Fallacie, FUD et autres trolls Internet : Différence entre versions

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''Fallacie, argumentation boiteuse, logique sournoise, Sophisme, malhonnêteté, simplisme, FUD, marketing, Microsoft, IBM, Apple, trolls, flames, discussion, sujets sensibles.''
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Version du 2 octobre 2011 à 20:10

fallacie, argumentation boiteuse, logique sournoise, Sophisme, malhonnêteté, simplisme, FUD, marketing, Microsoft, IBM, Apple, trolls, flames, discussion, sujets sensibles


La fallacie

Une argumentation boiteuse

« Si tu ne fais pas d’études, tu seras pauvre toute ta vie! »

Vrai ? Faux ? En tout cas l'argument est assurément fallacieux. Pourquoi ? Parce qu'il utilise la peur et la menace. L'affirmation ci-dessus soutient en effet qu’il existe un lien de cause à effet non discutable entre le refus ou l’impossibilité de faire des études, et la pauvreté. La logique de l'argument est dite fallacieuse car pour appuyer son propos, il utilise la menace. Or il s’agit d’un argument non-vérifiable. Il suffit pour s’en convaincre de recenser les autodidactes créateurs d’entreprises innovantes et les salaires atteints aujourd’hui, au plus haut niveau de l’échelle professionnelle, par d’anciens apprentis. Il est d’autres argumentations fallacieuses, plus sournoises et difficiles à cerner. C’est notamment le cas lorsqu’entre en jeu le FUD (Fear, Uncertainty and Doubt).

Les nouveaux disciples de Socrate

Retour en arrière : en l’an 410 de notre ère, en Grèce antique, une discussion animée oppose les sophistes à Socrate, sous l’œil captivé de Platon qui rumine peut-être déjà ses Dialogues. Sur l’agora, noire de citoyens attentifs, le sage entre les sages s’échine à démontrer, une fois de plus, la malhonnêteté de ceux qui se font appeler sophistes (spécialistes du savoir). Socrate décortique l’efficacité langagière qui permet à ces faux philosophes de rendre le vice logique et la perversion bonne ; il montre comment la vraisemblance prend dans leur bouche les apparences de la vérité, pour tromper avec panache et sans vergogne leur auditoire. Deux millénaires et demi plus tard, la lucidité socratique est à la portée de tous. L’élite intellectuelle n’est plus la seule à démasquer les logiques fallacieuses : chacun peut se donner les moyens d’y parvenir, comme si l’agora originelle s’était transformée en un espace de socialisation virtuel. Ainsi chaque mot et chaque phrase publiés peuvent-ils désormais être relus, analysés, et le cas échéant démontés et dénoncés s’il s’agit d’arguments fallacieux (qu’ils soient involontaires ou délibérés). Dans un monde de plus en plus complexe, nous ne pouvons pas être toujours à même de saisir l’intégralité des enjeux de telle ou telle problématique. C'est pourquoi des outils ont été développés pour faciliter cette compréhension. Mais où est la limite entre simplification et simplisme? Refuser la complexité, craindre l'incertitude, juger à l'emporte-pièce : autant de travers qui caractérisent la société de l'information. Parfois – mais rarement -- la fin (favorable au bien commun) justifie les moyens (les fallacies) : c’est par exemple le cas des campagnes de santé publique qui tentent de sensibiliser et de responsabiliser leur public en mettant en scène des scénarios catastrophes.

Les arguments fallacieux principaux

  • L’argument du nombre: « Mes amis pensent comme moi, donc j'ai raison »
  • L’appel à la terreur : « Si vous maintenez votre point de vue, il y aura des conséquences... »
  • La flatterie : « Un homme tel que vous ne peut pas défendre une telle position ! »
  • L’appel au ridicule (ridiculisation des arguments de l'opposant pour les rendre plus facilement réfutables) : « Si la théorie de l'évolution était vraie, cela voudrait dire que mon grand-père était un gorille »
  • L’argument par l’ignorance : « Je ne peux pas expliquer ce que ce témoin a vu dans le ciel, donc il s’agit certainement d’un vaisseau spatial extraterrestre visitant notre planète. »
  • La raison par forfait : « Avez-vous lu les 38 000 références que je viens de vous citer ? Non ? Eh bien je considère que vous n'avez rien à apporter à ce débat. »
  • La pétition de principe : l’usage en tant que prémisse de la conclusion à laquelle on voudrait arriver. « Dieu existe car la Bible le dit. La Bible dit vrai car c'est Dieu qui l'a inspirée ». Autrement dit, supposer vraie la chose même qu'il s'agit de démontrer.

Le FUD

La peur est mauvaise conseillère

L’expression FUD (Fear, Uncertainty and Doubt, en français Peur, Incertitude et Doute) a été créée pour désigner les commerçants qui utilisent et amplifient les émotions humaines liées à la peur, afin de détourner les consommateurs des marques concurrentes. Cette manière de procéder a pris toute son ampleur au tournant du deuxième millénaire, lorsque les techniques de manipulation du consommateur et autres approches marketing ont sensiblement changé de visage. L’émulation et la compétition entre deux ou plusieurs grandes puissances commerciales, qui contribuait notamment à l’évolution technologique, n’est plus de mise. Une grande entreprise dépensera aujourd’hui davantage de motivation et d’énergie à dévaloriser le produit adverse plutôt qu’à améliorer ses propres prestations. Nuire aux autres pour étendre son marché est devenu la solution de facilité,souvent couplée à une stigmatisation, ou au moins à une désapprobation des utilisateurs sceptiques pas encore décidés à changer de produit.

Des campagnes déloyales

IBM fut la première entreprise du numérique à utiliser massivement le FUD : pendant près de trois décennies, des années 1960 à 1980, la multinationale International Business Machine a été le leader incontesté du secteur informatique. Elle fut aussi la première à se voir dénoncer par les associations de consommateurs pour ses arguments de vente fallacieux basés sur la peur, l'incertitude et le doute. Un slogan d'IBM ? « Nobody ever got fired for buying IBM » (Personne n’a jamais été viré pour avoir acheté un produit IBM). Pour éviter de partager le marché avec Atari, SUN et d'autres constructeurs d'ordinateurs, IBM distillait ainsi parmi les responsables des achats informatiques des entreprises la peur de se faire licencier s'ils commettaient l'erreur de choisir des alternatives à ses produits – qui dominaient le marché. Sentant le vent tourner, vers la fin des années 1980 l’un des dirigeants de la firme, plus visionnaire que les autres, choisit d’adopter un modèle basé sur le partage de l'information, qu’il réussit à l’imposer. Résultat : une transition rapide et couronnée de succès vers un partage du savoir-faire, vers la vente non plus de machine à faible valeur ajoutée mais de services à haute valeur ajoutée (à l’image des services de gestion de l'information numérique en entreprise, appuyés par tout type de machine). Comme quoi il est possible de rester leader et de durer sans se faire pour autant vecteur de FUD.

Les géants du secteur ne peuvent pas tous en dire autant : certains, encore immatures dans leur quête de domination, cèdent volontiers à la tentation du FUD, préjudiciable au commerce équitable. C’est le cas de Microsoft quand il s’effraie de l’irruption des logiciels libres ou d’Apple lorsqu’il se précipite au chevet de l'industrie du divertissement. Le FUD du troisième millénaire est plus agressif, mais son principe reste le même. La preuve en images avec la dernière campagne de Microsoft Office.

A Few Perspectives on OpenOffice.org: [1]

Dans le courant 2011, Apple a lancé une campagne publicitaire encourageant à faire l’acquisition du dernier IPhone, opération banale qui s’inspirait pourtant largement des méthodes « fudiennes ». Certes la marque n’attaquait pas directement un autre produit mais stigmatisait de manière très subtile les personnes n’ayant pas (encore) acheté de smartphone. Dans le spot vidéo, une voix off masculine, sur un fond musical plutôt entraînant, énumérait ainsi tout ce qu’il n’était pas possible de réaliser ou d’obtenir si l’on ne possédait pas d’iPhone. Autrement dit, sans iPhone il est impossible de faire partie de la communauté numérique, la plus in du moment, et l’on est d’ailleurs pratiquement empêché de tout. Sournois, le message cible directement l’imaginaire du consommateur potentiel, en jouant sur sa peur de l’exclusion.

A voir [2]

Troll - Flames

Il n'y a jamais de Flames sans Trolls

Autant la technique de FUD est raffinée, réfléchie et ciblée, autant les trolls sont moins subtils et plus instinctifs.

Les forums de discussion et les blogs donnent lieu, en général, à de nombreux débats entre les internautes. Les commentaires postés se doivent d'y être honnêtes et loyaux, afin de limiter les risques de dérapage. Certains utilisateurs adoptent cependant des attitudes fallacieuses pour attirer l'attention sur eux dans ce genre d’environnement où tout le monde a le droit à la parole : leur objectif est surtout de se faire remarquer. On les appelle trolls, en référence aux êtres semeurs de zizanie du folklore nordique [3]; ils prennent ainsi un malin plaisir à se moquer de sujets sensibles, à établir des liens de cause à effet saugrenus et à émettre des remarques indécentes. Ils sévissent par e-mail, sur messagerie instantanée, dans des forums et wikis, soulevant ainsi peurs et incertitudes sur des sujets sensibles et très généraux. Ils excellent à irriter leurs interlocuteurs, à les entraîner inconsciemment à prendre parti et n’hésitent pas à invectiver ouvertement d’autres participants quitte à les discréditer. Ce type de discussion dérape bien souvent en un combat verbal peu éloquent. Les sujets abordés étant généralement inspirés par l’actualité, brûlante, du moment, quand le débat s’enflamme on parle de flame war (guerre du feu), ou simplement de flames (flammes).

Comment désamorcer un troll

Si l'on est aguerri aux échanges par voie électronique, on évitera de s'engager dans de telles querelles qui n'aboutissent qu'à blesser les uns et les autres, dans un climat d’agressivité inutile. Avant de réagir vertement à un écrit qui nous heurte, mieux vaut remettre au lendemain l'envoi de la réponse déjà composée et laisser retomber la pression ambiante ; il sera bien temps ensuite de relire son message la tête froide, pour décider s'il mérite vraiment d'être expédié en l'état. Le terme de troll sert aussi à désigner les sujets devenus des « classiques » du débat, et dont on sait qu'il ne faut pas y revenir sous peine de déclencher une flame.


Des exemples concrets en images: [4]

Video.png

Notes et références

Annexes

Liens externes

Vidéos