Les répertoires de bonnes pratiques : Différence entre versions
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L'arrivée d'internet a pulvérisé les distances géographiques. Ce qui est connu et pratiqué à un endroit de la planète, peut être partagé et adapté à un autre endroit du globe. <br> | L'arrivée d'internet a pulvérisé les distances géographiques. Ce qui est connu et pratiqué à un endroit de la planète, peut être partagé et adapté à un autre endroit du globe. <br> | ||
− | Partout sur la toile fleurissent des répertoires de bonnes pratiques. Des valorisateurs de méthodes détaillent les pratiques qui fonctionnent, les répertorient et les | + | Partout sur la toile fleurissent des répertoires de bonnes pratiques. Des valorisateurs de méthodes détaillent les pratiques qui fonctionnent, les répertorient et les partagent sous forme de "best practices" ou de "guide des innovations". Les sites wiki, comme l'encyclopédie Wikipédia et comme Ekopédia, en regorgent. <br> |
Ce type de documentation détaillée, bien documentée et très fournie, est bien utile pour éviter aux uns de commettre les erreurs des autres! Avec à la clé, des économies de temps et d'argent. | Ce type de documentation détaillée, bien documentée et très fournie, est bien utile pour éviter aux uns de commettre les erreurs des autres! Avec à la clé, des économies de temps et d'argent. | ||
A condition que ces répertoires fournissent des informations "libres". | A condition que ces répertoires fournissent des informations "libres". | ||
=== Cas d'école === | === Cas d'école === | ||
− | Tous les guides de bonnes pratiques ne se valent pas. Outre la qualité des informations fournies, c'est l'intention | + | Tous les guides de bonnes pratiques ne se valent pas. Outre la qualité des informations fournies, c'est l'intention sous-tendue qui doit nous alerter. |
− | Pertinent dans le choix de son sujet, le "guide des innovations pour lutter contre la pauvreté", écrit par Daniel Schneider et Patrick Kohler, propose une majorité de solutions sous licence privée, c'est-à-dire | + | Pertinent dans le choix de son sujet, le "guide des innovations pour lutter contre la pauvreté", écrit par Daniel Schneider et Patrick Kohler, propose une majorité de solutions sous licence privée, c'est-à-dire protégées par un brevet. Ceci pose deux problèmes. Premièrement, c'est l'absence de reconnaissance d'un savoir antérieur dans lequel ont puisé les "inventeurs" (qui ne sont en réalité que des "re-découvreurs"). Deuxièmement, c'est la confiscation de ce savoir à des fins lucratives, et l'impossibilité pour les populations locales de s'approprier une technique, un mode d'emploi, une méthode qui a été "bridée".<br> |
− | Ce guide est donc, sans doute bien malgré ses auteurs, sous-tendu par une logique post-colonialiste... On voit mal comment la plupart des innovations présentées pourraient encourager un développement durable local. <br> | + | Ce guide est donc, sans doute bien malgré ses auteurs, sous-tendu par une logique post-colonialiste... On voit mal comment la plupart des innovations présentées pourraient encourager un développement durable local. <br><br> |
− | Il en va tout autrement des répertoires sous licence libre : | + | '''Il en va tout autrement des répertoires sous licence libre :''' |
*Dans son ''Guide de l’autoconstruction : outils pour le maraîchage biologique'', l'association Adabio (Association pour le développement de l’agriculture biologique) diffuse des techniques d’autoconstruction résultant d’une part des savoir-faire collectés auprès de maraîchers, et d’autre part d’un travail d’amélioration technique mené par l’association. L’ouvrage collectif, certes payant, présente en 250 pages les techniques, les gestes de sécurité, et pour chaque outil, un tutoriel comprenant des explications, photos, schémas, plans, liste des pièces. Le tout sous licence libre. www.adabio-autoconstruction.org/ | *Dans son ''Guide de l’autoconstruction : outils pour le maraîchage biologique'', l'association Adabio (Association pour le développement de l’agriculture biologique) diffuse des techniques d’autoconstruction résultant d’une part des savoir-faire collectés auprès de maraîchers, et d’autre part d’un travail d’amélioration technique mené par l’association. L’ouvrage collectif, certes payant, présente en 250 pages les techniques, les gestes de sécurité, et pour chaque outil, un tutoriel comprenant des explications, photos, schémas, plans, liste des pièces. Le tout sous licence libre. www.adabio-autoconstruction.org/ | ||
*Dans son kit de démarrage d'une civilisation, Open Source Ecology, partage le travail collectif de passionnés, sur les plans et la construction de 80 machines de base, librement constructibles. www.opensourceecoly.org | *Dans son kit de démarrage d'une civilisation, Open Source Ecology, partage le travail collectif de passionnés, sur les plans et la construction de 80 machines de base, librement constructibles. www.opensourceecoly.org | ||
− | Ces deux exemples permettent de sortir de la logique binaire de l'innovation : les "inventeurs" d'une part, les acheteurs d'autre part... La culture libre de l'innovation donne tout le monde gagnant : plus on partage, plus améliore la découverte, et le bien commun.<br> | + | Ces deux exemples permettent de sortir de la logique binaire de l'innovation : les "inventeurs" d'une part, les acheteurs d'autre part... La culture libre de l'innovation donne tout le monde gagnant : plus on partage, plus améliore la découverte, et le bien commun en ressort grandi.<br> |
− | L'argument des "inventeurs" selon lequel les contrefaçons nuiraient à la qualité n'est plus valable dans une innovation libérée : les foules expertes peuvent exercer elles-mêmes l'évaluation et la notation (le rating), de manière | + | L'argument des "inventeurs" selon lequel les contrefaçons nuiraient à la qualité n'est plus valable dans une innovation libérée : les foules expertes peuvent exercer elles-mêmes l'évaluation et la notation (le rating), de manière plus pertinente qu'une poignée de personnes travaillant pour l'entreprise détentrice du brevet. Le cas du logiciel libre l'a déjà amplement démontré. |
− | == Le royaume des howto | + | == Le royaume des howto == |
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On apprend aujourd'hui de plus en plus par soi-même. Nous n'attendons plus que les infos viennent d'en haut, nous les cherchons par nous-même, même si cela demande un effort supplémentaire.<br> | On apprend aujourd'hui de plus en plus par soi-même. Nous n'attendons plus que les infos viennent d'en haut, nous les cherchons par nous-même, même si cela demande un effort supplémentaire.<br> | ||
L'Internet est le nouveau royaume des Howto (de ''how to [do]'' : comment faire). Toute pratique y est documentée. Souvent sous forme résumée, pas toujours suffisante pour aller au bout des choses, mais toujours pensée pour aider les moins expérimentés. Ainsi, dans une volonté de simplification, les modes d'emploi laissent de côté certains détails réservés aux experts. | L'Internet est le nouveau royaume des Howto (de ''how to [do]'' : comment faire). Toute pratique y est documentée. Souvent sous forme résumée, pas toujours suffisante pour aller au bout des choses, mais toujours pensée pour aider les moins expérimentés. Ainsi, dans une volonté de simplification, les modes d'emploi laissent de côté certains détails réservés aux experts. | ||
− | <br>Chercher un mode d'emploi permet d'entrer dans cette culture des « Howto ». Concentrés, dans un premier temps, sur les différentes manières permettant de résoudre tel ou tel problème informatique, les « Howto » ont vite débordé dans tous les domaines accessibles : recettes de cuisine, conseils santé, auto-construction d'habitat, réparation de machines, mais aussi relations de couple, etc. Un problème, une question ? Tapez « comment » suivi de votre question, affinez la recherche et vous trouverez. Essayez, testez, puis modifiez ou commentez si le mode d'emploi déniché n'est pas assez clair. À travers les « Howto », c'est l'adaptabilité et la participativité qui s'expriment. | + | <br>Chercher un mode d'emploi permet d'entrer dans cette culture des « Howto ». Concentrés, dans un premier temps, sur les différentes manières permettant de résoudre tel ou tel problème informatique, les « Howto » ont vite débordé dans tous les domaines accessibles : recettes de cuisine, conseils santé, auto-construction d'habitat, réparation de machines, mais aussi relations de couple, etc. Un problème, une question ? Tapez « comment » suivi de votre question, affinez la recherche et vous trouverez. Essayez, testez, puis modifiez ou commentez si le mode d'emploi déniché n'est pas assez clair. À travers les « Howto », c'est l'adaptabilité et la participativité qui s'expriment.<br> |
+ | http://fr.howto.wikia.com/wiki/Accueil<br> | ||
+ | http://kjcornell.files.wordpress.com/2009/11/20070416-how-to-tie-a-tie.gif<br> |
Version actuelle datée du 2 novembre 2012 à 21:48
L'arrivée d'internet a pulvérisé les distances géographiques. Ce qui est connu et pratiqué à un endroit de la planète, peut être partagé et adapté à un autre endroit du globe.
Partout sur la toile fleurissent des répertoires de bonnes pratiques. Des valorisateurs de méthodes détaillent les pratiques qui fonctionnent, les répertorient et les partagent sous forme de "best practices" ou de "guide des innovations". Les sites wiki, comme l'encyclopédie Wikipédia et comme Ekopédia, en regorgent.
Ce type de documentation détaillée, bien documentée et très fournie, est bien utile pour éviter aux uns de commettre les erreurs des autres! Avec à la clé, des économies de temps et d'argent.
A condition que ces répertoires fournissent des informations "libres".
Cas d'école
Tous les guides de bonnes pratiques ne se valent pas. Outre la qualité des informations fournies, c'est l'intention sous-tendue qui doit nous alerter.
Pertinent dans le choix de son sujet, le "guide des innovations pour lutter contre la pauvreté", écrit par Daniel Schneider et Patrick Kohler, propose une majorité de solutions sous licence privée, c'est-à-dire protégées par un brevet. Ceci pose deux problèmes. Premièrement, c'est l'absence de reconnaissance d'un savoir antérieur dans lequel ont puisé les "inventeurs" (qui ne sont en réalité que des "re-découvreurs"). Deuxièmement, c'est la confiscation de ce savoir à des fins lucratives, et l'impossibilité pour les populations locales de s'approprier une technique, un mode d'emploi, une méthode qui a été "bridée".
Ce guide est donc, sans doute bien malgré ses auteurs, sous-tendu par une logique post-colonialiste... On voit mal comment la plupart des innovations présentées pourraient encourager un développement durable local.
Il en va tout autrement des répertoires sous licence libre :
- Dans son Guide de l’autoconstruction : outils pour le maraîchage biologique, l'association Adabio (Association pour le développement de l’agriculture biologique) diffuse des techniques d’autoconstruction résultant d’une part des savoir-faire collectés auprès de maraîchers, et d’autre part d’un travail d’amélioration technique mené par l’association. L’ouvrage collectif, certes payant, présente en 250 pages les techniques, les gestes de sécurité, et pour chaque outil, un tutoriel comprenant des explications, photos, schémas, plans, liste des pièces. Le tout sous licence libre. www.adabio-autoconstruction.org/
- Dans son kit de démarrage d'une civilisation, Open Source Ecology, partage le travail collectif de passionnés, sur les plans et la construction de 80 machines de base, librement constructibles. www.opensourceecoly.org
Ces deux exemples permettent de sortir de la logique binaire de l'innovation : les "inventeurs" d'une part, les acheteurs d'autre part... La culture libre de l'innovation donne tout le monde gagnant : plus on partage, plus améliore la découverte, et le bien commun en ressort grandi.
L'argument des "inventeurs" selon lequel les contrefaçons nuiraient à la qualité n'est plus valable dans une innovation libérée : les foules expertes peuvent exercer elles-mêmes l'évaluation et la notation (le rating), de manière plus pertinente qu'une poignée de personnes travaillant pour l'entreprise détentrice du brevet. Le cas du logiciel libre l'a déjà amplement démontré.
Le royaume des howto
On apprend aujourd'hui de plus en plus par soi-même. Nous n'attendons plus que les infos viennent d'en haut, nous les cherchons par nous-même, même si cela demande un effort supplémentaire.
L'Internet est le nouveau royaume des Howto (de how to [do] : comment faire). Toute pratique y est documentée. Souvent sous forme résumée, pas toujours suffisante pour aller au bout des choses, mais toujours pensée pour aider les moins expérimentés. Ainsi, dans une volonté de simplification, les modes d'emploi laissent de côté certains détails réservés aux experts.
Chercher un mode d'emploi permet d'entrer dans cette culture des « Howto ». Concentrés, dans un premier temps, sur les différentes manières permettant de résoudre tel ou tel problème informatique, les « Howto » ont vite débordé dans tous les domaines accessibles : recettes de cuisine, conseils santé, auto-construction d'habitat, réparation de machines, mais aussi relations de couple, etc. Un problème, une question ? Tapez « comment » suivi de votre question, affinez la recherche et vous trouverez. Essayez, testez, puis modifiez ou commentez si le mode d'emploi déniché n'est pas assez clair. À travers les « Howto », c'est l'adaptabilité et la participativité qui s'expriment.
http://fr.howto.wikia.com/wiki/Accueil
http://kjcornell.files.wordpress.com/2009/11/20070416-how-to-tie-a-tie.gif