Fracture numérique : Différence entre versions

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== Fracture numérique ==
 
== Fracture numérique ==
 
   
 
   
'''Internet : nouvelle source d’inégalités ?'''
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'''Internet : nouvelle source d’'''inégalités''' ?'''
  
''700 millions de Chinois, et moi et moi et moi... J'y pense et puis j'oublie, c'est la vie c'est la vie''. Dans les années 1960, quand Jacques Dutronc chantait cette chanson, ces 700 millions de chinois paraissaient si loin, si inaccessibles... Mais avec l'essor d'Internet, les distances se sont réduites. Vite. Beaucoup.  
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''700 millions de Chinois, et moi et moi et moi... J'y pense et puis j'oublie, c'est la vie c'est la vie''. Les Chinois que chantait Jacques Dutronc, dans les années 1960, paraissaient bien loin et très inaccessibles à ses admirateurs francophones. Avec le développement d'Internet, les distances se sont réduites. De manière rapide, et considérable.
L'ordinateur et Internet étaient perçu comme des gadgets à leur début, destinés à une minorité de personnes. Il s’agit en fait d'outils essentiels pour la vie sociale et économique de chacun d'entre nous, partout dans le monde. Ces technologies accélèrent les mouvements d''''information''', permettant une large diffusion de l’'''information''' gratuite, l’égalité des chances, la création de réseaux. Ils proposent des outils qui facilitent la vie de tous les jours. Mais si internet contient les moyens de réduire les différences sociales entre utilisateurs, il a largement creusé l’écart entre utilisateurs et non utilisateurs du net, amplifiant ainsi les'''inéquités''' déjà existantes, en créant une ''fracture numérique''.   
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A leurs débuts, l'ordinateur et Internet étaient perçus comme des gadgets réservés à une minorité d'utilisateurs. Ils ont, depuis lors, démontré leur caractère essentiel à la vie sociale et économique de chacun d'entre nous, partout dans le monde. La libre circulation d'une information le plus souvent gratuite concourt à favoriser l'égalité des chances et le rapprochement des individus : en proposant des outils qui facilitent la vie de tous les jours, la technologie numérique aide à réduire les différences sociales entre ses utilisateurs. Le paradoxe, c'est qu'Internet a également contribué à creuser l'écart entre utilisateurs et non utilisateurs du Net (Net avec ou sans majuscule? Harmoniser…), amplifiant ainsi les inégalités qui lui préexistaient.   
  
Fracture numérique, c’est le nom donné à l’'''inégalité''' d’accès aux nouvelles technologies, comme Internet. Ceux qui sont du bon côté de cette fracture ont l’espoir pouvoir utiliser le net pour défendre leurs '''droits''', leurs idées, pour s'informer et communiquer. Les autres subissent un désavantage supplémentaire : ils sont totalement '''exclu''' d’une nouvelle dimension de la société qui leur échappe.  
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On a baptisé fracture numérique l’inégalité d’accès aux nouvelles technologies telles qu'Internet. Ceux qui sont du bon côté de ce fossé peuvent en principe disposer du Net pour défendre leurs droits et leurs idées, pour s'informer et pour communiquer. Les autres subissent un désavantage supplémentaire à ceux qu'ils connaissaient déjà : ils se retrouvent totalement exclus d’une nouvelle dimension de la société, qui leur échappe chaque jour un peu plus.  
  
 
'''Petite histoire d’une révolution…'''
 
'''Petite histoire d’une révolution…'''
  
Dans de nombreuses régions du monde, les commerçants des métropoles régionales s'entendent sur l'achat des récoltes des paysans. Ils se partage les régions, les vallées, et créent ainsi une situation de monopole. Lorsqu'un commerçant arrive dans un village avec un camion pour le remplir de la récolte locale, il peut dire aux paysans : « ''vous n'avez pas le choix. C'est moi qui décide du prix, car je suis le seul à venir dans votre village éloigné pour acheter votre récolte'' ». Le commerçant attend que les paysans du village soient au bout du rouleau, qu'ils craquent et acceptent son prix.  
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Dans de nombreuses régions du monde, les commerçants des métropoles régionales s'entendent sur l'achat des récoltes paysannes. Ils se partagent les régions, créant de la sorte des situations de monopole. Lorsque l'un d'entre eux arrive dans un village avec le camion destiné à charger la récolte locale, il se trouve, face aux paysans, en situation de force  : « ''vous n'avez pas le choix. C'est moi qui décide du prix, car je suis le seul à venir dans votre village éloigné pour acheter votre récolte'' ». Ce prix, le sien, finit en général par être accepté.  
Mais depuis l'arrivée des téléphones mobiles et d'Internet, deux technologies numériques avec des 1 et des 0, les paysans qui ont accès à ces technologies peuvent répondre : « ''désolé cher commerçant, nous venons de nous renseigner sur le web ou par téléphone. Nous constatons que le prix serait supérieur si nous allions vendre nos denrées en ville par nous-mêmes. Alors si vous n'acceptez pas notre prix de vente, nous pouvons louer un camion et descendre dans la métropole pour les vendre. Vous ne tenez plus le couteau par le manche. C'est maintenant nous qui décidons''».  
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Mais avec l'arrivée des téléphones mobiles et d'Internet, les paysans équipés ont désormais la possibilité de répondre: « ''Nous sommes navrés, cher négociant, mais nous venons de nous renseigner sur le Web ou par téléphone. . Il en ressort que si nous allions vendre notre récolte en ville par nous-mêmes, nous en obtiendrons un prix supérieur. Alors si vous n'acceptez pas notre prix de vente, nous louerons un camion et irons vendre notre récolte en ville. Vous ne tenez plus le couteau par le manche. C'est maintenant nous qui décidons''».  
  
  
 
'''Et de ses laissés pour compte'''
 
'''Et de ses laissés pour compte'''
  
Cette petite histoire illustre comment les plus '''défavorisés''' sont privés des ressources qu'ils pourraient pourtant atteindre, rien qu'en disposant d'internet.  
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Cette petite histoire illustre comment les plus '''défavorisés''' sont privés des ressources auxquelles ils pourraient avoir droit, s'ils disposaient d'une connexion à Internet.  
  
 
Les victimes de la fracture numérique sont nombreuses, notamment  :   
 
Les victimes de la fracture numérique sont nombreuses, notamment  :   
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Sur Terre au début du 21e siècle, 2,6 milliards d'humains vivent avec moins de 2 dollars par jour. Ils sont tout en bas de l'échelle sociale. Et, tout en haut, un cinquième de la population mondiale consomme à lui seul environ 90% des ressources disponibles. Ces chiffres ont été publiés dans un état des lieux alarmant des Nations Unies en 2010.
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Sur Terre, en ce début du 21e siècle, 2,6 milliards d'humains vivent avec moins de deux dollars par jour. Ils sont tout en bas de l'échelle sociale. Et, tout en haut, un cinquième de la population mondiale consomme à lui seul environ 90% des ressources disponibles. Ces chiffres ont été publiés dans un état des lieux des Nations Unies en 2010.
  
Le manque de moyens empêche une grande partie de la population mondiale d'accéder aux appareils numériques. Les plus pauvres, déjà désavantagés par leur niveau de vie très faible, et le pouvoir qu'acquièrent dès lors sur eux les plus riches, sont aujourd'hui victimes de cette nouvelle '''inéquité''' : ils sont confrontés à une rareté de l''''information'''.  
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Le manque de moyens empêche une grande partie de la population mondiale d'accéder aux équipements numériques. Les plus pauvres, déjà handicapés par leur faible niveau de vie et le pouvoir qu'acquièrent dès lors sur eux les plus riches, sont les premières victimes de cette nouvelle '''iniquité''' : ils sont confrontés à une rareté de l''''information'''.  
Parce que les nouvelles technologies, dites "numériques", permettent d'augmentater la qualité et la quantité des communications, les "bien connectés" sont plus autonome dans leurs actions quotidiennes. Par exemple, un train déraille dans une région bien connectée, et rapidement des transports alternatifs sont organisés. Dans une région mal connectée, tout le monde attend, les solutions s'organisent bien plus lentement car l''''information''' passe mal. Plusieurs exemples historiques démontrent que l'accès à internet peut amener les populations à prendre conscience de leur position et à s'autonomiser : ce fut le cas dans le monde arabe, où les premières révolutions se sont organisées sur la base de réseaux sociaux sur internet.
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Parce que les nouvelles technologies permettent d'augmentation la qualité et la quantité des communications, les "bien connectés" sont plus autonomes dans leurs actions quotidiennes. Prenons l'exemple d'un train qui déraille dans une région bien connectée : : très rapidement, des transports alternatifs vont être mis en place. Dans une région mal connectée, l'attente va se prolonger, les solutions s'organiseront plus lentement, car l''''information''' circule mal. Plusieurs événements récents ont montré que l'accès à Internet (choisir majuscule ou pas à Internet, partout) pouvait amener les populations à prendre conscience de leur position et à s'autonomiser : ce fut le cas, on le sait, dans le monde arabe en 2010 et 2011, où les premières révolutions se sont organisées à partir d'Internet et des réseaux sociaux.
  
L'isolement géographique joue également un rôle dans cette fracture numérique : en ville, on a toujours accès à un cybercafé, le contact avec des personnes qui disposent des nouvelles technologies nous pousse à les adopter également. Tout le monde est très vite à la page. Même sans ordinateur, on peut grapiller ici et là quelques informations. Les gens discutent, les cafés sont équipés de télévisions, les grands magasins diffusent la radio. L'information est partout dans l'air.  
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L'isolement géographique est un autre facteur de fracture numérique : l'accès à un lieu connecté est plus aisé en ville, directement dans un cybercafé ou avec l'aide d'utilisateurs déjà équipés.En milieu urbain, même sans ordinateur, il est possible de recueillir l'information, tant elle circule : conversations, commerces diffusant radio ou télévision… L'information est partout dans l'air. A contrario, dans un petit village de montagne, qui plus est peu peuplé où personne n'a accès à Internet, les chances de recueillir l'information de manière indirecte sont inexistantes : pas de cybercafés ni de lieux de rencontre ou de cours d'informatique. Les liens avec l'extérieur sont trop limités pour que l'information pénètre le village. Sans Internet ni téléphone, l'information reste en ville... sans même que les villageois se rendent compte de leur préjudice.
Au contraire, dans un petit village de montagne, où personne n'a accès à Internet, où le nombre d'habitant est faible, les chances de s'informer indirectement sont inexistantes : pas de cybercafés, de lieux de rencontre ou de cours d'informatique. Les liens avec l'extérieur sont trop étroits pour que l'information pénètre le village. Sans Internet ou le téléphone, l'information reste en ville... sans même que les villageois se rendent compte de leur désavantage.  
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Finalement, dans toutes les sociétés, sans distinction de classe sociale ou de localisation, les personnes plus âgées sont plus sujettes à être '''exclues''' du numérique. La plupart n'arrivent pas à intégrer cette nouvelle dimension de la société dans leur quotidien, ce qui radicalise encore l'écart entre générations. Cependant, plusieurs programmes sont mis en place pour aider ces personnes qui ne sont pas nées avec le numérique, à intégrer les nouveaux schémas de pensées nécessaires pour comprendre et utiliser le numérique au quotidien.
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Par ailleurs, dans toutes les sociétés, sans distinction de classe sociale ou de localisation, les personnes les plus âgées sont plus sujettes à l''''exclusion''' numérique. La plupart d'entre elles ne parviennent pas à intégrer à leur quotidien cette nouvelle dimension de la société, ce qui aggrave encore le fossé entre les générations. Plusieurs programmes ont été mis en place pour aider les "anciens", qui ne sont pas nés avec le numérique, à intégrer les nouveaux schémas de pensées nécessaires à la compréhension et à l'utilisation du numérique au quotidien.
  
Par ces exemples, nous comprenons bien que la fracture numérique ne sort pas de nulle part : elle est en fait une amplification de fractures sociales. Être '''exclu''' du numérique (ne pas avoir accès à Internet, ne pas posséder de téléphone portable, etc) entraîne des conséquences dont on ne se serait pas doutés au commencement d'Internet : des jeux de pouvoir, des enjeux sociaux et politiques capitaux, qui creusent encore les fossés entre classes sociales.
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La fracture numérique ne sort pas de nulle part : elle est une amplification des fractures sociales. Être exclu du numérique (ne pas avoir accès à Internet, ne pas posséder de téléphone portable, etc.) entraîne des conséquences, sociales et politiques dont nul n'avait idée au lancement d'Internet.
  
  
 
'''Inclure plutôt qu'exclure'''
 
'''Inclure plutôt qu'exclure'''
 
   
 
   
Pour lutter contre la fracture numérique, plusieurs solutions : e-inclusion, inclusion socio-digitale, insertion socio-numérique...
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Pour lutter contre la fracture numérique, il existe plusieurs solutions, baptisées e-inclusion, inclusion socio-digitale, insertion socio-numérique. Dans un premier temps, les initiatives en question visaient les personnes qui n'ont pas accès à l'information pour une raison économique, démographique ou géographique. Progressivement, les actions d'inclusion numérique tendent à cibler également les personnes porteuses de handicaps physiques et les seniors.
Dans un premier temps, les initiatives pour réduire cette fracture visaient les personnes qui n'avaient pas accès à l''''information''': les régions isolées, les populations sans les moyens financiers d'accéder aux technologies numériques. Progressivement, les actions d'inclusion numérique visent aussi les personnes qui ont des handicaps physiques ou encore les séniors : en bref, tous les groupes victimes d'une '''exclusion'''sociale et/ou numérique.  
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=== Sources et notes ===
 
=== Sources et notes ===

Version du 26 septembre 2011 à 15:14

Mots clés

inégalités, équité, inéquité, minorités, information, droits, exclusion, défavorisé



Fracture numérique

Internet : nouvelle source d’inégalités ?

700 millions de Chinois, et moi et moi et moi... J'y pense et puis j'oublie, c'est la vie c'est la vie. Les Chinois que chantait Jacques Dutronc, dans les années 1960, paraissaient bien loin et très inaccessibles à ses admirateurs francophones. Avec le développement d'Internet, les distances se sont réduites. De manière rapide, et considérable. A leurs débuts, l'ordinateur et Internet étaient perçus comme des gadgets réservés à une minorité d'utilisateurs. Ils ont, depuis lors, démontré leur caractère essentiel à la vie sociale et économique de chacun d'entre nous, partout dans le monde. La libre circulation d'une information le plus souvent gratuite concourt à favoriser l'égalité des chances et le rapprochement des individus : en proposant des outils qui facilitent la vie de tous les jours, la technologie numérique aide à réduire les différences sociales entre ses utilisateurs. Le paradoxe, c'est qu'Internet a également contribué à creuser l'écart entre utilisateurs et non utilisateurs du Net (Net avec ou sans majuscule? Harmoniser…), amplifiant ainsi les inégalités qui lui préexistaient.

On a baptisé fracture numérique l’inégalité d’accès aux nouvelles technologies telles qu'Internet. Ceux qui sont du bon côté de ce fossé peuvent en principe disposer du Net pour défendre leurs droits et leurs idées, pour s'informer et pour communiquer. Les autres subissent un désavantage supplémentaire à ceux qu'ils connaissaient déjà : ils se retrouvent totalement exclus d’une nouvelle dimension de la société, qui leur échappe chaque jour un peu plus.

Petite histoire d’une révolution…

Dans de nombreuses régions du monde, les commerçants des métropoles régionales s'entendent sur l'achat des récoltes paysannes. Ils se partagent les régions, créant de la sorte des situations de monopole. Lorsque l'un d'entre eux arrive dans un village avec le camion destiné à charger la récolte locale, il se trouve, face aux paysans, en situation de force  : « vous n'avez pas le choix. C'est moi qui décide du prix, car je suis le seul à venir dans votre village éloigné pour acheter votre récolte ». Ce prix, le sien, finit en général par être accepté. Mais avec l'arrivée des téléphones mobiles et d'Internet, les paysans équipés ont désormais la possibilité de répondre: « Nous sommes navrés, cher négociant, mais nous venons de nous renseigner sur le Web ou par téléphone. . Il en ressort que si nous allions vendre notre récolte en ville par nous-mêmes, nous en obtiendrons un prix supérieur. Alors si vous n'acceptez pas notre prix de vente, nous louerons un camion et irons vendre notre récolte en ville. Vous ne tenez plus le couteau par le manche. C'est maintenant nous qui décidons».


Et de ses laissés pour compte

Cette petite histoire illustre comment les plus défavorisés sont privés des ressources auxquelles ils pourraient avoir droit, s'ils disposaient d'une connexion à Internet.

Les victimes de la fracture numérique sont nombreuses, notamment  :

- les plus pauvres, qui n'ont pas les moyens de se procurer des appareils informatiques ou d'en louer,

- les plus éloignés des centres villes, qui n'ont accès ni au réseau, ni aux cybercafés, et dont personne dans l'entourage ne peut encourager l'usage d'Internet,

- les plus âgés, qui n'ont pas encore réussi à s'adapter à ce nouveau fonctionnement social.


Sur Terre, en ce début du 21e siècle, 2,6 milliards d'humains vivent avec moins de deux dollars par jour. Ils sont tout en bas de l'échelle sociale. Et, tout en haut, un cinquième de la population mondiale consomme à lui seul environ 90% des ressources disponibles. Ces chiffres ont été publiés dans un état des lieux des Nations Unies en 2010.

Le manque de moyens empêche une grande partie de la population mondiale d'accéder aux équipements numériques. Les plus pauvres, déjà handicapés par leur faible niveau de vie et le pouvoir qu'acquièrent dès lors sur eux les plus riches, sont les premières victimes de cette nouvelle iniquité : ils sont confrontés à une rareté de l'information. Parce que les nouvelles technologies permettent d'augmentation la qualité et la quantité des communications, les "bien connectés" sont plus autonomes dans leurs actions quotidiennes. Prenons l'exemple d'un train qui déraille dans une région bien connectée : : très rapidement, des transports alternatifs vont être mis en place. Dans une région mal connectée, l'attente va se prolonger, les solutions s'organiseront plus lentement, car l'information circule mal. Plusieurs événements récents ont montré que l'accès à Internet (choisir majuscule ou pas à Internet, partout) pouvait amener les populations à prendre conscience de leur position et à s'autonomiser : ce fut le cas, on le sait, dans le monde arabe en 2010 et 2011, où les premières révolutions se sont organisées à partir d'Internet et des réseaux sociaux.

L'isolement géographique est un autre facteur de fracture numérique : l'accès à un lieu connecté est plus aisé en ville, directement dans un cybercafé ou avec l'aide d'utilisateurs déjà équipés.En milieu urbain, même sans ordinateur, il est possible de recueillir l'information, tant elle circule : conversations, commerces diffusant radio ou télévision… L'information est partout dans l'air. A contrario, dans un petit village de montagne, qui plus est peu peuplé où personne n'a accès à Internet, les chances de recueillir l'information de manière indirecte sont inexistantes : pas de cybercafés ni de lieux de rencontre ou de cours d'informatique. Les liens avec l'extérieur sont trop limités pour que l'information pénètre le village. Sans Internet ni téléphone, l'information reste en ville... sans même que les villageois se rendent compte de leur préjudice.


Par ailleurs, dans toutes les sociétés, sans distinction de classe sociale ou de localisation, les personnes les plus âgées sont plus sujettes à l'exclusion numérique. La plupart d'entre elles ne parviennent pas à intégrer à leur quotidien cette nouvelle dimension de la société, ce qui aggrave encore le fossé entre les générations. Plusieurs programmes ont été mis en place pour aider les "anciens", qui ne sont pas nés avec le numérique, à intégrer les nouveaux schémas de pensées nécessaires à la compréhension et à l'utilisation du numérique au quotidien.

La fracture numérique ne sort pas de nulle part : elle est une amplification des fractures sociales. Être exclu du numérique (ne pas avoir accès à Internet, ne pas posséder de téléphone portable, etc.) entraîne des conséquences, sociales et politiques dont nul n'avait idée au lancement d'Internet.


Inclure plutôt qu'exclure

Pour lutter contre la fracture numérique, il existe plusieurs solutions, baptisées e-inclusion, inclusion socio-digitale, insertion socio-numérique. Dans un premier temps, les initiatives en question visaient les personnes qui n'ont pas accès à l'information pour une raison économique, démographique ou géographique. Progressivement, les actions d'inclusion numérique tendent à cibler également les personnes porteuses de handicaps physiques et les seniors.


Sources et notes

http://fr.wikipedia.org/wiki/Fracture_num%C3%A9rique#Probl.C3.A9matiques

Rapport sur la fracture numérique en Suisse, par la CEAT (MM Vodoz, Steiner, etc) : http://www2.unil.ch/cwp/rap_int_pnr51.pdf

http://www.ladocumentationfrancaise.fr/dossiers/internet-monde/fracture-numerique.shtml

Sources iconographiques

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