FUD: peur, incertitude, doute
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"Ils ne savaient pas que c'était impossible, alors ils l'ont fait." Cette citation de Mark Twain pourrait s'appliquer à un jeune alpiniste intrépide qui ouvre une voie autrefois réputée impossible. Ce dernier, sans laisser la peur le retenir, ou l'incertitude l'envahir, matérialise l'essence de cette phrase célèbre : "là où il y a une volonté, il y a un chemin." Aujourd'hui, les commentateurs politiques répètent inlassablement que nous vivons dans un monde incertain. Que tout change trop vite, que tout empire. Ce refrain pessimiste est l'écho des actions politiques de maints gouvernements agitant des peurs diffuses leur permettant l'instauration de lois liberticides. Des individus gagnés par la peur, l'incertitude ou le doute, sont vulnérables et donc manipulables.
Le FUD Fear Uncertainty and Doubt (FUD, littéralement « peur, incertitude et doute », prononcé « feude ») est une manière de communiquer en distillant "des informations négatives, souvent vagues et inspirant la peur." Ce terme fut initialement utilisé pour qualifier une tactique marketing de désinformation utilisée par IBM. La tendance au FUD s'accentue largement au XXIe siècle. Il peut s'agir aussi d'une technique rhétorique utilisée dans la vente, le marketing ou les relations publiques. On le retrouve dans les méthodes utilisées par certains marchands de "solutions" informatiques pour soutenir la diffusion de leurs produits ou services. Roberto Di Cosmo, coauteur de l'ouvrage "Le hold-up planétaire : la face cachée de Microsoft" paru en 1999, souligne à propos de la société de Bill Gates : « L'existence de Linux, c'est la preuve (...) du monopole de Microsoft. Cela signifie que l'unique compétiteur qui a survécu dans le monde à Microsoft, c'est quelqu'un qui ne vend pas un service mais qui le donne. » Il ajoute : "Quand un éditeur de logiciels détient à la fois le système d’exploitation et les applications il lui est techniquement possible de modifier de système d’exploitation pour rendre les produits concurrents instables ou inutilisables." Résultat ? En 1999, l’alliance de Microsoft et de Intel, le fabricant de micro processeurs, a abouti au standard wintel qui contrôlait 90% du marché de la micro-informatique. Cette domination s'auto-entretien. Comment ? Par exemple, en faisant de "l’obsolescence programmée une marque de fabrique". S'équiper en informatique est devenu, sous le règne de Microsoft, "une fuite en avant pour acheter de nouveaux produits pour à peu près les mêmes tâches." L'idée est d'inciter de grands groupes à s'équiper pour créer un effet viral qui poussera le consommateur moyen à d'équiper à son tour. Une décennie plus tard, Microsoft perd un peu de terrain au profit d'Apple, qui utlise des techniques de marketing similaires.
En résumé, avec le FUD, il s'agit d'instiller un sens de la peur, d'incertitude et de doute dans les esprits des consommateurs à propos d'un produit concurrent (*ou encore de toutes les NTIC, voire de l'internet dans sa totalité*). Ce faisant, le marchand garantit que le pire est encore à venir si la cible visée n'achète pas son produit.
Cinq caractéristiques du FUD:
L'urgence : il vous faut acheter ce produit dès aujourd'hui sous peine de prendre un retard considérable, ou parce que vous êtes déjà en danger.
Les supporters : soit aucun nom n'est cité, soit les supporters sont des escrocs ou des charlatans.
La technique : le vocabulaire choisi n'est pas facile d'accès, et des techniques simples sont présentées comme étant révolutionnaires.
Le pouvoir de nuisance : il vous faut acheter tel produit sous peine de vous faire pirater, de perdre de l'argent ou de ne pas avoir de succès.
L'intox médiatique : un FUD exagère ou crée les faiblesses du produit concurrent, tout en attaquant ses points forts de manière biaisée.
Comment produire et éviter le FUD?
Tableau
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