Valeurs et mots numériques
Valeurs et mots numériques
Moneta, le journal pour un usage différent de l’argent, n°2, 22 juin 2011
Les messages électroniques et les sms représentent de nouveaux défis. Souvent, des propos frivoles voisinent avec des questions existentielles. Nous cherchons une parcelle d'émotion dans une jungle d'abréviations. Bien sûr, il peut être intéressant de répondre à toute vitesse et avec humour, mais cela peut poser problème quand il y a méprise. Bien se comprendre est assez difficile, même dans la communication directe. Avec un sms ou un courriel, nous n'entendons pas l'intonation, nous ignorons si - chez notre interlocutrice ou interlocuteur - le soleil brille ou si quelque chose de grave vient d'arriver. Un message peut avoir été rédigé pour être agréable, mais il suffit qu'un seul mot résonne en nous comme une menace pour que survienne l'incompréhension ou la contrariété. Alors nous choisissons de prendre le téléphone ou de rencontrer l'autre pour savoir ce que signifie son message de quelques mots. Le laconisme et la hâte peuvent briser une histoire d'amour.
Il faut beaucoup de courage pour dire ses quatre vérités, en face, à quelqu'un qui nous énerve. Tandis qu'avec un clavier, nous nous muons en quelques secondes en brute, faisant feu avec un chargeur rempli de munitions... Le risque existe donc que les nouvelles technologies de communication nous enferment davantage dans la solitude, que le réseau informatique ne soit pas si social que cela. Préférerons-nous bientôt déclarer notre flamme ou laisser exploser notre rage par réseaux interposés, profitant de leur effet dépersonnalisant? Nous ferions mieux de garder la tête froide, de communiquer ce qui est important en choisissant le bon moyen et la bonne durée, afin que les mots conservent toute leur valeur.
Dominique Zimmermann
+ rajouter le contenu filtré (pas tout, c'est trop) de l'article de la FSF sur le sujet