Sécurité: par la lumière ou l'obscurité ?

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Encadré mots-clés

sécurité, obscurité, lumière, secret de fabrication, identification, coopération.


1982 : une puissante explosion a lieu en Sibérie, celle d'un gazoduc. Résultat : « c'est l'incendie non-nucléaire le plus gigantesque que l'on ait jamais pu voir depuis l'espace », explique Thomas Reed, ancien directeur de l'armée de l'air américaine, dans ses mémoires. Cause de l'explosion : une défaillance du système de contrôle informatisé que des espions avaient subtilisé à une entreprise canadienne. La CIA avait bidouillé le logiciel pour qu'il se détraque au bout d'un certain moment. Voilà un exemple de bombe logique. Depuis cette histoire vraie, rien n'a changé : la dépendance aux réseaux informatiques interconnectés constitue une menace pour notre société mondialisée. Le secteur de la Défense est un exemple particulièrement édifiant. Terroristes et pirates peuvent provoquer des paniques aux niveaux financier, médical, militaire ou logistique. La sécurité sur internet est un enjeu stratégique. Elle s'exerce tant au niveau individuel (les postes informatiques clients) qu'au niveau collectif (les postes informatiques serveurs).

Posséder l’information c’est détenir le pouvoir

Cacher la clé de son appartement dans la boîte aux lettres et présumer que personne ne la trouvera, est-ce là vraiment la meilleure manière de mettre ses biens en sécurité? Pourtant c’est cette option que choisissent la plupart des grandes entreprises numériques. Concrètement, la clé est la faille de sécurité connue par son fabriquant, qu’il préfère cacher aux yeux du public en espérant que personne ne la découvre et ne la révèle, plutôt que d’avertir ses utilisateurs pour qu’ils se préparent à l’éventualité d’être cambriolés.

Dans ce cas on parle de sécurité par l'obscurité appuyé par le principe du secret de fabrication: si vous ne savez pas comment fonctionne mon système de l'intérieur, alors vous ne pourrez pas le prendre en faute. Pour ce faire, les auteurs des programmes informatiques tiennent au secret le code source faisant fonctionner leurs logiciels. Comme si on permettait de conduire une voiture, mais en interdisant d'aller voir ce qu'il y a sous le capot. Argument : sous le capot, c'est secret défense, c'est dangereux. Même pour les mécaniciens. Seuls un petit nombre de personnes, triées sur le volet, peuvent lire le logiciel, le modifier, donc aussi le vérifier et l'améliorer. Bien qu'on puisse être tenté de croire que cette approche soit la plus sûre, il s'avère que, dans les faits, elle connaît de nombreuses défaillances. Dans le meilleur des cas, un futé (hacker) trouve une faille, malgré tout, et détourne le logiciel de sa fonction première ; dans le pire de cas c’est un scélérat (cracker) qui trouve la clé et les conséquences peuvent être désastreuses.

Et si fournir la clé était la solution ?

La sécurité par la transparence s'appuie sur l'idée que si le code source est en libre consultation pour tout le monde, ceci va augmenter sa probabilité d'être sûr et inattaquable, donc sans défaillances. Des développeurs de logiciels de tous horizons pourront le télécharger et regarder son mode de fonctionnement, identifier les failles, dénicher des bugs, s'entendre et, au final, aboutir à un degré de sécurité supérieur basé sur l'intelligence collective. Ce modèle est adopté et promu par la communauté Open BSD qui, dans le monde du logiciel libre, a la sécurité pour principale préoccupation. La sécurité par la transparence est néanmoins déjà adoptée pour certains systèmes comme GNU/Linux, qui est à la base de tout système informatique et aussi pour la distribution de Debian [lien interne]


La sécurité sur internet est un enjeu stratégique. Elle s'exerce tant au niveau individuel (les postes informatiques clients) qu'au niveau collectif (les postes informatiques serveurs). Car la dépendance aux réseaux informatiques interconnectés constitue une menace réelle pour notre société mondialisée. Le secteur de la Défense est un exemple particulièrement édifiant. Terroristes et pirates peuvent provoquer des paniques aux niveaux financier, médical, militaire ou logistique. Mieux vaut donc prévenir que guérir.


Chiffrement : une enveloppe pour les courriels

Envoyer un courriel c'est un peu comme envoyer une carte postale : tout le monde peut le lire pourvu qu'on ait un peu de compétences informatiques et qu'on soit sur le passage du message. Pourtant, personne ne mettrait des données personnelles ou même de données de travail sur une carte postale. Chiffrer un message revient à utiliser une enveloppe.

Clef GPG

Le système le plus efficace pour chiffrer des messages est d'utiliser une clef GPG. Cela nécessite un petit programme qui s'installe sur tous les ordinateurs et qu'on apprend à manipuler en moins de 5 minutes. Il permet d'assurer un très haut niveau de confidentialité des données. La contrainte est que pour qu'un échange soit sécurisé, il faut que l'expéditeur et le destinataire l'utilisent...

Matériel de guerre

Les États surveillent de près tout ce qui touche à leur cryptographie. Ils ont longtemps été très restrictifs dans l'utilisation des systèmes de chiffrement. Ils considèrent qu'il s'agit de matériel de guerre. Les agences de renseignement ainsi que les trafiquants d'armes et de drogue utilisent de tels systèmes pour faire circuler l'information.

Chiffrement késako?

Le chiffrement est un concept mathématique complexe. C'est aussi une course poursuite perpétuelle entre chiffreurs et déchiffreurs. Il est souvent difficile de distinguer les gentils des méchants ou de dire de quel côté se situe le service de renseignement des états, démocratiques ou non. La généralisation de la numérisation des données ou des communications a fait exploser la demande de chiffrement.

Adapté de Lucia Sillig paru dans le temps Genève Janvier 2011 et d'un commentaire de Grégoire Ribordy directeur de la société de cryptographie genevoise ID Quantique

Le chiffrement a toujours été utilisé en temps de guerre, déjà à l'époque de Jules César. Quant aux premiers ordinateurs, ils sont le fruit des efforts de décryptages de messages ennemis pendant la seconde guerre mondiale (voir référence la machine de Turing http://www.netizen3.org/index.php/Machine_de_Turing)

Petiteshistoires5.jpg

Sources et notes

http://www.openbsd.org/fr/

Sources iconographiques

http://www.petiteshistoiresdinternet.ch/