Concurrences déloyales : Différence entre versions

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Ce n'est pas une bonne idée de créer un nouveau lieu, ce qu'il faut c'est permettre aux gens qui sont là où ils sont d'évoluer. Mais il est très difficile de permettre aux gens d'évoluer dans un climat de concurrences déloyales, on essaye d'aller dans un sens et tout notre environnement nous retire dans l'autre sens, nous amène à rester dans nos anciens réflexes, nos anciennes pratiques, nos anciennes manières d'être. C'est à cause de l'omniprésence de ces concurrences déloyales qu'on est dans une situation où développer un projet comme Ecopol à un endroit où il y a déjà des gens qui existent qui  diront dès le début « on a toujours fait comme ça mais on ne sait pas pourquoi et tant qu'on aura pas compris on acceptera pas ». On aurait trouvé un lieu où les gens seraient déjà entièrement formés et adhéreraient dès le début à toutes le propositions qui sont faites dans l'Ecopol. Ce n'est pas possible, par contre ce qui pourrait l'être serait de dire voici une proposition qui est faite par des sages sans même avoir une sagesse exceptionnelle mais simplement ils ont été voir tout ce qui existait, il ont pris leur bâton de pèlerin, ils ont traversé le monde, ils ont récupéré plein d'informations, ils ont utilisé un système web pour confronter leurs idées avec les pratiques, les documenter, aller dans les détails pratiques et dans les détails, si on a une bonne idée mais qu'on ne la pratique pas ça sert à rien. Mais grâce au fait qu'ils ont pu permettre aux gens de faire l'expérience dans un lieu nouveau où il y avait rien, les gens ont dit « ah ben finalement avec du recul je suis d'accord, mais au début je trouvais bizarre parce que j'avais pas pris le temps de bien regarder, j'avais pas bien compris et j'avais projeté mes peurs et donc comme j'avais et donc comme j'avais un peu peur je trouvais que ça ne tenait pas la route ».
 
Et donc que sont ces concurrences déloyales? Regardons des exemples concrets.
 
  
== L'origine des concurrences déloyales ==
 
  
Un jeune sort de l'école, il a des compétences universitaires, il a une bonne expérience de vie, il a tout un groupe d'amis et il décide de se lancer, de créer une coopérative qui vend des fruits et des légumes. Il va aller chez des paysans, leur proposer de leur acheter l'ensemble de leur récolte pour qu'ils puissent diversifier leur production et de le revendre localement dans des paniers qu'il distribue dans la ville voisine. Après deux ou trois ans il a un bon chiffre d'affaire mais là il y a plusieurs éléments concrets qui se passent:
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== Pourquoi un lieu nouveau ? ==
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Plus de la moitié des gens sur Terre vivent dans des villes. Il y a déjà tant de lieux de vie. Alors pourquoi vouloir en construire plus ? N'est-ce pas contribuer à dégrader encore plus l'environnement? N'est-il pas plus simple d'accompagner la transition vers l'écologie dans les lieux déjà existants?
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<br>L'idée d'Ecopol, c'est de démarrer des lieux de zéro en les protégeant au début des concurrences déloyales. Explications.
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Il y en a un qui a besoin d'avoir un peu plus de sous et qui veut revendre ses parts. Il pense qu'il s'est beaucoup investit et qu'il a le droit, comme dans une grande entreprise à gagner une somme importante pour le remercier de son travail. Mais les autres lui expliquent qu'il est dans une coopérative, que même si pour ce qu'il a fait il a touché un salaire correct il ne peut pas toucher le jackpot même s'il est un de ceux qui a fait démarrer l'affaire. Il répond que c'est injuste, qu'il aimerait pouvoir générer plus de revenus et va donc intenter un procès à ses partenaires. La justice trouve qu'en effet il s'est beaucoup investi et a droit à quelque chose. En réalité, il s'est mis à travailler en parallèle avec une multinationale des fruits et légumes proposant les mêmes services. C'est cette multinationale qui lui a dit: « vous avez une mailing list, vous avez un marché, on pourrait dupliquer les choses ailleurs, voir les choses en très grand ». Il s'est donc dit qu'il pourrait faire quelque chose d'utile tout en en sortant millionnaire. Il va donc s'associer à cette multinationale leader dans l'agroalimentaire des fruits et légumes et progressivement négocier pour avoir des actions de l'entreprise et donc un levier pour gagner beaucoup de sous ce qui va saper l'entreprise de l'intérieur.
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L'écologie a le vent en poupe. Partout, sur la planète, les initiatives à succès se multiplient, qui montrent que l'on peut construire, cultiver,  produire différemment. Les énergies renouvelables fonctionnent. L'économie solidaire aussi. Internet a permis de mettre en valeur les pratiques durables, qui y sont documentées, que chacun peut tester et améliorer. Des prix Nobel ont été attribués au début du 21e siècle à des initiatives particulièrement utiles comme le microcrédit initié au Bangladesh et la reforestation de milliards d'arbres démarrée au Kenya. Mais il y a aussi des freins terribles, des forces contraires, qui explique que la situation évolue lentement.
  
Un autre collaborateur, à l'inverse, a une certaine instabilité personnelle, travaille très peu mais continue à toucher un salaire en essayant de toucher la corde sensible de ses collègues. Il leur demande de l'aide, argumente qu'ils ne sont pas là pour la rentabilité mais pour les belles idées, etc. Là aussi, le groupe commence à se disloquer, ils ont du mal à gérer leur succès et essayent donc de s'inspirer de ce qu'il se passe autours d'eux. Celui qui demandait à avoir ses part dit que si leur coopérative avait été une Société Anonyme, il aurait pu avoir ses parts. Il va donc mettre des bâtons dans les roues de l'équipe pour l'empêcher de continuer durablement comme ça. Il n'est plus dans la culture du « tout travail mérite salaire » mais dans la culture du jackpot. Les autres consentent donc à trouver un intermédiaire entre le fait qu'il touche un gros jackpot et le fait qu'il ne reçoive rien. Cela va donner lieu à un bras de fer au sein de l'équipe qui va épuiser et démoraliser le groupe. L'autre collaborateur va, lui, demander à être payé alors qu'il n'assure plus du tout et travaille de manière irrégulière.
 
  
== Les mécanismes de survie ==
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== Pas le temps ! ==
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Qu'est-ce qui freine l'adoption de pratiques durables rapidement et à large échelle ? Depuis le temps qu'on en parle, qu'on planifie et décrète, pourquoi n'y a-t-il toujours pas un seul pays ou une seule ville réellement sans voiture polluante, et souveraine d'un point de vue alimentaire ?
  
Cette situation, bien que pas inévitable est tout de même malheureusement assez fréquente. On est conditionnés à penser qu'il y a de toute façon des gagnants et des perdants et donc un climat de guerre économique, où il faut faire tout ce qu'on peut pour tirer un maximum de profit. À cause de l'appât du gain, on en vient à penser que si l'on est pas les requins, on est la carte qui va se faire manger. Alors que celui qui a initié l'activité se positionne comme un dauphin qui surfe sur les vagues et admet que la précarité est positive, que n'avoir jamais l'assurance de rien mise à part son salaire et une petite sécurité sociale qui permettrait de tenir un ou deux ans si ça allait moins bien. Aussi en cas de maladie, de handicap, on aura de l'aide mais jamais la possibilité d'accumuler de nombreuses richesses sous prétexte qu'on était doué. L'idée du dauphin n'est pas ça, il reste dans une certaine modestie et ce même si après quelques années il a déjà une cinquantaine d'employés, ne distribue non plus quelques centaines mais quelques dizaines de milliers de paniers.
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Faut-il encore faire preuve de patience? Impossible, toutes les études objectives montrent qu'on doit changer nos pratiques au plus vite. Sans quoi la planète ne pourra plus fournir les ressources nécessaires à la survie de l'espèce humaine.  
  
Une autre solution est de passer en Société Anonyme et de décider de confronter ça au marché, mais on est dans une situation où le marché a une règle des loyers. Par exemple une entreprise privée qui va dire qu'elle est prête à s'implanter dans une région mais seulement en contrepartie d'aides fiscales. Elle ne payera donc pas d'impôts au contraire de la petite entreprise de fruits et légumes, sous simple prétexte qu'elle va créer deux cents emplois. Ou alors elle demandera à avoir la priorité sur un terrain, ou à avoir l'exclusivité de fourniture des établissements publics, bref, des avantages en prétextant qu'elle est plus grosse.
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Ces freins viendrait-il simplement du fait que la majorité des gens sont incrédules, qu'ils ne croient pas qu'il y a danger pour l'humanité à cause de l'usage excessif de nos ressources naturelles, qui pensent que la main invisible du marché suffit ? Non, certaines régulations semblent nécessaires, ne serait-ce que dans le domaine du nucléaire, mais difficile de s'entendre sur lesquelles précisément, tant nos peurs sont nombreuses et divergent, Ces freins viennent-ils des profiteurs sans scrupules, qui soudoient habilement les personnes opportunes pour conserver leur droit d'abuser de nos ressources naturelles rester ainsi en position dominante ? Peut-être en partie, mais cela n'explique pas tout. Car ces abus ne sont pas concertés, il n'y a pas vraiment de complot mondial, de dominance d'une pathologie auto-destructrice chez les humains. L'homme n'est pas que prédateur. Ce serait trop réducteur. L'humain est aussi bienveillant. Alors d'où vient le problème ? Ecopol propose une réponse, et des solutions pour remédier. La source c'est un environnement défavorable, trop dérégulé, qui a généré une oligarchie de obscure, avec des chiffres qui parlent d'eux-même : 1% des humains les plus riches possèdent plus de 80% des ressources.
  
De plus, elle fera partie d'un groupe de lobby qui oeuvrera par exemple pour baisser les critères de l'agriculture bio pour pouvoir livrer de l'agriculture bio pas si bio que ça car comportant des produits chimiques, mais des produits chimiques reconnus par la directive XYZ de telle autorité sanitaire comme étant non risqué pour la santé. En réalité ça sera uniquement parce qu'ils auront financé eux-même les recherches et qu'il auront tout un macrosystème pour servir leurs intérêts privés. Comme cela va très vite, que personne n'est au courant des détails et que les enjeux financiers sont immenses, il suffit qu'il y ait une ou deux notions administrative légale, norme, principe ou autre qui change, plus une ou deux informations stratégiques et quelques  jeux de pouvoir pour que pleins de petites initiatives soient rachetées ou détruites par des groupes. Parallèlement à ça il y a des gens fragiles qui constatent qu'ils ont des gens autours d'eux qui bénéficient d'aide financière sans contrepartie forte et trouvent que si leur voisin bénéficie d'aide sans faire grand chose, il n'y a pas de raison qu'eux doivent s'investir, travailler avec efficacité alors qu'ils pourraient aussi profiter du système. Il finissent par ne plus se sentir comme faisant partie du système, trouver le système biaisé. L'initiative individuelle, lorsqu'elle est confrontée au temps, il est très difficile de la protéger, d'avoir une petite entreprise familiale honnête dans un monde globalisé où toutes les grosses entreprises ont des pratiques de concurrence déloyale, en faisant des prix volontairement trop bas, des ententes sur les prix, des monopoles, des changements de normes, etc. Au final on en arrive à préférer recevoir du poisson qu'apprendre à pêcher car on réalise que la pêche est déloyale, que même en faisant partie d'une fédération de pêcheurs on ne sera pas entendu et que ce sera trop difficile. À force d'injustices sociales on arrête de croire en soi et on démissionne de son rôle de citoyen actif et de travailleur autonome et engagé. Ensuite, pour rééquilibrer un peu, ces assistés vont par exemple avoir un comportement très généreux avec leur famille, ou rentrer dans une situation où ils pratiqueront la décroissance en choisissant de consommer peu mais de dépendre de l'état, ou encore reconnaître qu'ils sont assistés mais être toujours disponible pour aider les gens de leur quartier. Au même titre et c'est beaucoup plus grave, les personnes qui sont dans une culture de concurrence déloyale de l'économie de marché, de dévoiement de l'économie de marché par ces perversions qu'ils considèrent normales, le fait d'essayer d'échapper au fisc, le fait de faire du lobby pour que les règles servent leurs intérêts et leur permettent de vendre plus de produits. Ces gens là, quand leur richesse leur aura permis d'avoir leur belle maison, leur compte en banque bien fourni, ils prendront une position libérale communiste, notamment les grands patrons des grandes entreprises d'Internet comme Bill Gates, le fondateur d'Amazon ou autre grande entreprise mondiale qui valent des millions. Ils créeront des fondations qui vont se mettre à donner la charité et à redistribuer mais à le faire selon des programmations mentales qui trouvent normal d'être sans scrupules d'un côté (Bill Gates a été condamné à plusieurs reprises pour abus de position dominante) et après ça et sans s'être excusé, ils font la charité. Ils détruisent donc des structures sociales comme la petite structure de la coopérative de fruits et légumes de proximité pour reprendre leurs actions avec leur propre manière de faire industrielle sans scrupules de réduire la qualité pour lutter contre leurs concurrents directs. La lutte loyale des petites entreprises fait place à une lutte des titans sans conscience.  
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Les découvertes scientifiques du XXe siècle ont permis d'accélérer de manière impressionnante les flux de biens et de services. Ceux qui ont les moyens financiers peuvent tout avoir et ceci presque tout de suite. Grâce à Internet, aux avions, aux satellites, aux lasers, aux nanotechnologies, aux biotechnologies et au nucléaire, la planète est devenue un village global. Mais pas un écovillage.
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Un village qui souffre et délire. Car les gens à la tête des grands groupes d'influence n'ont pas eu le temps de s'attaquer aux problèmes de la crise économique mondiale. Soit parce qu'ils sont davantage occupés par leurs propres profits, soit parce que la somme des problèmes est devenue d'une complexité telle que la solution leur échappe, notamment parce qu'elle passe par une remise à plat du système. Comme dans le Titanic, les réactions sont désorganisées, à la va-vite, sans recul. Tout le monde est débordé.  
  
Pour se protéger de ces deux concurrences déloyales il y a une seule solution: les bannir déjà en amont. C'est-à-dire ne pas accepter qu'elle existent déjà dans l'environnement social et économique dans lequel on baigne. Mais ce n'est possible que dans des situation particulières comme au Boutan où on peut à peine fumer, il n'y a pas de marchands de cigarettes. Quand on est stressé la seule solution est la méditation. On ne peut ni fumer, ni se plonger devant la télévision tout simplement parce que ça n'existe pas. On ne peut pas non plus parler de marcher car leur premier indicateur est le bonheur intérieur brut, le bonheur national et non pas l'argent. Il y a beaucoup de troc qui se fait encore. C'est un pays que l'on pourrait qualifier d'arriéré mais en même temps, il y a aussi des initiatives nouvelles avec des gens qui essayent de s'éloigner de ça.  
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A la tête des grands groupes qui dominent ce monde, il y a essentiellement des entrepreneurs habiles regroupés en communautés de pratiques. Tous pensent que s'ils ne jouent pas selon les règles imposées par leurs concurrents, qui consistent à combiner l'honnêteté globale avec de petites touches d'opportunisme sans scrupule, ils seront éjectés de la scène et d'autres moins scrupuleux encore les remplaceront. Alors ils ferment les yeux. La cause principale de cet état de fait est la concentration des pouvoirs. Un petit groupe impose ses règles, peu éthiques, tout en contrôlant finement la parole médiatique. Au final, toute proposition alternative apparaît utopiste, du moins souvent est-elle qualifiée de peu réaliste, voire d'irresponsable dans le contexte économique et social.  
  
== Autonomie sans autarcie ==
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Au contraire, dans le modèle de gouvernance proposé dans l'Ecopol, le but est justement de répartir le plus possible la gestion des ressources (voir article gouvernance) entre de nombreux petits responsables autonomes et bien coordonnés. Cela nous paraît être une proposition valable et porteuse de richesse tout autant que de valeurs.
  
Ces initiatives nouvelles ne sont pas en autarcie. Ce sont des lieux interdépendants
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== L'inertie est notre frein ==
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Le problème fondamental ? Les règles de l'économie de marché ne sont pas assez adaptées au respect des humains et de l'environnement. Elles semblent par ailleurs impossibles à contrôler.
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Tout va trop vite. Nous sommes sur un Titanic sans capitaine, incapable d'inverser la tendance. L'inertie du système est bien réelle alimentée par deux "concurrences déloyales" à l'oeuvre.
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La première, c'est la défaillance de la régulation des marchés économiques. Elle résulte de l'absence de conscience pour bien poser les limites de l'usage des technologies accélératrices. C'est cette immaturité collective face à ces outils puissants qui renforce les oligarchies d'abuseurs. D'où les sentiments populaires largement répandus que "le monde est injuste" et que "les bonnes initiatives sont soit étouffées soit détournées de leur sens".
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Certes, les règles étaient moins justes et moins bien appliquées il y a 50 ans qu'aujourd'hui. Mais avec le développement de ces technologies accélératrices, les enjeux à tous les niveaux sont encore bien plus importants aujourd'hui qu'hier. Plus les progrès s'accélèrent, plus l'humanité et la nature sont fragilisées par des régulations défaillantes des marchés. C'est une spirale négative.
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Par ricochet, la deuxième concurrence est celle d'un état assistantialiste. Car comme le dit bien Albert Jacquard, "L'objectif affiché [de la société actuelle] est de devenir un "gagnant", comme si un gagnant n'était pas, par définition, un producteur de perdants" (''J'accuse l'économie triomphante'', 1995). Le système "produit" des laissés-pour-compte, inaptes à se prendre en main. Ils ont alors besoin d'aide. Aide que vont charitablement donner ceux qui ont préalablement accumulé les richesses, via les gouvernements et les fondations de bienfaisance. Les personnes ainsi assistées perdent leurs habitudes de prendre des initiatives. Les gouvernements achètent la paix sociale, faute de mieux. La responsabilité individuelle et le commerce équitable sont remplacés par de l'aide sociale pour ceux qui n'y croient plus. Et leur nombre augmente.
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== Si Ecopol venait d'un lieu existant ==
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Le budget de démarrage est d'environ 10 millions d'euros, pour 100 à 500 pionniers et 10 000 visiteurs par an. Prenez un quartier d'une petite ville, de Tunisie par exemple, qui a vécu une belle révolution pacifique pleine d'espoir en 2011. Injectons ces ressources : argent, pionniers compétents, visiteurs qui font tourner l'économie locale. Environ la moitié du quartier est occupé par cette nouvelle dynamique. Ecole pour tous, travail pour tous, système informatique pour tous. Mêmes règles, équité des chances pour tous.
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Sur le papier, c'est bien beau, mais il faudra négocier avec les habitants du quartier. Les amener à apprécier les règles de fonctionnement. S'ils ne les acceptent pas, que faire ? Des demi-mesures ? Des compromis ? Un temps d'adaptation ? Ou une rupture nette, en les relogeant ailleurs ? Si c'est comme ça, où iront-ils ? Auront-ils un point de chute ? Allons-nous les payer pour rebondir ailleurs ? Accepteront-ils ? Combien réussiront à s'intégrer ?
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Vous avez une autre idée ? Venez en discuter dans le forum de cet article! Car après plus de 30 ans d'expériences pratiques, d'entretiens avec des sociologues et praticiens, il ne semble pas y avoir de perspectives pour un écovillage s'établissant dans un lieu déjà occupé par de nombreux habitants.
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La formule ne peut fonctionner à large échelle que si les règles de bases sont les mêmes pour tous : économie fonctionnelle, pas d'héritage, obligation de développer formellement ses compétences. Si ces règles sont optionnelles, cela fera trop de cas spéciaux, de principes non respectées, d'injustices, et au final on retombera sur les deux concurrences déloyales : l'absence de régulation et l'assistanat. C'est ce qui se passent dans les lieux communautaires que sont Auroville et Findhorn. C'est ce que ce vivent aussi les participants aux réseaux de l'économie solidaire et du microcrédit : on y constate des règles passablement défaillantes sur certains points-clés, et une part significative des habitants qui vivent d'aides sociales. Pas partout, pas tout le temps. Mais suffisamment, et toujours pour les mêmes raisons : un environnement défavorable, gangrené par les deux concurrences déloyales.
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=== Ecopol dans un lieu nouveau ===
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Dans un lieu où personne n'habitait avant le démarrage d'Ecopol, les abus répétés sont sanctionnés par une exclusion. C'est dur, mais cela n'enlève en rien la cohérence sociale et éthique du propos. Car tout le monde peut y tenter sa chance. Il n'y a qu'un vrai risque : seule une part infime des candidats résidents deviendra résidente autonome après quelques années d'expérience, et beaucoup partiront après quelques mois d'essai. Selon les statistiques de l'association Smala qui a géré 35 maisons communautaires en Suisse romande depuis 1993 sous la responsabilité de Théo Bondolfi, environ une personne sur 15 à 25 a réussi à s'intégrer et à apprécier durablement la démarche. Les autres sont trop dépendants des concurrences déloyales. Et sur ceux qui y parviennent, seul un tiers reste. Les autres considèrent que cela a été une très bonne expérience, mais poursuivent leur route pour diverses raisons : opportunité professionnelle ailleurs, conjoint préférant une vie en famille plutôt qu'en communauté, études... L'intérêt de passer de la situation de maison communautaire à celle de pôle communautaire avec des centaines voire des milliers d'habitants, c'est justement de proposer une plus large palette d'options de travail, l'intimité pour les familles, des possibilités d'études, etc.
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A noter enfin que plus il y aura de candidats, plus la communauté sera stable. Cela aussi, nous l'avons expérimenté dans la gérance Ecovie de Smala. Stable au sens de réduction du nombre d'entrées et sorties, augmentation des succès de l'intégration de nouveaux arrivants, et au final une équipe qui fait corps, ensemble, avec ses forces et ses faiblesses. C'est assurément une dynamique reproductible à différents endroits sur Terre.
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== Conclusion : célébrons la théorie des jeux ==
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C'est beaucoup plus difficile de faire évoluer les choses quand des gens sont déjà installés. Et tant que les crises ne sont pas assez fortes, il y aura toujours une minorité de lobbies pour manipuler l'opinion publique. Ils évitent ainsi une remise en question fondamentale des règles du jeu qui leur assure une position dominante.
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On dit que "sur le fumier fleurit la rose". Il est vrai que même dans les environnements les plus glauques, des personnes exceptionnelles émergent. Mais pas des groupes exceptionnels. Et surtout, les oeuvres de ces personnes exceptionnelles survivent difficilement. C'est pour cela que, si on revient à l'essentiel, c'est-à-dire à l'esprit collectif de l'humanité, si on veut faciliter l'enfantement d'une dynamique positive, il faut la couver dès le début.
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La proposition est d'incuber Ecopol, comme des parents avec une bonne expérience de vie protègent leurs enfants et leur donnent petit à petit la force d'affronter le monde.  Ainsi, on peut assurer une sélection naturelle réaliste : la loi du plus coopératif. C'est le principe de la théorie des jeux<ref>http://fr.wikipedia.org/wiki/Th%C3%A9orie_des_jeux</ref>. Elle dit en résumé que ceux qui survivent sont ceux qui pratiquent le principe de coopération, de réciprocité et de pardon.  
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Et dans une société où les croyances qui colonisent notre esprit sont émises par une majorité de gens désemparés, proposant des demi-mesures, les freins sont trop forts pour relever les défis de l'écologie. Les bonnes initiatives sont soit étouffées, soit détournées de leur raison d'être. Une initiative globale protégée peut être utile à tous, pas seulement à ceux qui y vivront.
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Ce n'est pas ainsi que les écolieux comme Auroville et Findhorn ont démarré. Ni les réseaux de l'économie solidaire. Ils ont démarré dans un environnement défavorable, et ils ont souffert de la présence de nombreux vers dans la pomme, de mauvais départs à de nombreux égards. Essayons de voir si Ecopol fera mieux. Qui ne tente rien n'a rien.
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=Encarts de cet article=
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== Libéral communisme : non merci !==
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La majorité des dirigeants de grandes entreprises pensent "mieux vaut d'abord faire le requin, et une fois bien installé, redistribuer charitablement ses richesses en aidant les pauvres à se remettre des discriminations structurelles subies". Ce sont des libéraux qui combattent leurs concurrents en ne respectant que partiellement les règles du marché. Les paradis fiscaux, par exemple, sont des moyens de contourner les règles du marché. Sitôt riches, ils redistribuent une partie de leurs pactole, tels les bons princes. Ils utilisent souvent les mêmes termes que dans ce livre : encourager les micro-initiatives, l'esprit d'entreprise sociale, le commerce équitable. Cela prête à confusion. Mais si on creuse on constate leurs abus. C'est bien simple : être riche de plusieurs millions ne peut être que le résultat d'un abus ou d'un héritage indu. Même rêver de gagner à la loterie, ce n'est pas une bonne idée. Cela génère de mauvais rêves. Des rêves d'argent indûment gagné. Mais dire cela, c'est politiquement très incorrect. C'est tabou. Il y a encore des tabous. Le vrai tabou, c'est que la charité ne peut être le résultat d'un commerce inéquitable. C'est un principe de cause à effet. ''Trade not aid'' disait l'ancien président américain Bill Clinton dans sa tournée en Afrique en 1998. J'étais là sur l'ile de Gorée, l'ile des esclaves devant Dakar, quand il a fait son discours. ''Négociez, n'aidez pas''. Dans un environnement libéral communiste, aux prises avec les deux concurrences déloyales, en pleine inertie, le défi de la négociation pour le commerce équitable est trop grand, même si parfois il peut donner de bons résultats. Mais dans un environnement protégé comme celui proposé par Ecopol, il est envisageable que quasiment tous les échanges soient équitables. 
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Les gens qui participent à l'aventure d'Ecopol sont informés que c'est cette dynamique qui leur est proposée. Non pas un modèle libéral-communiste d'abus puis de charité, financé par de grands investisseurs qui ont reçu des fonds indûs. Mais un vrai mode de fonctionnement micro-entrepreneurial, financé par des milliers de petits et moyens épargnants qui croient en cette idée. Un projet mis en oeuvre par des milliers de résidents pratiquants de la simplicité volontaire, où les défaillances de la régulation sont traquées collectivement, souplement sur la forme, fermement sur le fond.
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== Non-alignement ==
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''Avant en Yougoslavie, on n'avait pas de liberté d'expression, mais on avait à manger, du travail, la sécurité sociale, le respect. On pouvait aller dans tous les pays du monde avec notre passeport, sans visa, sauf une dizaine de pays sur terre. Et la libéralisation des marchés est passée par là. Maintenant en Bosnie on a la liberté d'expression, et c'est tout. On n'a plus à manger, plus de travail, la violence dans les rues, l'absence de respect. Et avec notre passeport, on ne peut plus voyager que dans une dizaine de pays.
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''Paroles d'un chauffeur de taxi d'origine bosniaque à Grandvaux, Suisse, mars 2011.
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''PS : ce livre n'est en aucune manière une apologie du socialisme à la soviétique. C'est au contraire la mise en valeur d'une culture de non-alignement politique et culturel propre à la Yougoslavie des années 1950 à 1980. J'y ai vécu plusieurs mois, à 16 ans, dans les derniers mois de cette époque particulière du non-alignement. J'ai pu y constater les réalités de vie des non-alignés. Comme le propose aussi l'Ecopol, la Yougoslavie essayait d'échapper aux deux concurrences déloyales que sont l'économie de marché dite libérale avec une régulation défaillante et l'assistance sociale dite communiste. Une cinquantaine de pays participaient alors à cette dynamique, et la qualité de vie y était globalement bien meilleure. Parmi eux de grands pays comme l'Indonésie et le Nigeria. Le reste du monde était pris dans une guerre froide entre capitalistes et communistes.
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La liberté d'expression étant aujourd'hui facilitée par l'omniprésence d'Internet, il semble possible de réconcilier non-alignement et démocratie participative.
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=== Concurrences déloyales : chiffres et exemples ===
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*l'évasion fiscale des multinationales fait perdre aux pays en développement 125 milliards d’euros de recettes fiscales, soit 4 fois le montant nécessaire estimé par la FAO pour éradiquer la faim.
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*1% des plus riches mondiaux disposent d'un revenu cumulé égal à celui des 57% les plus pauvres.
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*chaque année de nombreuses firmes multinationales sont condamnées pour non respect de la concurrence.
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Exemple de prestations fournies plus souvent aux grandes entreprises qu'aux petites en échange de la création d'emplois
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*contrepartie d'aides fiscales,
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*priorité sur l'achat ou la location d'un terrain,
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*exclusivité de fourniture des établissements publics.
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<br> Les intérêts privés sont plus forts que le bien commun. Dans notre réalité économique, il est difficile pour les petites entreprises de survivre.
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''Sources : http://www.ccfd-terresolidaire.org
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==Vivre au Bhoutan==
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Le  Bhoutan est un pays où on peut à peine fumer, parce qu'il n'y a pas de marchands de cigarettes. Lorsqu'on est stressé la seule solution est la méditation. On ne peut passer des heures et heures devant la télévision tout simplement parce que ça n'existe pas. Le troc est beaucoup pratiqué. <br>C'est un pays que certains qualifieraient d'arriéré, cependant il existe des initiatives nouvelles. C'est un pays où les concurrences déloyales n'existent guère.
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L’une des particularités du Bhoutan est sa recherche du bonheur à travers l’amélioration de son bonheur national brut ou BNB<ref>http://fr.wikipedia.org/wiki/Bhoutan</ref>. Là où la majorité des gouvernements se basent sur la valeur du produit national brut (PNB) pour mesurer le niveau de richesse des citoyens, le Bhoutan a substitué le BNB pour mesurer le niveau de bonheur de ses habitants. Cet indice, instauré par le roi Jigme Singye Wangchuck en 1972, se base sur quatre principes fondamentaux, piliers du développement durable, à savoir :
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la croissance et le développement économiques responsables ;
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la conservation et la promotion de la culture bhoutanaise ;
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la sauvegarde de l'environnement et la promotion du développement durable ;
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la bonne gouvernance responsable.
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==L'exception qui confirme la règle==
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Un autre chiffre qui est significatif nous est donné par une des fondatrices du projet Ecopol, Marie Jane Berchten. Elle a été responsable administrative d'une des sections régionales de la lutte suisse contre le crime organisé. Dans ce contexte, elle a constaté qu'un mouvement financier en dessous de 10 millions échappe à la surveillance des banques. Donc typiquement, un groupe mafieux qui n'a pas de lien avec une organisation terroriste, mais ne fait que blanchir de l'argent, et qui va faire de nombreux mouvements financiers de quelques centaines de milliers de dollars ou d'euros, va passer en dessous du radar des malversations financières que les banques vont spontanément signaler. Idem pour les évasions fiscales des bénéfices des grandes enreprises. En résumé, il suffit donc de morceler en plein de petits morceaux pour passer ce qu'on veut. Et ça c'est fréquent. Et typiquement on a là un exemple où les concurrences déloyales sont très fortes. Comment voulez-vous dans ce contexte assurer la pérennité d'initiatives honnêtes ? Très difficile, sauf dans quelques niches commerciales, comme les produits Weleda de l'anthroposophie (chiffre d'affaire annuel de 300 millions d'euros), qui est une des exceptions qui confirment cette règle.
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== Notes et références==
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Version actuelle datée du 10 juin 2013 à 16:21


Pourquoi un lieu nouveau ?

Plus de la moitié des gens sur Terre vivent dans des villes. Il y a déjà tant de lieux de vie. Alors pourquoi vouloir en construire plus ? N'est-ce pas contribuer à dégrader encore plus l'environnement? N'est-il pas plus simple d'accompagner la transition vers l'écologie dans les lieux déjà existants?
L'idée d'Ecopol, c'est de démarrer des lieux de zéro en les protégeant au début des concurrences déloyales. Explications.

L'écologie a le vent en poupe. Partout, sur la planète, les initiatives à succès se multiplient, qui montrent que l'on peut construire, cultiver, produire différemment. Les énergies renouvelables fonctionnent. L'économie solidaire aussi. Internet a permis de mettre en valeur les pratiques durables, qui y sont documentées, que chacun peut tester et améliorer. Des prix Nobel ont été attribués au début du 21e siècle à des initiatives particulièrement utiles comme le microcrédit initié au Bangladesh et la reforestation de milliards d'arbres démarrée au Kenya. Mais il y a aussi des freins terribles, des forces contraires, qui explique que la situation évolue lentement.


Pas le temps !

Qu'est-ce qui freine l'adoption de pratiques durables rapidement et à large échelle ? Depuis le temps qu'on en parle, qu'on planifie et décrète, pourquoi n'y a-t-il toujours pas un seul pays ou une seule ville réellement sans voiture polluante, et souveraine d'un point de vue alimentaire ?

Faut-il encore faire preuve de patience? Impossible, toutes les études objectives montrent qu'on doit changer nos pratiques au plus vite. Sans quoi la planète ne pourra plus fournir les ressources nécessaires à la survie de l'espèce humaine.

Ces freins viendrait-il simplement du fait que la majorité des gens sont incrédules, qu'ils ne croient pas qu'il y a danger pour l'humanité à cause de l'usage excessif de nos ressources naturelles, qui pensent que la main invisible du marché suffit ? Non, certaines régulations semblent nécessaires, ne serait-ce que dans le domaine du nucléaire, mais difficile de s'entendre sur lesquelles précisément, tant nos peurs sont nombreuses et divergent, Ces freins viennent-ils des profiteurs sans scrupules, qui soudoient habilement les personnes opportunes pour conserver leur droit d'abuser de nos ressources naturelles rester ainsi en position dominante ? Peut-être en partie, mais cela n'explique pas tout. Car ces abus ne sont pas concertés, il n'y a pas vraiment de complot mondial, de dominance d'une pathologie auto-destructrice chez les humains. L'homme n'est pas que prédateur. Ce serait trop réducteur. L'humain est aussi bienveillant. Alors d'où vient le problème ? Ecopol propose une réponse, et des solutions pour remédier. La source c'est un environnement défavorable, trop dérégulé, qui a généré une oligarchie de obscure, avec des chiffres qui parlent d'eux-même : 1% des humains les plus riches possèdent plus de 80% des ressources.

Les découvertes scientifiques du XXe siècle ont permis d'accélérer de manière impressionnante les flux de biens et de services. Ceux qui ont les moyens financiers peuvent tout avoir et ceci presque tout de suite. Grâce à Internet, aux avions, aux satellites, aux lasers, aux nanotechnologies, aux biotechnologies et au nucléaire, la planète est devenue un village global. Mais pas un écovillage. Un village qui souffre et délire. Car les gens à la tête des grands groupes d'influence n'ont pas eu le temps de s'attaquer aux problèmes de la crise économique mondiale. Soit parce qu'ils sont davantage occupés par leurs propres profits, soit parce que la somme des problèmes est devenue d'une complexité telle que la solution leur échappe, notamment parce qu'elle passe par une remise à plat du système. Comme dans le Titanic, les réactions sont désorganisées, à la va-vite, sans recul. Tout le monde est débordé.

A la tête des grands groupes qui dominent ce monde, il y a essentiellement des entrepreneurs habiles regroupés en communautés de pratiques. Tous pensent que s'ils ne jouent pas selon les règles imposées par leurs concurrents, qui consistent à combiner l'honnêteté globale avec de petites touches d'opportunisme sans scrupule, ils seront éjectés de la scène et d'autres moins scrupuleux encore les remplaceront. Alors ils ferment les yeux. La cause principale de cet état de fait est la concentration des pouvoirs. Un petit groupe impose ses règles, peu éthiques, tout en contrôlant finement la parole médiatique. Au final, toute proposition alternative apparaît utopiste, du moins souvent est-elle qualifiée de peu réaliste, voire d'irresponsable dans le contexte économique et social.

Au contraire, dans le modèle de gouvernance proposé dans l'Ecopol, le but est justement de répartir le plus possible la gestion des ressources (voir article gouvernance) entre de nombreux petits responsables autonomes et bien coordonnés. Cela nous paraît être une proposition valable et porteuse de richesse tout autant que de valeurs.


L'inertie est notre frein

Le problème fondamental ? Les règles de l'économie de marché ne sont pas assez adaptées au respect des humains et de l'environnement. Elles semblent par ailleurs impossibles à contrôler. Tout va trop vite. Nous sommes sur un Titanic sans capitaine, incapable d'inverser la tendance. L'inertie du système est bien réelle alimentée par deux "concurrences déloyales" à l'oeuvre.

La première, c'est la défaillance de la régulation des marchés économiques. Elle résulte de l'absence de conscience pour bien poser les limites de l'usage des technologies accélératrices. C'est cette immaturité collective face à ces outils puissants qui renforce les oligarchies d'abuseurs. D'où les sentiments populaires largement répandus que "le monde est injuste" et que "les bonnes initiatives sont soit étouffées soit détournées de leur sens".

Certes, les règles étaient moins justes et moins bien appliquées il y a 50 ans qu'aujourd'hui. Mais avec le développement de ces technologies accélératrices, les enjeux à tous les niveaux sont encore bien plus importants aujourd'hui qu'hier. Plus les progrès s'accélèrent, plus l'humanité et la nature sont fragilisées par des régulations défaillantes des marchés. C'est une spirale négative.

Par ricochet, la deuxième concurrence est celle d'un état assistantialiste. Car comme le dit bien Albert Jacquard, "L'objectif affiché [de la société actuelle] est de devenir un "gagnant", comme si un gagnant n'était pas, par définition, un producteur de perdants" (J'accuse l'économie triomphante, 1995). Le système "produit" des laissés-pour-compte, inaptes à se prendre en main. Ils ont alors besoin d'aide. Aide que vont charitablement donner ceux qui ont préalablement accumulé les richesses, via les gouvernements et les fondations de bienfaisance. Les personnes ainsi assistées perdent leurs habitudes de prendre des initiatives. Les gouvernements achètent la paix sociale, faute de mieux. La responsabilité individuelle et le commerce équitable sont remplacés par de l'aide sociale pour ceux qui n'y croient plus. Et leur nombre augmente.


Si Ecopol venait d'un lieu existant

Le budget de démarrage est d'environ 10 millions d'euros, pour 100 à 500 pionniers et 10 000 visiteurs par an. Prenez un quartier d'une petite ville, de Tunisie par exemple, qui a vécu une belle révolution pacifique pleine d'espoir en 2011. Injectons ces ressources : argent, pionniers compétents, visiteurs qui font tourner l'économie locale. Environ la moitié du quartier est occupé par cette nouvelle dynamique. Ecole pour tous, travail pour tous, système informatique pour tous. Mêmes règles, équité des chances pour tous.

Sur le papier, c'est bien beau, mais il faudra négocier avec les habitants du quartier. Les amener à apprécier les règles de fonctionnement. S'ils ne les acceptent pas, que faire ? Des demi-mesures ? Des compromis ? Un temps d'adaptation ? Ou une rupture nette, en les relogeant ailleurs ? Si c'est comme ça, où iront-ils ? Auront-ils un point de chute ? Allons-nous les payer pour rebondir ailleurs ? Accepteront-ils ? Combien réussiront à s'intégrer ?

Vous avez une autre idée ? Venez en discuter dans le forum de cet article! Car après plus de 30 ans d'expériences pratiques, d'entretiens avec des sociologues et praticiens, il ne semble pas y avoir de perspectives pour un écovillage s'établissant dans un lieu déjà occupé par de nombreux habitants.

La formule ne peut fonctionner à large échelle que si les règles de bases sont les mêmes pour tous : économie fonctionnelle, pas d'héritage, obligation de développer formellement ses compétences. Si ces règles sont optionnelles, cela fera trop de cas spéciaux, de principes non respectées, d'injustices, et au final on retombera sur les deux concurrences déloyales : l'absence de régulation et l'assistanat. C'est ce qui se passent dans les lieux communautaires que sont Auroville et Findhorn. C'est ce que ce vivent aussi les participants aux réseaux de l'économie solidaire et du microcrédit : on y constate des règles passablement défaillantes sur certains points-clés, et une part significative des habitants qui vivent d'aides sociales. Pas partout, pas tout le temps. Mais suffisamment, et toujours pour les mêmes raisons : un environnement défavorable, gangrené par les deux concurrences déloyales.

Ecopol dans un lieu nouveau

Dans un lieu où personne n'habitait avant le démarrage d'Ecopol, les abus répétés sont sanctionnés par une exclusion. C'est dur, mais cela n'enlève en rien la cohérence sociale et éthique du propos. Car tout le monde peut y tenter sa chance. Il n'y a qu'un vrai risque : seule une part infime des candidats résidents deviendra résidente autonome après quelques années d'expérience, et beaucoup partiront après quelques mois d'essai. Selon les statistiques de l'association Smala qui a géré 35 maisons communautaires en Suisse romande depuis 1993 sous la responsabilité de Théo Bondolfi, environ une personne sur 15 à 25 a réussi à s'intégrer et à apprécier durablement la démarche. Les autres sont trop dépendants des concurrences déloyales. Et sur ceux qui y parviennent, seul un tiers reste. Les autres considèrent que cela a été une très bonne expérience, mais poursuivent leur route pour diverses raisons : opportunité professionnelle ailleurs, conjoint préférant une vie en famille plutôt qu'en communauté, études... L'intérêt de passer de la situation de maison communautaire à celle de pôle communautaire avec des centaines voire des milliers d'habitants, c'est justement de proposer une plus large palette d'options de travail, l'intimité pour les familles, des possibilités d'études, etc.

A noter enfin que plus il y aura de candidats, plus la communauté sera stable. Cela aussi, nous l'avons expérimenté dans la gérance Ecovie de Smala. Stable au sens de réduction du nombre d'entrées et sorties, augmentation des succès de l'intégration de nouveaux arrivants, et au final une équipe qui fait corps, ensemble, avec ses forces et ses faiblesses. C'est assurément une dynamique reproductible à différents endroits sur Terre.


Conclusion : célébrons la théorie des jeux

C'est beaucoup plus difficile de faire évoluer les choses quand des gens sont déjà installés. Et tant que les crises ne sont pas assez fortes, il y aura toujours une minorité de lobbies pour manipuler l'opinion publique. Ils évitent ainsi une remise en question fondamentale des règles du jeu qui leur assure une position dominante.

On dit que "sur le fumier fleurit la rose". Il est vrai que même dans les environnements les plus glauques, des personnes exceptionnelles émergent. Mais pas des groupes exceptionnels. Et surtout, les oeuvres de ces personnes exceptionnelles survivent difficilement. C'est pour cela que, si on revient à l'essentiel, c'est-à-dire à l'esprit collectif de l'humanité, si on veut faciliter l'enfantement d'une dynamique positive, il faut la couver dès le début.

La proposition est d'incuber Ecopol, comme des parents avec une bonne expérience de vie protègent leurs enfants et leur donnent petit à petit la force d'affronter le monde. Ainsi, on peut assurer une sélection naturelle réaliste : la loi du plus coopératif. C'est le principe de la théorie des jeux[1]. Elle dit en résumé que ceux qui survivent sont ceux qui pratiquent le principe de coopération, de réciprocité et de pardon.

Et dans une société où les croyances qui colonisent notre esprit sont émises par une majorité de gens désemparés, proposant des demi-mesures, les freins sont trop forts pour relever les défis de l'écologie. Les bonnes initiatives sont soit étouffées, soit détournées de leur raison d'être. Une initiative globale protégée peut être utile à tous, pas seulement à ceux qui y vivront.

Ce n'est pas ainsi que les écolieux comme Auroville et Findhorn ont démarré. Ni les réseaux de l'économie solidaire. Ils ont démarré dans un environnement défavorable, et ils ont souffert de la présence de nombreux vers dans la pomme, de mauvais départs à de nombreux égards. Essayons de voir si Ecopol fera mieux. Qui ne tente rien n'a rien.

Encarts de cet article

Libéral communisme : non merci !

La majorité des dirigeants de grandes entreprises pensent "mieux vaut d'abord faire le requin, et une fois bien installé, redistribuer charitablement ses richesses en aidant les pauvres à se remettre des discriminations structurelles subies". Ce sont des libéraux qui combattent leurs concurrents en ne respectant que partiellement les règles du marché. Les paradis fiscaux, par exemple, sont des moyens de contourner les règles du marché. Sitôt riches, ils redistribuent une partie de leurs pactole, tels les bons princes. Ils utilisent souvent les mêmes termes que dans ce livre : encourager les micro-initiatives, l'esprit d'entreprise sociale, le commerce équitable. Cela prête à confusion. Mais si on creuse on constate leurs abus. C'est bien simple : être riche de plusieurs millions ne peut être que le résultat d'un abus ou d'un héritage indu. Même rêver de gagner à la loterie, ce n'est pas une bonne idée. Cela génère de mauvais rêves. Des rêves d'argent indûment gagné. Mais dire cela, c'est politiquement très incorrect. C'est tabou. Il y a encore des tabous. Le vrai tabou, c'est que la charité ne peut être le résultat d'un commerce inéquitable. C'est un principe de cause à effet. Trade not aid disait l'ancien président américain Bill Clinton dans sa tournée en Afrique en 1998. J'étais là sur l'ile de Gorée, l'ile des esclaves devant Dakar, quand il a fait son discours. Négociez, n'aidez pas. Dans un environnement libéral communiste, aux prises avec les deux concurrences déloyales, en pleine inertie, le défi de la négociation pour le commerce équitable est trop grand, même si parfois il peut donner de bons résultats. Mais dans un environnement protégé comme celui proposé par Ecopol, il est envisageable que quasiment tous les échanges soient équitables.

Les gens qui participent à l'aventure d'Ecopol sont informés que c'est cette dynamique qui leur est proposée. Non pas un modèle libéral-communiste d'abus puis de charité, financé par de grands investisseurs qui ont reçu des fonds indûs. Mais un vrai mode de fonctionnement micro-entrepreneurial, financé par des milliers de petits et moyens épargnants qui croient en cette idée. Un projet mis en oeuvre par des milliers de résidents pratiquants de la simplicité volontaire, où les défaillances de la régulation sont traquées collectivement, souplement sur la forme, fermement sur le fond.


Non-alignement

Avant en Yougoslavie, on n'avait pas de liberté d'expression, mais on avait à manger, du travail, la sécurité sociale, le respect. On pouvait aller dans tous les pays du monde avec notre passeport, sans visa, sauf une dizaine de pays sur terre. Et la libéralisation des marchés est passée par là. Maintenant en Bosnie on a la liberté d'expression, et c'est tout. On n'a plus à manger, plus de travail, la violence dans les rues, l'absence de respect. Et avec notre passeport, on ne peut plus voyager que dans une dizaine de pays.

Paroles d'un chauffeur de taxi d'origine bosniaque à Grandvaux, Suisse, mars 2011. PS : ce livre n'est en aucune manière une apologie du socialisme à la soviétique. C'est au contraire la mise en valeur d'une culture de non-alignement politique et culturel propre à la Yougoslavie des années 1950 à 1980. J'y ai vécu plusieurs mois, à 16 ans, dans les derniers mois de cette époque particulière du non-alignement. J'ai pu y constater les réalités de vie des non-alignés. Comme le propose aussi l'Ecopol, la Yougoslavie essayait d'échapper aux deux concurrences déloyales que sont l'économie de marché dite libérale avec une régulation défaillante et l'assistance sociale dite communiste. Une cinquantaine de pays participaient alors à cette dynamique, et la qualité de vie y était globalement bien meilleure. Parmi eux de grands pays comme l'Indonésie et le Nigeria. Le reste du monde était pris dans une guerre froide entre capitalistes et communistes. La liberté d'expression étant aujourd'hui facilitée par l'omniprésence d'Internet, il semble possible de réconcilier non-alignement et démocratie participative.


Concurrences déloyales : chiffres et exemples

  • l'évasion fiscale des multinationales fait perdre aux pays en développement 125 milliards d’euros de recettes fiscales, soit 4 fois le montant nécessaire estimé par la FAO pour éradiquer la faim.
  • 1% des plus riches mondiaux disposent d'un revenu cumulé égal à celui des 57% les plus pauvres.
  • chaque année de nombreuses firmes multinationales sont condamnées pour non respect de la concurrence.

Exemple de prestations fournies plus souvent aux grandes entreprises qu'aux petites en échange de la création d'emplois

  • contrepartie d'aides fiscales,
  • priorité sur l'achat ou la location d'un terrain,
  • exclusivité de fourniture des établissements publics.



Les intérêts privés sont plus forts que le bien commun. Dans notre réalité économique, il est difficile pour les petites entreprises de survivre.


Sources : http://www.ccfd-terresolidaire.org

Vivre au Bhoutan

Le Bhoutan est un pays où on peut à peine fumer, parce qu'il n'y a pas de marchands de cigarettes. Lorsqu'on est stressé la seule solution est la méditation. On ne peut passer des heures et heures devant la télévision tout simplement parce que ça n'existe pas. Le troc est beaucoup pratiqué.
C'est un pays que certains qualifieraient d'arriéré, cependant il existe des initiatives nouvelles. C'est un pays où les concurrences déloyales n'existent guère.

L’une des particularités du Bhoutan est sa recherche du bonheur à travers l’amélioration de son bonheur national brut ou BNB[2]. Là où la majorité des gouvernements se basent sur la valeur du produit national brut (PNB) pour mesurer le niveau de richesse des citoyens, le Bhoutan a substitué le BNB pour mesurer le niveau de bonheur de ses habitants. Cet indice, instauré par le roi Jigme Singye Wangchuck en 1972, se base sur quatre principes fondamentaux, piliers du développement durable, à savoir : la croissance et le développement économiques responsables ; la conservation et la promotion de la culture bhoutanaise ; la sauvegarde de l'environnement et la promotion du développement durable ; la bonne gouvernance responsable.

L'exception qui confirme la règle

Un autre chiffre qui est significatif nous est donné par une des fondatrices du projet Ecopol, Marie Jane Berchten. Elle a été responsable administrative d'une des sections régionales de la lutte suisse contre le crime organisé. Dans ce contexte, elle a constaté qu'un mouvement financier en dessous de 10 millions échappe à la surveillance des banques. Donc typiquement, un groupe mafieux qui n'a pas de lien avec une organisation terroriste, mais ne fait que blanchir de l'argent, et qui va faire de nombreux mouvements financiers de quelques centaines de milliers de dollars ou d'euros, va passer en dessous du radar des malversations financières que les banques vont spontanément signaler. Idem pour les évasions fiscales des bénéfices des grandes enreprises. En résumé, il suffit donc de morceler en plein de petits morceaux pour passer ce qu'on veut. Et ça c'est fréquent. Et typiquement on a là un exemple où les concurrences déloyales sont très fortes. Comment voulez-vous dans ce contexte assurer la pérennité d'initiatives honnêtes ? Très difficile, sauf dans quelques niches commerciales, comme les produits Weleda de l'anthroposophie (chiffre d'affaire annuel de 300 millions d'euros), qui est une des exceptions qui confirment cette règle.

Notes et références