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Sissoko avança vers son box. Il connecta un à un les câbles aux ports USB de sa combinaison et à sa neurochip. Ses collègues aussi étaient branchés lorsque le cri strident de la sirène les plongea dans l'univers virtuel. L'avatar de Sissoko se matérialisa sur le chantier du Palais des Droits de l'Homme, à Strasbourg. Le contremaître du jeu lui fournit une pelle et l'envoya s'occuper du mortier. À quelques 4000 km de là, l'androïde qu'animait Sissoko faisait tourner la bétonnière et l'économie française. | Sissoko avança vers son box. Il connecta un à un les câbles aux ports USB de sa combinaison et à sa neurochip. Ses collègues aussi étaient branchés lorsque le cri strident de la sirène les plongea dans l'univers virtuel. L'avatar de Sissoko se matérialisa sur le chantier du Palais des Droits de l'Homme, à Strasbourg. Le contremaître du jeu lui fournit une pelle et l'envoya s'occuper du mortier. À quelques 4000 km de là, l'androïde qu'animait Sissoko faisait tourner la bétonnière et l'économie française. | ||
− | Steph | + | ''Steph'' |
Version actuelle datée du 14 juillet 2011 à 10:42
Article paru dans No Pasaran, n°77, hiver 2009-2010
Sissoko avait répondu à la petite annonce de l'ambassade de France qui circulait sur tous les réseaux sociaux de l'e-World. L'annonce promettait un emploi bien rémunéré sur le territoire français. Comme dans l'un de ces jeux, Sissoko voulait passer au prochain niveau, quitter la misère qui collait à sa peau si noire et gagner sa place dans le premier monde. Il avait été convoqué pour un entretien. Ses pas lents le menaient vers le bâtiment blanc colonial de la représentation française à Bamako. Il fixa le soleil et ses rêves de vie meilleure... un niveau de vie plus élevé, avait-il résumé dans sa lettre de motivation.
Le soleil était blanc et Sissoko transpirait dans le costume prêté par l'un de ses cousins. Il passa le doigt entre son cou noir et le col bleu de la chemise, prit sa respiration et tendit son passeport au planton à l'entrée. Ce dernier le passa au scanner avant de porter le stylo-lecteur au front de Sissoko. La puce émit sa série de chiffres et le soldat compara les données du passeport et celles de l'implant de l'homme qui souriait devant lui.
Un mois plus tard c'était devenu un rituel bien établi et Sissoko ne souriait plus. Il gagna le sous-sol du territoire français. Sa puce lui ouvrit les portes d'un sas. Il se déshabilla, plia et rangea ses vêtements dans son casier. Il se figea face au mur et des brumisateurs l'aseptisèrent II enfila ensuite une combinaison d'immersion en milieu virtuel et un masque intégral. Puis il entra dans une pièce équipée comme une salle de jeux en réseaux.
Sissoko participait à une expérience. L'État français jouait l'avant-garde des entrepreneurs. Dans quelques mois ils recruteraient une main d'œuvre bon marché qu'il n'y aurait même plus lieu d'importer en France. Une entreprise de très haute technologie cachant mal les relents puants d'un régime trop ancien.
Sissoko avança vers son box. Il connecta un à un les câbles aux ports USB de sa combinaison et à sa neurochip. Ses collègues aussi étaient branchés lorsque le cri strident de la sirène les plongea dans l'univers virtuel. L'avatar de Sissoko se matérialisa sur le chantier du Palais des Droits de l'Homme, à Strasbourg. Le contremaître du jeu lui fournit une pelle et l'envoya s'occuper du mortier. À quelques 4000 km de là, l'androïde qu'animait Sissoko faisait tourner la bétonnière et l'économie française.
Steph