Smala visite des écolieux et s'en inspire : Différence entre versions

De Wiki ECOPOL
Ligne 1 : Ligne 1 :
''écolieux, Forte Petrazza, Artamis, Piracanga, la Friche de Belle de Mai, Torri Superiore, Auroville, Findhorn, Damanhur, Smala ''
+
''écolieu, écovillage, Forte Petrazza, Artamis, Piracanga, la Friche de Belle de Mai, Torri Superiore, Auroville, Findhorn, Damanhur, Smala.''
 
----------------------
 
----------------------
 
Dans les actes 2 et 3, on fait un tour du monde des initiatives, pas seulement à partir de nos lectures, mais aussi et surtout à partir de nos expériences pratiques. Voici quelques exemples concrets de lieux qui nous ont inspiré.
 
Dans les actes 2 et 3, on fait un tour du monde des initiatives, pas seulement à partir de nos lectures, mais aussi et surtout à partir de nos expériences pratiques. Voici quelques exemples concrets de lieux qui nous ont inspiré.

Version du 14 janvier 2014 à 15:08

écolieu, écovillage, Forte Petrazza, Artamis, Piracanga, la Friche de Belle de Mai, Torri Superiore, Auroville, Findhorn, Damanhur, Smala.


Dans les actes 2 et 3, on fait un tour du monde des initiatives, pas seulement à partir de nos lectures, mais aussi et surtout à partir de nos expériences pratiques. Voici quelques exemples concrets de lieux qui nous ont inspiré.

Dans les friches, à Forte Petrazza en Italie, qui fut un grand fort longtemps contrôlé par la mafia, on a vu que la récupération de lieux qui avaient été sous la coupe des organisations criminelles constituait un bon terreau pour faire refleurir des initiatives citoyennes, puisque ça ne pouvait pas être pire... Cela a suscité beaucoup d’espoir et laisse la porte ouverte à de nombreux possibles.

Dans la friche industrielle de La Belle de Mai à Marseille, on a pu constater l’importance d’avoir des incubateurs officiels, qui accompagnent les projets d’innovation et de créativité, que ce soit au niveau social, environnemental ou artistique, qui les mettent en réseaux, et qui facilitent les espaces et les dynamiques de coopération.

En 1997, on a participé à l’expérience d’Artamis à Genève, une grande friche industrielle squattée par divers collectifs et artistes jusqu'en 2008 environ. On a essayé d'y développer la coopération interne, sans succès. Cela a attiré notre attention sur le danger de cloisonnement progressif des artistes et artisans, qui deviennent vite méfiants lorsqu’il n’y a pas de volonté de l’État, dès le début, de soutenir, d’incuber, et d’accompagner la qualité d'un lieu innovant. Artamis nous semble finalement n’avoir favorisé qu’un environnement de provisoire qui dure, avec bien sûr quelques activités merveilleuses, mais globalement basé sur une écoute faible, une absence de règles cohérentes, et des responsables qui ne pouvaient pas être légitimes, au vu du terreau d’anarchie qu’alimentait l'absence de soutien de l'Etat aux débuts. On a constaté les déviances que ça a généré en matière de conflit entre les usagers et les responsables des lieux, en matière de zone de non droit et plus largement de démotivation des personnes bienveillantes. Ces dernières se cassaient les dents sur des problèmes structurels, liés à des conditions défavorables de gestion. Rien n’était mis par écrit, ça compliquait les relations...

Nous avons observé des points communs, toutes proportions gardées, à Piracanga au Brésil. C'est un écovillage magnifique au bord de mer, dédié au développement humain, créé par des pionniers des thérapies alternatives. C'est le seul lieu au monde, à notre connaissance, où plusieurs centaines de personnes du monde entier vivent non seulement avec une autonomie électrique à 100%, mais aussi avec une activité de formation... Depuis 2006, plusieurs membres de Smala y apportent une participation relativement active dans le développement du tourisme, le coaching, le développement de micro-projets, l'appui à quelques initiatives du lieu. Ce sont un couple et quelques amis qui ont créé Piracanga. Ils ont supervisé la construction d'une soixantaine de maisons. En 2013, entre 200 et 500 habitants y vivaient, une population qui varie selon le moment de l’année. Malgré l'ambiance paradisiaque, là aussi, l’absence de règles mises par écrit n'encourage pas les gens à s'impliquer activement, à développer des micro-entreprises. Autrement dit, à innover réellement. Parce que, comme beaucoup de choses sont informelles, comme il n’y a pas une culture d’incubation des micro-projets, chacun reste dans son coin. Les plus solidaires ont du mal à s’investir pleinement.

En prenant du recul, on a aussi constaté que vu que l'écologie communautaire reste, par méconnaissance, liée à l'image des hippies (les préjugés ont la vie longue), il est souvent difficile de générer des revenus sur place, sauf... si le lieu est bien situé : plage, confort. L'emplacement peut constituer un réel avantage pour le développement d'activités à vocation touristique. Si un père de famille veut suivre un stage d'une semaine dans un écolieu, il arrivera plus facilement à convaincre sa famille de le suivre si le lieu offre aussi un accès à la mer, à des activités sportives ou artistiques. Les stages ou offres touristiques deviennent ainsi des portes d'entrées pour s'immerger quelques jours dans un écolieu en adoptant les us et coutumes des habitants, pour vivre de l’intérieur l'écologie communautaire. C'est la même chose dans les petites ruches de Smala.

A Torri Superiore, en Italie, avec qui on a un chouette lien d’amitié depuis de nombreuses années, on a vu à quel point le fait d’avoir des foyers indépendants pour les familles facilitait la dynamique communautaire. Cela permet de mieux apprécier la vie en communauté, de choisir et non pas subir la communauté. Torri est une grande maison d'une trentaine de foyer avec plus de 100 pièces au total. C'est un lieu construit au moyen-âge, par un père de famille qui a offert un logement à chacun de ses enfants, de ses petits-enfants, jusqu'à arriver à cette construction étonnante.

On a aussi vu qu’à Torri Superiore, les habitants participaient à la vie de la localité, notamment en s'engageant comme pompiers, et qu'à ce titre, la communauté était bien intégrée. Cette ouverture à l'extérieur créait un climat de confiance et de collaboration avec les autres villageois. Le fait de rendre service à sa localité, à sa région, favorise une très bonne dynamique d’intégration d’un projet pionnier dans une région.

A Auroville, l’écolieu d’écologie profonde le plus grand, nous avons retenu plusieurs enseignements : l’indépendance législative et exécutive d’Auroville semble être un gros avantage. Les résidents peuvent développer des projets en faisant leurs propres choix sur l’aménagement du territoire, sur la gouvernance entre police préventive et répressive. Ils peuvent s’autogérer en profondeur.

En revanche, la cité a une grosse épine dans le pied : c'est de voir sur son terrain (qui fait environ 10 kilomètres carrés), de très petites enclaves dont elle ne possède pas la gestion. Là s’entassent des habitants de la région. Des Indiens qui viennent en quête de travail parce qu’ils ont le réflexe de se dire : « Tiens, parmi les 1 800 Aurovilliens, il y en a une bonne partie de culture occidentale et donc il y a moyen de se faire de l’argent ».

L’installation de ces gens qui ne sont pas motivés par la même intention que les Aurovilliens empêche la mixité de se créer. Il y a, de ce fait, un choc culturel permanent entre habitats reflétant des choix de vie écologique et puis tout à coup, à quelques centaines de mètres, « bof », une petite maison avec un autre mode de vie. Ce phénomène rend la cohérence du message très difficile à percevoir.

Les habitants d'Auroville ont commencé à construire un peu partout, à gauche et à droite, mais ils n’ont jamais réussi à mettre en oeuvre leur plan urbanistique initial. Ils se retrouvent avec un ver dans le fruit: ces multiples villages entraînent une dispersion des énergies et de la communication. Cela aggrave aussi l’impact sur la biodiversité. Tous ces petits lieux, au final, compliquent la dynamique du groupe et l’interaction entre l’homme et la nature. Par exemple : les Aurovilliens ont pris l’habitude d’aller d’un endroit à l’autre en moto, ce qui pollue pas mal, même s’il y en a aussi qui prennent le vélo. Au final, il n’y a pas un habitat dense et compact, plus cohérent pour un lieu durable. Ils ont manqué de fermeté au début et, aujourd'hui, ils en paient le prix.

A Damanhur enfin, en Italie, on a pu voir qu’on peut créer une dynamique de groupe suffisante pour que les habitants de la partie écolieu d’un village soient élus à la mairie. On peut présider à la destinée d'une commune de manière consensuelle avec des personnes qui n’ont pas fait le choix d’une vie écologique. Une approche mixte, collaborative, entre communautés intentionnelles et habitants individualistes est tout à fait possible.

Parmi les autres surprises du lieu : on a découvert un supermarché avec uniquement des produits locaux ; on a aussi remarqué que la commune avait interdit la cigarette dans les lieux publics, chacun faisant comme bon lui semble chez lui.

On a enfin vu à Damanhur, et plus largement dans de nombreux écolieux anthroposophes, que le fait d’accueillir et de fournir des prestations pour des seniors, ou des personnes en situation de handicap, pouvait générer un revenu honnête et utile. Il s'avère important de prendre en compte le double intérêt de mixité sociale et de durabilité socio-économique.

La dernière chose qu’on peut retenir est que, si les lieux comme Auroville, Findhorn et Damanhur, mettent beaucoup en avant l’aspect spirituel, on n'y a jamais subi de prosélytisme de type « viens participer à un rituel » ou « paie pour visiter un de nos monuments religieux ». Au contraire, la spiritualité y est pratiquée de manière plutôt modérée et relativement œcuménique. Ce n’est pas du tout quelque chose qui est mis en avant, on n’est pas dans une situation sectaire et donc ça nous a aussi motivé.

On a aussi bien sûr visité des villes écologiques, et on s’est immergé au sein de peuples premiers. Concrètement, on a même des membres qui ont une histoire de vie de type ancestral, comme la trésorière de l’association Smala qui a vu pour la première fois des éléments de base de la civilisation occidentale comme l’école ou les supermarchés vers la fin de l’adolescence, vers 17-18 ans. Avant, elle vivait dans un environnement où il y avait uniquement la nature, l’agriculture, le lien avec la terre. Elle a pu ensuite faire des études universitaires et donc, elle a un pied des deux côtés.
On a de nombreux membres qui font ces expériences en s’immergeant dans des lieux très naturels où il n’y a pas de civilisation moderne, qui se déconnectent pour de la méditation, pour des marches. On a par exemple un cohabitant qui a un statut d’avocat au Barreau du canton de Vaud et qui en même temps a fait des marches décroissantes, en allant de la Suisse à Rome à pied pour réfléchir à son avenir. On a même des membres et sympathisants qui, après avoir visité des écovillages avec nous, sont partis au Népal à pied avec un chien et deux ânes... Ce sont des sources d’inspiration pour nous, ça nous connecte avec les écolieux et la qualité de vie.