Les vrais et les faux défis d'Ecopol
Vous vous demandez sûrement:
« Mais où se situe cet Ecopol? Avez-vous acheté un terrain? »
Effectivement, trouver une terre pour construire l'écolieu et l'acquérir sont des étapes très importantes. Pourtant, la définition et la réunion des intérêts sont tout autant essentielles. Les vrais défis de l'écologie sont les problèmes sociaux; les difficultés techniques ne sont que secondaires. Il faut d'abord se mettre d'accord sur un nouveau mode de fonctionnement. Cette adhésion à des valeurs et pratiques communes prime sur les aspects techniques, qui ne sont que les moyens assujettis à cet accord fondateur.
Il est intéressant de distinguer les vrais des faux défis. Les relations sociales sont toujours plus difficiles à résoudre que les questions techniques. Le progrès de la technologie nous permet de trouver de nombreuses solutions, qui ne sont pas toutes encore utilisées aujourd'hui.
L'organisation sociale : le vrai défi
- Méfiance et incompréhensions.
Il est plus facile d'être solidaire lorsque tout va bien. Proposer un changement et mener ce changement à bien est plus conflictuel. Lorsqu'un groupe de personnes doit faire le choix d'un nouveau mode de vie, d'une nouvelle organisation collective, des discordances et des conflits peuvent apparaître. - Une bonne gouvernance ou Qui décide quoi ?
Afin que chacun se sente impliqué et écouté, il est essentiel de trouver une façon de décider qui soit la plus démocratique possible. Les outils de gestion informatiques, répondant aux critères de la culture libre, favoriseront le dialogue, faciliteront la résolution des conflits et protègeront des despotismes. Voir aussi notre article Vers une bonne gouvernance. - Un environnement social favorable.
La présence de pionniers compétents dans la gestion des conflits est importante. Leur modération, leur recherche du consensus, leur attachement au bien commun et leur croyance en la non accumulation des ressources permettront de maintenir un climat sain et agréable pour tous.
Aspects techniques: le faux défi
- Trouver un espace pour s'implanter.
L'état de Bahia au Brésil est encore peu exploité, de nombreuses terres y sont disponibles. Mais l'Europe du Sud offre aussi de belles opportunités. A ce stade du projet, les pistes sont nombreuses. Cela permet de différer encore la réponse à cette question. - Trouver des financements.
Pour commencer à fonctionner dans un premier temps, il est nécessaire de réunir environ 9 millions d'euros. Cette somme peut paraître énorme, mais elle est infime face à l'épargne mondiale. En faisant appel à l'épargne de tous, notamment par le biais d'opérations de médiatisation et de levées de fond alternatives (notamment en employant les nombreuses possibilités d'Internet), il sera aisé de réunir ce capital. De plus, la question environnementale prend de plus en plus d'importance et intéresse un large public.
La collecte de fonds se fera de manière prudente et sécurisée, et ce n'est que lorsque les promesses de dons auront atteint le niveau nécessaire au lancement du projet que l'argent sera collecté. L'intelligence collective ainsi qu'un environnement socio-économique favorable, sont des clés à l'heure de convaincre des investisseurs.
- Atteindre l'autonomie énergétique.
Utiliser les énergies renouvelables (solaire, éolienne, hydraulique) pour ne pas dépendre du réseau régional est désormais beaucoup plus facile techniquement. De nombreux plans sont mis sous licence libre qui permettent de se lancer dans une auto-construction de ces équipements, du moins en partie et à moindre coût. - Limiter la dépendance au système capitaliste classique.
Un des buts poursuivis est d'atteindre une certaine autonomie vis à vis d'un système que l'on conteste. Mais l'autonomie ne signifie pas l'autarcie. Il sera possible d'être indépendant pour la production de fruits et légumes, pour l'élevage, mais il sera impossible de produire tout ce dont nous aurons besoin. Extraire le sel, fabriquer des ordinateurs, construire des panneaux solaires, élaborer des éoliennes, sont des activités pour lesquelles faire appel à des tiers sera nécessaire, parfois indispensable. Cependant, en s'associant à des prestataires adhérant aux valeurs de l'économie sociale et solidaire, reconnus par les certifications de biodynamie, labellisés bio-construction, nous ne trahirons pas notre éthique. La constitution de ce réseau mondial va dans le sens de l'autonomie mais s'éloigne de l'autarcie et du repli sur soi.