Le changement de paradigme : Différence entre versions
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Selon l'ancien paradigme, les différents choix de modèles de société se nommaient ''capitalisme, communisme'','' socialisme ''ou,'' auparavant'','' christianisme'','' royalisme,'' etc. Dans le nouveau modèle d'une société globalisée, où tout est relié, il n'est plus question de modèle, mais de boîte à outils : ''adaptabilité'', ''évolutivité'', ''diversité''... Actuellement, il faut être capable de passer en permanence d'un modèle à l'autre et savoir s'adapter en fonction des contextes. | Selon l'ancien paradigme, les différents choix de modèles de société se nommaient ''capitalisme, communisme'','' socialisme ''ou,'' auparavant'','' christianisme'','' royalisme,'' etc. Dans le nouveau modèle d'une société globalisée, où tout est relié, il n'est plus question de modèle, mais de boîte à outils : ''adaptabilité'', ''évolutivité'', ''diversité''... Actuellement, il faut être capable de passer en permanence d'un modèle à l'autre et savoir s'adapter en fonction des contextes. | ||
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− | Tout le monde est d'accord sur l'urgence de promouvoir des pratiques vraiment durables. Il est plus difficile de dégager une unanimité sur les critères choisis pour définir ces pratiques. La transition se déroule donc souvent à travers des ruptures provoquées par le choc de visions du monde sinon antagonistes, en tout cas délicates à unifier. La progression semble suivre le principe du « trois pas en avant, deux pas en arrière, puis trois pas en avant à nouveau ». | + | Tout le monde est d'accord sur l'urgence de promouvoir des pratiques vraiment durables. Il est plus difficile de dégager une unanimité sur les critères choisis pour définir ces pratiques. La transition se déroule donc souvent à travers des ruptures provoquées par le choc de visions du monde sinon antagonistes, en tout cas délicates à unifier. La progression semble suivre le principe du « trois pas en avant, deux pas en arrière, puis trois pas en avant à nouveau ».<br> |
− | + | Cette tension, qui apparaît nécessaire lors d'un changement de paradigme, est palpable au niveau scolaire et universitaire. Les étudiants sont de plus en plus nombreux à rejeter le système qui leur est imposé. Ils réclament une école beaucoup plus flexible, modulaire, moins dogmatique, qui réduise le contrôle exercé par les enseignants et favorise l'entraide entre étudiants.<br> Les mêmes aspirations s'expriment dans le champ politique, où de plus en plus d'organisations de la société civile choisissent de s'engager pour peser dans le processus politique, mais sans présenter de candidats aux élections : elles ne se posent pas en mouvements politiques. Elles revendiqueraient plutôt le droit à une '''citoyenneté active'''. Cette dynamique citoyenne a certes toujours existé, mais elle est plus forte aujourd'hui qu'elle ne le fut jamais. | |
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Version actuelle datée du 2 novembre 2012 à 18:09
hominisation, transformation des -ismes en -ité, transition, 21 critères, show me the code, howto
« Il est devenu presque banal de constater l'échec de deux projets de sociétés : celui qui est offert par le capitalisme sauvage et celui qui est offert par le communisme bureaucratique. Mais il est plus difficile de définir la troisième voie vers laquelle nous nous engageons. »[1]
Sommaire
Modèle en transition
Une transition intéressante est aujourd'hui à l'œuvre : la transformation des -ismes en -ité. Elle induit la notion d'un retournement radical de modèle, plus précisément le glissement d'un modèle dominant transmis verticalement à un public passif vers un modèle horizontal, privilégiant des savoir-faire et des pratiques transversaux, raisonnés et responsables. Cette transition s'accompagne nécessairement d'un « Net » changement de comportement. On peut parler de changement de paradigme (modèles de référence et système de représentation qui génèrent des cultures, des habitudes).
Selon l'ancien paradigme, les différents choix de modèles de société se nommaient capitalisme, communisme, socialisme ou, auparavant, christianisme, royalisme, etc. Dans le nouveau modèle d'une société globalisée, où tout est relié, il n'est plus question de modèle, mais de boîte à outils : adaptabilité, évolutivité, diversité... Actuellement, il faut être capable de passer en permanence d'un modèle à l'autre et savoir s'adapter en fonction des contextes.
L'adaptation, de fait, est la clé du succès : il s'agit désormais de modifier ses critères d'analyse en fonction de l'évolution culturelle. Certaines méthodes ou recettes connues, comme le système D, font d'ailleurs figure d'embryons du nouveau paradigme. Nous sommes constamment confrontés à d'autres modes de fonctionnement. La diversité des cultures et des approches se mélange dans notre tête, dans nos pratiques quotidiennes, dans notre être tout entier. Nous passons d'un système de pensée unique, qui rejette tous les autres, à une combinaison de systèmes de pensée et de modes d'actions plus riches, plus complets et bien plus variés. La pensée simpliste ne fonctionne plus, nous devons gérer la [complexité]
La voie de l'hominisation
Utilisons-nous vraiment toutes les capacités de notre cerveau? Bien que certains scientifique assure que nous sommes parvenus au stade final de notre évolution, cet avis est loin d'être partagé par tous. Le mouvement du potentiel humain (Human Potential Movement), né aux Etats-Unis dans les années 60, soutient par exemple l'idée que des ressources psychologiques et spirituelles, des états supérieurs de conscience ou des expériences transcendantes, transpersonnelles ne sont pas exploitées en l'être humain. Sans entrer dans le débat, on peut néanmoins postuler que tout modèle de pensée figé peut s'avérer sclérosant pour nos fonctions cérébrales. Notre cerveau est doté de grandes capacités, condition de lui donner l'opportunité de s'entraîner. La gymnastique cérébrale n'est pas innée, elle se pratique. C'est cela, le processus d'hominisation : la maîtrise d'une part toujours plus grande de notre potentiel humain, grâce à la maîtrise de dynamiques qui nous semblent a priori plus complexes. La boîte à outils, en effet, est plus complexe. Elle fait intervenir des critères requis, des conditions nécessaires. Le monde n'est plus seulement relatif, mais conditionnel. Les conditions du succès ici ne seront pas les conditions du succès là-bas. Le développement de l'usage de termes dotés du suffixe -ité atteste que les choses sont moins tranchées et contradictoires qu'elles ne le furent (comme dans l'opposition classique des systèmes communiste et capitaliste).
Les réalités sont de plus en plus nuancées et l'on voit émerger de nouvelles formulations telles « sociabilité », « compatibilité » ou « évolutivité ». Le suffixe -ité évoque la fluctuation qui remplace ou complète, selon les croyances, la notion de tendance. On parle ainsi de « degré » d'adaptabilité, de créativité, de fonctionnalité… et non plus de « tendance » capitaliste ou communiste.
Les technologies numériques sont au cœur de cette évolution car elles donnent accès à tous et en tout temps à l'ensemble des outils permettant de passer d'un mode de fonctionnement à l'autre, d'une grille de lecture à l'autre, d'un indicateur à l'autre. Ainsi, nous développons tous des capacités de sociologue, en analysant les comportements humains, ou des pratiques de journaliste, en sélectionnant des informations, en les échangeant et en les mettant en perspective.
Ce passage est celui d'une culture théorique à une culture de mécanismes pratiques, un glissement du dogme aux faits et à la mobilité, à l'agilité intellectuelle. Ce passage est d'autant plus ardu qu'il nous demande non seulement de participer à la création ou à l'adaptation de ces modes de pensée mais aussi et surtout de les incarner. Il en résulte une grande autonomie. On ne peut plus se contenter de dicter comment les choses doivent être, il faut aussi les mettre en œuvre, les habiter pour les faire vivre.
Certaines activités permettent d'identifier et de réunir des pratiques qui pourraient sembler contradictoires. C'est le cas de l'entrepreneuriat social, un concept qui encourage aussi bien la dynamique entrepreneuriale que la culture du bien commun. Les pionniers du changement sont les précieux passeurs requis par cette grande transition ; les créatifs culturels développent de nouvelles solutions face aux enjeux sociétaux ; les médiateurs, dans les domaines sociaux et professionnels (médiateur consommation, médiateur social, médiateur Internet…), au même titre que les modérateurs, créent du lien.
Une transition difficile
Tout le monde est d'accord sur l'urgence de promouvoir des pratiques vraiment durables. Il est plus difficile de dégager une unanimité sur les critères choisis pour définir ces pratiques. La transition se déroule donc souvent à travers des ruptures provoquées par le choc de visions du monde sinon antagonistes, en tout cas délicates à unifier. La progression semble suivre le principe du « trois pas en avant, deux pas en arrière, puis trois pas en avant à nouveau ».
Cette tension, qui apparaît nécessaire lors d'un changement de paradigme, est palpable au niveau scolaire et universitaire. Les étudiants sont de plus en plus nombreux à rejeter le système qui leur est imposé. Ils réclament une école beaucoup plus flexible, modulaire, moins dogmatique, qui réduise le contrôle exercé par les enseignants et favorise l'entraide entre étudiants.
Les mêmes aspirations s'expriment dans le champ politique, où de plus en plus d'organisations de la société civile choisissent de s'engager pour peser dans le processus politique, mais sans présenter de candidats aux élections : elles ne se posent pas en mouvements politiques. Elles revendiqueraient plutôt le droit à une citoyenneté active. Cette dynamique citoyenne a certes toujours existé, mais elle est plus forte aujourd'hui qu'elle ne le fut jamais.
Vingt-et-un critères pour comprendre les deux tendances au XXIe siècle
Selon le nouveau paradigme d'une société globalisée, où l'information est infinie et la matière finie, les options disponibles sont très nombreuses. Pour prendre les bonnes décisions, il importe d'abord d'avoir défini de bons critères d'analyse. Il est à cette fin indispensable de connaître les différentes visions du monde (croyances) qui sous-tendent chaque critère. On pourra ensuite utiliser ces critères comme autant d'aides à la décision. Lorsqu'un choix important se propose à nous, nos réflexes sont-ils basés sur les critères anciens d'un monde lui-même fondé sur des modèles, ou sur les critères nouveaux d'un monde de boîtes à outils ? Ce tableau, imaginé par Théo Bondolfi, permet de distinguer les deux tendances.
Tendance et croyance anthropocentriste, l’homme est au centre de l’univers. | Tendance et croyance géocentriste, la Terre est au centre, l’homme en fait partie, il est gardien de la planète |
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Cloisonnement | Ouverture |
Statique | Dynamique |
Conformisme | Adaptabilité |
Incompatibilité | Compatibilité |
Démesure | Modération |
Invariabilité | Évolutivité |
Autarcie | Mutualisation |
Institutionnalisation | Modélisation |
Répression | Prévention |
Monolithisme | Modularité |
Ignorance | Attention |
Non formalisation | Formalisation |
Homogénéité | Diversité |
Opacité | Transparence |
Mécanique | Organicité |
Compétition | Coopération |
Spéculation | Valorisation |
Centralisation | Décentralisation |
Éloignement | Proximité |
Exclusivité | Non exclusivité |
Dispersion | Finalisation |
Article connexe : La polarisation et la convergence, les deux effets du vortex
Notes et références
- ↑ Joël de Rosnay in Le macroscope : vers une vision globale.