''Communauté'' : un gros mot ?

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Révision datée du 16 septembre 2013 à 15:18 par Pryska Ducoeurjoly (discussion | contributions) (L'expérience de Smala)

« Il faut s'entraider, c'est la loi de la nature »
Jean de La Fontaine

Les projets d'écolieux dont nous parlent les médias sont essentiellement « techniques » : il est question d'économie d'énergie, de matériaux sains, de préservation de sa santé. Mais on constate souvent que le chacun chez soi domine. On nous dit peu de choses sur les liens au quotidien entre les cohabitants, sur les possibilités d'innovation à plusieurs, sur l'environnement socio-économique général. Quid en effet des structures permettant aux participants de monter des entreprises ensemble, de partager les frais d'éducation des enfants, et même de mutualiser certaines dépenses de santé ? La notion d'écologie sociale est encore assez nouvelle et peu médiatisée. Sans doute parce qu'elle amène à parler de « communauté », un mot qui fait peur dans l'esprit du grand public.
L’idée de « vivre en communauté » est très souvent liée au manque d'espaces privés, à des parties communes mal rangées, au manque de respect de la liberté de l’autre, à l'obligation de faire la vaisselle, notamment celle de ses voisins, à des abus en tout genre… De plus, les expériences hippies des années 60 et 70 ont, semble-t-il, laissé un souvenir aigre-doux dans l’inconscient collectif.
Pourtant nous vivons en communauté de pratiques : la Communauté Européenne, les communautés d'usagers, les communautés virtuelles... L'expression « faire du travail communautaire », se réfère au travail social réalisé dans un quartier, que ce soit pour développer des activités sportives, artistiques ou pour aider les gens à trouver du travail et à défendre leurs droits sociaux. La notion de communauté reste donc importante pour un grand nombre d'humains qui ont compris les limites du tout individuel. L'être humain est, par nature, un être social. Il a besoin de relations.
Choisir sa communauté, c'est choisir d'habiter avec d'autres et de mélanger les cultures. C'est choisir son environnement de stimulation.

L'expérience de Smala

Comme peuvent en témoigner les membres de l'association Smala, à l'initiative du projet Ecopol (voir l'acte 4, consacré à Smala), on peut vivre en communauté tout en préservant son intimité ou la cellule familiale : salle de bain, toilettes, cuisine, salon sont des espaces privés dans chaque foyer. On peut aussi confier l'entretien des espaces partagés à des professionnels, rémunérés grâce au budget de la communauté. Dans les maisons Smala, se trouvent conjuguées l'ambiance conviviale d'une maison de quartier, la propreté d'un hôtel et la qualité d'animation d'un centre culturel.
L'écologie communautaire est une clé-de-voûte indispensable pour des projets de cohabitat qui ne se limitent pas à la mutualisation des achats pour la construction de logements. Le succès de Smala réside dans le fait qu’il y a – malgré les préjugés sur la vie en communauté – une proportion grandissante de personnes qui souhaite faire cette expérience de cohabitation et/ou coopération en communauté, ici et maintenant, concrètement, en respectant l’environnement par une attitude profondément responsable, basée sur la simplicité volontaire, la sobriété heureuse, la jubilation dans l’effort de vivre.
Ces personnes sont conscientes que la durabilité de la vie sur terre passe par la vie en communauté, que cela permet de réduire la consommation grâce au partage de matériels (réfrigérateur, connexion web, potager), tout en ayant une totale indépendance de rythme et des espaces réservés à l'usage privé. Ces personnes qui partagent cette vision bénéficient de locaux à Smala, et justement leur nombre est croissant, alors que les offres sont quasiment inexistantes. Ces personnes peuvent constater que, mise à part une réunion de maison par mois et le rangement régulier de leurs affaires dans les locaux communs, elles peuvent vivre entièrement à leur rythme.

Des relations humaines de qualité

Dans une communauté, l'élément le plus délicat est le facteur humain. C'est ici qu'on parle d'écologie relationnelle, un art qui vise à établir une communication harmonieuse entre les êtres humains. La régulation des relations entre les acteurs d'un tel lieu, le bon équilibre entre libertés individuelles et la gestion du bien commun sont autant de dimensions à organiser. S’il ne fallait retenir qu’une chose, c’est simplement qu'on peut faire des erreurs. On peut même accepter des régressions dans la qualité de la dynamique de l’écologie communautaire. Si on ne dramatise pas, si on n'entre pas dans des jeux de pouvoirs où l'on cherche à imposer ses idées au risque de faire exploser le groupe, alors on s'aperçoit qu'au fond, il y a des choses qu'on perd mais d’autres qu'on récupère ! Au final, les solutions adoptées conviennent à ceux qui s'engagent dans des relations durables. Relations durables ne veut pas dire relations faciles, cela désigne surtout la capacité à s'accepter et à s'entendre sur les règles du jeu, au-delà des différences.
Il est plus facile d'être solidaire lorsque tout va bien. Proposer un changement et mener ce changement à bien est plus conflictuel. Lorsqu'un groupe de personnes choisit d'expérimenter l'écologie communautaire, des discordances peuvent apparaître. D'où l'importance de mettre en place :

  • Une bonne gouvernance ou Qui décide quoi ? : afin que chacun se sente impliqué et écouté, il est essentiel de trouver une façon de décider qui soit la plus démocratique possible. Les outils de gestion informatiques, répondant aux critères de la culture libre (voir notre article Les netizens et la culture libre), favoriseront le dialogue, la résolution des conflits et protégeront des despotismes.
  • Un environnement social favorable : la présence de pionniers compétents dans la gestion des conflits est importante. Leur modération, leur recherche du consensus, leur attachement au bien commun et leur croyance en la non accumulation des ressources permettront de maintenir un climat sain et agréable pour tous.