Les deux grandes inversions
Un paradigme est un ensemble de principes qui fonde une époque. C’est un véritable étalon duquel découlent toutes les valeurs d’une civilisation. Dans l’histoire de l’humanité, nous avons assisté à deux grandes inversions :
La première inversion : alors que le partage du savoir était limité par la matière, il est devenu illimité, grâce à l’électronique qui permet de le copier sans frais matériels.
La seconde inversion : on croyait que les ressources naturelles étaient illimitées. Pétrole illimité, eau potable illimitée, air pur illimité, capacités des hommes illimitées… Mais soudainement, on s’est heurté à l’infiniment grand et à l’infiniment petit. Certes, il reste de nombreux espaces à explorer. Mais nos ressources naturelles et nos territoires, qui paraissaient illimités, sont en fait limités, cela devient un fait accepté par la communauté scientifique.
Albert Jaccard parle d’un passage du monde infini au monde fini.
Cette inversion des paradigmes, véritable bouleversement ontologique qui entraîne à sa suite le mode de fonctionnement de notre société, ses habitudes, ses croyances et ses aspirations, s’est déroulée parallèlement à notre entrée dans l’ère numérique. Nous avons face à face un monde matériel fini et fragile, et le monde de l’information immatériel, illimité et potentiellement tout-puissant. La noosphère devient plus dense, la biosphère toujours plus fragile.
Comment articuler ces deux concepts harmonieusement ? Comment mettre la noosphère au service de la biosphère ? Comment réconcilier immatériel et matériel ? Nous sommes sortis de l’ère industrielle, de ses gaspillages, de sa volonté aveugle de toute puissance. Mais nous disposons d’un outil immatériel bien plus puissant encore. Potentiellement plus dangereux donc. Mais aussi potentiellement plus efficace pour réaliser une prise de conscience bénéfique pour l’avenir de la terre et des hommes. Et réintroduire les notions de durabilité, de spiritualité et d’éveil dans nos consciences. Pour le bien commun.
(ajout à replacer dans corps du texte : de la rareté de l'information avec abondance de matière
vers labondance d'iunformation avec rareté de matière)