Humains & requins : Différence entre versions
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− | + | L'océan est l'écosystème le plus important qui soit. Il régule le climat et nourrit la majeure partie de la planète. La vie sur Terre dépend de la vie marine. En initiant des [[pôles d'écologie communautaire]], il ne s'agit pas tellement de sauver la nature, mais surtout de sauver l'espèce humaine. | |
− | + | Il faut protéger la planète contre l'Homme. Il ne faut pas s'attendre à ce que les gens, en général, interviennent. Ils ne l'ont jamais fait, et ils ne le feront jamais. Chaque changement social découle de l'intervention passionnée d'individus ou de petits groupes d'individus. L'esclavage n'a pas été aboli par un gouvernement ou une institution. Les femmes ont obtenu le droit de vote sans l'aide des gouvernements. Il en va de même en ce qui concerne les mouvements pour la défense des droits civiques. L'Inde a eu le Mahatma Gandhi, l'Afrique du Sud Nelson Mandela. Nous avons besoin d'individus comme eux, d'individus passionnés et énergiques prêts à intervenir. Partout, sur la planète, je vois des individus et des organisations non gouvernementales participer avec passion, à la protection des écosystèmes et des espèces. C'est ce qui me permet de rester optimiste, de voir que ce sont eux qui obtiennent des résultats. | |
− | + | Le point commun entre les initiatives de banques de semences pour préserver la diversité des végétaux, le [[microcrédit]] pour sortir les populations de la misère en leur faisant confiance, et la [[reforestation]] des terres brulées, c'est que ce sont des forces de propositions qui ignorent la peur. Notre environnement nous conditionne à avoir peur. Prenons par exemple la peur du requin. Les requins sont sur Terre depuis 400 millions d'années. Ils façonnent notre monde depuis que la vie existe sur Terre. Ils ont presque complètement disparu. Le massacre des requins est une des plus grosses bombes à retardement écologique. Il ne faut pas oublier que le requin, bien que le prédateur dominant de l'océan, n'est pas dangereux. | |
− | + | Quand on nage en mer ouverte, on a peur des requins. Est-ce justifié ? En fait, non. | |
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− | + | C'est un conditionnement inventé par certaines croyances populaires et amplifié par des films à sensation sans fondement scientifique. Avoir peur des requins, c'est un bon exemple de notre manière de vivre à crédit. Ceux qui vivent en harmonie avec la mer n'ont pas peur des requins. Cela signifie quelque chose pour eux. La nature n'a pas créé les requins sans raison. Mais les êtres humains de la société de consommation s'en moquent bien. Ils les exterminent parce qu'ils en ont peur et parce que les ailerons de requins sont considérés comme aphrodisiaques en Asie. Entre 100 et 200 millions sont tués par année par les pêcheurs, et parce qu'ils nous dérangent, on préfère les voir tous morts. Mais si on les extermine tous, on détruira la chaîne alimentaire maritime. | |
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− | Le système actuel est comme une erreur de parcours, le mécanisme | + | Vous arrivez, vous, à imaginer un océan sans poissons, sans algues, sans rien ? |
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+ | Comme la majorité de l'oxygène provient de l'océan, on aurait intérêt à faire plus attention.<br>Aucune espèce sur Terre n'a encore survécu en enfreignant les lois fondamentales de l'écologie.<br>Pourtant c'est ce qu'on fait tous les jours. On enfreint ces lois fondamentales de bien des façons. Cela provoquera notre disparition à très court terme, en quelques dizaines d'années. Les quelques générations futures nous considéreront comme des barbares, tout comme nous considérons les marchands d'esclaves comme des barbares. À cause de nos agissements, à cause du fait que nous sommes en train d'épuiser nos combustibles fossiles. Que nous vidons nos océans, que nous exterminons certaines espèces animales. Et le pire dans tout ça, c'est que nous sommes conscients de ce que nous faisons. Les scientifiques le sont, les [[environnementalistes]] le sont, les entreprises le sont et la population aussi. Pourtant on continue de le faire. | ||
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+ | En tant que prédateur dominant, les requins ont toujours joué un rôle déterminant dans l'équilibre des océans. Aujourd'hui, c'est nous qui sommes les prédateurs dominants. La vie des requins est sacrée, tout comme la vie humaine est sacrée. Mais pour cela, il faut le mériter, en adoptant un comportement de respect des autres espèces. Il faut apprendre à vivre en harmonie avec la nature. Aujourd'hui, nous les humains, nous décidons des espèces qui nous seront utiles et de celles que nous exterminerons.<br>Mais avons-nous suffisamment évolué pour survivre comme les requins l'ont fait jusqu'à présent?<br>Notre oxygène nous vient, en grande partie, des océans. Ces océans que contrôlent les requins. Si les requins disparaissent, l'oxygène dont nous avons besoin pour respirer se fera plus rare. Nous sommes sur Terre depuis quelques millions d'années. Or, au cours des 100 dernières années, nous avons grandement altéré la vie marine.<br>Cependant, nous avons aussi le pouvoir de renverser la vapeur.<br>Les ONG qui luttent contre la destruction des requins ne manifestent pas seulement pour les requins. Elles manifestent pour la vie et pour nous tous.<br>Le système actuel est comme une erreur de parcours, le mécanisme est érigé en dogme au passage du 21e siècle. Il est temps de redresser la barre et de saluer ceux qui prennent soin de laisser un beau patrimoine aux générations futures. | ||
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+ | ''Texte adapté des propos de Paul Watson dans le documentaire sur les requins, Sharkwater (Les Seigneurs de la mer) réalisé par Rob Stewart en 2006. Ce film a pour but de nous secouer un peu l'esprit et de nous aider à mieux envisager la transition des comportements de consommation vers des [[comportements durables]].''<br> <br> | ||
+ | ''Paul Watson, né le 2 décembre 1950, est un militant écologiste canadien, ancien dirigeant et membre fondateur de Greenpeace, fondateur de la Sea Shepherd Conservation Society. Il est particulièrement actif dans la lutte contre la pêche baleinière.'' |
Version actuelle datée du 10 juin 2013 à 17:23
Préambule...
Sauver la nature, c'est sauver l'humanité
L'océan est l'écosystème le plus important qui soit. Il régule le climat et nourrit la majeure partie de la planète. La vie sur Terre dépend de la vie marine. En initiant des pôles d'écologie communautaire, il ne s'agit pas tellement de sauver la nature, mais surtout de sauver l'espèce humaine.
Il faut protéger la planète contre l'Homme. Il ne faut pas s'attendre à ce que les gens, en général, interviennent. Ils ne l'ont jamais fait, et ils ne le feront jamais. Chaque changement social découle de l'intervention passionnée d'individus ou de petits groupes d'individus. L'esclavage n'a pas été aboli par un gouvernement ou une institution. Les femmes ont obtenu le droit de vote sans l'aide des gouvernements. Il en va de même en ce qui concerne les mouvements pour la défense des droits civiques. L'Inde a eu le Mahatma Gandhi, l'Afrique du Sud Nelson Mandela. Nous avons besoin d'individus comme eux, d'individus passionnés et énergiques prêts à intervenir. Partout, sur la planète, je vois des individus et des organisations non gouvernementales participer avec passion, à la protection des écosystèmes et des espèces. C'est ce qui me permet de rester optimiste, de voir que ce sont eux qui obtiennent des résultats.
Le point commun entre les initiatives de banques de semences pour préserver la diversité des végétaux, le microcrédit pour sortir les populations de la misère en leur faisant confiance, et la reforestation des terres brulées, c'est que ce sont des forces de propositions qui ignorent la peur. Notre environnement nous conditionne à avoir peur. Prenons par exemple la peur du requin. Les requins sont sur Terre depuis 400 millions d'années. Ils façonnent notre monde depuis que la vie existe sur Terre. Ils ont presque complètement disparu. Le massacre des requins est une des plus grosses bombes à retardement écologique. Il ne faut pas oublier que le requin, bien que le prédateur dominant de l'océan, n'est pas dangereux.
Quand on nage en mer ouverte, on a peur des requins. Est-ce justifié ? En fait, non.
C'est un conditionnement inventé par certaines croyances populaires et amplifié par des films à sensation sans fondement scientifique. Avoir peur des requins, c'est un bon exemple de notre manière de vivre à crédit. Ceux qui vivent en harmonie avec la mer n'ont pas peur des requins. Cela signifie quelque chose pour eux. La nature n'a pas créé les requins sans raison. Mais les êtres humains de la société de consommation s'en moquent bien. Ils les exterminent parce qu'ils en ont peur et parce que les ailerons de requins sont considérés comme aphrodisiaques en Asie. Entre 100 et 200 millions sont tués par année par les pêcheurs, et parce qu'ils nous dérangent, on préfère les voir tous morts. Mais si on les extermine tous, on détruira la chaîne alimentaire maritime.
Vous arrivez, vous, à imaginer un océan sans poissons, sans algues, sans rien ?
Comme la majorité de l'oxygène provient de l'océan, on aurait intérêt à faire plus attention.
Aucune espèce sur Terre n'a encore survécu en enfreignant les lois fondamentales de l'écologie.
Pourtant c'est ce qu'on fait tous les jours. On enfreint ces lois fondamentales de bien des façons. Cela provoquera notre disparition à très court terme, en quelques dizaines d'années. Les quelques générations futures nous considéreront comme des barbares, tout comme nous considérons les marchands d'esclaves comme des barbares. À cause de nos agissements, à cause du fait que nous sommes en train d'épuiser nos combustibles fossiles. Que nous vidons nos océans, que nous exterminons certaines espèces animales. Et le pire dans tout ça, c'est que nous sommes conscients de ce que nous faisons. Les scientifiques le sont, les environnementalistes le sont, les entreprises le sont et la population aussi. Pourtant on continue de le faire.
En tant que prédateur dominant, les requins ont toujours joué un rôle déterminant dans l'équilibre des océans. Aujourd'hui, c'est nous qui sommes les prédateurs dominants. La vie des requins est sacrée, tout comme la vie humaine est sacrée. Mais pour cela, il faut le mériter, en adoptant un comportement de respect des autres espèces. Il faut apprendre à vivre en harmonie avec la nature. Aujourd'hui, nous les humains, nous décidons des espèces qui nous seront utiles et de celles que nous exterminerons.
Mais avons-nous suffisamment évolué pour survivre comme les requins l'ont fait jusqu'à présent?
Notre oxygène nous vient, en grande partie, des océans. Ces océans que contrôlent les requins. Si les requins disparaissent, l'oxygène dont nous avons besoin pour respirer se fera plus rare. Nous sommes sur Terre depuis quelques millions d'années. Or, au cours des 100 dernières années, nous avons grandement altéré la vie marine.
Cependant, nous avons aussi le pouvoir de renverser la vapeur.
Les ONG qui luttent contre la destruction des requins ne manifestent pas seulement pour les requins. Elles manifestent pour la vie et pour nous tous.
Le système actuel est comme une erreur de parcours, le mécanisme est érigé en dogme au passage du 21e siècle. Il est temps de redresser la barre et de saluer ceux qui prennent soin de laisser un beau patrimoine aux générations futures.
Texte adapté des propos de Paul Watson dans le documentaire sur les requins, Sharkwater (Les Seigneurs de la mer) réalisé par Rob Stewart en 2006. Ce film a pour but de nous secouer un peu l'esprit et de nous aider à mieux envisager la transition des comportements de consommation vers des comportements durables.
Paul Watson, né le 2 décembre 1950, est un militant écologiste canadien, ancien dirigeant et membre fondateur de Greenpeace, fondateur de la Sea Shepherd Conservation Society. Il est particulièrement actif dans la lutte contre la pêche baleinière.