Les artisans du DIY

De Wiki ECOPOL
Révision datée du 26 août 2013 à 23:02 par Pryska Ducoeurjoly (discussion | contributions) (Des laboratoires très innovants)

Depuis de le développement de l'ère industrielle, nous avons accès à davantage de biens de consommation courante : prêt-à-porter, prêt-à-cuisiner, prêt-à-poser, etc ! Il en résulte généralement un gain financier par rapport à la création artisanale, mais parallèlement, nous perdons aussi un peu de nos savoir-faire. Par exemple, un geste autrefois anodin comme la fabrication d'un pain maison est désormais quasiment une affaire d'experts! Face à cette évolution, il existe un courant qui encoirage l'autonomie des individus face au "pré-fabriqué" et aux secrets de fabrique. Il s'agit du do it yourself (DIY) ou faites-le vous-même.

Même si la débrouille, le bricolage, les activités créatrices pour enfants existent depuis longtemps, le DIY comme sous-culture s'est affirmé avec le mouvement punk des années 1970[1]. L'éthique initiale du DIY façon punk est liée à une vision anti-consumériste; c'est un rejet de la nécessité d'acheter des objets ou d'utiliser des systèmes ou des procédés existants.
En musique par exemple, les groupes punk effectuent souvent des spectacles dans les sous-sol des habitations, plutôt que sur des scènes traditionnelles, pour éviter le mécénat d'entreprise ou pour assurer la liberté de la performance (d'où le terme underground, "sous le sol"). De même, l'approche punk DIY s'applique également à la vie quotidienne, tels que l'apprentissage de réparation de vélos plutôt que les conduire à l'atelier, la couture (réparation/modification des vêtements plutôt que d'acheter de nouveaux), la culture de jardins potagers, la récupération de produits réutilisables dans les poubelles. Certains enseignants se livrent aussi à des techniques d'apprentissage du bricolage, parfois appelé Edupunk. De ce fait, le mouvement DIY façon punk est une approche de l'écologie par l'anti-consumérisme. Plus largement, c'est un mouvement ouvert à tous ceux qui aime innover en comptant sur leurs propres ressources, plus intellectuelles et collaboratives que purement financières.

De nombreux domaines d'application

On peut associer la formule « Do it yourself » au bricolage ou à la débrouillardise mais cela ne s'arrête pas là. Différents domaines adoptent et enrichissent la philosophie du DIY. Toute activité où l'on n'est pas seulement spectateur ou consommateur est potentiellement concernée :

  • Participer, et échanger ses connaissances, sa culture, son information, débattre et décider par exemple sur une encyclopédie libre, telle Wikipédia.
  • Les loisirs créatifs.
  • Le recyclage ou détournement d'objets.
  • L'auto-édition de livres, magazines...
  • Les groupes ou artistes solo libérant leur musique (musique libre) ou la finançant sans les maisons de disques.
  • En informatique, les logiciels libres, ou le hacking.
  • Dans le façonnage d'objets, les fab labs.
  • Et même, en politiue, l'autorégulation, l'auto-organisation, la démocratie directe.

Des laboratoires très innovants

L’entraide et la collaboration sont des valeurs partagées par de nombreux laboratoires de création industrielle animés par le DIY. A cela s'ajoute un autre point commun essentiel : la culture libre et les outils collaboratifs de type wiki (voir notre article sur les Netizen et la culture libre). Ces moyens récents de partage en ligne, liés à l'arrivée du numérique, ont décuplé les possibilités du DIY : le bidouilleur dans son garage peut désormais partager plus facilement ses trouvailles et modes d'emplois. Il en résulte une forte innovation collaborative, souvent d'utilité sociale, à moindre coût.
Ces laboratoires tentent de fusionner le meilleur de l'artisanat et le meilleur de l'industrie. Voici quelques exemples phares :

  • Open Source Ecology[2]. Ce groupe d'agriculteurs et d'ingénieurs créé dans le Missouri s'est fixé comme objectif la construction d'un kit de 50 machines de base pour démarrer une nouvelle civilisation (le Global village construction set). L'idée : éviter de coûteux investissements auprès des gros fabricants de machines (agriculture, bâtiment...). Grâce aux plans de construction ouverts à tous et à une plate-forme technologique collaborative peu onéreuse, la construction industrielle devient accessible à tous ceux qui sont prêts à mettre la main à la pâte. En France, le groupe Adabio développe une initiative similaire, spécialisée dans les outils agricoles en open source)[3].
  • Laboratoire Entropie situé à Grenoble (France). Ses activités sont centrées autour de la question de l'autonomie et visent à donner aux personnes les outils et les moyens de s'émanciper sans créer de dépendance. Entropie anime des ateliers de bricolage écologique (construction d'éoliennes, de fours solaires...), un département de recherche sur l'autonomie et les alternatives et un département de recherche sur "le design libre".
  • Wikispeed. Il s'agit d'un projet exemplaire dans la construction automobile indépendante. Le projet phare consiste en la fabrication d’une voiture à haute efficience énergétique. « Pas besoin de milliers de salariés et de R&D coûteuse, le premier prototype fut mis au point par une équipe de bénévoles, avec un budget des plus modestes… en à peine trois mois. Conçue et assemblée pour un coût dérisoire, sans réelle expérience de la construction automobile, la première Wikispeed, surnommée la boîte à chaussures orange affiche des performances défiant les standards de l’industrie, tout en se conformant aux tests de sécurité routière les plus exigeants.», relate le webzine OuiShare[4]. Comme tous ces laboratoires collaboratifs de création industrielle, Wikispeed utilise le partage de l'information et les licences libres ou Open Source. Il en résulte un fort potentiel d'innovation :« Quand un constructeur traditionnel utilise plusieurs ordinateurs coûteux et propriétaires pour gérer différentes fonctionnalités de ses véhicules, comme comme le déclenchement des airbags, la gestion du niveau d’essence ou encore l’air conditionné, Wikispeed utilise pour toute électronique embarquée un unique circuit Arduino[5].
Erreur lors de la création de la miniature : Fichier manquant

Légende. La vision de l'évolution de la création industrielle selon Open Source Ecology.

Notes et références

  1. Source Wikipédia, article DIY.
  2. Voir le site : opensourceecology.org
  3. Dans son Guide de l’autoconstruction : outils pour le maraîchage biologique, l'association Adabio (Association pour le développement de l’agriculture biologique) diffuse des techniques d’autoconstruction résultant d’une part des savoir-faire collectés auprès de maraîchers, et d’autre part d’un travail d’amélioration technique mené par l’association. L’ouvrage collectif présente en 250 pages les techniques, les gestes de sécurité, et pour chaque outil, un tutoriel comprenant des explications, photos, schémas, plans, liste des pièces. Le tout sous licence libre. En savoir plus : www.adabio-autoconstruction.org
  4. Dans l'article Wikispeed, la troisième révolution industrielle en Open Source sur www.ouishare.net
  5. Le système Arduino est un outil pour fabriquer de petits ordinateurs qui peuvent capter et contrôler davantage de choses du monde matériel qu'un ordinateur de bureau. C'est une plateforme Open Source d'électronique programmée qui est basée sur une simple carte à microcontrôleur et un logiciel, véritable environnement de développement intégré, pour écrire, compiler et transférer le programme vers la carte à microcontrôleur coûtant à peine 20 dollars…» Voir : www.arduino.cc/fr.