L'économie sociale et solidaire

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Révision datée du 17 août 2016 à 10:11 par Heriche (discussion | contributions) (Une alternative économique crédible)

Notins clés: innovation sociale, emploi, économie sociale, entrepreneuriat social, valeurs, richesse sociale, coopérative, bien-être social, citoyennet, autonomie, solidarité, diversité, réseau, Union Européenne, commerce équitable, démocratie participative, bien commun, utilité publique, responsabilité sociale.


Crise économique, crise sociale, crise écologique... Le profit à tout prix est-il vraiment durable ? On oppose souvent les systèmes capitaliste et socialiste. Mais au-delà de ce jeu de ping-pong, peut-on imaginer d'autres options crédibles ? « Oui, répondent certains entrepreneurs, mais on nous en parle peu... »

Parmi ces propositions nouvelles, l'économie sociale (ou ESS pour Economie Sociale et Solidaire) fait figure de point de convergence. Cette approche dynamique émerge à travers de multiples réussites concrètes. Elle porte en elle les germes d'un contrat économique et social sans doute plus harmonieux.

Réconcilier l'économie avec l'intérêt général, c'est l'objectif premier de ces entreprises de l'ESS. Le groupe français SOS[1] en est un exemple représentatif. Il compte 1 000 salariés et gère 300 établissements, aussi variés que des hôpitaux, des maisons de retraite, des centres d'insertion ou d'hébergement, ou encore des centres de développement durable. Tous s'inscrivent dans cette optique de solidarité et d'innovation sociale. Au total, un million de bénéficiaires pour un chiffre d'affaire de 560 millions d'euros. Le but n'est pas tant la viabilité économique du groupe que la création de richesse sociale.

En France, l’ESS mobilise 10 % des salariés et génère 20 % des créations d'emploi. Ces chiffres sont ceux du panorama du Conseil national des chambres régionales d'économie sociale et solidaire (CNCRES), sur la base des données de l’Insee en 2008.

Les 7 valeurs de l’ESS

  1. Bien-être social : être plutôt qu’avoir. Les acteurs et actrices de l’ESS visent à construire une économie qui affirme la primauté de la personne sur le capital. Ils reconnaissent l’importance de dimensions immatérielles (esthétiques, émotionnelles, spirituelles, etc.) nécessaires au fonctionnement de la société et à l’épanouissement de ses membres.
  2. Citoyenneté : chaque contributeur a une voix qui compte. Les acteurs et actrices de l’ESS participent de manière libre, égalitaire et responsable à la construction d’une société assurant le développement des personnes et l’intérêt collectif. Ils appliquent la démocratie participative en favorisant le partage de l’information, des responsabilités, de la prise de décision et la reconnaissance du rôle de chacun.
  3. Ecologie : produire pour vivre et non vivre pour produire. Les acteurs et actrices de l’ESS reconnaissent l’interdépendance des processus socio-économiques et écologiques. Ils s’engagent à privilégier un système économique qui respecte les processus et équilibres écologiques dans un souci d’équité intra et intergénérationnel.
  4. Autonomie : autonomes mais pas individualistes. Les acteurs et actrices de l’ESS valorisent les compétences. Ils renforcent les moyens d’agir des personnes (salariés, bénévoles, membres, usagers, investisseurs) au sein de leur organisation. Ils recherchent une plus grande autonomie de fonctionnement de celle-ci, ainsi que de l’ESS à l’égard du secteur public et des autres acteurs du secteur privé.
  5. Solidarité : 1 + 1 > 2...: les acteurs et actrices de l’ESS privilégient la recherche de l’intérêt collectif sur le seul profit individuel. Ils valorisent la création de lien social d’interdépendance au plan local, régional et international.
  6. Diversité : riches de nos différences. Les acteurs et actrices de l’ESS s’engagent à comprendre, respecter et valoriser les différences entre les personnes et les peuples. Ils prohibent toute forme de discrimination. Ils recherchent les complémentarités pour apprendre ensemble.
  7. Cohérence : dire ce qu’on fait et faire ce qu’on dit. Les acteurs et actrices de l’ESS s’efforcent d’appliquer de façon cohérente l’ensemble des valeurs ci-dessus à tous les niveaux de leur fonctionnement. La cohérence entre les valeurs prônées et le vécu est essentielle à la crédibilité et au développement de l’ESS.

Une alternative économique crédible

Un peu partout en Europe, l'économie sociale se forge une réelle légitimité. Elle se démarque des logiques qui privilégient le profit au détriment de l’intérêt général et de l'utilité sociale. Les entreprises sociales représentent au sein de l’Union européenne 10% de l’ensemble des entreprises. Cela fait tout de même deux millions d’établissements. Ils emploient plus de 20 millions de salariés (6% de l’emploi total), selon les chiffres de l’Observatoire européen de l’entreprenariat social[2].

A pas feutrés, ces valeurs « réémergentes » s'imposent comme un axe incontournable pour la refonte de nos échanges économiques. Même si la notion de solidarité comme vecteur de bien-être social fait encore un peu figure de douce utopie pour les tenants du paradigme capitaliste, l'économie à visage humain, non spéculative, concentrée sur la création de richesse sociale, rallie un nombre croissant de managers et de créateurs d'entreprises.

En France, un appel commun a été signé en juin 2011 par de nombreuses organisations de l’ESS et des personnalités. Objectif : poursuivre la démarche des Etats généraux de l'ESS, en formulant des propositions aux partis politiques mais également à l’opinion publique, et faire débat[3]  : « Si nous voulons changer de paradigme, si nous voulons offrir un futur plus accueillant aux jeunes générations, il est temps de reconnaître le poids politique et économique des acteurs de l’économie sociale et solidaire.»

Les promoteurs de l'ESS se dotent de chartes, de fédérations, de chambres de commerce alternatives. Travaillant beaucoup en réseaux (comme le réseau intercontinental RIPESS [4] ), ils parviennent peu à peu à influencer la composition des gouvernements (par exemple, dans certains pays, avec la création de postes de ministres délégués à l'ESS). Ils ont même désormais leur propre encyclopédie : solecopedia.org.

Economie sociale ou économie solidaire?

Jean-Claude Detilleux, président du Conseil des entreprises, employeurs et groupements de l’économie sociale (CEGES[5] , France) rappelle que « l’économie sociale et l’économie solidaire partagent les mêmes valeurs. Ces deux mouvements (et la myriade de sous-cultures ou groupes connexes sans tête ni dirigeant unique) se sont dotés de chartes éthiques pour définir leurs valeurs communes. Nous assistons à l’émergence de nouvelles pratiques qui se rejoignent dans une seule et même volonté : favoriser une économie à visage humain.

L'économie sociale est sans aucun détour favorable à une économie plus solidaire. Elle se retrouve donc très largement dans ce manifeste (celui de l’économie solidaire, ndlr) qui établit clairement la filiation historique entre deux générations d'entrepreneurs.

L'économie sociale agit pour soutenir le foisonnement d'initiatives solidaires à travers ses banques coopératives, ses mutuelles d'assurance ou de santé, son mouvement coopératif et associatif en apportant des moyens financiers, des ressources humaines, des moyens d'accompagnement. (...)

Car, pour l'essentiel, nous partageons les mêmes valeurs : la solidarité, la démocratie et de manière plus globale, les valeurs visant à mettre l'économie au service de l'homme.

Ne figeons pas trop les nuances ou les différences entre économie sociale et économie solidaire. (...) Ma conclusion est donc claire : Travaillons ensemble ! »

L'ESS : vecteur de Responsabilité Sociale des Entreprises

De nombreux domaines d'expression

L'ESS s'applique aussi aux entreprises plus classiques souhaitant avoir un comportement responsable. Ce qui suit est une liste de domaines à repenser, proposée par EnviroCompétences, Comité sectoriel de main-d’œuvre de l’environnement au Canada[6] , pour tendre vers une production durable et améliorer la responsabilité sociale de l'entreprise (RSE) :

TRAVAUX DE RÉNOVATION
Choix de l’entrepreneur Choix de l’éclairage
Choix de l’écodesigner Transformer le toit
Choix de la peinture Créer un mur végétal
SERVICES ET FOURNISSEURS
Choix d’un imprimeur écoresponsable Choix d’un traiteur
Travaux d’infographie Entretien ménager
PRODUITS ÉCOLOGIQUES
Implantation du commerce équitable Achat du mobilier de bureau
Achat de papier recyclé Achat des cartouches d’encre et de toneur
Achat d’équipement de bureautique Conception et achat d’un stand d’exposition
ÉCOATTITUDES AU TRAVAIL
Réduction de la consommation de papier Introduction de vaisselle et de tasses durables
Réduction de la consommation d’eau Vérification de la qualité de l’air
Efficacité énergétique (chauffage, climatisation) Planification d’événements écoresponsables
Transport durable (covoiturage, en commun) Réunions de travail et vidéoconférences
DISPOSITION DES MATIÈRES RÉSIDUELLES
Programme municipal de collecte des matières recyclables Matières dangereuses domestiques
Equipement en bureautique et de cellulaires Ecocentres (peintures, teintures)
MISE EN PLACE D'UNE POLITIQUE DE DÉVELOPPEMENT DURABLE PRODUCTION D’UN BILAN ENVIRONNEMENTAL
Erreur lors de la création de la miniature : Fichier manquant

Notes et références

  1. SOS : www.groupe-sos.org
  2. Union Européenne Entrepreneuriat Social et ESS
  3. www.lelabo-ess.org
  4. Le RIPESS est constitué de réseaux continentaux engagés dans la promotion de l’économie sociale et solidaire. De Lima à Québec, de Dakar au Luxembourg, le RIPESS organise des Rencontres internationales tous les quatre ans afin de créer un espace d’apprentissage, d’échange d’informations et de collaboration,[www.ripess.org www.ripess.org.]
  5. [www.ceges.org www.ceges.org]
  6. Source : www.envirocompetences.org, Guide de gestion et d’implantation d’une politique de développement durable.