Les DJ du libre
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Dans une bonne part des films de super-héros, comme Hulk, Batman ou Iron Man, on peut noter un truc curieux : ils essayent de montrer que les super-pouvoirs des héros sont explicables rationnellement, comme si c'était techniquement possible. Ils montrent des ateliers où se fabriquent les armures, les véhicules et les armes des super-héros. Ils donnent des explications pseudo-scientifiques, avec des termes qui font sérieux, une espèce de mélange entre des découvertes scientifiques, des engins des services secrets, un assemblage d'idées, d'informations, de processus. Bref, du métissage : adaptation, redéfinition, mélange et recyclage.
C'est le principe même des disc-jockeys (DJ) : ils ont un choix très varié de musiques et ils les mélangent. Aujourd'hui les DJ sont les rois de la musique. Ce sont eux qui attirent le plus de public. Ils se trouvent être des remixeurs, ils ne partent pas de rien, mais saluent les créations des autres, en les mettant en valeurs, en apportant leur petite touche. C'est une des grandes transitions en cours : de la production de l'information à la gestion de son flux.
De même, la culture libre est un état d'esprit : celui qui consiste à faire sa modeste part pour contribuer à un édifice commun, après avoir d'abord prêté bien attention à l'immensité des contributions précédentes. Certains la nomment aussi approches "ouvertes". En 2010, nombreuses sont les personnes qui remixent les oeuvres inconsciemment. Leurs créations, qui sont surtout des recyclages d'idées existantes, leurs paraissent souvent encore "uniques". Elles pensent encore qu'elles doivent faire attention à ne pas se faire "piquer" leur idées, alors qu'en fait elles-même ont "emprunté" à gauche et à droite. Nous sommes tous plus que jamais des remixeurs dans tous les domaines : recherche scientifique, mode, musique, livres pédagogiques, philosophie, et même dans nos artifices de superhéros.
Aujourd'hui déjà, et demain encore plus, nos activités sociales et professionnelles seront basées sur la gestion de répertoires, de bases de données. Notre quotidien consistera à découvrir les oeuvres de l'esprit, dans toutes les disciplines, à les étudier, les faire se connecter et contribuer à les mettre à jour. C'est notamment le cas des disc-jockeys.
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Utiliser un logiciel, c'est faire partie d'une communauté d'utilisateurs de ce logiciel. Les membres de cette communauté se connaissent rarement, néanmoins parmi ceux-ci, certains ne font pas qu'utiliser, ils développent, améliorent, adaptent, et permettent donc l'évolution du logiciel utilisé par tous les autres. Dans le monde des logiciels libres, ils sont beaucoup plus nombreux à pouvoir contribuer à l'amélioration du logiciel car tous peuvent identifier une défaillance ou une amélioration et la traiter immédiatement (grâce à l'accès au code source). Ainsi naissent dans le domaine des logiciels libres, autour du coeur du système d'exploitation nommé GNU/Linux des développeurs « d'arrangement » qui associent de nombreuses fonctions qui permettent à l'ordinateur de fonctionner correctement, tant clients que serveurs. Ces améliorations sont à la base d'une culture participative où chacun apporte sa petite pierre et, comme le dit Richard Stallman: « Chacun a sa propre motivation, il y a autant de motivations que de projets participants dans le domaine du logiciel libre ».
Une majorité de développeurs continue ponctuellement à apporter leur pierre à l'édifice pour le plaisir, pour l'excitation, comme dans un jeu social grandeur nature, en conditions réelles. Même s'ils arrivent globalement bien à distinguer réalité de virtuel, leur conscience des enjeux de société autour du logiciel libre est plutôt modeste. Elle se concentre souvent sur une approche très manichéenne avec les bons et les mauvais, néanmoins c'est une communauté hétérogène qui comprend de nombreuses sous-cultures, qui toutes sont reliées par les quatre libertés fondamentales du logiciel libre, le plaisir de contribuer et d'être reconnu par ses pairs.
Certains développeurs de logiciels libres sont particulièrement conscients et engagés. A ce titre ils obtiennent souvent des statuts de modérateurs ou d'administrateurs de communautés virtuelles qui débattent des positionnements face aux produits, services et tendances du moment.
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