"Les oeuvres aux pieds nus" : Différence entre versions

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On dit d'une oeuvre qu'elle a « les pieds nus » lorsque sa diffusion s'effectue sans publicité, tout doucement, sans faire de bruit, par la seule volonté du public.  
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''«Il existe une chose plus puissante que toutes les armées du monde, c'est une idée dont l'heure est venue»''. Victor Hugo
  
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On dit d'une œuvre qu'elle avance « les pieds nus » lorsque sa diffusion s'effectue sans publicité, lentement mais sûrement, sans faire de bruit, par la seule volonté ou le seul intérêt du public.
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Nul besoin d'opération communication.<br>
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Nul besoin de plan marketing.<br>
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Nul besoin de paquet cadeau.<br>
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Seule la force du propos assure l'adhésion des personnes qui l'entendent et la longévité de cette pensée. <br>
  
[[Fichier:Papalagui.png]]
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Il s'agit là, bien évidemment, d’œuvres majeures pour l'humanité.<br> <br>
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Notre condition, au-delà des civilisations qui se sont succédées, reste éternellement en quête de clés pour assurer sa ''transition'' vers un niveau supérieur de développement. <br> Ces œuvres sont comme des bouées de sauvetage que nous accrochons à notre radeau de fortune, pour rester à flot pendant nos pérégrinations sur la terre mer. Au cours du voyage de l'humanité, elles apportent des idées nouvelles pour nous émanciper des jougs qui nous maintiennent en esclavage. Esclavage vis à vis de nous-mêmes (animalité, égoïsme, résistance au changement) ou servitude vis à vis d'une réalité profondément injuste, pour ne pas dire absurde (dictature, lois économiques, génocides, etc).<br> <br>
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== Quelques exemples ==
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Leur point commun (ou la rançon de leur succès) est une parution passée totalement inaperçue au début.<br>
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'''''Le Papalagui'' de Touiavii'''<br>
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Touiavii, chef de tribu sur une île de Samoa, a visité l’Europe, entre 1915 et 1920, et en a rapporté des notes à l’intention de ses frères des îles, qui ont été publiées en 1920 par Erich Scheuermann. L'objectif du [http://fr.wikipedia.org/wiki/Litt%C3%A9rature_samoane ''Papalagui''] était d'informer les peuples d'Océanie des comportements de l'homme blanc, que l'on surnomme Papalagui dans sa langue. Touaivii s'était en effet porté volontaire à la Première Guerre mondiale en Europe, puis il y était resté. Il a ainsi pu observer le mode de fonctionnement de l'homme occidental.<br>
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Ce texte est aujourd'hui traduit en plusieurs langues, après avoir traversé le siècle les pieds nus. Il livre un regard extérieur, particulièrement frappant, sur le comportement dominant de l'homme blanc. C'est pour cela et sans avoir recours à la publicité, qu'il est devenu un symbole des déviances du monde occidental.<br>
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'''''La Belle Verte'', de Coline Serreau'''<br>
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Une autre œuvre suit ce même chemin, les pieds nus ; c'est le film « [http://fr.wikipedia.org/wiki/La_Belle_Verte La Belle Verte] » de Coline Serreau, sorti en 1996. "Sous la forme d'un conte philosophique, le film aborde les thèmes aussi divers que l'anti-conformisme, l'écologisme, la décroissance, le féminisme, l'humanisme, le pacifisme, les valeurs sociales ou encore le rejet des technologies nuisibles, par le biais de dialogues ou de situations humoristiques. Les références à la spiritualité New Age sont très appuyées (télépathie, magnétisme, venue sur terre pour aider les humains à s'élever et parler vrai, philosophie de la nature, etc.)" (source Wikipédia). <br>
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Très mal reçu par la critique lors de sa sortie, le film fait un flop au cinéma. La réalisatrice avait pourtant reçu trois César, onze ans auparavant, pour le fameux « Trois Hommes et un Couffin » (1985)! <br>
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Mais « La Belle Verte » va connaître une deuxième vie. Au départ copié sur cassettes vidéos, diffusé entre amis ou dans les associations, l'arrivée d'Internet va assurer la diffusion internationale du film. Traduit en plusieurs langues, il devient le symbole de l'[[écologie profonde]], des [[transitions]] en cours, et l'une des principales sources d'inspiration pour l'[[écologie communautaire]]. <br>
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Malgré l'échec commercial et l'adhésion populaire spontanée après quelques années, sa réalisatrice n'a pas souhaité partager cette œuvre en autorisant sa diffusion libre. Interdite à la copie, cette œuvre se diffuse donc "les pieds nus" et souvent de manière illégale ! <br>
  
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'''Wikipédia'''<br>
Prenons l'exemple du livre le Papalagui. Ecrit par un grand chef d'une tribu primitive d'Océanie, Touiavii, dans les années 1920, son but était d'informer les peuples d'Océanie sur les comportements de l'homme blanc, que l'on surnomme Papalagui en langue du Pacifique. Le grand chef Touaivii a participé comme volontaire à la première guerre mondiale en Europe, puis y est resté et a ainsi pu observer le mode de fonctionnement de l'homme blanc. Il a expressément demandé dans son livre qu'il ne soit pas traduit et soit gardé pour les tribus des îles du Pacifique. Cependant, un prêtre allemand l'a traduit et le livre a commencé son chemin [[les pieds nus]]. Il a été traduit en plusieurs langues, imprimé « sous le manteau », sans demander l'autorisation à qui que ce soit et diffusé en de nombreuses versions et rééditions dans le monde entier. C'est un regard extérieur sur le comportement dominant de l'homme blanc qui est particulièrement frappant. C'est pour cela et sans avoir recours à la publicité, qu'il est devenu un symbole des déviances du monde occidental. Une autre œuvre créée entre 1994 et 95 suit ce même chemin les pieds nus; c'est le film « La Belle Verte » de Coline Serreau. Très mal reçu par la critique, il fait un flop au cinéma. La réalisatrice avait reçu un oscar du meilleur film quelques années avant avec « Trois Hommes et un Couffin » et son film était bien réalisé. Le film connaît alors une deuxième vie, il est copié en cassettes vidéos et commence à être diffusé entre amis, dans des soirées d'associations, de quartier... Avec l'arrivée d'Internet, il est copié et traduit en plusieurs langues et diffusé comme le film symbole de l'[[écologie profonde]] et des [[transitions]] en cours.
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Avec 400 millions de visiteurs uniques par mois, pour seulement 100 000 contributeurs, Wikipédia, l'encyclopédie collaborative internationale en ligne née en 2001 n'a pas eu besoin de se chausser d’apparat pour assurer son succès. Plutôt rapide pour une œuvre aux pieds nus, son appropriation par le public a pu se répandre comme une traînée de poudre grâce à internet. Mais pas seulement. Son succès repose en réalité sur une démarche pleine de sens : un important service rendu à l'humanité. Chacun est dépositaire d'un savoir et peut le partager. Cette œuvre existe et prospère parce qu'elle repose sur une idée fédératrice forte : ériger une cathédrale du savoir que chacun peut visiter mais aussi édifier. L'idée, appuyée par un nouvel outil collaboratif, a fait des petits, instaurant une nouvelle culture, la culture "wiki", celle qui anime les sites communautaires où chacun peut collaborer librement au contenu.
  
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===Et tant d'autres idées !===
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Il existe de nombreuses œuvres qui cheminent pieds nus. Mais il n'y a pas que l'écrit... Des idées avant-gardistes ou des communautés humaines progressent sans se soucier des prétendus impératifs du système marchand. <br> Derrière la culture "pieds nus", il y a la culture de la volonté populaire, plus forte que les investissements massifs destinés à nous passer des messages pré-formatés. Les idées, lorsqu'elles sont pertinentes, sont toujours plus fortes que les diktats. Elles peuvent être cachées, protégées, persécutées ou étouffées, elles font malgré tout leur chemin, avant de pouvoir être cueillies par tous, tel un fruit mûr.<br>
  
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Parmi ces idées, le mouvement du logiciel libre, le micro-crédit, l'anthroposophie, la communication non-violente (CNV), le [http://fr.wikipedia.org/wiki/Falun_Gong Falung Gong], le mouvement des [http://fr.wikipedia.org/wiki/Earthship earthships], qui construisent des éco-lotissements autosuffisants (en énergie et denrées alimentaires). Ces derniers sont par ailleurs présentés dans l'article [[l'origine des idées]]. <br> <br>
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'''Le livre Ecopol''' et le mouvement dont il se fait l'écho avancent aussi pieds nus. Pas d'opération com', pas de proposition révolutionnaire tape-à-l'oeil, seulement la volonté de partager et d'incarner les pratiques communautaires qui ont déjà fait leurs preuves, en proposant un nouveau cadre pour les généraliser. <br>
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Alors que le progrès technologique accélère notre capacité de destruction de l'environnement, toute la question est de savoir si Ecopol ralliera assez tôt la masse critique de personnes prêtes à s'engager pour un renouveau du vivre ensemble.
 
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En 2010, c'est un des films de référence des mouvements de l'écologie profonde. Il est souvent projeté dans des réunions associatives et des festivals écologiques, et considéré comme une des principales sources d'inspiration pour l'[[écologie communautaire]]. Comme Colline Serreau a refusé de le mettre sous une [[Licence Art Libre]], cette œuvre se diffuse donc les pieds nus, de manière illégale. Elle permet à tout un mouvement d'avoir un symbole de référence pour une approche écologique globale, qui ne se limite pas à la technique, mais se base sur des comportements plus respectueux.
 
 
 
Il existe de nombreuses autres œuvres qui font leur chemin les pieds nus, comme le Tao Te King (Livre de la voie et de la vertu) en Chine qui est un outil d'aide à la décision. Ou encore à sa manière « Le Petit Prince » d'Antoine de Saint-Exupéry. Elles sont notamment présentées dans l'article [[l'origine des idées]].
 

Version actuelle datée du 9 janvier 2013 à 23:55

«Il existe une chose plus puissante que toutes les armées du monde, c'est une idée dont l'heure est venue». Victor Hugo

On dit d'une œuvre qu'elle avance « les pieds nus » lorsque sa diffusion s'effectue sans publicité, lentement mais sûrement, sans faire de bruit, par la seule volonté ou le seul intérêt du public.
Nul besoin d'opération communication.
Nul besoin de plan marketing.
Nul besoin de paquet cadeau.
Seule la force du propos assure l'adhésion des personnes qui l'entendent et la longévité de cette pensée.

Il s'agit là, bien évidemment, d’œuvres majeures pour l'humanité.

Notre condition, au-delà des civilisations qui se sont succédées, reste éternellement en quête de clés pour assurer sa transition vers un niveau supérieur de développement.
Ces œuvres sont comme des bouées de sauvetage que nous accrochons à notre radeau de fortune, pour rester à flot pendant nos pérégrinations sur la terre mer. Au cours du voyage de l'humanité, elles apportent des idées nouvelles pour nous émanciper des jougs qui nous maintiennent en esclavage. Esclavage vis à vis de nous-mêmes (animalité, égoïsme, résistance au changement) ou servitude vis à vis d'une réalité profondément injuste, pour ne pas dire absurde (dictature, lois économiques, génocides, etc).

Quelques exemples

Leur point commun (ou la rançon de leur succès) est une parution passée totalement inaperçue au début.
Le Papalagui de Touiavii
Touiavii, chef de tribu sur une île de Samoa, a visité l’Europe, entre 1915 et 1920, et en a rapporté des notes à l’intention de ses frères des îles, qui ont été publiées en 1920 par Erich Scheuermann. L'objectif du Papalagui était d'informer les peuples d'Océanie des comportements de l'homme blanc, que l'on surnomme Papalagui dans sa langue. Touaivii s'était en effet porté volontaire à la Première Guerre mondiale en Europe, puis il y était resté. Il a ainsi pu observer le mode de fonctionnement de l'homme occidental.
Ce texte est aujourd'hui traduit en plusieurs langues, après avoir traversé le siècle les pieds nus. Il livre un regard extérieur, particulièrement frappant, sur le comportement dominant de l'homme blanc. C'est pour cela et sans avoir recours à la publicité, qu'il est devenu un symbole des déviances du monde occidental.

La Belle Verte, de Coline Serreau
Une autre œuvre suit ce même chemin, les pieds nus ; c'est le film « La Belle Verte » de Coline Serreau, sorti en 1996. "Sous la forme d'un conte philosophique, le film aborde les thèmes aussi divers que l'anti-conformisme, l'écologisme, la décroissance, le féminisme, l'humanisme, le pacifisme, les valeurs sociales ou encore le rejet des technologies nuisibles, par le biais de dialogues ou de situations humoristiques. Les références à la spiritualité New Age sont très appuyées (télépathie, magnétisme, venue sur terre pour aider les humains à s'élever et parler vrai, philosophie de la nature, etc.)" (source Wikipédia).
Très mal reçu par la critique lors de sa sortie, le film fait un flop au cinéma. La réalisatrice avait pourtant reçu trois César, onze ans auparavant, pour le fameux « Trois Hommes et un Couffin » (1985)!
Mais « La Belle Verte » va connaître une deuxième vie. Au départ copié sur cassettes vidéos, diffusé entre amis ou dans les associations, l'arrivée d'Internet va assurer la diffusion internationale du film. Traduit en plusieurs langues, il devient le symbole de l'écologie profonde, des transitions en cours, et l'une des principales sources d'inspiration pour l'écologie communautaire.
Malgré l'échec commercial et l'adhésion populaire spontanée après quelques années, sa réalisatrice n'a pas souhaité partager cette œuvre en autorisant sa diffusion libre. Interdite à la copie, cette œuvre se diffuse donc "les pieds nus" et souvent de manière illégale !

Wikipédia
Avec 400 millions de visiteurs uniques par mois, pour seulement 100 000 contributeurs, Wikipédia, l'encyclopédie collaborative internationale en ligne née en 2001 n'a pas eu besoin de se chausser d’apparat pour assurer son succès. Plutôt rapide pour une œuvre aux pieds nus, son appropriation par le public a pu se répandre comme une traînée de poudre grâce à internet. Mais pas seulement. Son succès repose en réalité sur une démarche pleine de sens : un important service rendu à l'humanité. Chacun est dépositaire d'un savoir et peut le partager. Cette œuvre existe et prospère parce qu'elle repose sur une idée fédératrice forte : ériger une cathédrale du savoir que chacun peut visiter mais aussi édifier. L'idée, appuyée par un nouvel outil collaboratif, a fait des petits, instaurant une nouvelle culture, la culture "wiki", celle qui anime les sites communautaires où chacun peut collaborer librement au contenu.

Et tant d'autres idées !

Il existe de nombreuses œuvres qui cheminent pieds nus. Mais il n'y a pas que l'écrit... Des idées avant-gardistes ou des communautés humaines progressent sans se soucier des prétendus impératifs du système marchand.
Derrière la culture "pieds nus", il y a la culture de la volonté populaire, plus forte que les investissements massifs destinés à nous passer des messages pré-formatés. Les idées, lorsqu'elles sont pertinentes, sont toujours plus fortes que les diktats. Elles peuvent être cachées, protégées, persécutées ou étouffées, elles font malgré tout leur chemin, avant de pouvoir être cueillies par tous, tel un fruit mûr.

Parmi ces idées, le mouvement du logiciel libre, le micro-crédit, l'anthroposophie, la communication non-violente (CNV), le Falung Gong, le mouvement des earthships, qui construisent des éco-lotissements autosuffisants (en énergie et denrées alimentaires). Ces derniers sont par ailleurs présentés dans l'article l'origine des idées.

Le livre Ecopol et le mouvement dont il se fait l'écho avancent aussi pieds nus. Pas d'opération com', pas de proposition révolutionnaire tape-à-l'oeil, seulement la volonté de partager et d'incarner les pratiques communautaires qui ont déjà fait leurs preuves, en proposant un nouveau cadre pour les généraliser.
Alors que le progrès technologique accélère notre capacité de destruction de l'environnement, toute la question est de savoir si Ecopol ralliera assez tôt la masse critique de personnes prêtes à s'engager pour un renouveau du vivre ensemble. Homme-blanc-papalagui.jpg Papalagui.png