Fracture numérique
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700 millions de chinois, et moi et moi et moi, chantait Jacques Dutronc dans les années 1970. J'y pense et puis j'oublie, c'est la vie c'est la vie.
« Sur terre au début du 21e siècle, quatre milliards d'humains vivent avec moins de 1 ou 2 dollars par jour. Ils sont tout en bas de l'échelle de sociale. Et tout en haut, un cinquième de la population mondiale consomment à eux seuls environ 90 % ». Ces chiffres ont été donné dans un état des lieux alarmant des Nations Unies en 2002 [1]. Si vous lisez ce livre, vous êtes probablement déjà bien informé, vous avez accès aux médias, à Internet.
Comment des différences aussi importantes sont-elles possibles ? Quand même, cela parait incroyable. Par exemple, si un paysan en Inde ou en Chine, même pauvre, vend sa récolte, il devrait gagner suffisamment pour vivre dans la dignité, avec bien plus que 1 à 2 dollars par jour. Eh bien non. Pourquoi ? A cause du manque d'accès à l'information et à la formation. Dans de nombreuses régions du monde, les commerçants des métropoles régionales s'entendent sur l'achat des récoltes des paysans. Ainsi, lorsqu'un commerçant arrive dans un village avec un camion pour le remplir de la récolte locale, il dit implicitement aux paysans: « vous n'avez pas le choix ! C'est moi qui décide du prix, car je serai le seul à venir dans votre village éloigné pour acheter votre récolte ». Depuis l'arrivée des téléphones cellulaires et d'Internet, les paysans peuvent maintenant lui répondre : « désolé cher commerçant, nous venons de nous renseigner sur le web ou par téléphone, et en fait le prix moyen serait supérieur si nous allions vendre nous-même nos denrées en ville. Si vous n'acceptez pas notre prix de vente, nous pouvons louer un camion et descendre dans la métropole pour les vendre. Vous ne tenez plus le couteau par le manche. C'est maintenant nous qui décidons ». Voici un exemple qui montre que le numérique permet de réduire les fossés sociaux. Comment ? En réduisant la marge des intermédiaires. Mais cette vrai réduction des fractures reste rare.
Le monde est constitué du rapport entre les plus faibles et les plus forts. Injustices, petites et grandes, sont monnaie courante. Les nouvelles technologies de la communication, dites "numériques", permettent d'accélérer les mouvements d'informations. Tout va plus vite : les décisions, et aussi l'impact des décisions. Un train déraille dans une région bien connectée, et tout de suite des transports alternatifs sont organisés. Dans une région mal connectée, on attend, les solutions s'organisent bien plus lentement. Un pauvre cherche une adresse, il fait du porte à porte, demande dans la rue, se perd, perd du temps, et doit avoir beaucoup de force intérieur pour atteindre son but. Un riche utilise son GPS et son téléphone portable, il a des filets de sécurités en permanence. C'est une société à plusieurs vitesses.
Si les différences sociales ont toujours existé, les outils d'accélération des flux d'informations les accentuent. On parle désormais de fractures numériques. Les personnes qui ne sont pas alphabétisées numériquement sont laissées pour compte. C'est pour cela que de nombreuses actions citoyennes ont été mises en place afin de lutter contre la fracture numérique. On les regroupe sous le nom de e-inclusion. Elles concernent non seulement les personnes qui ont des handicaps physiques, mais aussi les personnes qui n'ont pas accès à l'information et qui restent bloquées dans les anciens paradigmes : les personnes de régions isolées ou celles qui n'ont pas les moyens financiers d'accéder aux technologies numériques. Et, plus largement, tous ceux qui n'ont pas conscience des enjeux de société soulevés par l'irruption du numérique.
Des milliards de dollars sont en effet investis chaque année par gouvernements et institutions parapubliques (fondations, associations) pour tenter d'éviter un nouveau drame social mondial : la fracture numérique, alias le fossé digital (digital divide en anglais).
Selon les gouvernements et la plupart des grandes ONG qui gèrent des projets de réduction de la fracture, il s'agit d'une fracture entre connectés et déconnectés, entre internautes réguliers et ponctuels, entre webmasters et analphabéTICs (TIC signifie dans le jargon institutionnel "Technologies de l'Information et de la Communication"). Pour cela, ils font appel à des représentants de la « Société Civile » (PME, associations) et leur fournissent des ordinateurs. Ainsi, ils facilitent la connexion au réseau Internet, financent quelques cours de Word et organisent de nombreuses conférences sur la nécessité de réduire la fracture. En marge, ils font une photo d’enfants et de femmes devant les ordinateurs pour justifier l’usage de l’argent, fournissent des chiffres impressionnants, et parfois organisent un forum sur Internet et un site qui va durer quelques années avant de s’arrêter faute de moyens... Et voilà, hop, le tour est joué, il y a eu un « acte visible de réduction de la fracture numérique ».
Pour justifier leurs démarches, ils utilisent des arguments quantitatifs : il y a autant de téléphones à New-York que dans toute l'Afrique. Un ordinateur coûte au moins 4 ans de salaire moyen au Bangladesh et seulement 1 mois salaire moyen en Angleterre. Une entreprise suisse a accès à autant d'informations stratégiques pour ses affaires chaque jour qu'une entreprise de Bolivie en une année. Mais, concrètement, est-ce en livrant des technologies qu’on réduit une fracture sociale ?
Nous l'avons dit: la vraie fracture est sociale. Elle coupe l’humanité entre une minorité qui contrôle les ressources, et une majorité qui les subit, consommateurs involontaires. Mais les mesures pour réduire cette fracture de manière qualitative ne sont pas des mesures visibles dans l’économie de la panique, modèle de gestion dominant en occident.
Encart 1
Argent public et fracture numérique
Difficile d’utiliser l’argent public pour atteindre des objectifs qualitatifs. Les gouvernements ont besoins de résultats à court terme, de chiffres impressionnants. Mais la fracture est entre ceux qui contrôlent l’information par voie numérique, et ceux qui la subissent. Elle réside entre ceux qui se sentent otages des ordinateurs pour assurer leur avenir professionnel, et ceux qui apprécient ces outils pour devenir plus autonomes dans leur développement général. Elle existe entre les responsables informatiques des grandes organisations et les directions des ces organisations qui ne comprennent pas les enjeux des choix qu’ils doivent faire. Elle se loge enfin entre ceux qui ont compris comment « devenir le média », et ceux qui ne voient dans l’E-communication qu’un système moins cher que la poste. Cette fracture creuse chaque jour plus les inégalités sociales. Si l’électronique dope les dynamiques, il faut s’assurer que nous dopons une dynamique de construction de la planète, et non de destruction de la planète.
Définitions
La fracture numérique est une fracture sociale accentuée par les progrès technologiques liés à l'informatique et à Internet. Elle peut être définie comme "l'inégalité dans l'accès et l'usage des technologies numériques."
Socio Digital inclusion : descriptif de ce que c'est Socio digital inclusion ainsi qu'illiteracy (alphabétisation numérique) et fluidité numérique (digital fluency), les différents niveaux de compétences de l'eculture, avec les médiateurs tout en haut et encore les pilotes en disant que ça se fait partout, etc. Comparatif Wikimedia, Debian (chaque fois des développeurs, membres d'un conseil, etc.)
Sources iconographiques
http://www.almin.be/newsletter/pics/almin009-05.gif
http://artic.ac-besancon.fr/histoire_geographie/BJacquet/cartographie/images/web03.gif
http://civitas.blog.tdg.ch/media/01/02/1623193681.jpg
Sources et notes
http://fr.wikipedia.org/wiki/Fracture_num%C3%A9rique#Probl.C3.A9matiques
Rapport sur la fracture numérique en Suisse, par la CEAT (MM Vodoz, Steiner, etc) : http://www2.unil.ch/cwp/rap_int_pnr51.pdf
http://www.ladocumentationfrancaise.fr/dossiers/internet-monde/fracture-numerique.shtml
Version en ligne
Reste à faire
Théo: synthèse
important: de toute façon y a une volonté citoyenne, donc de toute façon ça va dans le bon sens, mais parfois ça frise, voire c'est carrément contre-productif, et souvent ça a un impact faible par rapport aux moyens investis, parce que y a des brides et des déviances involontaires et non anticipées, et ça pose problème
Tableau
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