Un label inclusif, évolutif, participatif,

De Wiki ECOPOL
Révision datée du 26 janvier 2014 à 16:47 par Pryska Ducoeurjoly (discussion | contributions) (Des coûts de construction bien réduits)

En Europe, pour obtenir un prêt bancaire pour un co-habitat en coopérative, les porteurs du projet doivent fournir vingt à trente documents différents. Chaque document demande un temps relativement important à produire pour qu'il réponde aux conditions de financement. Citons notamment : les statuts de la coopérative, les divers procès-verbaux de séances, la liste des membres, les bilans et comptes, le descriptif du projet, le contrat d'achat, le plan d'architectes, le permis de construire, les extraits du registre foncier et du registre du commerce, le devis des entreprises de construction (un gros morceau), le plan de financement, le comparatif des prix du marché pour des biens similaires, la preuve de solvabilité des futurs habitants, les études techniques diverses, la certification Minergie pour les économies d'énergie (isolation thermique). Voilà le degré de complexité d'un projet d'habitat en coopérative d'habitation.

Il est possible de déléguer ces tâches administratives, mais si les cohabitants délèguent trop à des entreprises externes sans bien s'approprier les enjeux et surtout sans bien chercher les fournisseurs les plus appropriés, ils risquent fort ensuite de ne pas pouvoir bien prendre en main leur destin de cohabitants. Car les documents réalisés par des entreprises hors du label Ecopol risquent fort d'être basés sur les standards en vigueur. Ces standards sont souvent adaptés pour un lieu de qualité sur un plan technique, mais largement insuffisants par rapports aux défis sociaux et économiques que le label Ecopol permet de relever.

Prenons l'exemple du règlement de co-habitation. Il peut être simplement basé sur les règles des gérances, des co-propriétés ou des coopératives ouvrières créées dès les années 1950 et toujours très actives aujourd'hui dans les pays industrialisés. Il est donc possible de compléter cette qualité d'écologie technique (économies d'énergies, matériaux naturels...) par une qualité d'écologie sociale, culturelle, économique. On parle alors de gouvernance communautaire. C'est là qu'intervient démarche d'Ecopol. Elle consiste à aider les porteurs de projets à rajouter une dizaine de documents dans leur dossier de projet. Ces documents complémentaires concernent la bonne gouvernance communautaire. Cette constitution doit être 100% compatible avec les lois, règlements, et applications en vigueur dans l'Etat concerné. Mais elle peut s'affranchir de certaines pratiques établies, comme la coutume de la propriété privée ou la distinction entre lieu de vie et lieu de travail. L'objectif est de créer un terreau particulièrement fertile pour une grande qualité de vie sur tous les plans : épanouissement personnel et professionnel, moins d'impact sur l'environnement, durabilité socio-économique...

Comme tout bon label, Ecopol s'obtient sur la base d'une évaluation de longue haleine. Cette évaluation se base sur le guide pour l'évaluation de la viabilité d'une communauté (l'ECV, voir l'article suivant).

Les documents d'évaluation établis sur la base de ce guide permettent à des experts extérieurs de mesurer la qualité et la quantité des relations sociales et économiques entre personnes qui co-opérent et co-habitent dans ce lieu, et surtout la qualité de l'évolution année après année.

Un groupe de co-responsables d'un lieu obtient le label Ecopol avec un seul intérêt: le "prix à payer" pour obtenir le label est compensé par un gain en terme de qualité de vie. Le "prix", c'est:

  • un week-end de partages et de mises à jour des objectifs pour l'année à venir
  • une dizaine de réunions dans l'année pour suivre la réalisation des objectifs défini durant le week-end
  • une attention régulière à la dynamique de groupe pour que chacun-e puisse trouver progressivement une place appropriée dans chaque situation,
  • un bon groupe d'administration, rémunéré pour les tâches essentielles, parfois ingrates (et donc un budget issu d'un pot commun pour assurer ces tâches).

Puisqu'il ne s'agit pas de réinventer la roue, Ecopol s'exprime avant tout par des références à des documents existants: procédures standards d'évaluation de type ISO, critères de qualité existants dans des labels spécifiques (pour la construction, pour la gestion financière et le contrôle des comptes...). Simplement chercher à obtenir le label Ecopol c'est aussi accepter d'évaluer les aspects sociaux tels que stimulation de la créativité, l'écoute mutuelle, l'aide aux personnes socialement fragiles.

Et à l'image de la complexité de l'être humain, les critères d'Ecopol sont complexes. Ils fonctionnent sur le principe d'évolution participative méritocratique, au service des transitions vers des pratiques durables. C'est une méthode suffisamment documentée et déjà pratiquée par des pionniers de l'écologie communautaire, notamment sur Wikipedia et autres sites web collaboratifs. Des dizaines de travaux tant académiques (doctorats) que pédagogiques (guides et manuels pour débutants) sont disponibles comme support pour Ecopol.

Dans ces publications, on y trouve les rôles possibles, les tâches pour chaque rôle, et bien sûr la liberté pour chacun de contribuer là où il s'en reconnaît le talent. La trace se laisse sur le web, soit directement soit via des médiateurs-facilitateurs. C'est l'esprit netizen décrit dans l'article [Les netizens et la culture libre] de cet ouvrage. La dimension méritocratique s'explique par le fait qu'il est essentiel de reconnaître les contributions de chacun, d'en laisser des traces, tout en aidant ceux qui ne sont pas à l'aise sur Internet (notamment les seniors, les personnes peu habituées à communiquer par écrit et à formaliser leur perception...).

En synthèse, Ecopol est un regroupement de labels interdépendants, avec des moyens de vérifier tout ce qui est important. On peut dire qu'Ecopol est un méta-label. Le terme méta symbolise ici la complexité du défi d'assurer cette compatibilité entre tous les critères. La solution, il n'y en a qu'une, unanimement reconnue bien que trop peu connue par le grand public : considérer que ce qui compte dans un label, c'est le chemin vers la qualité, une évolution progressive. C'est différent du principe d'obtenir un tampon sur une feuille et après c'est acquis pour la vie, comme les certificats d'aptitude qu'on reçoit à la fin d'un cours, après un examen final.

Concrètement, l'objectif des évaluations annuelles est d'aider la communauté des co-responsables à valider:

  • un bilan des résultats des améliorations dans l'année écoulée
  • des objectifs réalistes et mesurables pour l'année à venir.

Chaque personne est unique. Chaque groupe est unique. Chaque évaluation est unique. Et pourtant, il existe un solide tronc commun, fil rouge et processus, basé sur les “technologies sociales” les plus avancées. Exemples:

  • les formulaires d'évaluation sur le web, pour vérifier la progression dans les objectifs et la satisfaction, dans lesquels chacun peut non seulement répondre et voir les réponses des autres en temps réel, mais aussi proposer des reformulations de questions et d'objectifs, faire émerger des tendances, affiner le processus en cours
  • les méthodes de vote et d'évaluation dites Condorcet, permettant de mieux départager des opinions et de décider de manière plus consensuelle, tout en ayant plus que deux options à la base
  • des activités créatives pour stimuler une bonne dynamique de groupe, rendre les processus d'évaluations plaisants,
  • des cahiers des charges d'administrateurs pour ces processus d'évaluation, ce qui permet de décharger les participants de lourdeurs bureaucratiques tout en restituant fidèlement et en utilisant efficacement leurs contributions
  • des méthodes pour s'assurer que toute cette documentation et ces évaluations ne soient pas trop lourdes à gérer, qu'elles ne ralentissent pas la dynamique de groupe et ne démotivent pas les participants. Avec pour principale méthode, la gestion des priorités, afin que seuls les éléments très importants soient traités par écrit avec trace. L'informel et l'intuitif s'expriment au quotidien, sans bureaucratie excessive.

Wikipedia et les autres communautés de la culture wiki sont des sources d'inspirations particulièrement importantes pour ces outils de bonne gouvernance, vu la qualité de leur résultats depuis le début des années 2000.

Voilà, vous y êtes, c'est tout cela Ecopol. Un méta-label participatif et méritocratique.