A l'assaut des encyclopédies virtuelles : Différence entre versions
(→L'apprentissage par l'expérience) |
(→L'apprentissage par l'expérience) |
||
Ligne 20 : | Ligne 20 : | ||
La [[communauté du libre]] revendique : | La [[communauté du libre]] revendique : | ||
− | |||
* la citation des sources (ce que j'écris a été dit/écrit par untel) | * la citation des sources (ce que j'écris a été dit/écrit par untel) | ||
* la culture de l'hyper-objectivité (être au plus vrai, sans prendre parti) | * la culture de l'hyper-objectivité (être au plus vrai, sans prendre parti) | ||
+ | * les limites de l'auto-promotion (faire sa propre pub) | ||
* la non-discrimination radicale (les mêmes droits pour tout le monde) | * la non-discrimination radicale (les mêmes droits pour tout le monde) | ||
* la certification par les pairs (je confirme ce qui est écrit par un autre) | * la certification par les pairs (je confirme ce qui est écrit par un autre) | ||
− | * la hiérarchie de contributions | + | * la hiérarchie de contributions, plutôt que la hiérarchie de statut |
− | * la culture de la modération | + | * la culture de la modération, où chaque proposition peut être remise en question |
* le nettoyage participatif de bases de données | * le nettoyage participatif de bases de données | ||
Version du 2 octobre 2011 à 20:07
Connaissances, information, bien commun, partage, contribution
Sommaire
Le mystère du savoir
L'histoire du savoir est une histoire de mystères. Dans l'Europe médiévale, la connaissance était réservée à une toute petite minorité de privilégiés : les moines d'abord, qui enfermaient leurs ouvrages savants dans d'immenses bibliothèques privées ; quelques aristocrates aussi, férus de sciences, de littérature ou de langues étrangères, qui avaient la possibilité de se procurer les quelques manuscrits en circulation. Il s'agissait alors du seul support à même de transmettre des informations.
Les livres étaient particulièrement onéreux et leurs lecteurs potentiels guère abondants, d'autant que la plupart des textes étaient rédigés en latin.
C'est avec l'invention de l'imprimerie, au XVe siècle, que tout s'accéléra. Plus nombreux, moins coûteux, les livres feront progressivement l'objet de traductions qui les rendront plus accessibles. Mais il faudra attendre encore longtemps avant que l'ensemble d'une population puisse disposer de l'instruction nécessaire (apprentissage de la lecture) — pour que le savoir, soit en somme, démocratisé au fil des siècles, soit enfin considéré comme un bien commun.
Le partage des connaissances a trouvé dans Internet son média d'élection. Avec le Web, ce sont toutes les classes sociales, toutes les nationalités, tous les âges qui peuvent avoir accès à une somme d'informations gratuites et infiniment étendues. La circulation des connaissances n'est plus contrôlée par un petit nombre d'érudits : elle est dynamisée par la masse des internautes, sans restriction.
Le numérique a révolutionné notre conception du savoir et du partage de l'information (voir également Fracture numérique).
Des cités murailles aux encyclopédies virtuelles
Les encyclopédies telles que Wikipédia ou Ékopédia sont l'illustration parfaite de cette nouvelle compréhension du savoir : chacun peut en bénéficier et surtout y contribuer. Plus précise et exhaustive que jamais, l'information est universellement disponible. L'irruption d'un média aussi innovant a sur la société des répercussions multiples et fondamentales. Les encyclopédies participatives permettent à tout un chacun d'accéder à l'échange d'informations, à l'explication et à la définition de notions essentielles et de pratiques durables. Cette contribution permanente permet la mise en place d'un nouveau fonctionnement social, basé sur l'entraide et le partage, sur le nivellement des différences sociales et sur la relativisation des distances géographiques. Elle autorise un partage du savoir détaché des questions de religion, de couleur, de sexe, de nationalité ou encore de classe sociale.
L'apprentissage par l'expérience
À nouvel outil, nouvelles compétences, qui se conjuguent volontiers en simultané. Ainsi l'expertise technique qui permet d'éditer une page dans un Wiki s'enrichit-elle de la compétence sociale ainsi mise en œuvre, déployée dans un écosystème d'intelligence collective par interaction et confrontation de vision. Dans le même temps, le respect de règles d'éthique aide à prendre conscience de l'importance de chacune de nos actions.
La communauté du libre revendique :
- la citation des sources (ce que j'écris a été dit/écrit par untel)
- la culture de l'hyper-objectivité (être au plus vrai, sans prendre parti)
- les limites de l'auto-promotion (faire sa propre pub)
- la non-discrimination radicale (les mêmes droits pour tout le monde)
- la certification par les pairs (je confirme ce qui est écrit par un autre)
- la hiérarchie de contributions, plutôt que la hiérarchie de statut
- la culture de la modération, où chaque proposition peut être remise en question
- le nettoyage participatif de bases de données
Wiki : mode d'emploi
Le Wiki est un type de plateforme web créée pour que tout le monde puisse y participer. Une trace des contributions de chacun reste visible et un système de contrôle participatif doté d'un système d'alerte évite le vandalisme. Les Wikis peuvent notamment servir à définir notions et mots-clés comme dans une encyclopédie, mais leur usage est plus étendu encore. Il peut ainsi s'appliquer à un projet commun à un groupe donné, comme l'élaboration d'une lettre, la diffusion d'une pétition, la rédaction d'un livre ou d'un mode d'emploi, l'écriture d'un manifeste ou d'un scénario de cours.
Le Wiki le plus connu est Wikipédia, lancée par la fondation Wikimédia, elle-même à l'origine de nombreux autres projets : Wikiquote, recueil de citations, ou Wikiversity — une communauté pédagogie libre, accessibles à tous.
Les plateformes web de type Wiki sont aussi utilisées par d'autres groupes parmi lesquels Ékopédia, l'encyclopédie des pratiques durables. Tout individu ou organisation peut installer un logiciel Wiki sur un serveur et choisir à sa guise le nombre de langues disponibles, le système d'alertes et le mode de contrôle de l'information adopté. L'initiateur de la plateforme Wiki peut s'il le souhaite laisser tous les internautes y accéder.
Le premier Wiki a été créé en 1995 par Ward Cunningham afin de réaliser la section d'un site dédiée à la programmation informatique, qu'il a appelée WikiWikiWeb. Son créateur décida de la baptiser ainsi en référence au mot hawaïen « wikiwiki » qui signifie « très vite ». La revue The Economist a cependant remarqué que le mot wiki peut être interprété comme l'acronyme de « What I Know Is » (littéralement : « Ce que je sais est » ou « Voici ce que je sais »).
Ces dernières années sont apparus de nombreux projets concurrents ou complémentaires de Wikipédia. Même s'ils ne bénéficient pas de la même notoriété, certains d'entre eux sont tout aussi intéressants et très utiles à la culture participative et citoyenne qui se développe sur Internet.
Un dernier conseil : partout où vous passerez, prenez le temps de lire les modes d'emploi. Le Wiki est le royaume des chevaliers qui savent lire.