Les communautés intentionnelles

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On dit souvent : « c'est l'intention qui compte ». Rien n'est plus vrai dans le cas des communautés intentionnelles!
L'expression désigne un ensemble de personnes d'origines diverses ayant choisi de vivre ensemble en un lieu donné et sous une forme organisationnelle et architecturale définie. C'est bien le type d'intention qui distingue la communauté d'une autre.
Les communautés intentionnelles existent depuis très longtemps, sous la forme de communautés religieuses principalement, avec les monastères et les couvents par exemple. Les âshram sont ainsi présents en Inde depuis au moins 4 000 ans avant J.C... Dans les Amériques, les Amish, Quakers, Mennonites sont plusieurs millions à vivre en communautés dans la simplicité volontaire, intentionnellement. Des monastères (chrétiens, tibétain ou bouddhiste) aux coopératives Kibboutz en Israël, ces communautés variées ne sont pas uniquement unies par une religion mais aussi par un partage d'intentions plus large : la cohabitation et la coopération professionnelle sont souvent au coeur de leur projet commun. Ces habitants cultivent ensemble la terre, pratiquent le troc, mutualisent les ressources.

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Team TEDxGeneva edition 2013
Mise en scène Théo Bondolfi
Prise de vue Michel Guillet LTI-HEG
© LAL


Comme dans toute forme de communauté, certaines situations sont déviantes et abusives. Ces dérives sont largement médiatisées, au détriment des sources d'inspiration que ces organisations représentent, aussi bien en matière d'écologie que de proposition sociale.
Il y a autant de communautés intentionnelles que d'intentions, notamment :

  • religieuses
  • fondées sur des valeurs (écologiques par exemple)
  • économiques

Le réseau des communautés intentionnelles est informel, car il est composé de nombreux projets aux idéologies assez marquées (politique, spirituelle, etc.). Les participants ne sont pas toujours réunis par un lieu de vie, mais parfois seulement par des pratiques. En guise d'exemple, on peut citer :

Le choix de son appartenance

Nos ancêtres vivaient dans des grottes, en petits groupes. Nos aïeuls, eux, se serraient les coudes au sein de communautés villageoises. Mais avaient-ils vraiment fait le choix de vivre ensemble? N'étaient-ils pas plutôt motivés par un nécessaire impératif de survie ?
Avec la vulgarisation des moyens de transport rapides (train, voiture, avion), les possibilités de changer de lieu de vie sont décuplées. De plus, le marché du travail nous invite à toujours davantage de mobilité. Parallèlement à la liberté de déplacement accrue, face à l'émergence des sociétés jugées individualistes, les modes de vie communautaire regagnent du terrain. Ce qui n'était pas choisi autrefois, peut désormais faire l'objet d'un acte délibéré, intentionnel. Chacun est ainsi libre de se diriger vers un mode de vie plus collaboratif. Cette possibilité n'est cependant pas toujours pleinement exercée : combien d'entre nous pensent qu'ils ne peuvent pas s'extraire de leur environnement, qu'ils doivent "gagner leur vie" et que leur logement, leur environnement social, n'est que partiellement volontaire (en d'autres termes, accepté "à défaut de mieux").

Aujourd'hui, nous sommes toujours heureux de vivre en famille, en quartier, en communauté, mais le degré d'intention est très variable. Le terme "communauté" peut être utilisé
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Fête de l'association Smala, décembre 2012
© LAL
pour remplacer la notion de "quartier". On dit par exemple "participer à la vie de sa communauté" en parlant des activités de son quartier. Mais l'implication en matière de vivre ensemble reste très modeste, simplement parce que le principe dominant, c'est d'être propriétaire de son logement. Les lois du marché, notamment immobilier, ont plus d'importance que le choix du voisinage...
Une autre utilisation du terme "communauté" se réfère à l'appartenance culturelle, on parle alors de la communauté coréenne, chinoise ou française.
L'expression « faire du travail communautaire », se réfère au travail social réalisé dans un quartier, que ce soit pour développer des activités sportives, artistiques ou pour aider les gens à trouver du travail et à défendre leurs droits sociaux. Ici, même si la notion de "communauté" n'est plus à proprement parler intentionnelle, elle reste tout de même importante pour un grand nombre d'humains qui ont compris les limites du tout individuel. L'être humain est, par nature, un être social. Il a besoin de relations. Choisir sa communauté, c'est choisir d'habiter avec d'autres et de mélanger les cultures. C'est choisir son environnement de stimulation.


Lors de la création d'une nouvelle communauté, il est essentiel de se référer aux communautés intentionnelles du passé pour s'inspirer de leur réussite. Ainsi, on évite d'avancer en tâtonnant, à l'intuition, et au hasard; mais en s'appuyant sur ce qui existe, de manière à savoir où l'on va.

Les Amish

Les Amish sont une communauté intentionelle dite anabaptiste (d'influence protestante qui prône le baptême volontaire et conscient). Présente en Amérique du Nord, vivant de façon simple et à l’écart de la société moderne, la communauté est en expansion. Le nombre total d’Amish de l’Ancien Ordre (le plus rigoureux, majoritaire) était de 227 000 en 2008, alors que la communauté ne comptait que 123 000 membres en 1992. La population a donc doublé en seize ans. Ce phénomène est dû à une forte natalité et à un nombre croissant de nouveaux adeptes. En moyenne, la population Amish double tous les vingt ans.
Ces familles protestantes ont émergé en Europe à partir de 1693 : à Sainte-Marie-aux-Mines, l'évêque Jakob Amman (1645-1730), quitte, pour des raisons de divergences théologiques, la branche suisse des Mennonites, après avoir tenté de mobiliser les Frères d'Alsace pour une vie plus simple. Etant persécutés, les Amish partent en Amérique pour y créer des communautés indépendantes. Ils y arrivent par petits groupes, s'y installent définitivement.
Les Amish sont plusieurs millions en Amérique à avoir créé des communautés intentionnelles, parfois dans des régions entières et jusqu'en Argentine. Malgré un faible degré de liberté chez les jeunes, la tradition autorise les jeunes adultes à découvrir la vie moderne en ville. Ils sont libres d'y rester ou de rentrer pour réintégrer la communauté, et ainsi affirmer leur "intention" par le baptême.
Bien qu'ils soient souvent taxés d’extrémisme dans leurs pratiques : pas d'électricité, pas d'argent, une religion unique, ils demeurent remarquables par leur proximité avec la nature et leur capacité à s'entendre alors qu'ils sont des milliers. La solidarité communautaire s'exerce par exemple dans la manière de construire les maisons. Des centaines de membres viennent de partout. Les femmes préparent à manger, s'occupent de l'intérieur tandis que les hommes amènent du bois et bâtissent la maison en une journée. Un logement Amish est achevé peu de temps grâce à une forte coopération.
Dans le contexte actuel de dégradation de la qualité de vie, ils sont admirés pour leur mode de vie simple et sain. La première règle amish est : « Tu ne te conformeras point à ce monde qui t’entoure »...

Le phalanstère de Charles Fourier

Né le 7 avril 1772 à Besançon (Doubs) et mort le 10 octobre 1837 (à 65 ans) à Paris, Charles Fourier est un philosophe français, fondateur de l’École sociétaire, considéré par Karl Marx et Friedrich Engels comme une figure du « socialisme critico-utopique ».

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Très jeune pendant la révolution française, il présente aux révolutionnaires son projet de ville différente, le Phalanstère. Les révolutionnaires ne sont pas intéressés et le mettent de côté. Il continue quand même ses recherches et diffuse sa pensée.


Dans la théorie de Charles Fourier, le phalanstère est une sorte d'hôtel coopératif pouvant accueillir 400 familles (environs 2 000 membres) au milieu d'un domaine de 400 hectares où l'on cultive avant tout des fruits et des fleurs.
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Fourier décrira à loisir les couloirs chauffés, les grands réfectoires et les chambres agréables. Plusieurs disciples de la pensée fouriériste tentèrent l'expérience.
La plus célèbre date de 1846, quand Jean Godin, un industriel français, fonde le familistère de Guise. Dans ce complexe industriel destiné à produire des poêles à bois, les ouvriers et leurs familles vivent ensemble, dans des locaux aménagés pour le bien-être. Au-delà du confort, un système de protection sociale basé sur la solidarité est créé. Ce n'est que dans les années 60 que les activités du familistère de Guise s'arrêteront.
Dans la pensée de Fourier, on retiendra le principe d'une production qui ne détruit pas les liens sociaux.