La neutralité des réseaux : Différence entre versions
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| − | + | Pourquoi et comment les réseaux d'informations, auparavant propriétés privées, tendent à devenir de plus en plus neutres. | |
| − | + | Dans la forêt amazonienne, les coupes d'arbres massives se font sur une grande échelle : le passage de la forêt à la terre agricole est de plus en plus rapide. L'explication d'un tel désastre écologique n'a rien de mystérieux : l'exploitation immodérée des forêts est une ''source d'argent facile''. Et ceux qui y participent n'ont pas les moyens de s'offrir le luxe d'une ''conscience écologique et citoyenne''. S'ils ne coupent pas les arbres, d'autres le feront à leur place, pensent-ils. | |
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| − | + | De la même manière, sur l'Internet, la possibilité de gagner de l'argent facilement est forte. De nombreuses entreprises l'ont maximisée en s'attachant à contrôler les flux d'information. Ainsi l'abonné d'un opérateur X aura-t-il la possibilité d'accéder aux informations de manière plus rapide que l'abonné d'un opérateur Y. Une situation qui a conduit certains courageux à tenter de préserver le bien commun dans les environnements numériques, notamment pour préserver la neutralité du réseau. Ceci à l'image de ceux qui se battent pour la préservation de la nature, notre bien commun, en Amazonie et dans tous les écosystèmes de la biosphère. Ici interviennent les enjeux de la ''Net Neutralité''. | |
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| − | + | == Pourquoi Internet plutôt que Minitel ? == | |
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| − | + | En d'autres termes, pourquoi l'Internet n'a-t-il pas rencontré de concurrent sérieux depuis l'an 2000, renvoyant aux oubliettes de l'histoire d'autres initiatives pourtant bien financées comme le Minitel et le vidéotexte ? La réponse réside probablement dans un principe essentiel à la durabilité d'un système d'information : la neutralité du réseau. | |
| − | + | La neutralité du Net (ou « neutralité des réseaux formant l'Internet ») est un principe fondateur de la culture numérique. En résumé : dans un réseau, ''les informations doivent transiter de façon indifférenciée'', quels que soient leurs origines, leurs destinations ou leur contenu. Un principe à la fois garant de la liberté d'expression... et de la libre concurrence sur l'Internet. | |
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| − | + | Pendant vingt ans, entre 1970 et 1990, à l'exception du courriel, aucun système commun n'a permis le déploiement de l'Internet au-delà des sphères militaires et universitaires. Il n'existait aucun système commun capable de proposer l'affichage de documents. Les universités américaines étaient donc impuissantes à partager de manière systématique textes, images ou sons avec des universités européennes, chacune disposant de son protocole spécifique. ''De nombreux projets d'informaticiens ont proposé un système différent.'' Qui a gagné ? L'Internet, au début des années 1990, dont le développement a été fulgurant. Pourquoi cet usage exponentiel de l'Internet ? Simplement parce qu'il est lui aussi basé sur le principe de'' neutralité des réseaux''. | |
| − | + | == L'Internet : base commune neutre pour toutes les initiatives == | |
| − | + | Les fournisseurs d'accès Internet sont généralement des sociétés commerciales privées attendant un retour rapide sur leur investissement. Ils sont aussi souvent producteurs de contenus : sites Internet, sites de vente en ligne, fourniture de services vidéo à la demande, etc. Sans une neutralité du Net encadrant leurs pratiques, leur tendance naturelle serait de privilégier les utilisateurs de leurs propres sites et services. | |
| − | + | Un autre type d'outil est également concerné par la question de la neutralité : le moteur de recherche. Son rôle est très important, ''car l'Internet est par nature un grand bazar'', non une cathédrale d'informations soigneusement ordonnées et rangées par une autorité centrale. Pour bien communiquer, nous dépendons des moteurs de recherche, qui sont souvent la propriété de sociétés privées à but lucratif. La neutralité du Net appliquée à leur activité implique de leur part un fonctionnement identique pour toute requête, indépendamment des partenariats ou clients ayant intérêt à se hisser au premier rang des résultats de recherche. À ce jour, le principe de neutralité a été globalement respecté, mais sous la pression de leurs actionnaires, il n'est pas exclu que les dirigeants des sociétés les plus puissantes décident d'enfreindre la neutralité du Net. | |
| − | ---- | + | Plusieurs indices<ref>http://fr.readwriteweb.com/2010/08/26/a-la-une/orange-donne-aperu-de-linternet-sans-neutralit-du-net/</ref> laissent à penser que le danger de voir disparaître l'un des principes fondateur de l'Internet se fait plus précis. Sur la Toile, la mobilisation pour défendre la neutralité du Net est très importante<ref>http://www.savetheinternet.com/</ref>, mais sera-t-elle suffisante ? |
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| + | ===Encadré : La neutralité du Net simplifiée=== | ||
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| + | * L'endroit d'où nous partons, éventuellement la marque de notre voiture ou encore l'identité de notre employeur ; | ||
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| + | * Les motivations qui nous ont fait choisir notre destination : travail, vacances, famille. | ||
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| + | Dans une telle hypothèse, on pourrait voir apparaître, entre autres dérives potentiellement infinies : | ||
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| + | * Un partenariat entre la société de gestion de l'autoroute empruntée et l'office du tourisme d'une ville. Dans ce cas, les vacanciers pourraient être privilégiés par rapport au reste des voyageurs (fret de marchandises, particuliers se rendant à leur travail...) ; | ||
| + | * Un ralentissement artificiel des voyageurs ne faisant l'objet d'aucune mesure préférentielle. | ||
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| + | '''Benjamin Bayart''', pionnier français de l'Internet, a proposé quatre principes essentiels à la neutralité du Net : | ||
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| + | * Transmission des données par les opérateurs sans examen de leur contenu ; | ||
| + | * Transmission des données sans prise en compte de leur source ou de leur destination ; | ||
| + | * Transmission des données sans qu'un protocole de communication particulier soit privilégié ; | ||
| + | * Transmission des données sans altération de leur contenu. | ||
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| + | Ce à quoi Richard Stallman ajoute : | ||
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| + | * Que les fournisseurs d'accès et de services n'exigent pas de l'utilisateur un programme spécifique, ni un équipement particulier. Pour lui, c'est une lutte qui est d'actualité. | ||
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| − | + | Le protocole de l'Internet, nommé HTTP, est le seul connu du grand public. Il est utilisable librement, sans redevance due à qui que ce soit, et respecte le principe de Net Neutralité. | |
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| − | + | ===Encadré : Neutralité inscrite dans la constitution=== | |
| − | + | Le Chili est le premier pays au monde à avoir voté une loi garantissant la neutralité des réseaux. Le projet de loi avait été déposé dès 2007, à l'époque où le sujet était moins médiatique qu'aujourd'hui, par une dizaine de députés de différents bords politiques, et soutenu par le gouvernement. La loi a été largement adoptée, pour ne pas dire plébiscitée, puisque cent députés ont voté en sa faveur alors qu'un seul s'est abstenu. | |
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| − | + | == Sources et notes == | |
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| − | + | <references/> | |
| − | http:// | + | *http://journalduhack.wordpress.com/2010/08/05/neutralite-du-net-une-fin-annoncee/ |
| − | http:// | + | *http://journalduhack.files.wordpress.com/2010/08/net_neutrality.png?w=499&h=312 |
| − | + | *http://www.youtube.com/watch?v=JP_3WnJ42kw&feature=player_embedded#! | |
| − | + | *http://foureyedmonsters.com/neutrality/ | |
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| − | http://www. | + | *http://www.savetheinternet.com/ |
| − | http:// | + | *http://fr.wikipedia.org/wiki/Neutralit%C3%A9_du_r%C3%A9seau |
Version actuelle datée du 23 août 2012 à 09:10
réseaux d'information, neutralité, neutre, neutralité des réseaux, Internet, culture numérique, fournisseur d'accès, Internet, http, quatre principes, Benjamin Bayart
Pourquoi et comment les réseaux d'informations, auparavant propriétés privées, tendent à devenir de plus en plus neutres.
Dans la forêt amazonienne, les coupes d'arbres massives se font sur une grande échelle : le passage de la forêt à la terre agricole est de plus en plus rapide. L'explication d'un tel désastre écologique n'a rien de mystérieux : l'exploitation immodérée des forêts est une source d'argent facile. Et ceux qui y participent n'ont pas les moyens de s'offrir le luxe d'une conscience écologique et citoyenne. S'ils ne coupent pas les arbres, d'autres le feront à leur place, pensent-ils.
De la même manière, sur l'Internet, la possibilité de gagner de l'argent facilement est forte. De nombreuses entreprises l'ont maximisée en s'attachant à contrôler les flux d'information. Ainsi l'abonné d'un opérateur X aura-t-il la possibilité d'accéder aux informations de manière plus rapide que l'abonné d'un opérateur Y. Une situation qui a conduit certains courageux à tenter de préserver le bien commun dans les environnements numériques, notamment pour préserver la neutralité du réseau. Ceci à l'image de ceux qui se battent pour la préservation de la nature, notre bien commun, en Amazonie et dans tous les écosystèmes de la biosphère. Ici interviennent les enjeux de la Net Neutralité.
Sommaire
Pourquoi Internet plutôt que Minitel ?
En d'autres termes, pourquoi l'Internet n'a-t-il pas rencontré de concurrent sérieux depuis l'an 2000, renvoyant aux oubliettes de l'histoire d'autres initiatives pourtant bien financées comme le Minitel et le vidéotexte ? La réponse réside probablement dans un principe essentiel à la durabilité d'un système d'information : la neutralité du réseau.
La neutralité du Net (ou « neutralité des réseaux formant l'Internet ») est un principe fondateur de la culture numérique. En résumé : dans un réseau, les informations doivent transiter de façon indifférenciée, quels que soient leurs origines, leurs destinations ou leur contenu. Un principe à la fois garant de la liberté d'expression... et de la libre concurrence sur l'Internet.
Pendant vingt ans, entre 1970 et 1990, à l'exception du courriel, aucun système commun n'a permis le déploiement de l'Internet au-delà des sphères militaires et universitaires. Il n'existait aucun système commun capable de proposer l'affichage de documents. Les universités américaines étaient donc impuissantes à partager de manière systématique textes, images ou sons avec des universités européennes, chacune disposant de son protocole spécifique. De nombreux projets d'informaticiens ont proposé un système différent. Qui a gagné ? L'Internet, au début des années 1990, dont le développement a été fulgurant. Pourquoi cet usage exponentiel de l'Internet ? Simplement parce qu'il est lui aussi basé sur le principe de neutralité des réseaux.
L'Internet : base commune neutre pour toutes les initiatives
Les fournisseurs d'accès Internet sont généralement des sociétés commerciales privées attendant un retour rapide sur leur investissement. Ils sont aussi souvent producteurs de contenus : sites Internet, sites de vente en ligne, fourniture de services vidéo à la demande, etc. Sans une neutralité du Net encadrant leurs pratiques, leur tendance naturelle serait de privilégier les utilisateurs de leurs propres sites et services.
Un autre type d'outil est également concerné par la question de la neutralité : le moteur de recherche. Son rôle est très important, car l'Internet est par nature un grand bazar, non une cathédrale d'informations soigneusement ordonnées et rangées par une autorité centrale. Pour bien communiquer, nous dépendons des moteurs de recherche, qui sont souvent la propriété de sociétés privées à but lucratif. La neutralité du Net appliquée à leur activité implique de leur part un fonctionnement identique pour toute requête, indépendamment des partenariats ou clients ayant intérêt à se hisser au premier rang des résultats de recherche. À ce jour, le principe de neutralité a été globalement respecté, mais sous la pression de leurs actionnaires, il n'est pas exclu que les dirigeants des sociétés les plus puissantes décident d'enfreindre la neutralité du Net.
Plusieurs indices[1] laissent à penser que le danger de voir disparaître l'un des principes fondateur de l'Internet se fait plus précis. Sur la Toile, la mobilisation pour défendre la neutralité du Net est très importante[2], mais sera-t-elle suffisante ?
Compléments
Encadré : La neutralité du Net simplifiée
Imaginons que la neutralité des réseaux informatiques tels que l'Internet puisse s'appliquer à un autre réseau, universellement familier, le réseau routier. Sans neutralité, le trafic serait modifié selon :
- L'endroit d'où nous partons, éventuellement la marque de notre voiture ou encore l'identité de notre employeur ;
- L'endroit où nous nous rendons, l'endroit où nous comptons loger ;
- Les motivations qui nous ont fait choisir notre destination : travail, vacances, famille.
Dans une telle hypothèse, on pourrait voir apparaître, entre autres dérives potentiellement infinies :
- Un partenariat entre la société de gestion de l'autoroute empruntée et l'office du tourisme d'une ville. Dans ce cas, les vacanciers pourraient être privilégiés par rapport au reste des voyageurs (fret de marchandises, particuliers se rendant à leur travail...) ;
- Un ralentissement artificiel des voyageurs ne faisant l'objet d'aucune mesure préférentielle.
Benjamin Bayart, pionnier français de l'Internet, a proposé quatre principes essentiels à la neutralité du Net :
- Transmission des données par les opérateurs sans examen de leur contenu ;
- Transmission des données sans prise en compte de leur source ou de leur destination ;
- Transmission des données sans qu'un protocole de communication particulier soit privilégié ;
- Transmission des données sans altération de leur contenu.
Ce à quoi Richard Stallman ajoute :
- Que les fournisseurs d'accès et de services n'exigent pas de l'utilisateur un programme spécifique, ni un équipement particulier. Pour lui, c'est une lutte qui est d'actualité.
Encadré : L'Internet
Le protocole de l'Internet, nommé HTTP, est le seul connu du grand public. Il est utilisable librement, sans redevance due à qui que ce soit, et respecte le principe de Net Neutralité.
Encadré : Neutralité inscrite dans la constitution
Le Chili est le premier pays au monde à avoir voté une loi garantissant la neutralité des réseaux. Le projet de loi avait été déposé dès 2007, à l'époque où le sujet était moins médiatique qu'aujourd'hui, par une dizaine de députés de différents bords politiques, et soutenu par le gouvernement. La loi a été largement adoptée, pour ne pas dire plébiscitée, puisque cent députés ont voté en sa faveur alors qu'un seul s'est abstenu.
