Les blogueurs et autres consomm'acteurs : Différence entre versions

De Wiki ECOPOL
 
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J'ai un blog, je gagne 1'000 francs, suis-je un journaliste ? Puis-je protéger mes sources ? Et si je gagne 10'000 ?
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''Communication, contribution, acteur, consommateur''
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½ exposé général de moitié, ¼ bilan en 2010, ¼ tendance citoyenne (solutions)
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==Il était une fois …==
  
Exposé général
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L'homme n'a pas été créé avec Internet. Bien avant la naissance du réseau, il communiquait déjà avec ses semblables, de manière orale et en face à face. Ensuite il a créé le livre, la presse, le téléphone, la radio, la télévision. Mais dans le monde qui était alors le sien, les informations étaient rares, contrôlées par des minorités.
  
Origine du  mot
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Le citoyen lambda pouvait certes, à l'occasion, donner son avis sur la marche du monde, lorsqu'une « enquête d'opinion », ou un sondage, entreprenait de le consulter — trop rarement, cependant, pour le responsabiliser et l'impliquer autant qu'il aurait pu le souhaiter.
Le journal de bord sur le web ou weblog de son nom anglophone s’est vu renommé à la suite d’un jeu de mots en 1999 de Peter Merholz, un précurseur incontestable de l’exercice :
 
"For What It's Worth, I've decided to pronounce the word "weblog" as wee'- blog. Or "blog" for short." Et un mot fut créé pour désigner un contenu déjà existant.  
 
  
Dates précises des premiers blogs
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===Le numérique a tout bouleversé===
Si « blog » n’existe que depuis la fin des années 90, le journal de bord sur le web existe depuis 1982 selon Jim Howard et son www.howardsnotebook.com. Nombreux sont d’ailleurs les internautes à revendiquer leur droit d’aînesse sur le blog. Tous ont commencé à être actifs entre les années 1995 et 1997. Les appellations sont différentes mais tous partagent de l’information et suscite de l’intérêt chez le lecteur.
 
Cette pratique s’infiltre lentement sur la toile puis se propage à la vitesse de la lumière lors de la mise en place d’outils facilitant la création de blogs. A la fin des années 90 sont créés Open diary, puis Livejournal et enfin blogger.com. Rapidement chacun d’eux comptabilisent des milliers d’adhérents. La formule interactive a conquis les internautes et désormais les lecteurs peuvent participer à l’information activement : le commentaire est né. Immédiatement il génère une nouvelle vague d’utilisateurs de blogs plus actifs, plus critiques et plus impliqués dans ce monde numérique. Un blog n’est plus uniquement le résultat d’une seule réflexion mais le fruit de discussions éveillées et d’interactions de multiples auteurs.
 
  
Hiérarchie d’un blog
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Souvenez-vous de votre première vision du Web. Vous avez lu des pages d'information, comme on lit un livre. Vous avez traité des messages, comme on traite un courrier postal. Et peu à peu, vous avez compris que vous n'aviez pas affaire à un moyen de communication tout à fait comme les autres. De simple utilisateur d’un bureau de poste ou d'une vitrine de magasin virtuel, vous vous êtes senti devenir progressivement acteur.
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<br>Vous avez commencé à intervenir dans des forums.
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*À commenter des articles.
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*À évaluer des produits.
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*À définir les préférences de votre profil utilisateur au sein d'une communauté virtuelle.
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*À inviter tous vos amis sur un réseau social. À poster des annonces.
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*À proposer à la vente vos biens ou vos services.
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*À modifier une page créée par un autre internaute, par exemple sur Wikipédia.
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*Et à voir vos contributions affichées en temps réel sur une succession de sites-relais.
  
Popularité du blog
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Le mot de passe pour entrer dans ce nouveau monde, c'est la contribution. En contribuant, vous avez pu découvrir des options sociotechniques réservées aux utilisateurs enregistrés : paramétrer le flux d'information, poster, modifier, catégoriser/tagger, relayer, modérer… C'est ainsi que les simples spectateurs ont pu devenir les acteurs de cette nouvelle société de l'information. C'est dans la même perspective de consomm'action qu'ont été imaginés les wikis, puis les blogs, les réseaux sociaux, les microblogs… toutes ces applications qui constituent ce que l'on appelle aujourd'hui les ''médias sociaux''.
Dès 2004 le rôle du blog croît considérablement. Il devient un outil essentiel dans l’expression ainsi que la formation d’opinion et se mute en nouvelle source d’information libre, non bridée ou contrôlée et reconnue par le public. Dès 2004 le blog devient LE lieu d’expression libre par excellence. Politiciens, Hommes d’affaire ou Homme d’Etat, tous s’implantent sur le net. Le mouvement est lancé.
 
  
Croissance du blog
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Ces médias sociaux ont des règles et des usages communs :
 
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*l'authentification,
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*la personnalisation,
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*la participation,
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*l'interaction,
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*la confrontation,
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*la modération,
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*l'autorégulation,
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*la combinaison.
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<br>Leur utilisation est instantanée, ouverte à la simultanéité, affranchie de toute autorité centrale et fort peu onéreuse. Le pouvoir citoyen est soudain à portée de clic.
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Une fois connecté au réseau des réseaux, il est possible de créer son propre journal, de maintenir son public en haleine au gré d'un fil de discussion, d'interagir dans l'espace et le temps avec l'ensemble de son carnet d’adresse, de contribuer, à son rythme, aux encyclopédies globales. Cette nouvelle culture de la consomm'action se propage comme un virus bénéfique, elle déferle comme une lame de fond. Et dans son élan, elle entraîne les anciens médias, invités à s'adapter à cette nouvelle manière de communiquer.
  
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La participation aux médias sociaux est au cœur de la '''transformation de notre mode de fonctionnement et de pensée'''. Ce mode de production participatif optimise les compétences cognitives telles que la perception, le raisonnement, la conscience, le langage, l'intelligence et la transdisciplinarité. Il n'est pas question, pour autant, de faire preuve d'angélisme : de nouveaux risques sont apparus, des pièges inédits jusqu'alors ont émergé. De fait, les médias sociaux magnifient la diversité culturelle, sans autre limite que notre conscience, avec ses qualités et ses faiblesses. Ils représentent à la fois une nouvelle source d'information et un espace d'expression libre par excellence, où se côtoient politiciens, artistes, commerçants…, toutes générations et origines confondues : la multiplicité des motivations à publier sur le Web explique le nombre des publications qui y fourmillent.
  
Impact sur les médias traditionnels
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[[Fichier:5608 164316.png]]
  
Les types de blogs
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Au sein de ces écosystèmes numériques, la force d'un projet ne procède plus de son concept originel mais de la quantité et de la qualité des acteurs concernés, et de leurs contributions.
Divergents non seulement par les thèmes abordés, mais également par la manière dont le contenu est soumis au public, les types de blogs sont nombreux. Il existe tout d’abord le blog personnel, le plus populaire de tous. Il s’agit d’un journal de bord tenu par un individu fier de poster des réflexions propres. Peu importe le nombre de visiteurs, seul compte le développement personnel. D’ailleurs un nombre infime de blogs personnels se créent leur place au soleil et deviennent connus. Le microblog plus communément connu sous le terme de twit, en constitue une évolution logique puisqu’il permet de partager des sentiments et pensées précises à très court terme touchant spécialement la famille ou le cercle d’amis, souvent les seuls lecteurs des blogs personnels.
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<br>Ainsi un étudiant nourri par cette culture de consomm'action, exercé à chatter avec ses camarades, à commenter les résultats sportifs sur un forum dédié ou à corriger telle ou telle imprécision sur une page Wikipédia, supportera de plus en plus difficilement de devoir rester assis dans une salle de cours à suivre un programme prédéfini : impossible pour lui de picorer ça et comme il en a l'habitude et de faire la démonstration de sa force de contributeur. Inversement, quelqu'un qui n'aura appris à réfléchir et à disserter que sur les bancs de l'école se trouvera aussi déconcerté face à une page Wikipédia, effrayé par les barrières psychologiques et neurolinguistiques du moindre chat virtuel : quand on a été programmé pour recevoir un cadre donné, établi par d'autres, l'idée qu'on peut désormais le cocréer soi-même ne vient pas spontanément à l'esprit.
Il existe également des blogs construits par et pour des organisations. Ceux-ci ont comme but premier de permettre aux membres d’accroître leur communication interne. D’autres ciblent un sujet en particulier comme la politique, le voyage, la mode, l’éducation, la musique… Certains blogs se différencient par les médias qu’ils utilisent. Si l’utilisation de vidéos est à l’honneur, il s’agit d’un vlog, si au contraire les liens prennent une place importante, on parle de linklog. Enfin plus récemment avec le développement de la téléphonie mobile, on distingue également un style de blog par l’appareil avec lequel il est mis en ligne et dans ce cas on parle de moblog.
 
  
While not a legitimate type of blog, one used for the sole purpose of spamming is known as a Splog
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Pour désigner ceux, de plus en plus nombreux, qui aspirent à voir leur nouvelles connaissances légitimées, on parle de prosommacteurs (Toffler, puis Tapscott), d'autres des nétocrates (Wired ; Bard & Söderqvist) ou encore des utilis'acteurs (Rousseau & Bondolfi) ou webacteurs (Pisani). Chacun de ces termes indiquent clairement que les médias numériques ne se contentent pas de s'adresser à l'ensemble de la société : ils sont sa création — son œuvre.
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Qui écrit un blog ? Groupe, une seule personne, hiérarchie,… Qu’est ce qui fonctionne le mieux ?
 
L’intérêt nouveau du blog
 
Comment s’organise un blog -> chronologie, thématique…
 
  
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===Le symbole du Web ''2.0'' ===
  
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La transition technologique d'un Web statique, alias ''Web 1'' vers un web dynamique - ''Web 2'' - s'est produite dans le tournant des années 2000. Pour symboliser la maturité naissante de cette culture web participative, Tim O'Reilly, auteur d'ouvrages consacrés à la culture informatique libre, a été le premier à diffuser l'expression « Web 2.0 » (en 2005). Elle a été progressivement déclinée dans tous les domaines et désigne aujourd'hui le changement culturel qu'un Internet dynamique et participatif est à même d'apporter aux sociétés humaines : la gouvernance 2.0.
  
Bilan en 2011
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==Le siècle de l'inform'action==
Aujourd’hui
 
 
 
La prolifération massive des blogs génère des effets non désirés visible aujourd’hui encore. La dictature du court terme est très présente, la toile pullule d’informations obsolètes après seulement quelques instants.
 
Recherche infobesité
 
  
Mais l’ouverture du concept multiauteur soulève également quelques problèmes. Caché derrière un écran, il est toujours plus facile de commenter un contenu de manière grossière et méchante. Avec l’amélioration du monde numérique est apparue une nouvelle sorte de malhonnêteté, une malhonnêteté de lâche !
+
En 2011, le Web a eu vingt ans. Fort de ses centaines de millions de forums, wikis, blogs, réseaux sociaux , microblogs instantanés, il justifie qu'on parle désormais de ''Webosphère''. Google, Facebook, Twitter et Wikipédia en sont les planètes les plus célèbres. Peuplé de centaines de milliards d'articles et de billions de champs différents (titre, corps de message, pièces jointes, images, nombre de visiteurs, notes…), le Web est le cœur où convergent tous les outils numériques qui possèdent une interface ouverte, standardisée en libre accès et accessible par l'ensemble des outils existants — smartphone, tablette, ordinateurs…
- Infobésité et la dictature du court terme
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<br>Les sites les plus intéressants sont ceux où il est possible d'interagir en commentant, modifiant, ajoutant textes ou images à la matière présente. Un site d'achat/vente entre particuliers qui ne proposerait pas de commentaires participatifs évaluant le produit, le vendeur, voire l'acheteur, aurait du mal à asseoir sa crédibilité. Il en irait de même d'un blog indépendant qui publierait un scoop sans s'ouvrir aux commentaires et aux sources alternatives.
- Les commentaires fallacieux ou trolls -> incite à la création d’une charte
 
Outils de révolution (Jasmin)
 
La traque des blogueurs dans les pays de répression, même niveau que reporter ou journaliste
 
  
Solutions
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Par ailleurs, si la prédominance des médias sociaux semble désormais incontestable, la qualité de leurs contenus n'est pas encore systématique, loin s'en faut. Les fôtes d'ortograffe et 1 syntaxe maladroite issue le plus souvent du langage SMS sont fréquentes. C koi ton pb ? Leur imperfection actuelle pourrait conduire à rejeter en bloc les nouveaux médias, en vertu de leur manque de rigueur et de professionnalisme. Mais il y a là également matière à saluer l’effacement progressif des barrières entre le métier de journaliste et la fonction de communicateur : '''l'éveil possible d'une citoyenneté vraiment active.'''
La démocratie Karmique avec insertion probable du tableau montrant l’évolution de la démocratie depuis Athènes.  
 
La charte de bienveillance va peut-être mieux là
 
Lister les intérêts et les abus d’un blog dans le cas des abus y mettre la solution trouvée (tableau ?)
 
  
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Le débat est on ne peut plus actuel. Il engage notamment la corporation journalistique, détentrice du quatrième pouvoir, qui admet difficilement que les médias sociaux sont des médias à part entière et seront peut-être, demain, les médias de référence. Il est permis de se demander si les journalistes qui ne reconnaissent pas les blogueurs comme leurs pairs ne tendent pas à reproduire le modèle de toutes les corporations dépassées par les ruptures technologiques. Ainsi la corporation des chauffeurs automobiles, au début du XX<sup>e</sup> siècle, ne comprenait-elle pas qu'un simple quidam puisse aspirer à prendre lui-même le volant de sa voiture pour se rendre au travail.
  
Encarts
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Parmi les autres effets pervers propres au développement des médias sociaux, la dictature de l'immédiat, la société de spectacle et la guerre de clochers sont le plus souvent mises en avant. Autant de pièges à éviter sur le chemin de la consomm'action. Déclencheurs de passions, le Web 2.0 n'en finit pas de susciter fascination et répulsion.
Slashdot et linux comme précurseurs
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Citations drôles sur les blogs
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{| class="wikitable"
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|+ ''Social media : blogs, wikis et autres '''consomm'actions'''''
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!
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! Leaders dans le domaine
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! Durée de vie de l'information (tendance générale)
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! Effets pervers*
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! Effets positifs*
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! Spécificités
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|-
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! Les wikis
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| Wikimedia et son projet phare Wikipédia
 +
| Moyen, long terme avec de nombreuses possibilités de modifications comme la mise à jour, le retour à une version précédente…
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| Guerre des clochers
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| Culture de la coopération synergique où l'on s'entraide  main dans la main
 +
| Patrimoine de l'humanité, 100 % licence libre, simple et fiable
 +
|-
 +
! Les « weblog » ou « blogs »
 +
| Aucun leader, nombreuses plates-formes
 +
| Court, moyen terme
 +
| Faible qualité des contenus
 +
| Encourage l'interaction libre par le biais de commentaires
 +
| Journal de bord avec articles chronologiques
 +
|-
 +
! Les réseaux sociaux
 +
| Facebook
 +
| Court, moyen terme
 +
| Société de spectacle
 +
| La distance n'est plus un problème
 +
| Parc public, marché de l'amitié, dès 13ans
 +
|-
 +
! Les « Instant » ou « micro-blogs »
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| Twitter
 +
| Très court terme
 +
| Dictature de l'immédiat
 +
| Outils « d'avis à la populace »
 +
| 144 caractères, style SMS, roi du mobile, alerte immédiate
 +
|}
 +
* Liste non exhaustive
 +
 
 +
==Discernement, engagement, accompagnement==
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Les inquiétudes engendrées par l'arrivée des médias sociaux ne sont pas illégitimes ; toute mutation s'accompagne de dérives, qu'il est souhaitable de détecter aussi précocement que possible. La plus spectaculaire de ces dérives est certainement la revente par Facebook, Twitter et Google de nos données personnelles, qui les conduit à bafouer notre vie privée au profit de leurs actionnaires et de leurs partenaires commerciaux. Les plus spéculatifs des médias sociaux n'en demeurent pas moins des outils d'alerte et de consolidation de l'interaction — de la culture de coopération synergique. À l'occasion des révolutions arabes de 2011, ils ont montré qu'ils pouvaient servir aussi les intérêts de la démocratie. En vérité, les opinions libres et initiatives multiples qui se déploient sur les médias participatifs n'existent que par la puissance de diffusion de ces réseaux.
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Réflexion et débat valent mieux que méfiance et repli. Il y a des garde-fous à mettre en place. Et il est en effet plus que jamais nécessaire d'exercer son discernement entre les différents médias sociaux, à l'utilité variable de l'un à l'autre. Les intentions de géants tels que Facebook ou Twitter sont ainsi très discutables. Pour (re)trouver confiance dans ce Web 2.0, le meilleur moyen est encore d'en devenir un acteur à part entière : les pionniers bienveillants sont légion, et disponibles. Au-delà de leur statut influent, ils ne demandent qu'à encourager leurs étudiants, leurs collaborateurs, leurs pairs, leurs employés à devenir des consomm'acteurs conscients, critiques, rigoureux, sensibles à l'origine de leurs sources, capables d'apprendre à jongler élégamment avec les risques et les opportunités rencontrés. En les accompagnant dans leurs premières contributions, ces « maîtres-passeurs » participent favorablement au développement personnel, social et professionnel de leurs émules.
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Les 100 000 contributeurs actifs de Wikipédia, dont une majorité de moins de vingt ans, attendent eux aussi à bras ouverts les nouveaux venus. Il faut citer également, parmi beaucoup d'autres bonnes adresses comme les réseaux sociaux éthiques tels que Diaspora<ref>http://diasporafoundation.org/</ref> ou Zen3<ref>http://www.zen3.net</ref>. Grâce aux modérateurs de blogs, aux créateurs de plateformes sociales éthiques, aux guides discrets et bienveillants qui aident à éviter les nouveaux pièges, l'espèce qui naît sous nos yeux ne manque pas d'accoucheurs de talent.
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==Slashdot.org et Linuxfr.org==
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Ces deux sites web, respectivement anglophone et francophone, ont été créés en 1997 et en 1998 pour traiter de l'actualité informatique. Ils ont la particularité de permettre aux utilisateurs de commenter librement les contenus publiés. Afin d'éviter tout abus, remarques fallacieuses ou trolls, ils utilisent un système d'autorégulation des usagers inscrits : à chacun d'entre eux est assigné un karma virtuel qui augmente lors de toute contribution améliorant la qualité du site et proposant des informations intéressantes. À l'inverse, le karma diminue si les commentaires sont jugés inutiles ou partiaux.
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Il s'agit là, probablement, de l'agora la plus raffinée, la plus démocratique et la mieux consciente des enjeux sociotechniques inhérents aux médias sociaux – avec Wikipédia. Méconnus du grand public, ce sont les membres de cette communauté qui font et défont les technologies en fonction de critères aussi technologiques qu'éthiques.
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==Compléments==
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===Splog===
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Le splog est au blog ce que le spam est au mail : un commentaire en général désagréable et inutile, posté sur un blog et pointant en direction d'un autre blog à but commercial et lucratif.
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=== Réseaux sociaux: 1, Pornographie: 0 ===
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Dans son best-seller ''Socialnomics'', Erik Qualman dévoile des statistiques impressionnantes relatives à l'utilisation d'Internet et des réseaux sociaux. Ainsi l'une d'elles révèle-t-elle que sur le Web, après des années de suprématie sans partage, la pornographie a été détrônée par… Facebook et ses frères. Ici, une vidéo à visionner pour en savoir davantage<ref>http://www.youtube.com/watch?v=x0EnhXn5boM&feature=player_embedded#at=57</ref>.
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=== ENCADRE : Deux mantras de la culture Web ===
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'''Publier tôt, mettre à jour souvent.'''
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<br>Il encourage à passer de l'idée qu'on doit attendre qu'une œuvre soit mûre pour la publier à l'idée qu'il est mieux de publier l'intention, de mentionner le degré de maturité d'une œuvre, et ainsi à obtenir des contributions dès le début.
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'''Briller ou disparaître.'''
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<br>Il encourage à toujours contribuer, ne pas perdre son engagement, ou accepter
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=== Sources et notes ===
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<references/>
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[http://fr.wikipedia.org/wiki/Blog Blog sur Wikipédia]
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[http://fr.wikipedia.org/wiki/Splog Splog sur Wikipédia]
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TAPSCOTT Don, Williams Anthony D., Wikinomics, Pearson Education France, Paris, 2007.
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Social Media Revolution 3 (4:15 version via Erik Qualman)
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[http://www.youtube.com/watch?v=x0EnhXn5boM&feature=player_embedded#at=57]
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Social Media Revolution 2 (sous-titrée français)
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[http://www.youtube.com/watch?v=dP-UxL3KADA]

Version actuelle datée du 11 août 2012 à 15:41

Communication, contribution, acteur, consommateur


Il était une fois …

L'homme n'a pas été créé avec Internet. Bien avant la naissance du réseau, il communiquait déjà avec ses semblables, de manière orale et en face à face. Ensuite il a créé le livre, la presse, le téléphone, la radio, la télévision. Mais dans le monde qui était alors le sien, les informations étaient rares, contrôlées par des minorités.

Le citoyen lambda pouvait certes, à l'occasion, donner son avis sur la marche du monde, lorsqu'une « enquête d'opinion », ou un sondage, entreprenait de le consulter — trop rarement, cependant, pour le responsabiliser et l'impliquer autant qu'il aurait pu le souhaiter.

Le numérique a tout bouleversé

Souvenez-vous de votre première vision du Web. Vous avez lu des pages d'information, comme on lit un livre. Vous avez traité des messages, comme on traite un courrier postal. Et peu à peu, vous avez compris que vous n'aviez pas affaire à un moyen de communication tout à fait comme les autres. De simple utilisateur d’un bureau de poste ou d'une vitrine de magasin virtuel, vous vous êtes senti devenir progressivement acteur.
Vous avez commencé à intervenir dans des forums.

  • À commenter des articles.
  • À évaluer des produits.
  • À définir les préférences de votre profil utilisateur au sein d'une communauté virtuelle.
  • À inviter tous vos amis sur un réseau social. À poster des annonces.
  • À proposer à la vente vos biens ou vos services.
  • À modifier une page créée par un autre internaute, par exemple sur Wikipédia.
  • Et à voir vos contributions affichées en temps réel sur une succession de sites-relais.

Le mot de passe pour entrer dans ce nouveau monde, c'est la contribution. En contribuant, vous avez pu découvrir des options sociotechniques réservées aux utilisateurs enregistrés : paramétrer le flux d'information, poster, modifier, catégoriser/tagger, relayer, modérer… C'est ainsi que les simples spectateurs ont pu devenir les acteurs de cette nouvelle société de l'information. C'est dans la même perspective de consomm'action qu'ont été imaginés les wikis, puis les blogs, les réseaux sociaux, les microblogs… toutes ces applications qui constituent ce que l'on appelle aujourd'hui les médias sociaux.

Ces médias sociaux ont des règles et des usages communs :

  • l'authentification,
  • la personnalisation,
  • la participation,
  • l'interaction,
  • la confrontation,
  • la modération,
  • l'autorégulation,
  • la combinaison.


Leur utilisation est instantanée, ouverte à la simultanéité, affranchie de toute autorité centrale et fort peu onéreuse. Le pouvoir citoyen est soudain à portée de clic. Une fois connecté au réseau des réseaux, il est possible de créer son propre journal, de maintenir son public en haleine au gré d'un fil de discussion, d'interagir dans l'espace et le temps avec l'ensemble de son carnet d’adresse, de contribuer, à son rythme, aux encyclopédies globales. Cette nouvelle culture de la consomm'action se propage comme un virus bénéfique, elle déferle comme une lame de fond. Et dans son élan, elle entraîne les anciens médias, invités à s'adapter à cette nouvelle manière de communiquer.

La participation aux médias sociaux est au cœur de la transformation de notre mode de fonctionnement et de pensée. Ce mode de production participatif optimise les compétences cognitives telles que la perception, le raisonnement, la conscience, le langage, l'intelligence et la transdisciplinarité. Il n'est pas question, pour autant, de faire preuve d'angélisme : de nouveaux risques sont apparus, des pièges inédits jusqu'alors ont émergé. De fait, les médias sociaux magnifient la diversité culturelle, sans autre limite que notre conscience, avec ses qualités et ses faiblesses. Ils représentent à la fois une nouvelle source d'information et un espace d'expression libre par excellence, où se côtoient politiciens, artistes, commerçants…, toutes générations et origines confondues : la multiplicité des motivations à publier sur le Web explique le nombre des publications qui y fourmillent.

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Au sein de ces écosystèmes numériques, la force d'un projet ne procède plus de son concept originel mais de la quantité et de la qualité des acteurs concernés, et de leurs contributions.
Ainsi un étudiant nourri par cette culture de consomm'action, exercé à chatter avec ses camarades, à commenter les résultats sportifs sur un forum dédié ou à corriger telle ou telle imprécision sur une page Wikipédia, supportera de plus en plus difficilement de devoir rester assis dans une salle de cours à suivre un programme prédéfini : impossible pour lui de picorer ça et là comme il en a l'habitude et de faire la démonstration de sa force de contributeur. Inversement, quelqu'un qui n'aura appris à réfléchir et à disserter que sur les bancs de l'école se trouvera aussi déconcerté face à une page Wikipédia, effrayé par les barrières psychologiques et neurolinguistiques du moindre chat virtuel : quand on a été programmé pour recevoir un cadre donné, établi par d'autres, l'idée qu'on peut désormais le cocréer soi-même ne vient pas spontanément à l'esprit.

Pour désigner ceux, de plus en plus nombreux, qui aspirent à voir leur nouvelles connaissances légitimées, on parle de prosommacteurs (Toffler, puis Tapscott), d'autres des nétocrates (Wired ; Bard & Söderqvist) ou encore des utilis'acteurs (Rousseau & Bondolfi) ou webacteurs (Pisani). Chacun de ces termes indiquent clairement que les médias numériques ne se contentent pas de s'adresser à l'ensemble de la société : ils sont sa création — son œuvre.

Le symbole du Web 2.0

La transition technologique d'un Web statique, alias Web 1 vers un web dynamique - Web 2 - s'est produite dans le tournant des années 2000. Pour symboliser la maturité naissante de cette culture web participative, Tim O'Reilly, auteur d'ouvrages consacrés à la culture informatique libre, a été le premier à diffuser l'expression « Web 2.0 » (en 2005). Elle a été progressivement déclinée dans tous les domaines et désigne aujourd'hui le changement culturel qu'un Internet dynamique et participatif est à même d'apporter aux sociétés humaines : la gouvernance 2.0.

Le siècle de l'inform'action

En 2011, le Web a eu vingt ans. Fort de ses centaines de millions de forums, wikis, blogs, réseaux sociaux , microblogs instantanés, il justifie qu'on parle désormais de Webosphère. Google, Facebook, Twitter et Wikipédia en sont les planètes les plus célèbres. Peuplé de centaines de milliards d'articles et de billions de champs différents (titre, corps de message, pièces jointes, images, nombre de visiteurs, notes…), le Web est le cœur où convergent tous les outils numériques qui possèdent une interface ouverte, standardisée en libre accès et accessible par l'ensemble des outils existants — smartphone, tablette, ordinateurs…
Les sites les plus intéressants sont ceux où il est possible d'interagir en commentant, modifiant, ajoutant textes ou images à la matière présente. Un site d'achat/vente entre particuliers qui ne proposerait pas de commentaires participatifs évaluant le produit, le vendeur, voire l'acheteur, aurait du mal à asseoir sa crédibilité. Il en irait de même d'un blog indépendant qui publierait un scoop sans s'ouvrir aux commentaires et aux sources alternatives.

Par ailleurs, si la prédominance des médias sociaux semble désormais incontestable, la qualité de leurs contenus n'est pas encore systématique, loin s'en faut. Les fôtes d'ortograffe et 1 syntaxe maladroite issue le plus souvent du langage SMS sont fréquentes. C koi ton pb ? Leur imperfection actuelle pourrait conduire à rejeter en bloc les nouveaux médias, en vertu de leur manque de rigueur et de professionnalisme. Mais il y a là également matière à saluer l’effacement progressif des barrières entre le métier de journaliste et la fonction de communicateur : l'éveil possible d'une citoyenneté vraiment active.

Le débat est on ne peut plus actuel. Il engage notamment la corporation journalistique, détentrice du quatrième pouvoir, qui admet difficilement que les médias sociaux sont des médias à part entière et seront peut-être, demain, les médias de référence. Il est permis de se demander si les journalistes qui ne reconnaissent pas les blogueurs comme leurs pairs ne tendent pas à reproduire le modèle de toutes les corporations dépassées par les ruptures technologiques. Ainsi la corporation des chauffeurs automobiles, au début du XXe siècle, ne comprenait-elle pas qu'un simple quidam puisse aspirer à prendre lui-même le volant de sa voiture pour se rendre au travail.

Parmi les autres effets pervers propres au développement des médias sociaux, la dictature de l'immédiat, la société de spectacle et la guerre de clochers sont le plus souvent mises en avant. Autant de pièges à éviter sur le chemin de la consomm'action. Déclencheurs de passions, le Web 2.0 n'en finit pas de susciter fascination et répulsion.

Social media : blogs, wikis et autres consomm'actions
Leaders dans le domaine Durée de vie de l'information (tendance générale) Effets pervers* Effets positifs* Spécificités
Les wikis Wikimedia et son projet phare Wikipédia Moyen, long terme avec de nombreuses possibilités de modifications comme la mise à jour, le retour à une version précédente… Guerre des clochers Culture de la coopération synergique où l'on s'entraide main dans la main Patrimoine de l'humanité, 100 % licence libre, simple et fiable
Les « weblog » ou « blogs » Aucun leader, nombreuses plates-formes Court, moyen terme Faible qualité des contenus Encourage l'interaction libre par le biais de commentaires Journal de bord avec articles chronologiques
Les réseaux sociaux Facebook Court, moyen terme Société de spectacle La distance n'est plus un problème Parc public, marché de l'amitié, dès 13ans
Les « Instant » ou « micro-blogs » Twitter Très court terme Dictature de l'immédiat Outils « d'avis à la populace » 144 caractères, style SMS, roi du mobile, alerte immédiate
  • Liste non exhaustive

Discernement, engagement, accompagnement

Les inquiétudes engendrées par l'arrivée des médias sociaux ne sont pas illégitimes ; toute mutation s'accompagne de dérives, qu'il est souhaitable de détecter aussi précocement que possible. La plus spectaculaire de ces dérives est certainement la revente par Facebook, Twitter et Google de nos données personnelles, qui les conduit à bafouer notre vie privée au profit de leurs actionnaires et de leurs partenaires commerciaux. Les plus spéculatifs des médias sociaux n'en demeurent pas moins des outils d'alerte et de consolidation de l'interaction — de la culture de coopération synergique. À l'occasion des révolutions arabes de 2011, ils ont montré qu'ils pouvaient servir aussi les intérêts de la démocratie. En vérité, les opinions libres et initiatives multiples qui se déploient sur les médias participatifs n'existent que par la puissance de diffusion de ces réseaux.

Réflexion et débat valent mieux que méfiance et repli. Il y a des garde-fous à mettre en place. Et il est en effet plus que jamais nécessaire d'exercer son discernement entre les différents médias sociaux, à l'utilité variable de l'un à l'autre. Les intentions de géants tels que Facebook ou Twitter sont ainsi très discutables. Pour (re)trouver confiance dans ce Web 2.0, le meilleur moyen est encore d'en devenir un acteur à part entière : les pionniers bienveillants sont légion, et disponibles. Au-delà de leur statut influent, ils ne demandent qu'à encourager leurs étudiants, leurs collaborateurs, leurs pairs, leurs employés à devenir des consomm'acteurs conscients, critiques, rigoureux, sensibles à l'origine de leurs sources, capables d'apprendre à jongler élégamment avec les risques et les opportunités rencontrés. En les accompagnant dans leurs premières contributions, ces « maîtres-passeurs » participent favorablement au développement personnel, social et professionnel de leurs émules.

Les 100 000 contributeurs actifs de Wikipédia, dont une majorité de moins de vingt ans, attendent eux aussi à bras ouverts les nouveaux venus. Il faut citer également, parmi beaucoup d'autres bonnes adresses comme les réseaux sociaux éthiques tels que Diaspora[1] ou Zen3[2]. Grâce aux modérateurs de blogs, aux créateurs de plateformes sociales éthiques, aux guides discrets et bienveillants qui aident à éviter les nouveaux pièges, l'espèce qui naît sous nos yeux ne manque pas d'accoucheurs de talent.

Slashdot.org et Linuxfr.org

Ces deux sites web, respectivement anglophone et francophone, ont été créés en 1997 et en 1998 pour traiter de l'actualité informatique. Ils ont la particularité de permettre aux utilisateurs de commenter librement les contenus publiés. Afin d'éviter tout abus, remarques fallacieuses ou trolls, ils utilisent un système d'autorégulation des usagers inscrits : à chacun d'entre eux est assigné un karma virtuel qui augmente lors de toute contribution améliorant la qualité du site et proposant des informations intéressantes. À l'inverse, le karma diminue si les commentaires sont jugés inutiles ou partiaux.

Il s'agit là, probablement, de l'agora la plus raffinée, la plus démocratique et la mieux consciente des enjeux sociotechniques inhérents aux médias sociaux – avec Wikipédia. Méconnus du grand public, ce sont les membres de cette communauté qui font et défont les technologies en fonction de critères aussi technologiques qu'éthiques.

Compléments

Splog

Le splog est au blog ce que le spam est au mail : un commentaire en général désagréable et inutile, posté sur un blog et pointant en direction d'un autre blog à but commercial et lucratif.

Réseaux sociaux: 1, Pornographie: 0

Dans son best-seller Socialnomics, Erik Qualman dévoile des statistiques impressionnantes relatives à l'utilisation d'Internet et des réseaux sociaux. Ainsi l'une d'elles révèle-t-elle que sur le Web, après des années de suprématie sans partage, la pornographie a été détrônée par… Facebook et ses frères. Ici, une vidéo à visionner pour en savoir davantage[3].

ENCADRE : Deux mantras de la culture Web

Publier tôt, mettre à jour souvent.
Il encourage à passer de l'idée qu'on doit attendre qu'une œuvre soit mûre pour la publier à l'idée qu'il est mieux de publier l'intention, de mentionner le degré de maturité d'une œuvre, et ainsi à obtenir des contributions dès le début.

Briller ou disparaître.
Il encourage à toujours contribuer, ne pas perdre son engagement, ou accepter

Sources et notes

Blog sur Wikipédia

Splog sur Wikipédia

TAPSCOTT Don, Williams Anthony D., Wikinomics, Pearson Education France, Paris, 2007.

Social Media Revolution 3 (4:15 version via Erik Qualman) [1]

Social Media Revolution 2 (sous-titrée français) [2]