Les incubateurs ou promoteurs de l'innovation sociale : Différence entre versions
(→Le forum social mondial, un incubateur informel) |
|||
Ligne 32 : | Ligne 32 : | ||
== Le forum social mondial, un incubateur informel== | == Le forum social mondial, un incubateur informel== | ||
+ | |||
[[Fichier:Forumsoc.jpg]] | [[Fichier:Forumsoc.jpg]] | ||
+ | |||
Un des événements phares vers la ''transition sociale et durable'' est le forum social mondial qui a lieu tous les quatre ans. Il est ouvert à toute personne ayant un engagement associatif et citoyen tant à un niveau économique, que social et environnemental. Il peut s'agir des acteurs de l'économie solidaire, des logiciels libres, des énergies renouvelables ou encore de la défense des droits de l'Homme. Au coeur de la philosophie qui l'anime : l'intelligence collective (ou la sagesse des foules). | Un des événements phares vers la ''transition sociale et durable'' est le forum social mondial qui a lieu tous les quatre ans. Il est ouvert à toute personne ayant un engagement associatif et citoyen tant à un niveau économique, que social et environnemental. Il peut s'agir des acteurs de l'économie solidaire, des logiciels libres, des énergies renouvelables ou encore de la défense des droits de l'Homme. Au coeur de la philosophie qui l'anime : l'intelligence collective (ou la sagesse des foules). | ||
Ligne 48 : | Ligne 50 : | ||
Derrière cette initiative, trois messages. Primo, il est possible de donner du travail à des personnes exclues, dignement. Deuzio, nous sommes capables de produire des objets utiles et durables qui remplacent ceux que nous sommes habitués à utiliser, plus faciles à produire certes mais qui desservent les intérêts de l'humanité. Et tertio, il est parfois simple d'amorcer des mouvements vers plus de responsabilité individuelle et moins de gaspillage collectif. Recevoir un petit sac avec une assiette, une fourchette et un verre nous contraint à les laver nous-même, et à bien les laver si on veut les réutiliser. | Derrière cette initiative, trois messages. Primo, il est possible de donner du travail à des personnes exclues, dignement. Deuzio, nous sommes capables de produire des objets utiles et durables qui remplacent ceux que nous sommes habitués à utiliser, plus faciles à produire certes mais qui desservent les intérêts de l'humanité. Et tertio, il est parfois simple d'amorcer des mouvements vers plus de responsabilité individuelle et moins de gaspillage collectif. Recevoir un petit sac avec une assiette, une fourchette et un verre nous contraint à les laver nous-même, et à bien les laver si on veut les réutiliser. | ||
− | |||
− | |||
== Notes et références == | == Notes et références == | ||
<references/> | <references/> |
Version du 17 août 2016 à 10:25
Notions-clés: richesse sociale, création d'entreprise, porteur de projet, entrepreneuriat social, incubation, innovation sociale, investissement, intérêt général, micro-crédit, finance solidaire, internet, responsabilité, communauté,pratiques durables,utilité publique.
Profils-clés: Ashoka, Ted Fellows, Imagination for people, Tim Berners-Lee, Vinton Cerf, Porto Alegre, forum social.
Vous avez dit « promoteurs » ? Surgit alors l'image du cadre peu scrupuleux, en train de vendre une maison sur plan (avant même qu'elle soit construite), dans un coin où l'acheteur potentiel n'a jamais mis les pieds... Non, non, cette fois, il s'agit d'une honnête proposition ! Celle d'un progrès social et non d'un retour sur investissement purement financier. Les incubateurs ou promoteurs de l'innovation sociale sont en fait des gestionnaires qui, telle la poule couvant ses œufs, accompagnent les porteurs de projets jusqu'à leur sortie du nid.
Pour mémoire, dans le langage économique, les incubateurs sont des structures d’appui à la création d’entreprises. Ils réunissent des ressources dédiées à l’accompagnement et à l’assistance des entreprises avant leur création ou dans les premières années de leur vie. Ils incluent un hébergement immobilier souple, des services administratifs, des actions de conseil et de mise en relation avec les réseaux d’affaires. L'incubation d'entreprises n'est pas une activité nouvelle, mais elle est en très forte progression depuis l'arrivée du numérique. « On voit une véritable industrie de la création d'entreprise se former, se professionnaliser au cours des ans », expliquaient déjà les auteurs du rapport Les incubateurs : émergence d'une nouvelle industrie, réalisé en 2002 pour le ministère de l'industrie en France. Incubateur social : priorité aux biens communs.
Bien qu’il poursuive le même objectif que n’importe quel incubateur d’entreprise traditionnel, un incubateur social présente une double spécificité.
D’une part, il accompagne des initiatives économiques innovantes au service de l’intérêt général. Ces initiatives, qui doivent être économiquement solides et socialement utiles, peuvent prendre différentes formes légales : micro-entreprise, association, fondation, coopérative. Ces structures bénéficient, au sein de l’incubateur social, d’une base logistique indispensable et d’un accompagnement adapté à chaque phase de la création et du démarrage de leur activité : conseils techniques et stratégiques, accompagnement dans la rédaction d’un plan d'entreprise social, hébergement et financement le cas échéant.
D’autre part, l’incubateur social soutient des porteurs de projets qui s’engagent à analyser, suivre et optimiser leur retour social sur investissement. Il accompagne les entrepreneurs sociaux dans leur réflexion sur la mesure de leur impact social[1] .
Sommaire
Des communautés très actives
Ashoka. Lancée en Inde en 1980 par Bill Drayton qui a popularisé le terme d’entrepreneur social, Ashoka ‒ organisation sans but lucratif, laïque et apolitique ‒ est le plus grand réseau d’entrepreneurs sociaux existant. Son objectif est de faire émerger un monde où chacun est capable d’agir rapidement et efficacement pour répondre aux défis sociétaux.
« Le secteur social a besoin de structures équivalentes aux fonds de capital-risque, capables d’identifier et d’accompagner les entrepreneurs sociaux innovants pendant la phase de développement de leur activité », explique Ashoka. L’approche choisie est celle du capital-risque philanthropique. Ashoka investit auprès d'entrepreneurs sociaux, qu’elle sélectionne pour leurs projets innovants et leurs qualités entrepreneuriales, tout en attendant un « retour sur investissement » qui est social et non pas financier. Ce « retour » se calcule en fonction de l’augmentation de l’impact que les entrepreneurs sociaux ont sur la société. Site : ashoka.org.
Imagination for People. Une communauté de citoyens créatifs pour repérer et soutenir les projets d'innovation sociale. Place au pouvoir de la créativité pour trouver des solutions concrètes contribuant au mieux-vivre ensemble : l’imagination, en somme, au service du bien commun ! « Nous croyons aux histoires portées par des anonymes – individus, associations, collectifs, organismes publics ou entreprises – qui inventent, testent et perfectionnent des solutions sur le terrain, autant de succès ingénieux, souvent modestes, qui ne trouvent pas leur chemin jusque dans les médias. » Imagination for People se veut un moteur d'activation de nouveaux partenariats PPP : les personnes, les secteurs Public et Privés. Site : imaginationforpeople.org.
Les TED Fellows. TED est un réseau à but non lucratif destiné à promouvoir les bonnes idées et découvertes à travers le monde portées par des acteurs innovants. Créé en 1984 autour de trois piliers que sont la technologie, le divertissement et le design (en anglais Technology, Entertainement, Design), le réseau s'est développé partout dans le monde. De nombreuses conférences annuelles sont organisées, un prix annuel est décerné, et plusieurs programmes sont menés à l'international, dont le programme de traduction (Open translation project). Ce dernier permet à chacun, partout dans le monde, de visionner les vidéos des conférences dans sa propre langue, ou d'avoir accès, en un seul clic, aux meilleures idées et innovations en cours. De plus, chaque année des milliers de personnes organisent sur les cinq continents des conférences indépendantes sur le mode TED, appelées les TEDx. Site : www.ted.com.
Les institutions de microfinance ou IMF. Elles fournissent un ensemble de prêts à des taux non usuriers à tous ceux qui sont exclus du système financier classique. Ces prêts concernent en général les habitants pauvres des pays en développement. De façon plus générale, la microfinance reflète une vision du monde où « le maximum de foyers pauvres ou assimilés peuvent avoir un accès permanent à une gamme de services financiers incluant non seulement le crédit mais l'épargne, l'assurance et les transferts de fonds[2] ».
Les « évangélisateurs »
C'est sous cette appellation un peu bizarre que se reconnaissent certains porteurs de projet dans le domaine de l'innovation numérique, domaine où le nombre d'incubateurs est en plein essor. Parmi ces incubateurs/promoteurs de projets web radicalement nouveaux, il y a des évangélistes en chef très connus comme :
- Tim Berners-Lee, citoyen britannique connu comme le principal inventeur du World Wide Web. Anobli par la reine Elizabeth II pour ce travail d'utilité générale. Sa plus grande contribution fut sans doute d’avoir rendu son idée complètement libre, sans brevet ni droits, afin que chacun puisse l'adopter librement. Il fait aujourd'hui la promotion du web sémantique, un système qui permettrait aux machines de « comprendre » et de répondre à des demandes complexes de l'homme ;
- Larry Lessig[3], grand promoteur de la culture libre.
Le forum social mondial, un incubateur informel
Un des événements phares vers la transition sociale et durable est le forum social mondial qui a lieu tous les quatre ans. Il est ouvert à toute personne ayant un engagement associatif et citoyen tant à un niveau économique, que social et environnemental. Il peut s'agir des acteurs de l'économie solidaire, des logiciels libres, des énergies renouvelables ou encore de la défense des droits de l'Homme. Au coeur de la philosophie qui l'anime : l'intelligence collective (ou la sagesse des foules).
Mettons en relief un exemple de bonne pratique à travers une petite initiative concrète mise en place lors de la deuxième édition du forum mondial à Porto Alegre au Brésil en 2002. A l'entrée du forum, les dizaines de milliers de participants recevaient un kit d'alimentation saine qui comprenait :
- une assiette en calebasse, fabriquée par des détenus de la Prison centrale de Porto Alegre et du Pénitencier de Jacui.
- un verre en bambou, fabriqué par des agriculteurs de l'« Assentamento » Capela Santana, situé dans la commune de Nova Santa Rita.
- des couverts en bambou, sculptés par des artisans du Rio Grande do Sul.
- un sac en coton, conçu par l'Univens, coopérative des couturières unies « On vaincra ».
Cette initiative met en valeur les habitudes alimentaires régionales dans le but d'accéder à la souveraineté alimentaire. Les retombées peuvent être multiples :
- Promouvoir l'éducation alimentaire ;
- Faciliter l'accès aux aliments de qualité et ce, à des prix abordables ;
- Créer des revenus pour les populations rurales et urbaines ;
- Contribuer au développement durable.
Derrière cette initiative, trois messages. Primo, il est possible de donner du travail à des personnes exclues, dignement. Deuzio, nous sommes capables de produire des objets utiles et durables qui remplacent ceux que nous sommes habitués à utiliser, plus faciles à produire certes mais qui desservent les intérêts de l'humanité. Et tertio, il est parfois simple d'amorcer des mouvements vers plus de responsabilité individuelle et moins de gaspillage collectif. Recevoir un petit sac avec une assiette, une fourchette et un verre nous contraint à les laver nous-même, et à bien les laver si on veut les réutiliser.
Notes et références
- ↑ Source :www.biblio-solidaires.org.‒–‒
- ↑ Source: Wikipedia
- ↑ Voir l'article « Les netizens et la culture libre », dans ce même acte 3.