A l'assaut des encyclopédies virtuelles
Sommaire
Des ressources bien gardées
Il y a longtemps, le monde était composé de régions ayant chacune en son centre une cité plus ou moins protégée par des murailles.
Avez-vous déjà vu un film moyennageux?
La vie du bourg s'organisait autour du château et de la cathédrale ou de l'église.
En cas d'attaque, la cité était protégée par les murailles, les ennemis devaient les franchir. Ces remparts protégeaient les populations.
Prendre le contrôle de la cité, allait de pair avec avoir la main mise sur toute la région. Une fois la ville fortifiée assiégée, les nouveaux gouverneurs régnaient sur toutes les terres, profitaient des productions de la ville et pouvaient encaisser les différents impôts.
Les prises d'assaut des cités s'expliquent par un besoin primaire de l'être humain: l'accès à des ressources rares.
Aujourd'hui tout a changé
Nous sommes dans une société de l'abondance: il y a trop de nourriture sur Terre. Une grande partie des récoltes de céréales nourrissent des animaux entassés dans des élevages industriels et qui finiront en burgers dans les assiettes des pays dits développés. Dans les pays du Sud, les cultures vivrières, celles qui nourrrissent les populations, ont été remplacées par ces exploitations céréalières au service de la consommation. Les populations des pays en développement n'ont rien à se mettre dans l'assiette, ils ne leur reste que les miettes, ou les produits venus du Nord, vendus à un prix qu'ils ne peuvent honorer.
Les passeports de l'espace Shengen, des Etats Unis, de l'Australie ou encore du Japon sont de vrais laissez-passer. Bien qu'on puisse faire le tour de la planète, il demeure néanmoins des espaces interdits aux masses : les salons VIP, les réunions des groupes d'intérêts économiques privés, le site de séjour du G8 ou du G20, le forum économique de Davos et bien sûr les zones militaires.
Dans les sociétés où manger n'est plus le problème du plus grand nombre, les assauts populaires ne se font plus pour des ressources naturelles. Les envahisseurs d'aujourd'hui combattent les différentes formes de pouvoir en quête d'informations. Il y a quelques siècles, les populations des pays riches étaient attirées par la matière, elles voulaient posséder plus de biens, de minéraux. Aujourd'hui, elles ne sont plus intéressées par les ressources limitées, elles les possèdent déjà en nombre suffisant. Elles se battent pour une autre chose, pour une ressource inépuisable: l'information.
Ce revirement du bien convoité est intéressant. Le parallèle prend encore plus de poids quand on se rend compte que matière et information ont des propriétés opposées: alors que l'échange fait varier la valeur de l'une, l'autre ne change pas de nature.
Prenons un exemple, si plusieurs personnes se partagent une somme, chacune en possèdera un certain pourcentage; mais si plusieurs personnes partagent une information, chacune possédera la même chose...
Des cités murailles aux encyclopédies virtuelles
Dans ce contexte, les encyclopédies comme Wikipédia ou Ékopédia, sont des socles de la société, des cités où s'accumulent les ressources convoitées. Mais si elles sont attaquées, elles ne réagissent pas comme les cités médiévales, bien au contraire, le mot d'ordre serait:
« Bienvenue! Participez, contribuez, montrez que vous le méritez, et vous serez reconnus comme co-responsables, co-dirigeants de cette entreprise ouverte à tous!»
Les mouvements se créent aujourd'hui par l'échange d'informations, par la révélation de faits maintenus secrets, par l'explication et la définition de notions essentielles, de pratiques durables dans des encyclopédies participatives ou sur les réseaux sociaux.
Le fonctionnement de ce type de pages web est basé sur le partage de l'information. Chacun peut contribuer et tous peuvent alimenter les contributions. L'information devient de plus en plus complète et précise, elle est disponible au plus grand nombre, et chaque contributeur peut apprendre quelque chose.
L'apprentissage par l'expérience
On peut développer ainsi plusieurs compétences en une : la compétence technique d'édition d'une page dans un wiki et, plus important encore, la compétence sociale d'agir avec d'autres dans un écosystème d'intelligence collective par confrontation de vision. De plus, en se conformant à une étiquette éthique, on prend conscience de l'importance de chacune de nos actions. La communauté du libre revendique:
- les limites de l'auto-promotion (faire sa propre pub)
- la citation des sources (ce que j'écris à été dit/écrit par untel)
- la culture de l'hyper-objectivité (être au plus vrai, sans prendre parti)
- la non-discrimination radicale (les mêmes droits pour tout le monde)
- la certification par les pairs (je confirme ce qui est écrit par un autre)
- la hiérarchie de contribution
- la culture de la modération
- le nettoyage participatif de bases de données
Wikimode d'emploi
Le Wiki est un type de plateforme web créée pour que tout le monde puisse participer. Une trace des contributions de chacun est visible et un système de contrôle participatif (chacun peut avertir) avec des alertes évite le vandalisme. Les Wikis peuvent servir notamment à définir notions et mots-clés comme dans une encyclopédie, mais aussi à beaucoup d'autres actions. Par exemple, un projet commun à un groupe comme une lettre, une pétition, un livre ou un mode d'emploi, un manifeste ou un scénario de cours.
Le Wiki le plus connu est Wikipédia, lancé par la fondation Wikimédia. Elle est à l'origine de nombreux autres projets comme Wikiquote pour les citations ou Wikiversity pour les cours sous licence libre qui permettent à tout le monde d'accéder à la formation libre.
Les plateformes web de type Wiki sont aussi utilisées par d'autres groupes comme Ékopédia, l'encyclopédie des pratiques durables et bien d'autres... N'importe quelle personne ou organisation peut installer un logiciel Wiki sur un serveur en choisissant à sa guise le nombre de langues, le système d'alerte, le contrôle de l'information , et le type d'accès des internautes.
Le premier Wiki est créé en 1995 par Ward Cunningham pour réaliser la section d’un site sur la programmation informatique, qu’il a appelé WikiWikiWeb. Son créateur décida de le baptiser ainsi en référence au terme hawaïen "Wikiwiki" qui signifie "vite", le journal The Economist fait remarquer que le mot "Wiki" peut être vu comme l'acronyme de « What I Know Is » (littéralement : « Ce que je sais est » ou « Voici ce que je sais »).
De nombreux projets concurrents ou complémentaires à Wikipédia sont apparus ces dernières années. Même s'ils sont moins connus, certains sont tout aussi intéressants et très utiles dans la culture participative et citoyenne sur Internet.
Une dernière chose: prenez le temps de lire les modes d'emploi! Le wiki est le royaume des chevaliers qui savent lire.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Wikip%C3%A9dia:Accueil_principal