Les peuples premiers

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« La terre est notre mère a tous ». Les aborigènes respectent depuis la nuit des temps ce principe protecteur de l'équilibre de la planète et de leur environnement.
Signifiant "des origines" (du latin ab origines), le mot aborigène renvoie à celui dont les ancêtres sont les premiers habitants connus de sa terre natale. Aborigènes d’Australie, papoue d’Irian Jaya, Guayakis d’Amazonie, Maya du Mexique, pygmées du Zaïre, Karem de Birmanie, Bushmen du Kalahari, ils sont encore des milliers dans le monde avec leur langue, leur culture, leur tradition, leur mythe et une histoire de plus de 60 000 ans.
On désigne ces groupes par différentes expressions : peuples premiers, indigènes ou autochtones (terme désormais officiel. D'après le Fonds international de développement agricole, les peuples premiers représentent environ 370 millions de personnes[1]. Soit plus de 5% des Terriens, dont 70% en Asie.

Les peuples autochtones sont « les descendants de ceux qui habitaient dans un pays ou une région géographique à l'époque où des groupes de population de cultures ou d'origines ethniques différentes sont arrivés et devenus par la suite prédominants, par la conquête, l'occupation, la colonisation ou d'autres moyens », selon la définition du Haut commissariat aux droits de l'homme.
Le réseau mondial dit des « peuples premiers » est en effet composé de peuples souvent spoliés par les états où ils vivent depuis toujours. L'ONU les soutient : « Les autochtones sont souvent déplacés par les guerres et les catastrophes écologiques, expulsés de leurs terres ancestrales et privés des ressources indispensables à leur survie physique et culturelle. Leur savoir traditionnel est également souvent commercialisé et breveté sans leur consentement et sans leur participation».
Malgré leurs difficultés, ces peuples ont décidé de se mobiliser et de coopérer internationalement. Bien que non connectés à Internet, ils sont paradoxalement bien relayés sur la toile. Ils s'organisent aussi en réseaux, faisant front commun contre l'uniformisation des cultures.

Ils ont beaucoup à nous apprendre

N'ayant pas adopté les technologies accélératrices modernes que sont l'électricité et le moteur, ces peuples ont un faible impact environnemental, un mode de vie durable et autonome sans l'usage de l'électricité et de la motorisation. Leur culture traditionnelle fait d'eux les gardiens de savoirs ancestraux, notamment en matière thérapeutique, mais aussi en matière économique et sociale. Ils sont la preuve vivante que l'homme sait vivre heureux, en harmonie avec la nature et en communautés organisées.
« Ils présentent l’originalité d’être sans État mais pas pour autant sans règles. Ils parviennent même à faire appliquer leurs règles sans recourir à la police ou à la justice alors que nos sociétés peinent à faire appliquer les leurs malgré le recours à la contrainte.
Au moment où dans nos sociétés apparaissent de plus en plus d'États sans règles, les sociétés ayant des règles sans État ont des messages utiles à nous faire passer. Concernant l'objet du pouvoir, la légitimité du pouvoir, la place du consentement, les modes de régulation.»[2]

« La défaite de ces peuples sur le terrain de la technologie a conduit nos sociétés a porter sur eux un regard oscillant entre mépris, indifférence ou mythologie du bon sauvage descendant d’un Eden perdu. Le moment est venu de porter sur ces peuples un nouveau regard dans la mesure où ils ont une véritable avance sur quatre questions décisives auxquelles nos sociétés se trouvent confrontées :

  • Le rapport des hommes à la nature,
  • Le rapport des hommes entre eux,
  • Le rapport aux situations de survie,
  • Le rapport à la règle.

Nos sociétés connaissent sur ces quatre questions une situation de crise.

  • Crise du rapport des hommes à leur environnement
  • Crise de reconnaissance entre les hommes
  • Crise des fonctions régulatrices
  • Crise des savoirs de survie en situation de pénurie.»[3]

L'art du consensus chez les Mossi
« Comme à chaque fois, lorsqu’une discorde éclate chez les Mossi, le chef regroupe les hommes sous l’arbre à palabres au centre du village. Tout le monde parle, se coupe la parole, s’interpelle. Le chef seul reste silencieux, se garde bien de trancher, d’arbitrer, de juger. Il est là pour faire circuler la parole.
Si le chef ne tranche pas, c’est qu’il est convaincu qu’en arbitrant il écarterait, il exclurait et qu’au bout du compte, il affaiblirait le groupe en le divisant. L’important n’est pas de choisir entre les différents points de vue, mais de restaurer l’unité. Alors il laisse circuler la parole jusqu’à ce qu’un discours commun se constitue, tel un ciment à prise lente, pour refaire la cohésion du groupe. Les Mossi sont les inventeurs de la concertation pour rechercher le consensus.»
Le Maître des mots
Jean-Claude Boulard[4]

Le saviez-vous?

« Les parcelles de terrain exploitées puis abandonnées par les Indiens d’Amazonie depuis plus de quarante ans sont deux fois plus riches en espèces sylvestres que la forêt voisine. Leur système de gestion traditionnelle de la forêt est de loin le plus efficace. Une étude menée en 2006 au Brésil montre que la vitesse de déforestation est 17 fois plus élevée hors des territoires autochtones. Depuis toujours, les populations ancestrales vivent de la forêt avec en corollaire la durabilité de cette relation. »
La vitesse de déforestation actuelle est de 13 millions d’hectares par an, soit l’équivalent d’une agglomération de 100 000 habitants toutes les heures.
Près d’un quart des émissions de CO2 d’origine humaine, responsables du réchauffement climatique, est dû à la déforestation [5].

Le Potlach ou la culture du don

L'expression repas canadien, ça vous rappelle quelque chose? C'est un temps de partage où chacun apporte quelque chose à manger de sucré ou de salé, tout est posé sur une table et chacun se sert. L'appellation "canadien" renvoie à une pratique traditionnelle des indiens appelée le potlatch. Le principe est que celui qui possède quelque chose le partage. Appelé aussi culture du don, l'idée développée est la suivante: celui qui est prêt à donner ce qu'il a est celui qui est considéré comme ayant le plus de valeur aux yeux du groupe, de la société. Il y a plein de variantes en fonction des régions, des époques et des situations, elles sont toutes basées sur ce même principe du don et font référence au potlatch.

Cette pratique est présente en Asie du Sud-est, notamment en Indonésie, dans tout le Pacifique et dans les Amériques. On la retrouve également sur Internet où celui qui a le plus de mérite est celui qui a fait le plus de contributions.

Le potlach assure le fonctionnement de la communauté, car tout le monde y contribue. Lorsqu'une communauté, globalement équilibrée, constate que quelqu'un ne contribue pas au bien-être et au bien-vivre de la communauté, les plus sages vont discuter avec les membres à l'origine du déséquilibre pour leur demander de redevenir des contributeurs.

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Notes et références

  1. Wikipédia, article [Peuple autochtone http://fr.wikipedia.org/wiki/Peuple_autochtone]
  2. Centre de Ressources des Peuples Premiers, Messages bulletin n°1.
  3. Centre de Ressources des Peuples Premiers : www.cpfi-lemans.com/peuples
  4. Centre de Ressources des Peuples Premiers, Messages bulletin n°1.
  5. source: peuplespremiers.romandie.com