La transition vers la durabilité : Différence entre versions
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François, un des co-fondateurs de la Smala, a dit ce proverbe un soir : « Il y a des choses qu'on perd, il y en a d'autres qu'on récupère, c'est ça la vie communautaire ». Ce proverbe l'illustre bien. | François, un des co-fondateurs de la Smala, a dit ce proverbe un soir : « Il y a des choses qu'on perd, il y en a d'autres qu'on récupère, c'est ça la vie communautaire ». Ce proverbe l'illustre bien. |
Version du 22 septembre 2013 à 18:38
Sommaire
1996. Le premier d'une longue série de gros déménagements
Le 22 mai, c'est l'inauguration du Chapitô. Après le Labyrinthe, nous venons de rebondir à la place du Château. C'est un mini-Flon à part entière, avec une centaine d'artisans et d'artistes dans deux gigantesques bâtiments, un lieu de créativité qui fera date à Lausanne. Tir Groupé n'en occupe qu'une petite partie, c'est déjà immense.
Pour stimuler un engagement de financement de diverses administrations publiques dont nous prolongions l'action, nous avions annoncé que nous allions passer la main à de nouveaux arrivants, et qu'il était nécessaire d'assurer la « professionnalisation » du lieu pour qu'il perdure. Ils sont venus : les représentants des exécutifs du canton de Vaud et de la commune de Lausanne se sont assis à la même table, pour parler d'avenir. Ils se sont engagés à financer une expérience pilote avec l'équivalent de postes à plein temps. Chapeau. C'est un acte rare. C'est une nouvelle étape pour l'avenir.
Le comité initial passe donc la main, en laissant un beau patrimoine : trois maisons avec des contrats longue durée, des subventions annuelles de la ville de Lausanne et du canton suffisantes pour l'équivalent de deux postes à plein temps, une liberté de ton et des résultats solides. De plus, nous formions intra-muros un service d'aide à l'insertion de demandeurs d'emploi, qui a eu beaucoup de succès.
Mais le nouveau comité de Tir Groupé n'a pas suffisamment d'expérience, les erreurs se cumulent. Au lieu de mandater des entrepreneurs indépendants, ils emploient des animateurs, plus aptes à se réaliser eux-mêmes qu'à appuyer les porteurs de projets. Ce comité se déconnecte progressivement des diverses sphères sociétales (intergénérationnelles, interculturelles, interprofessionnelles). Il perd la confiance des autorités et réduit l'activité. Il se coupe aussi des fondateurs de l'équipe initiale. Un des leaders, Pierre-Yves Studer, meurt tragiquement d'un accident de la route. C'est l'implosion, la valse entre l'entre-déchirement et la bastringue débridée. Les voisins se plaignent des nuisances. La presse dénonce la gabegie. Les baux sont résiliés l'un après l'autre. C'est un échec. Tout est perdu, surtout les fonds annuels et la confiance des fournisseurs et partenaires privés (associations, PME...) réunis par l'équipe initiale. Cette dernière décide que c'est un esprit qui mérite de perdurer, et accepte de tout recommencer à zéro. Nous en tirons d'importants enseignements sur l'art d'incuber en douceur pour éviter les faillites d'entreprise, qu'elle soit avec ou sans but lucratif.
Nouveau nom : Smala
En 1997 est créée Smala, qui reprendra l'histoire et assure depuis lors sa pérennité. Smala signifie famille élargie, tribu. C'est aussi le nom donné aux résistants face aux colons. La Smala est pour nous comme une capitale itinérante d'esprits libres, une fédération d'entrepreneurs sociaux en mouvement face à la société de surconsommation.
1997 donc : nouveaux lieux, nouvelles activités, et toujours le même fil rouge. On démarre rue de Chandieu, avec une maison, puis vite deux, trois…
On lance Tricycle : 1500 m² d'ateliers créatifs, une école du terrain, un lieu qui va évoluer sur 8 ans.
Voici ce qu'en relate Christophe Fovanna dans Le Journal de Genève, en novembre 1997 :
« Dans un immeuble de quatre étages, de jeunes professionnels travaillant dans les domaines de la danse, du rap et de l’image, offriront à d’autres jeunes la possibilité d’une “formation culturelle”. Ouverture officielle des lieux samedi, dès 18 heures.
« Le projet s’inscrit dans une logique d’“école du terrain”. “Ce lieu est un centre de formation culturelle qui a son utilité aussi bien avant, que parallèlement ou après une école”, explique Théo Bondolfi (que les Lausannois connaissent déjà pour avoir été notamment l’un des initiateurs de l’Association Tir Groupé, dont Tricycles est une sorte de prolongement). “Ce n’est plus seulement un lieu pour les copains, ajoute-t-il, mais un lieu pour les meilleurs : nous visons un nivellement par le haut !” »
En juillet 1999, le premier film produit sur nos activités fait grand succès : nous redonnons vie à la Voile d'or. Sous le titre « Toutes voiles dehors », Jacqueline Favez écrit dans le quotidien 24Heures :
« Ils ont réussi! Après plusieurs mois de démarches, les jeunes de l’Association la Smala ont décroché un contrat de confiance leur permettant d’occuper La Voile d’Or à Lausanne-Vidy. Le célèbre bâtiment construit pour l’Expo de 1964, à l’abandon depuis environ quatre ans, va donc revivre. Et plutôt deux fois qu’une ! En effet, la Smala prévoit d’atteindre progressivement un taux d’ouverture des locaux de 100 %, en accueillant des clients à la buvette extérieure aux heures où d’autres sortiront encore de l’espace consacré à l’animation nocturne.
« Un fantastique défi qui va être relevé dans l’urgence puisque l’inauguration est agendée à vendredi soir, soit à peine une semaine après la signature du contrat.»
A nouveau, l'initiative porte ses fruits : nous faisons une offre de rachat. Ironie du sort, le bâtiment est racheté par… les patrons du MAD. On reste en bons termes, et on poursuite à Tricycle, ruche créative par excellence. On y incube notamment Ynternet.org, qui va progressivement devenir un des leaders mondiaux spécialisés dans un domaine aussi pointu scientifiquement qu'essentiel pour le projet Ecopol à venir : l'internet solidaire, le bien commun dans notre société dite de l'information. Les ruches créatives permettent d'y attirer les pointures mondiales de ce domaine peu connu, et pourtant qui nous concerne au quotidien. Avec Ynternet.org, les co-fondateurs de Tir Groupé appuient des projets de coopération Nord/Sud, et aident des ONG en Afrique francophone, soutenus par l'agence Intergouvernementale de la francophonie.
Marie-Jane Berchten est nommée déléguée de la Suisse au Forum mondial de la Jeunesse du système des Nations Unies. Alors que la Suisse n'est pas encore officiellement membre de l'ONU, la voilà à Dakar en été 2001, avec le droit de vote pour faire avancer les droits des jeunes dans le parlement mondial. Fort d'un engagement sur le plan local, nous cumulons les participations à de grands forums mondiaux. Théo Bondolfi est nominé par l'UNESCO parmi 3 000 candidats « jeunes entrepreneurs sociaux hors du commun », et fait partie des 60 sélectionnés pour un programme de formation d'une année qui est une équivalence au master. Nous offrons un stage de formation à Barbara Steudler, qui fait ses premières armes dans la créativité socio-environnementale, ce qui l'aidera à développer par la suite l'association Nice Future, en compagnie de Vincent Girdardin (ancien vice-président de Tir Groupé).
2003-2004 : dissolution de Tir Groupé, reprise officielle par Smala
Après s'être réduit comme une peau de chagrin, Tir groupé part en faillite. Théo Bondolfi reçoit chez lui les actes de poursuite pour non-paiement des charges sociales des salaires, car son nom était resté comme employeur officiel, dû à un oubli du nouveau comité...
François, un des co-fondateurs de la Smala, a dit ce proverbe un soir : « Il y a des choses qu'on perd, il y en a d'autres qu'on récupère, c'est ça la vie communautaire ». Ce proverbe l'illustre bien.
Smala donc va reprendre le flambeau des activités dans l'esprit d'origine de Tir Groupé, avec quatre des fondateurs initiaux : Mariette Glauser, Marie-Jane Berchten, Johana Raphael et Théo Bondolfi. Viendront ensuite se former dans le comité notamment Gwenael Groppetti, Noémie Verdon et Jérémie Tinturier. Des jeunes à l'avenir prometteur.
2003-2004 : dissolution de Tir Groupé, reprise officielle par Smala
Après s'être réduite comme peau de chagrin, Tir groupé part en faillite. Théo Bondolfi reçoit chez lui les actes de poursuite pour non-paiement des charges sociales des salaires, car son nom était resté comme employeur officiel, dû à un oubli du nouveau comité...
François, un des co-fondateurs de la Smala, a dit ce proverbe un soir : « Il y a des choses qu'on perd, il y en a d'autres qu'on récupère, c'est ça la vie communautaire ». Ce proverbe l'illustre bien.
Smala donc va reprendre le flambeau des activités dans l'esprit d'origine de Tir Groupé, avec quatre des fondateurs initiaux : Mariette Glauser, Marie-Jane Berchten, Johana Raphael et Théo Bondolfi. Viendront ensuite se former dans le comité notamment Gwenael Groppetti, Noémie Verdon et Jérémie Tinturier. Des jeunes à l'avenir prometteur.
Dès 2005 : nouvelles maisons Smala
Reprise de la gestion de nombreuses maisons prêtées ou louées temporairement à Smala, certaines avec des gros travaux, mais toujours sur des durées courtes. Difficile d'installer durablement nos activités dans ces conditions.
Parallèlement, la qualité et la quantité de parrains et partenaires de Smala se renforcent. Signalons par exemple l'appui remarquable d'Albert Jacquard, actif sur tant de causes. Nous voilà invités à présenter notre démarche à Pierre Rabhi et aux coordinateurs locaux du mouvement des Colibris.