Les médias sociaux éthiques : Différence entre versions

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''Réseaux sociaux, Facebook, Linkedin, Big Brother, bases de données, information, vie privée, privatisation, éthique.''
 
 
Réseaux sociaux, Facebook, Linkedin, Big Brother, bases de données, information, vie privée, privatisation, éthique.
 
  
 
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== Réseaux sociaux : pourquoi?... ou plutôt comment? <ref>http://mattmckeon.com/facebook-privacy/ </ref> ==
 
== Réseaux sociaux : pourquoi?... ou plutôt comment? <ref>http://mattmckeon.com/facebook-privacy/ </ref> ==
  
Plus de 50% de la population mondiale a moins de 30 ans en 2011. Et selon les publications de l'états-unien Eric Qualman sur la [http://socialnomics.net/ Socialnomics], référence dans son domaine, 96% des 25-30 ans ont déjà rejoint un réseau social. Que ce soit Facebook, Linkedin, Google+ ou des leaders dans leur région (Chine, Brésil) ou centre d'intérêt (carrière, banques d'images, amitiés...), ces ''médias sociaux'' comptent parmi les principaux symboles des changements de sociétés. Ils ont servi des causes comme la révolution des Jasmins qui a bouleversé la politique mondiale arabe. Ils ont détrôné la pornographie comme principal centre d'intérêt. Et partout sur terre, des pionniers de cet art de la communication sociale comme Qualman nous disent que ''la question n'est pas de savoir pourquoi nous devons s'engager ou non dans les médias sociaux, mais de savoir comment''. Au travail, à l'école, en famille, quelles clés de succès pour leur usage ? Comme toujours dans un nouveau média, opportunités et risques se côtoient. Comme le montre le schéma accessible par le lien ci-dessous, le leader du domaine, Facebook, n'a aucun scrupule à modifier progressivement ses conditions d'usage pour mettre nos informations sur la place publique et nous pousser ainsi à la consommation de liens sociaux dont la qualité est plus que discutable.
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En 2011, plus de 50% de la population mondiale a moins de 30 ans. Et selon Eric Qualman, dont l’ouvrage Socialnomics fait référence, 96% des 25-30 ans ont déjà rejoint un réseau social. Qu’ils enjambent les continents (Facebook, Linkedin, Google+), irriguent une région émergente (Chine, Brésil) ou canalisent des centres d'intérêt spécifiques (carrière, banques d'images, amitiés...), les médias sociaux reflètent, accueillent, amplifient la plupart des changements sociaux contemporains. Ils se sont notamment trouvés au cœur des révolutions dites de jasmin, qui ont commencé à bouleverser le monde arabe. Ils ont aussi, en peu de temps, détrôné la pornographie comme principal centre d'intérêt des utilisateurs d’Internet. Les pionniers de la communication sociale tels qu’Eric Qualman assurent même aujourd’hui que la question n'est pas de savoir si et pourquoi il est nécessaire de s'engager dans les médias sociaux, mais comment...
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Au travail, à l'école, en famille, quelles sont les clés à posséder pour en faire le meilleur usage ? Comme à chaque surgissement d’un nouveau média, nouvelles opportunités et nouveaux risques se côtoient. Par exemple, ainsi que le montre le schéma accessible par le lien ci-dessous, le leader du secteur, Facebook, n'a aucun scrupule à modifier régulièrement ses conditions d'usage, de façon à livrer en place publique toutes les informations relatives à ses utilisateurs.  
  
 
== La fin de la vie privée ? ==
 
== La fin de la vie privée ? ==
  
Alors qu'en 2005 il fallait faire un acte rituel pour donner accès à une information, en 2011, par défaut, tout est public. Il faut faire l'effort de changer les préférences de son compte en privé. Plus grave, même si on supprime son compte, nos données sont conservées. Elles alimentent une grille de comportement humain détenues par la direction des mastodontes des réseaux sociaux en mains privées.
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En 2005, sur Facebook, pour autoriser le libre accès à une information d’ordre privé, il fallait avoir recours à une procédure spécifique ; en 2011, c’est le contraire : par défaut, tout est public. Si l’utilisateur souhaite conserver à une partie de ses informations leur caractère privé, il doit faire l'effort de changer les préférences de son compte. Mais même s’il supprime son compte, ses données seront conservées ! Elles alimenteront en l’occurrence la « banque de comportements humains » désormais administrée, de façon très privée, elle, par les responsables des réseaux sociaux.
 
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On lira à ce propos l’ouvrage édifiant de Francis Pisani et Dominique Piotet, "Comment le Web change le monde", dont voici un extrait adapté <ref> Pages 48-51, référence ISBN: 978-2-7440-6448-7 </ref> :
 
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''<br>Cela va si loin qu'Eric Schmidt, le directeur de Google, a laissé entendre, après d'autres, que la vie privée, c'était terminé. Même son de cloche chez Facebook, leader incontesté du domaine des réseaux sociaux, avec plus de 500 millions d'utilisateurs en 2011. Chaque changement des règles de fonctionnement y réduit les libertés privées. Les conditions générales d'utilisation stipulent que les utilisateurs acceptent d'abandonner leurs droits de transférer leurs données sur un autre réseau social, de migrer. Ils sont captifs. Fin 2010, Mark Zuckerberg, fondateur de Facebook, a dû reconnaître l’existence des problèmes de protection de la vie privée, sans véritablement proposer de solution. Résultat : à la suite du Quit Facebook Day (campagne mondiale pour quitter Facebook) du 31 mai 2010, aux Etats-Unis le nombre de nouveaux adhérents au réseau est brutalement passé de 8 millions (mai) à 320 000 (juin).''
Dans leur livre "Comment le Web change le monde", Francis Pisani et Dominique Piotet dressent un bilan bien contrasté, dont voici un extrait adapté <ref> Pages 48-51, référence ISBN: 978-2-7440-6448-7 </ref> :
 
  
Cela va si loin qu'Eric Schmidt le directeur de Google a laissé entendre, après d'autres, que la ''vie privée c'est terminé''. Même son de cloche chez Facebook leader incontesté du domaine  des réseaux sociaux, avec plus de 500 millions d'utilisateurs en 2011. Chaque changement des règles de fonctionnement y réduit les libertés privées. Les conditions générales d'utilisations stipulent que les utilisateurs acceptent d'abandonner leurs droits de transférer leurs données sur un autre réseaux social, de migrer. Ils sont captifs. Fin 2010, Mark Zuckerberg, fondateur de Facebook, a dû reconnaître les problèmes de protection de la vie privée, sans véritablement proposer de solution. Résultat : suite au ''Quit Facebook Day'' (campagne mondiale pour quitter Facebook) du 31 mai 2010. Le nombre de nouveaux adhérents aux USA est brutalement passé de 8 millions en mai 2010 à 320'000 en juin 2010.
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Dans un tel contexte, il est de plus en plus difficile de définir des limites entre vies privée et socioprofessionnelle. CV, photos, statuts, coordonnées, activités : doit-on se montrer prudent ou se livrer ouvertement? La réponse peut sembler évidente mais, dans une recherche de vitalité tant économique que citoyenne, il faut la formuler autrement: à qui profite le réseau? L'utilisation de ce réseau social sert-il les intérêts de la société ou ceux de ses éditeurs ?
  
Dans ce contexte, il est de plus en plus difficile de définir des limites entre vies privée et socioprofessionnel. CV, photos, statuts, coordonnées, activités, faut-il se montre prudent ou se lancer ouvertement? La question peut sembler évidente mais, dans une recherche de vitalité tant économique que citoyenne, il faut la formuler autrement: à qui profite le réseau? L'utilisation de ce réseau social sert-il les intérêts de la société ou ceux des éditeurs du portail?
 
  
 
== La privatisation de la société ? ==
 
== La privatisation de la société ? ==
  
Si les dérives de la mise à nu sont à dénoncer, elle sont à maints égards l'arbre qui cache une forêt de menaces plus grave pour notre démocratie : le GGG en mains privées. GGG pour Global Giant Graph. <ref> http://dig.csail.mit.edu/breadcrumbs/node/215 Décrit </ref> par le découvreur du web lui-même, Tim Berners-Lee, il s'agit en synthèse d'une nouvelle étape dans le développement du web où l'attention n'est plus focalisée sur l'information en réseau, mais sur une vision globale des centres d'intérêts de l'humanité. Une carte du trésor pour influencer l'opinion publique à tous les niveaux : commercial certes, mais aussi politique, éducatif... Et ceux qui seraient en passe de détenir cette carte ne sont autre que ceux à qui nous, internautes inconscients des risques collectifs, confions nos informations en acceptant quelles soient non seulement revendues, mais aussi analysées pour définir des tendances servant les intérêts de ceux qui ont les moyens d'acquérir ces tendances et les utiliser à leur guise. On se rapprocherait donc dangereusement d'un Big Brother dans lequel Orwell ne fait que pale figure. Mais comme le disait d'une certaine manière Bill Gates qui tremblait déjà dans les années 90 face à l'émergence des logiciels libres et de la culture de citoyenneté numérique qu'elle valorisait, ''le concurrent de demain est déjà à l'oeuvre dans son garage, et rien de l'empêchera de détrôner''. Le concurrent, dans ce web qui se transforme en GGG, c'est les internautes tous ensembles, qui prennent progressivement conscience de leur responsabilité pour conserver le savoir au rang de bien commun, comme l'air et l'eau.
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La mise à nu obligée est lourde de dérives, on l’a compris. Mais cette menace en cache d’autres, probablement plus graves encore. Parmi elles, le passage du GGG en mains privées. GGG, ou Global Giant Graph <ref> http://dig.csail.mit.edu/breadcrumbs/node/215 Décrit </ref>, tel que l’a baptisé (!!!) le découvreur du Web lui-même, Tim Berners-Lee, représente une nouvelle étape dans le développement d’Internet : l'attention n'y est plus focalisée sur l'information en réseau mais sur la vision globale des centres d'intérêt de l'humanité désormais offerte aux opérateurs indiscrets. La « carte » ainsi disponible est un instrument extraordinaire pour qui souhaite influencer l'opinion publique à tous les niveaux commercial, bien sûr, mais aussi politique, éducatif, moral.  
  
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Les détenteurs de cette carte décisive sont ceux à qui l’internaute inconscient des risques collectifs encourus confie aveuglément ses données personnelles. Il accepte ainsi que ces dernières soient non seulement revendues mais également analysées dans le moindre détail par des observateurs très intéressés. Le « Big Brother » imaginé par George Orwell dans « 1984 » n’est plus une créature littéraire.
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On se rassurera en songeant que la situation, dans le monde numérique, ne reste jamais longtemps figée. Bill Gates lui-même le constatait, dans les années 1990, quand il se trouvait confronté à l'émergence des logiciels libres et de la culture de citoyenneté numérique : le concurrent de demain est déjà à l'œuvre, dans son garage, et rien ne l'empêchera de détrôner ses prédécesseurs. Le nouveau concurrent possible, dans ce Web qui se transforme en GGG, rassemblera tous les internautes, s’ils prennent conscience de leur responsabilité collective dans la préservation du savoir parmi les biens communs, au même titre que l'air et l'eau.
  
 
== Apprendre par l'action, encore et toujours ==
 
== Apprendre par l'action, encore et toujours ==
  
En conclusion, nous avons suffisamment d'indices montrant n'y a pas besoin d'espérer un miracle pour que l'éthique apparaisse. Même si aujourd'hui la centralisation dans une base de données unique (comme celles de Google, Facebook ou Twitter) est incompatible avec la nature même du numérique, qui est fondamentalement décentralisé. Il est plus que probable que l'on assiste progressivement à l'interconnexion de nombreux réseaux sociaux "éthiques" respectant la vie privée des utilisateurs et favorisant la conscience de l'usage éthique dans les réseaux sociaux. Les consom'acteurs sont de plus en plus nombreux à s'engager dans cette culture numérique activement. Pourtant, le ''principe du 1%'' mis en valeur par Will Hill montre que, sur Internet, une part infime des utilisateurs contribue de façon proactive, 9% participent occasionnellement de façon opportuniste et 90% des observateurs ne contribuent jamais. <ref> http://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A8gle_du_1_%25 </ref>  
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Il existe d’ores et déjà de multiples indices qui laissent entrevoir cette réponse collective et éthique. La centralisation d’informations dans une base de données unique, comme celles de Google, Facebook ou Twitter, est de toute façon incompatible avec la nature même du numérique, fondamentalement décentralisé. Il est plus que probable que nous allons progressivement assister à l'interconnexion de réseaux sociaux « éthiques » respectant la vie privée des utilisateurs et favorisant leur « conscientisation » : les consom'acteurs sont de plus en plus nombreux à s'engager dans cette culture numérique active – même si le « principe du 1% » développé par Will Hill reste encore (provisoirement ?) valide ; d’après Hill, une part infime des utilisateurs d’Internet y contribue de façon proactive, 9% participent occasionnellement de façon opportuniste et 90% des internautes ne contribuent jamais. <ref> http://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A8gle_du_1_%25 </ref>  
  
Cette notion d'engagement individuel, de contribution et de mérite, de vigilance par la force de proposition, est la clé pour l'éthique dans les réseaux sociaux. Elle sert les intérêt de l'économie locale, de la vitalité démocratique, au-delà des clivages politiques ou sociaux. Et pour favoriser cet engagement, la recette n'a pas changé : formation à l'esprit critique, encouragement aux visions à long terme, au-delà des peurs, des incertitudes et des doutes. Les réseaux sociaux, comme la cuisine japonaise ou la conduite à gauche, cela ne peut s'apprendre que par l'action. et ne peut que servir les intérêts de notre travail, notre école de la vie et notre famille de coeur ou de sang.
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Cette notion d'engagement individuel, de contribution et de mérite, de vigilance par la force de proposition, est la clé d’un meilleur usage des réseaux sociaux. Elle sert les intérêts de l'économie locale et la vitalité démocratique, au-delà des clivages politiques ou sociaux. Pour favoriser cet engagement, la recette n'a pas changé : formation à l'esprit critique, encouragement aux visions à long terme, au-delà des peurs, des incertitudes et des doutes. Les réseaux sociaux, comme la cuisine japonaise ou la conduite à gauche, ne peuvent s'apprendre que par l'action.  
  
 
== Quelques réseaux sociaux éthiques <ref> Théo Bondolfi, Président de la fondation Ynternet.org </ref> ==
 
== Quelques réseaux sociaux éthiques <ref> Théo Bondolfi, Président de la fondation Ynternet.org </ref> ==
  
Ils existent. Ils ne sont pas parfaits, car l'éthique, cela se cultive, rien n'est jamais acquis.
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Ils existent. Ils ne sont pas parfaits, car l'éthique se cultive, s’entretient, ne tombe pas du ciel. La fondation d'intérêt public Wikimedia, qui gère Wikipedia, est le modèle le plus souvent cité en la matière – à juste titre. Au-delà de la seule encyclopédie, Wikimedia rassemble des dizaines de projets de numérisation de la culture mondiale (avec notamment la coopération de musées et d’institutions éducatives), menés par des millions de contributeurs, dont seulement une centaine de milliers de pionniers réellement impliqués. La fondation possède ses codes de conduites, ses forums, ses profils d'auteurs, ses traces de contributions, ses clubs et rencontres locales et globales en chair et en os qui tous concourent à construire un monde synergique.  
Tout d'abord la fondation d'intérêt public Wikimedia, qui gère wikipedia, Au-delà de la seule encyclopédie, ce sont des dizaines de projets de numérisation de la culture mondiale (images notamment, avec des musées, des écoles), menés par des millions de contributeurs, dont seulement une centaine de milliers de pionniers réellement impliqués. Elle possède ses codes de conduites, ses forums, ses profils d'auteurs, ses traces de contributions, ses clubs et rencontres locales et globales en chair et en os pour apprendre à construire un monde synergique. Ensuite de nombreux réseaux sociaux thématiques, qui constituent ce que l'on surnomme la ''longue traine''. Ce phénomène démontre que la somme des petits (dans le cas présent petits réseaux sociaux de quelques milliers ou millions d'utilisateurs) est égale voir supérieure à la sommes des 1 à 3 leaders du domaines (aujourd'hui Facebook, Google+ & Orkut, Linkedin). Ainsi des projets comme Diaspora aux USA ou les petits <ref> http://www.cooperation.net Cooperation.net et http://www.zen3.net Zen3 </ref> en francophonie, communautés virtuelles animées depuis 1998 par la fondation Ynternet.org, proposent des réseaux sociaux respectant la vie privée et évitant la concentration des pouvoirs, la publicité intrusive ou simplement se concentrant sur des services loyaux d'hébergement de sites personnels et de groupes, sans vices cachés. Une liste intéressante de ces petits réseaux est <ref> http://www.developpementdurable.com/economie/2011/04/A5920/la-nouvelle-vague-des-reseaux-sociaux-ethiques-et-solidaires.html disponible ici </ref>. A terme, il se pourrait bien qu'ils s'interconnectent et forment un réseau décentralisé dépassant l'attirance à court terme et créant la confiance dans le monde du travail, les écoles et les foyers. Techniquement, c'est plus que possible. Socialement, le temps parlera.
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Il existe également de nombreux réseaux sociaux thématiques, qui constituent ce que l'on surnomme la longue traîne : la somme des petits réseaux sociaux de quelques milliers ou millions d'utilisateurs est égale, voire supérieure, à la somme des quelques leaders du domaine (aujourd'hui Facebook, Google+, Orkut, Linkedin). Ainsi des projets comme Diaspora (Etats-Unis) ou certains petits réseaux francophones <ref> http://www.cooperation.net Cooperation.net et http://www.zen3.net Zen3 </ref>, communautés virtuelles animées depuis 1998 par la fondation Ynternet.org, proposent des réseaux sociaux qui respectent la vie privée de leurs utilisateurs et évitent la concentration des pouvoirs ou la publicité intrusive ; ces réseaux se concentrent sur des services loyaux d'hébergement de sites personnels et de groupes, sans vices cachés. On pourra consulter ici une première liste de ces petits réseaux <ref> http://www.developpementdurable.com/economie/2011/04/A5920/la-nouvelle-vague-des-reseaux-sociaux-ethiques-et-solidaires.html disponible ici </ref>. A terme, ils pourraient s'interconnecter et former un réseau décentralisé susceptible, au-delà de son intérêt immédiat, de participer à l’émergence d’une nouvelle forme de confiance envers le monde du travail, les écoles ou la famille. Cette interconnexion, sur le plan technique, est tout à fait réalisable. Le temps dira si elle est socialement nécessaire.
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==Sources et notes==
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Version du 21 septembre 2011 à 14:57

Réseaux sociaux, Facebook, Linkedin, Big Brother, bases de données, information, vie privée, privatisation, éthique.



Réseaux sociaux : pourquoi?... ou plutôt comment? [1]

En 2011, plus de 50% de la population mondiale a moins de 30 ans. Et selon Eric Qualman, dont l’ouvrage Socialnomics fait référence, 96% des 25-30 ans ont déjà rejoint un réseau social. Qu’ils enjambent les continents (Facebook, Linkedin, Google+), irriguent une région émergente (Chine, Brésil) ou canalisent des centres d'intérêt spécifiques (carrière, banques d'images, amitiés...), les médias sociaux reflètent, accueillent, amplifient la plupart des changements sociaux contemporains. Ils se sont notamment trouvés au cœur des révolutions dites de jasmin, qui ont commencé à bouleverser le monde arabe. Ils ont aussi, en peu de temps, détrôné la pornographie comme principal centre d'intérêt des utilisateurs d’Internet. Les pionniers de la communication sociale tels qu’Eric Qualman assurent même aujourd’hui que la question n'est pas de savoir si et pourquoi il est nécessaire de s'engager dans les médias sociaux, mais comment...

Au travail, à l'école, en famille, quelles sont les clés à posséder pour en faire le meilleur usage ? Comme à chaque surgissement d’un nouveau média, nouvelles opportunités et nouveaux risques se côtoient. Par exemple, ainsi que le montre le schéma accessible par le lien ci-dessous, le leader du secteur, Facebook, n'a aucun scrupule à modifier régulièrement ses conditions d'usage, de façon à livrer en place publique toutes les informations relatives à ses utilisateurs.

La fin de la vie privée ?

En 2005, sur Facebook, pour autoriser le libre accès à une information d’ordre privé, il fallait avoir recours à une procédure spécifique ; en 2011, c’est le contraire : par défaut, tout est public. Si l’utilisateur souhaite conserver à une partie de ses informations leur caractère privé, il doit faire l'effort de changer les préférences de son compte. Mais même s’il supprime son compte, ses données seront conservées ! Elles alimenteront en l’occurrence la « banque de comportements humains » désormais administrée, de façon très privée, elle, par les responsables des réseaux sociaux. 
On lira à ce propos l’ouvrage édifiant de Francis Pisani et Dominique Piotet, "Comment le Web change le monde", dont voici un extrait adapté [2] :
Cela va si loin qu'Eric Schmidt, le directeur de Google, a laissé entendre, après d'autres, que la vie privée, c'était terminé. Même son de cloche chez Facebook, leader incontesté du domaine des réseaux sociaux, avec plus de 500 millions d'utilisateurs en 2011. Chaque changement des règles de fonctionnement y réduit les libertés privées. Les conditions générales d'utilisation stipulent que les utilisateurs acceptent d'abandonner leurs droits de transférer leurs données sur un autre réseau social, de migrer. Ils sont captifs. Fin 2010, Mark Zuckerberg, fondateur de Facebook, a dû reconnaître l’existence des problèmes de protection de la vie privée, sans véritablement proposer de solution. Résultat : à la suite du Quit Facebook Day (campagne mondiale pour quitter Facebook) du 31 mai 2010, aux Etats-Unis le nombre de nouveaux adhérents au réseau est brutalement passé de 8 millions (mai) à 320 000 (juin).

Dans un tel contexte, il est de plus en plus difficile de définir des limites entre vies privée et socioprofessionnelle. CV, photos, statuts, coordonnées, activités : doit-on se montrer prudent ou se livrer ouvertement? La réponse peut sembler évidente mais, dans une recherche de vitalité tant économique que citoyenne, il faut la formuler autrement: à qui profite le réseau? L'utilisation de ce réseau social sert-il les intérêts de la société ou ceux de ses éditeurs ?


La privatisation de la société ?

La mise à nu obligée est lourde de dérives, on l’a compris. Mais cette menace en cache d’autres, probablement plus graves encore. Parmi elles, le passage du GGG en mains privées. GGG, ou Global Giant Graph [3], tel que l’a baptisé (!!!) le découvreur du Web lui-même, Tim Berners-Lee, représente une nouvelle étape dans le développement d’Internet : l'attention n'y est plus focalisée sur l'information en réseau mais sur la vision globale des centres d'intérêt de l'humanité désormais offerte aux opérateurs indiscrets. La « carte » ainsi disponible est un instrument extraordinaire pour qui souhaite influencer l'opinion publique à tous les niveaux – commercial, bien sûr, mais aussi politique, éducatif, moral.

Les détenteurs de cette carte décisive sont ceux à qui l’internaute inconscient des risques collectifs encourus confie aveuglément ses données personnelles. Il accepte ainsi que ces dernières soient non seulement revendues mais également analysées dans le moindre détail par des observateurs très intéressés. Le « Big Brother » imaginé par George Orwell dans « 1984 » n’est plus une créature littéraire. On se rassurera en songeant que la situation, dans le monde numérique, ne reste jamais longtemps figée. Bill Gates lui-même le constatait, dans les années 1990, quand il se trouvait confronté à l'émergence des logiciels libres et de la culture de citoyenneté numérique : le concurrent de demain est déjà à l'œuvre, dans son garage, et rien ne l'empêchera de détrôner ses prédécesseurs. Le nouveau concurrent possible, dans ce Web qui se transforme en GGG, rassemblera tous les internautes, s’ils prennent conscience de leur responsabilité collective dans la préservation du savoir parmi les biens communs, au même titre que l'air et l'eau.

Apprendre par l'action, encore et toujours

Il existe d’ores et déjà de multiples indices qui laissent entrevoir cette réponse collective et éthique. La centralisation d’informations dans une base de données unique, comme celles de Google, Facebook ou Twitter, est de toute façon incompatible avec la nature même du numérique, fondamentalement décentralisé. Il est plus que probable que nous allons progressivement assister à l'interconnexion de réseaux sociaux « éthiques » respectant la vie privée des utilisateurs et favorisant leur « conscientisation » : les consom'acteurs sont de plus en plus nombreux à s'engager dans cette culture numérique active – même si le « principe du 1% » développé par Will Hill reste encore (provisoirement ?) valide ; d’après Hill, une part infime des utilisateurs d’Internet y contribue de façon proactive, 9% participent occasionnellement de façon opportuniste et 90% des internautes ne contribuent jamais. [4]

Cette notion d'engagement individuel, de contribution et de mérite, de vigilance par la force de proposition, est la clé d’un meilleur usage des réseaux sociaux. Elle sert les intérêts de l'économie locale et la vitalité démocratique, au-delà des clivages politiques ou sociaux. Pour favoriser cet engagement, la recette n'a pas changé : formation à l'esprit critique, encouragement aux visions à long terme, au-delà des peurs, des incertitudes et des doutes. Les réseaux sociaux, comme la cuisine japonaise ou la conduite à gauche, ne peuvent s'apprendre que par l'action.

Quelques réseaux sociaux éthiques [5]

Ils existent. Ils ne sont pas parfaits, car l'éthique se cultive, s’entretient, ne tombe pas du ciel. La fondation d'intérêt public Wikimedia, qui gère Wikipedia, est le modèle le plus souvent cité en la matière – à juste titre. Au-delà de la seule encyclopédie, Wikimedia rassemble des dizaines de projets de numérisation de la culture mondiale (avec notamment la coopération de musées et d’institutions éducatives), menés par des millions de contributeurs, dont seulement une centaine de milliers de pionniers réellement impliqués. La fondation possède ses codes de conduites, ses forums, ses profils d'auteurs, ses traces de contributions, ses clubs et rencontres locales et globales en chair et en os qui tous concourent à construire un monde synergique. Il existe également de nombreux réseaux sociaux thématiques, qui constituent ce que l'on surnomme la longue traîne : la somme des petits réseaux sociaux de quelques milliers ou millions d'utilisateurs est égale, voire supérieure, à la somme des quelques leaders du domaine (aujourd'hui Facebook, Google+, Orkut, Linkedin). Ainsi des projets comme Diaspora (Etats-Unis) ou certains petits réseaux francophones [6], communautés virtuelles animées depuis 1998 par la fondation Ynternet.org, proposent des réseaux sociaux qui respectent la vie privée de leurs utilisateurs et évitent la concentration des pouvoirs ou la publicité intrusive ; ces réseaux se concentrent sur des services loyaux d'hébergement de sites personnels et de groupes, sans vices cachés. On pourra consulter ici une première liste de ces petits réseaux [7]. A terme, ils pourraient s'interconnecter et former un réseau décentralisé susceptible, au-delà de son intérêt immédiat, de participer à l’émergence d’une nouvelle forme de confiance envers le monde du travail, les écoles ou la famille. Cette interconnexion, sur le plan technique, est tout à fait réalisable. Le temps dira si elle est socialement nécessaire.

Sources et notes