeur. Inversement, quelqu'un qui n'aura appris à réfléchir et à disserter que sur les bancs de l'école se trouvera aussi déconcerté face à une page Wikipédia, effrayé par les barrières psychologiques et neurolinguistiques du moindre chat virtuel : quand on a été programmé pour recevoir un cadre donné, établi par d'autres, l'idée qu'on peut désormais le cocréer soi-même ne vient pas spontanément à l'esprit.
  
Les vrais solutions passent par des mécanismes incitatifs de gens éveillés dans des structures où ils ont un impact sur la société: des enseignants, des directeurs de stratégies d'enseignement, des entreprises en phase avec la culture participative, des institutions publiques qui vont encourager leur collaborateurs à aller dans les sens du partage. Des gens éveillés qui vont encourager à contribuer tant sur le contenu que sur les critères qualités permettant l'excellence des contenus. Des critères qualités tant technologiques, car la fonction fait l'organe, que sociaux puisque les règles de modérations sont définies par des humains et que celles-ci offrent la possibilité de gérer les contributions à posteriori.
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Pour désigner ceux, de plus en plus nombreux, qui aspirent à voir leur nouvelles connaissances légitimées, on parle de prosommacteurs (Toffler, puis Tapscott), d'autres des nétocrates (Wired ; Bard & Söderqvist) ou encore des utilis'acteurs (Rousseau & Bondolfi) ou webacteurs (Pisani). Chacun de ces termes indiquent clairement que les médias numériques ne se contentent pas de s'adresser à l'ensemble de la société : ils sont sa création — son œuvre.
  
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===Le symbole du Web ''2.0'' ===
  
'''La consomm'action comme outil de développement personnel'''
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La transition technologique d'un Web statique, alias ''Web 1'' vers un web dynamique - ''Web 2'' - s'est produite dans le tournant des années 2000. Pour symboliser la maturité naissante de cette culture web participative, Tim O'Reilly, auteur d'ouvrages consacrés à la culture informatique libre, a été le premier à diffuser l'expression « Web 2.0 » (en 2005). Elle a été progressivement déclinée dans tous les domaines et désigne aujourd'hui le changement culturel qu'un Internet dynamique et participatif est à même d'apporter aux sociétés humaines : la gouvernance 2.0.
  
Participer au moins une fois à une thématique développée sur le web, expérimenter les outils de l'aventure consomm'action et entrer dans la société de l'information en produisant du contenu non pas de quantité mais de qualité. Cette production participative permet de développer de nouvelles compétences cognitives comme la perception, le raisonnement, la conscience, le langage, l'intelligence et la transdisciplinarité. Le tout offre ainsi au simple lecteur la possibilité de s'approprier le contenu et de l'utiliser dans son propre développement personnel.
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==Le siècle de l'inform'action==
  
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En 2011, le Web a eu vingt ans. Fort de ses centaines de millions de forums, wikis, blogs, réseaux sociaux , microblogs instantanés, il justifie qu'on parle désormais de ''Webosphère''. Google, Facebook, Twitter et Wikipédia en sont les planètes les plus célèbres. Peuplé de centaines de milliards d'articles et de billions de champs différents (titre, corps de message, pièces jointes, images, nombre de visiteurs, notes…), le Web est le cœur où convergent tous les outils numériques qui possèdent une interface ouverte, standardisée en libre accès et accessible par l'ensemble des outils existants — smartphone, tablette, ordinateurs…
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<br>Les sites les plus intéressants sont ceux où il est possible d'interagir en commentant, modifiant, ajoutant textes ou images à la matière présente. Un site d'achat/vente entre particuliers qui ne proposerait pas de commentaires participatifs évaluant le produit, le vendeur, voire l'acheteur, aurait du mal à asseoir sa crédibilité. Il en irait de même d'un blog indépendant qui publierait un scoop sans s'ouvrir aux commentaires et aux sources alternatives.
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Par ailleurs, si la prédominance des médias sociaux semble désormais incontestable, la qualité de leurs contenus n'est pas encore systématique, loin s'en faut. Les fôtes d'ortograffe et 1 syntaxe maladroite issue le plus souvent du langage SMS sont fréquentes. C koi ton pb ? Leur imperfection actuelle pourrait conduire à rejeter en bloc les nouveaux médias, en vertu de leur manque de rigueur et de professionnalisme. Mais il y a là également matière à saluer l’effacement progressif des barrières entre le métier de journaliste et la fonction de communicateur : '''l'éveil possible d'une citoyenneté vraiment active.'''
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Le débat est on ne peut plus actuel. Il engage notamment la corporation journalistique, détentrice du quatrième pouvoir, qui admet difficilement que les médias sociaux sont des médias à part entière et seront peut-être, demain, les médias de référence. Il est permis de se demander si les journalistes qui ne reconnaissent pas les blogueurs comme leurs pairs ne tendent pas à reproduire le modèle de toutes les corporations dépassées par les ruptures technologiques. Ainsi la corporation des chauffeurs automobiles, au début du XX<sup>e</sup> siècle, ne comprenait-elle pas qu'un simple quidam puisse aspirer à prendre lui-même le volant de sa voiture pour se rendre au travail.
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Parmi les autres effets pervers propres au développement des médias sociaux, la dictature de l'immédiat, la société de spectacle et la guerre de clochers sont le plus souvent mises en avant. Autant de pièges à éviter sur le chemin de la consomm'action. Déclencheurs de passions, le Web 2.0 n'en finit pas de susciter fascination et répulsion.
  
 
 
{| class="wikitable"
 
{| class="wikitable"
|+ '''Social media: blogs, wikis et autres consomm'actions'''
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|+ ''Social media : blogs, wikis et autres '''consomm'actions'''''
 
!
 
!
! Leaders
+
! Leaders dans le domaine
! Durée de vie
+
! Durée de vie de l'information (tendance générale)
! Effets pervers
+
! Effets pervers*
! Effets positifs
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! Effets positifs*
 +
! Spécificités
 
|-
 
|-
! Les Instant
+
! Les wikis
| MSN, Twitter
+
| Wikimedia et son projet phare Wikipédia
| Très court terme
+
| Moyen, long terme avec de nombreuses possibilités de modifications comme la mise à jour, le retour à une version précédente…
| Dictature de l'immédiat
+
| Guerre des clochers
| Outils d'alertes pratiques en cas de catastrophe
+
| Culture de la coopération synergique où l'on s'entraide  main dans la main
 +
| Patrimoine de l'humanité, 100 % licence libre, simple et fiable
 
|-
 
|-
! Famille des blogs
+
! Les « weblog » ou « blogs »
| Skyblog
+
| Aucun leader, nombreuses plates-formes
| Court-Moyen terme
+
| Court, moyen terme
 
| Faible qualité des contenus
 
| Faible qualité des contenus
 
| Encourage l'interaction libre par le biais de commentaires
 
| Encourage l'interaction libre par le biais de commentaires
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| Journal de bord avec articles chronologiques
 
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|-
 
! Les réseaux sociaux
 
! Les réseaux sociaux
 
| Facebook
 
| Facebook
| Moyen terme
+
| Court, moyen terme
 
| Société de spectacle
 
| Société de spectacle
 
| La distance n'est plus un problème
 
| La distance n'est plus un problème
 +
| Parc public, marché de l'amitié, dès 13ans
 
|-
 
|-
! Famille des wikis
+
! Les « Instant » ou « micro-blogs »
| Wikimédia et son projet phare Wikipédia
+
| Twitter
| Long terme avec de nombreuses possibilités de modifications comme la mise à jour, le retour à une version précédente, la modification
+
| Très court terme
| Limitations des effets pervers par les outils mis à disposition
+
| Dictature de l'immédiat
| Synérgie entre le contenu et les utilisateurs
+
| Outils « d'avis à la populace »
 +
| 144 caractères, style SMS, roi du mobile, alerte immédiate
 
|}
 
|}
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* Liste non exhaustive
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==Discernement, engagement, accompagnement==
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Les inquiétudes engendrées par l'arrivée des médias sociaux ne sont pas illégitimes ; toute mutation s'accompagne de dérives, qu'il est souhaitable de détecter aussi précocement que possible. La plus spectaculaire de ces dérives est certainement la revente par Facebook, Twitter et Google de nos données personnelles, qui les conduit à bafouer notre vie privée au profit de leurs actionnaires et de leurs partenaires commerciaux. Les plus spéculatifs des médias sociaux n'en demeurent pas moins des outils d'alerte et de consolidation de l'interaction — de la culture de coopération synergique. À l'occasion des révolutions arabes de 2011, ils ont montré qu'ils pouvaient servir aussi les intérêts de la démocratie. En vérité, les opinions libres et initiatives multiples qui se déploient sur les médias participatifs n'existent que par la puissance de diffusion de ces réseaux.
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Réflexion et débat valent mieux que méfiance et repli. Il y a des garde-fous à mettre en place. Et il est en effet plus que jamais nécessaire d'exercer son discernement entre les différents médias sociaux, à l'utilité variable de l'un à l'autre. Les intentions de géants tels que Facebook ou Twitter sont ainsi très discutables. Pour (re)trouver confiance dans ce Web 2.0, le meilleur moyen est encore d'en devenir un acteur à part entière : les pionniers bienveillants sont légion, et disponibles. Au-delà de leur statut influent, ils ne demandent qu'à encourager leurs étudiants, leurs collaborateurs, leurs pairs, leurs employés à devenir des consomm'acteurs conscients, critiques, rigoureux, sensibles à l'origine de leurs sources, capables d'apprendre à jongler élégamment avec les risques et les opportunités rencontrés. En les accompagnant dans leurs premières contributions, ces « maîtres-passeurs » participent favorablement au développement personnel, social et professionnel de leurs émules.
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Les 100 000 contributeurs actifs de Wikipédia, dont une majorité de moins de vingt ans, attendent eux aussi à bras ouverts les nouveaux venus. Il faut citer également, parmi beaucoup d'autres bonnes adresses comme les réseaux sociaux éthiques tels que Diaspora<ref>http://diasporafoundation.org/</ref> ou Zen3<ref>http://www.zen3.net</ref>. Grâce aux modérateurs de blogs, aux créateurs de plateformes sociales éthiques, aux guides discrets et bienveillants qui aident à éviter les nouveaux pièges, l'espèce qui naît sous nos yeux ne manque pas d'accoucheurs de talent.
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==Slashdot.org et Linuxfr.org==
  
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Ces deux sites web, respectivement anglophone et francophone, ont été créés en 1997 et en 1998 pour traiter de l'actualité informatique. Ils ont la particularité de permettre aux utilisateurs de commenter librement les contenus publiés. Afin d'éviter tout abus, remarques fallacieuses ou trolls, ils utilisent un système d'autorégulation des usagers inscrits : à chacun d'entre eux est assigné un karma virtuel qui augmente lors de toute contribution améliorant la qualité du site et proposant des informations intéressantes. À l'inverse, le karma diminue si les commentaires sont jugés inutiles ou partiaux.
  
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Il s'agit là, probablement, de l'agora la plus raffinée, la plus démocratique et la mieux consciente des enjeux sociotechniques inhérents aux médias sociaux – avec Wikipédia. Méconnus du grand public, ce sont les membres de cette communauté qui font et défont les technologies en fonction de critères aussi technologiques qu'éthiques.
  
== Encarts ==
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==Compléments==
  
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===Splog===
  
'''Slashdot.org et Linuxfr.org'''
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Le splog est au blog ce que le spam est au mail : un commentaire en général désagréable et inutile, posté sur un blog et pointant en direction d'un autre blog à but commercial et lucratif.
  
Ces deux sites web, le premier anglophone et le second francophone, créés respectivement en 1997 et 1998 traitent de l'actualité informatique. La particularité qu'ils ont développée depuis la fin du XXe siècle est de permettre aux utilisateurs de commenter librement le contenu publié. Afin d'éviter tout abus, remarques fallacieuses ou trolls, ils utilisent un système d'autorégulation des usagers inscrits. Ceux-ci possèdent un karma virtuel qui augmente pour toute contribution améliorant la qualité du site et offrant des informations intéressantes. A l'inverse, le karma diminue si les commentaires sont jugés inutiles ou partiales.
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=== Réseaux sociaux: 1, Pornographie: 0 ===
  
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Dans son best-seller ''Socialnomics'', Erik Qualman dévoile des statistiques impressionnantes relatives à l'utilisation d'Internet et des réseaux sociaux. Ainsi l'une d'elles révèle-t-elle que sur le Web, après des années de suprématie sans partage, la pornographie a été détrônée par… Facebook et ses frères. Ici, une vidéo à visionner pour en savoir davantage<ref>http://www.youtube.com/watch?v=x0EnhXn5boM&feature=player_embedded#at=57</ref>.
  
'''Splog'''
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=== ENCADRE : Deux mantras de la culture Web ===
  
Le splog est au blog ce que le spam est au mail. En clair le splog est un commentaire en général désagréable est inutile posté sur un blog, pointant en direction d'un autre blog à but commercial et lucratif.  
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'''Publier tôt, mettre à jour souvent.'''
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<br>Il encourage à passer de l'idée qu'on doit attendre qu'une œuvre soit mûre pour la publier à l'idée qu'il est mieux de publier l'intention, de mentionner le degré de maturité d'une œuvre, et ainsi à obtenir des contributions dès le début.  
  
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'''Briller ou disparaître.'''
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<br>Il encourage à toujours contribuer, ne pas perdre son engagement, ou accepter
  
'''Troll'''
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=== Sources et notes ===
  
Le troll, n'en déplaise à J.R.R Tolkien, est sur la blogosphère une personne malsaine perturbant le bon fonctionnement des blogs ou autres forums en multipliant les commentaires à sujets fâcheux et inutiles. Une telle prolifération peut amener la mort du site, incapable de supprimer assez rapidement ce flot pernicieux qui engloutit la vraie information.
+
<references/>
  
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[http://fr.wikipedia.org/wiki/Blog Blog sur Wikipédia]
  
'''Le saviez-vous?'''
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[http://fr.wikipedia.org/wiki/Splog Splog sur Wikipédia]
  
[[Fichier:qui tient un blog.jpg]]
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TAPSCOTT Don, Williams Anthony D., Wikinomics, Pearson Education France, Paris, 2007.
  
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Social Media Revolution 3 (4:15 version via Erik Qualman)
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[http://www.youtube.com/watch?v=x0EnhXn5boM&feature=player_embedded#at=57]
  
== Sources ==
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Social Media Revolution 2 (sous-titrée français)
 +
[http://www.youtube.com/watch?v=dP-UxL3KADA]

Version actuelle datée du 11 août 2012 à 14:41

Communication, contribution, acteur, consommateur


Il était une fois …

L'homme n'a pas été créé avec Internet. Bien avant la naissance du réseau, il communiquait déjà avec ses semblables, de manière orale et en face à face. Ensuite il a créé le livre, la presse, le téléphone, la radio, la télévision. Mais dans le monde qui était alors le sien, les informations étaient rares, contrôlées par des minorités.

Le citoyen lambda pouvait certes, à l'occasion, donner son avis sur la marche du monde, lorsqu'une « enquête d'opinion », ou un sondage, entreprenait de le consulter — trop rarement, cependant, pour le responsabiliser et l'impliquer autant qu'il aurait pu le souhaiter.

Le numérique a tout bouleversé

Souvenez-vous de votre première vision du Web. Vous avez lu des pages d'information, comme on lit un livre. Vous avez traité des messages, comme on traite un courrier postal. Et peu à peu, vous avez compris que vous n'aviez pas affaire à un moyen de communication tout à fait comme les autres. De simple utilisateur d’un bureau de poste ou d'une vitrine de magasin virtuel, vous vous êtes senti devenir progressivement acteur.
Vous avez commencé à intervenir dans des forums.

  • À commenter des articles.
  • À évaluer des produits.
  • À définir les préférences de votre profil utilisateur au sein d'une communauté virtuelle.
  • À inviter tous vos amis sur un réseau social. À poster des annonces.
  • À proposer à la vente vos biens ou vos services.
  • À modifier une page créée par un autre internaute, par exemple sur Wikipédia.
  • Et à voir vos contributions affichées en temps réel sur une succession de sites-relais.

Le mot de passe pour entrer dans ce nouveau monde, c'est la contribution. En contribuant, vous avez pu découvrir des options sociotechniques réservées aux utilisateurs enregistrés : paramétrer le flux d'information, poster, modifier, catégoriser/tagger, relayer, modérer… C'est ainsi que les simples spectateurs ont pu devenir les acteurs de cette nouvelle société de l'information. C'est dans la même perspective de consomm'action qu'ont été imaginés les wikis, puis les blogs, les réseaux sociaux, les microblogs… toutes ces applications qui constituent ce que l'on appelle aujourd'hui les médias sociaux.

Ces médias sociaux ont des règles et des usages communs :

  • l'authentification,
  • la personnalisation,
  • la participation,
  • l'interaction,
  • la confrontation,
  • la modération,
  • l'autorégulation,
  • la combinaison.


Leur utilisation est instantanée, ouverte à la simultanéité, affranchie de toute autorité centrale et fort peu onéreuse. Le pouvoir citoyen est soudain à portée de clic. Une fois connecté au réseau des réseaux, il est possible de créer son propre journal, de maintenir son public en haleine au gré d'un fil de discussion, d'interagir dans l'espace et le temps avec l'ensemble de son carnet d’adresse, de contribuer, à son rythme, aux encyclopédies globales. Cette nouvelle culture de la consomm'action se propage comme un virus bénéfique, elle déferle comme une lame de fond. Et dans son élan, elle entraîne les anciens médias, invités à s'adapter à cette nouvelle manière de communiquer.

La participation aux médias sociaux est au cœur de la transformation de notre mode de fonctionnement et de pensée. Ce mode de production participatif optimise les compétences cognitives telles que la perception, le raisonnement, la conscience, le langage, l'intelligence et la transdisciplinarité. Il n'est pas question, pour autant, de faire preuve d'angélisme : de nouveaux risques sont apparus, des pièges inédits jusqu'alors ont émergé. De fait, les médias sociaux magnifient la diversité culturelle, sans autre limite que notre conscience, avec ses qualités et ses faiblesses. Ils représentent à la fois une nouvelle source d'information et un espace d'expression libre par excellence, où se côtoient politiciens, artistes, commerçants…, toutes générations et origines confondues : la multiplicité des motivations à publier sur le Web explique le nombre des publications qui y fourmillent.

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Au sein de ces écosystèmes numériques, la force d'un projet ne procède plus de son concept originel mais de la quantité et de la qualité des acteurs concernés, et de leurs contributions.
Ainsi un étudiant nourri par cette culture de consomm'action, exercé à chatter avec ses camarades, à commenter les résultats sportifs sur un forum dédié ou à corriger telle ou telle imprécision sur une page Wikipédia, supportera de plus en plus difficilement de devoir rester assis dans une salle de cours à suivre un programme prédéfini : impossible pour lui de picorer ça et là comme il en a l'habitude et de faire la démonstration de sa force de contributeur. Inversement, quelqu'un qui n'aura appris à réfléchir et à disserter que sur les bancs de l'école se trouvera aussi déconcerté face à une page Wikipédia, effrayé par les barrières psychologiques et neurolinguistiques du moindre chat virtuel : quand on a été programmé pour recevoir un cadre donné, établi par d'autres, l'idée qu'on peut désormais le cocréer soi-même ne vient pas spontanément à l'esprit.

Pour désigner ceux, de plus en plus nombreux, qui aspirent à voir leur nouvelles connaissances légitimées, on parle de prosommacteurs (Toffler, puis Tapscott), d'autres des nétocrates (Wired ; Bard & Söderqvist) ou encore des utilis'acteurs (Rousseau & Bondolfi) ou webacteurs (Pisani). Chacun de ces termes indiquent clairement que les médias numériques ne se contentent pas de s'adresser à l'ensemble de la société : ils sont sa création — son œuvre.

Le symbole du Web 2.0

La transition technologique d'un Web statique, alias Web 1 vers un web dynamique - Web 2 - s'est produite dans le tournant des années 2000. Pour symboliser la maturité naissante de cette culture web participative, Tim O'Reilly, auteur d'ouvrages consacrés à la culture informatique libre, a été le premier à diffuser l'expression « Web 2.0 » (en 2005). Elle a été progressivement déclinée dans tous les domaines et désigne aujourd'hui le changement culturel qu'un Internet dynamique et participatif est à même d'apporter aux sociétés humaines : la gouvernance 2.0.

Le siècle de l'inform'action

En 2011, le Web a eu vingt ans. Fort de ses centaines de millions de forums, wikis, blogs, réseaux sociaux , microblogs instantanés, il justifie qu'on parle désormais de Webosphère. Google, Facebook, Twitter et Wikipédia en sont les planètes les plus célèbres. Peuplé de centaines de milliards d'articles et de billions de champs différents (titre, corps de message, pièces jointes, images, nombre de visiteurs, notes…), le Web est le cœur où convergent tous les outils numériques qui possèdent une interface ouverte, standardisée en libre accès et accessible par l'ensemble des outils existants — smartphone, tablette, ordinateurs…
Les sites les plus intéressants sont ceux où il est possible d'interagir en commentant, modifiant, ajoutant textes ou images à la matière présente. Un site d'achat/vente entre particuliers qui ne proposerait pas de commentaires participatifs évaluant le produit, le vendeur, voire l'acheteur, aurait du mal à asseoir sa crédibilité. Il en irait de même d'un blog indépendant qui publierait un scoop sans s'ouvrir aux commentaires et aux sources alternatives.

Par ailleurs, si la prédominance des médias sociaux semble désormais incontestable, la qualité de leurs contenus n'est pas encore systématique, loin s'en faut. Les fôtes d'ortograffe et 1 syntaxe maladroite issue le plus souvent du langage SMS sont fréquentes. C koi ton pb ? Leur imperfection actuelle pourrait conduire à rejeter en bloc les nouveaux médias, en vertu de leur manque de rigueur et de professionnalisme. Mais il y a là également matière à saluer l’effacement progressif des barrières entre le métier de journaliste et la fonction de communicateur : l'éveil possible d'une citoyenneté vraiment active.

Le débat est on ne peut plus actuel. Il engage notamment la corporation journalistique, détentrice du quatrième pouvoir, qui admet difficilement que les médias sociaux sont des médias à part entière et seront peut-être, demain, les médias de référence. Il est permis de se demander si les journalistes qui ne reconnaissent pas les blogueurs comme leurs pairs ne tendent pas à reproduire le modèle de toutes les corporations dépassées par les ruptures technologiques. Ainsi la corporation des chauffeurs automobiles, au début du XXe siècle, ne comprenait-elle pas qu'un simple quidam puisse aspirer à prendre lui-même le volant de sa voiture pour se rendre au travail.

Parmi les autres effets pervers propres au développement des médias sociaux, la dictature de l'immédiat, la société de spectacle et la guerre de clochers sont le plus souvent mises en avant. Autant de pièges à éviter sur le chemin de la consomm'action. Déclencheurs de passions, le Web 2.0 n'en finit pas de susciter fascination et répulsion.

Social media : blogs, wikis et autres consomm'actions
Leaders dans le domaine Durée de vie de l'information (tendance générale) Effets pervers* Effets positifs* Spécificités
Les wikis Wikimedia et son projet phare Wikipédia Moyen, long terme avec de nombreuses possibilités de modifications comme la mise à jour, le retour à une version précédente… Guerre des clochers Culture de la coopération synergique où l'on s'entraide main dans la main Patrimoine de l'humanité, 100 % licence libre, simple et fiable
Les « weblog » ou « blogs » Aucun leader, nombreuses plates-formes Court, moyen terme Faible qualité des contenus Encourage l'interaction libre par le biais de commentaires Journal de bord avec articles chronologiques
Les réseaux sociaux Facebook Court, moyen terme Société de spectacle La distance n'est plus un problème Parc public, marché de l'amitié, dès 13ans
Les « Instant » ou « micro-blogs » Twitter Très court terme Dictature de l'immédiat Outils « d'avis à la populace » 144 caractères, style SMS, roi du mobile, alerte immédiate
  • Liste non exhaustive

Discernement, engagement, accompagnement

Les inquiétudes engendrées par l'arrivée des médias sociaux ne sont pas illégitimes ; toute mutation s'accompagne de dérives, qu'il est souhaitable de détecter aussi précocement que possible. La plus spectaculaire de ces dérives est certainement la revente par Facebook, Twitter et Google de nos données personnelles, qui les conduit à bafouer notre vie privée au profit de leurs actionnaires et de leurs partenaires commerciaux. Les plus spéculatifs des médias sociaux n'en demeurent pas moins des outils d'alerte et de consolidation de l'interaction — de la culture de coopération synergique. À l'occasion des révolutions arabes de 2011, ils ont montré qu'ils pouvaient servir aussi les intérêts de la démocratie. En vérité, les opinions libres et initiatives multiples qui se déploient sur les médias participatifs n'existent que par la puissance de diffusion de ces réseaux.

Réflexion et débat valent mieux que méfiance et repli. Il y a des garde-fous à mettre en place. Et il est en effet plus que jamais nécessaire d'exercer son discernement entre les différents médias sociaux, à l'utilité variable de l'un à l'autre. Les intentions de géants tels que Facebook ou Twitter sont ainsi très discutables. Pour (re)trouver confiance dans ce Web 2.0, le meilleur moyen est encore d'en devenir un acteur à part entière : les pionniers bienveillants sont légion, et disponibles. Au-delà de leur statut influent, ils ne demandent qu'à encourager leurs étudiants, leurs collaborateurs, leurs pairs, leurs employés à devenir des consomm'acteurs conscients, critiques, rigoureux, sensibles à l'origine de leurs sources, capables d'apprendre à jongler élégamment avec les risques et les opportunités rencontrés. En les accompagnant dans leurs premières contributions, ces « maîtres-passeurs » participent favorablement au développement personnel, social et professionnel de leurs émules.

Les 100 000 contributeurs actifs de Wikipédia, dont une majorité de moins de vingt ans, attendent eux aussi à bras ouverts les nouveaux venus. Il faut citer également, parmi beaucoup d'autres bonnes adresses comme les réseaux sociaux éthiques tels que Diaspora[1] ou Zen3[2]. Grâce aux modérateurs de blogs, aux créateurs de plateformes sociales éthiques, aux guides discrets et bienveillants qui aident à éviter les nouveaux pièges, l'espèce qui naît sous nos yeux ne manque pas d'accoucheurs de talent.

Slashdot.org et Linuxfr.org

Ces deux sites web, respectivement anglophone et francophone, ont été créés en 1997 et en 1998 pour traiter de l'actualité informatique. Ils ont la particularité de permettre aux utilisateurs de commenter librement les contenus publiés. Afin d'éviter tout abus, remarques fallacieuses ou trolls, ils utilisent un système d'autorégulation des usagers inscrits : à chacun d'entre eux est assigné un karma virtuel qui augmente lors de toute contribution améliorant la qualité du site et proposant des informations intéressantes. À l'inverse, le karma diminue si les commentaires sont jugés inutiles ou partiaux.

Il s'agit là, probablement, de l'agora la plus raffinée, la plus démocratique et la mieux consciente des enjeux sociotechniques inhérents aux médias sociaux – avec Wikipédia. Méconnus du grand public, ce sont les membres de cette communauté qui font et défont les technologies en fonction de critères aussi technologiques qu'éthiques.

Compléments

Splog

Le splog est au blog ce que le spam est au mail : un commentaire en général désagréable et inutile, posté sur un blog et pointant en direction d'un autre blog à but commercial et lucratif.

Réseaux sociaux: 1, Pornographie: 0

Dans son best-seller Socialnomics, Erik Qualman dévoile des statistiques impressionnantes relatives à l'utilisation d'Internet et des réseaux sociaux. Ainsi l'une d'elles révèle-t-elle que sur le Web, après des années de suprématie sans partage, la pornographie a été détrônée par… Facebook et ses frères. Ici, une vidéo à visionner pour en savoir davantage[3].

ENCADRE : Deux mantras de la culture Web

Publier tôt, mettre à jour souvent.
Il encourage à passer de l'idée qu'on doit attendre qu'une œuvre soit mûre pour la publier à l'idée qu'il est mieux de publier l'intention, de mentionner le degré de maturité d'une œuvre, et ainsi à obtenir des contributions dès le début.

Briller ou disparaître.
Il encourage à toujours contribuer, ne pas perdre son engagement, ou accepter

Sources et notes

Blog sur Wikipédia

Splog sur Wikipédia

TAPSCOTT Don, Williams Anthony D., Wikinomics, Pearson Education France, Paris, 2007.

Social Media Revolution 3 (4:15 version via Erik Qualman) [1]

Social Media Revolution 2 (sous-titrée français) [2]