Les écoles de la vie pratique
savoir-faire, savoir-être, formation continue, formation à distance, eLearning, compétences transversales, participation individuelle.
Nombreux sont les signaux qui décrivent la rupture de plus en plus marquée entre les modes d'enseignement « traditionnels » et les attentes des élèves. Absentéisme, désaffection pour l'apprentissage, refus de l'autorité, etc.
Dans certaines filières innovantes, comme le cursus d'administration d’entreprise de l'Université fédérale de Salvador de Bahia au Brésil, on renouvelle les pratiques : ce sont les élèves qui assurent les cours. Il n'y a plus de tableau noir, les tables sont grandes et rondes au service de groupes de travail et de partage de savoir. Les enseignants sont présents à titre d'orientateurs, de facilitateurs et de valideurs. Les étudiants peuvent ainsi développer leurs capacités à analyser, à critiquer, à trier, à synthétiser et à restituer la matière étudiée, sous l'œil bienveillant des plus expérimentés.
Dans cette perspective, l'usage de l'internet tend à se répandre rapidement, grâce à l'interactivité de ses outils. De plus en plus de formations s'effectuent à distance. D'où l'intérêt de développer des compétences « transversales » en culture numérique.
En Europe, 10 % des contenus universitaires traitent de compétences transversales et complémentaires. Néanmoins, pour un étudiant en histoire ou en médecine par exemple, rares sont encore les occasions de participer à l'un de ces cours.
Sommaire
- 1 Du savoir-faire au savoir-être : place aux compétences transversales
- 2 Tous polyvalents
- 3 Nouveau code culturel : le RTFM
- 4 Liste des compétences clés pour l'éducation et la formation tout au long de la vie
- 5 Les 10 aptitudes les plus prisées par les employeurs
- 6 Transition vers la formation durable
- 7 Quiz
- 8 Annexes
- 9 Notes et références
- 10 Team Académy : l'école post-industrielle
Du savoir-faire au savoir-être : place aux compétences transversales
Avant le numérique, l'apprentissage s'effectuait au temps de l'enfance et de l'adolescence. Il fallait alors acquérir quelques compétences de base et se former à un métier dont on ne changerait guère par la suite. La formation continue des adultes était peu développée et rarement mise en valeur.
Ce n'est plus le cas aujourd'hui. Au XXIe siècle, changer de métier plusieurs fois dans son existence est devenu courant, voire indispensable. Mieux : nous pratiquerons demain des métiers qui n'existent pas aujourd'hui. Par conséquent, si l'on souhaite trouver sa place à l'ère numérique, rapide et fluctuante, développer des compétences relatives à un métier spécifique (tel que journaliste, électricien ou pilote de ligne) ne suffit plus. Il est désormais essentiel d'être conscient de l'existence des compétences de savoir-être et de se donner les moyens d'y accéder.
Ces nouvelles compétences ont toujours existé, mais dans le monde complexe qui est le nôtre, elles sont devenues incontournables. Elles nous permettent de maintenir un lien avec l'autre, de ne plus nous limiter à une tâche productive mais de nous ouvrir à la remise en question, au partage, à la différence et à la coopération, en transcendant les disciplines. Que l'on soit opticien, dentiste ou livreur à vélo, il faut être capable de gérer des situations de conflit, de se remettre en question, de mettre à jour ses compétences, de participer à des groupes de travail, etc. Sur internet, les compétences transversales sont particulièrement nécessaires. Elles permettent d'apprendre de manière autodidacte et de trouver les bons repères pour ne pas se perdre sur les autoroutes de l'information.
Internet favorise l'apprentissage par l'erreur. Une erreur signalée avec tact incite à la remise en question et à la progression.
La reconnaissance des autodidactes
Un vaste programme initié dans l'Union européenne dès les années 2000 permet de documenter et de certifier les compétences des autodidactes et des personnes au parcours atypique. Baptisé ECVET (European Credit system for Vocational Éducation and Training), ce système se développe comme la citoyenneté numérique : lentement et en profondeur. Avec l'ECVET, il devient possible, à tout âge, de faire reconnaître ses acquis au-delà des frontières d'un pays ou des compétences spécifiques d'un métier. [1] |
Tous polyvalents
Petit extrait d’un entretien préalable à la réinsertion dans une agence pour l'emploi :
La demandeuse d’emploi : « Je ne sais rien faire. J'ai passé les 20 dernières années à m'occuper de mes enfants » .
Le collaborateur de l’agence : « Vous savez utiliser un ordinateur. Cela a de la valeur. Vous avez su planifier les activités de vos enfants, jongler entre la préparation des repas et l'accompagnement aux cours de piano ou de football. Vous avez su gérer les conflits rencontrés pendant leur puberté et maintenir avec eux un lien de confiance. Cela aussi a de la valeur. Ce sont autant de compétences transversales qui vont vous permettre de vous réinsérer dans le monde du travail. »
Voici quelques exemples concret de capacités transversales :
Compétences fondamentales :
- maîtriser les moyens de communication ;
- gérer l'information ;
- utiliser les chiffres ;
- maîtriser le processus de résolution des problèmes.
Habiletés pour le travail d'équipe :
- travailler avec les autres ;
- savoir transmettre une information.
Compétences en gestion personnelle :
- participer à des projets et accomplir des tâches ;
- adopter une attitude et une conduite positive ;
- s'adapter facilement ;
- apprendre de façon continue ;
- travailler en toute sécurité.
Nouveau code culturel : le RTFM
L'évolution numérique a suscité l'émergence d'un nouveau code culturel bien spécifique, baptisé RTFM, autrement dit Read The Fucking Manual (en français plus châtié : Relis Ton Fichu Manuel). L'expression s'impose lorsque quelqu'un lance une question sans avoir au préalable, pris le temps d'effectuer une recherche sur Internet, pour vérifier si la réponse y était déjà accessible.
Répondre alors « RTFM », c'est signifier en substance : « Mon cher ami, développe tes compétences d'autoformation en ayant le réflexe de chercher par toi-même pendant un petit moment avant de poser la question à quelqu'un, car la réponse, tu peux la trouver toi-même facilement. »
Le RTFM reste peu utilisé en dehors du monde des informaticiens, mais il traduit l'importance croissante du développement des compétences transversales. Il témoigne par ailleurs d'une fin de non-recevoir délivrée à toute personne cultivant une logique d'assistanat, c'est-à-dire qui attend l'aide de l'extérieur, fonctionnant sur l'énergie d'autrui et non sur ses propres ressources intérieures.
eLearning
Si la formation à distance (alias « eLearning ») est en plein essor, il reste toutefois beaucoup à faire pour qu'étudiants et enseignants deviennent vraiment partenaires et ne limitent pas leur usage des ordinateurs au transfert de documents électroniques. Le jour où les systèmes éducatifs auront pour objectif commun de contribuer à améliorer le patrimoine commun des connaissances de l'humanité, un grand pas en avant aura été accompli. Des plateformes internet conçues dans l'esprit de Wikipédia permettront alors à tous les corps de métier de débattre et de confronter leurs pratiques. Ce n'est pas une utopie. À une échelle modeste, le changement est déjà en marche. |
Liste des compétences clés pour l'éducation et la formation tout au long de la vie
- Communication dans la langue maternelle ;
- communication en langues étrangères ;
- compétence mathématique et compétences de base en sciences et technologies ;
- compétence numérique ;
- capacité d'apprendre à apprendre ;
- compétences sociales et civiques ;
- esprit d'initiative et d'entreprise ;
- sensibilité et expression culturelles.
Pour plus d'informations ec.europa.eu
Les 10 aptitudes les plus prisées par les employeurs
- Habileté analytique ;
- flexibilité et talents variés ;
- aptitude interpersonnelle ;
- aptitude à la communication orale et écrite ;
- organisation, planification ;
- gestion du temps ;
- enthousiasme, motivation ;
- qualités de chef (leadership) ;
- faire preuve d'initiative et de dynamisme ;
- esprit d'équipe.
Devenir acteur de la société de l'information favorise l'acquisition de ces différents savoir-être. Par exemple, en prenant des responsabilités de modération sur un blog collectif.
Source : d'après Currie (1991) www.australie.uco.fr
Transition vers la formation durable
Le tableau ci-après a été réalisé par Stephen Sterling au tournant du millénaire. C'est un pédagogue qui n'a pas d'expertise particulière en culture internet, et qui ne s'en réclame pas. Et pourtant, on y voit à quel point la formation durable et internet vont dans le même sens. Dans l'éducation formelle, c'est l'approche dite « cathédrale » du partage, la hiérarchie de statut, le contrôle, tout passe par un chef suprême, une caste. Ne dit-on pas d'ailleurs d'un professeur devant une classe qui ne fait que l'écouter qu'il fait un cours « ex-cathedra » ?
Dans l'éducation durable tout comme sur internet, le partage du savoir et le développement socioprofessionnel s'organisent de manière plus ouverte, flexible ; la hiérarchie s'établit en fonction des contributions ; c'est l'esprit du bazar, chacun peut être reconnu pour ses particularités, la biodiversité des modes d'apprentissage est mise en valeur. Ainsi, dans l'éducation et dans la communication, il semble que les mêmes types de transition sont en cours, même si les termes utilisés dans ces deux sphères sont assez différents.
Au niveau éducatif, un des mouvements qui réfléchit à ces questions se surnomme humanités numériques. C'est un réseau informel d'enseignants et chercheurs qui essaie d'encourager leurs pairs à utiliser internet non plus seulement comme bureau de poste électronique, mais bien comme levier pour apprendre en communautés de pratiques, en partageant les connaissances sans barrières ni préjugés, ce qui reste bien loin des programmations comportementales dominantes dans la formation des enseignants et des formateurs. Internet, symbole des propriétés du numérique (décentralisation, a-synchronicité, symétrie, multilatéralité, instantanéité) étant simplement un grand levier pour l'évolution de ces modes de partages de la connaissance.
De l'éducation formelle | ...à l'éducation durable |
---|---|
Un contrôle pour le cursus | La construction de soi par le cursus |
Des connaissances fixes | La reconnaissance de l'incertitude |
La connaissance abstraite | La connaissance appliquée et locale |
Une expérience cognitive | La valorisation de l'affectif, du spirituel et du pratique |
L'intellect | La valorisation de l'intuition et des sentiments |
L'information et les données | Une connaissance plus profonde |
L'enseignement | L'apprentissage |
Les contenus | Les processus |
Des styles restreints d'apprentissage | Des styles multiples d'apprentissage |
L'instruction passive | L'enquête participative et critique |
L'apprentissage non critique | L'apprentissage réflexif |
La sélection et l'exclusion | L'inclusion sociale |
L'éducation formelle | L'apprentissage pour la vie |
Des spécialistes | Des généralistes chez les enseignants et les élèves |
L'individualisme | La communauté |
L'isolement institutionnel | L'engagement social et communautaire |
Les disciplines | L'inter- et la transdisciplinarité |
Les valeurs instrumentales | Un nouveau sens de l'intégration des éthiques sociale et écologique et de la responsabilité |
Des valeurs de compétition | Des valeurs de coopération |
Des indicateurs de performance quantitative | Des indicateurs de processus qualitatifs |
La valorisation du fait de savoir | La valorisation du « savoir-être » |
Source : Stephen Sterling, consultant, repris et traduit par La revue durable n° 8 de 2005 la revue durable n° 8 de 2005, dédié à l'éducation.
Quiz
Les compétences en eCulture sont des compétences transversales utiles dans le monde du travail. C'est la responsabilité individuelle de chacun de les développer. Parmi les neuf options proposées ci-dessous, quelles sont les cinq expériences ou compétences acquises dans l'utilisation des technologies internet qui vous semblent les plus à même d'être valorisées pour une activité professionnelle ? (Cinq bonnes réponses)
- S'insérer dans des communautés de pratiques en ligne ;
- Modérer des forums ou des communautés en ligne, des articles sur un blog ou sur un site communautaire ;
- Installer soi-même un système d'exploitation sur son ordinateur ;
- Faire des échanges par voie électronique avec des personnes d'autres langues/cultures ;
- Chercher les meilleurs tarifs pour voyager à bon prix ;
- Faire des expériences de prise de responsabilité au sein d'un groupe ;
- Avoir construit son ordinateur à partir de pièces détachées et savoir remplacer le disque dur ;
- Avoir une présence en ligne (ePortfolio ou blog par exemple) que l'on peut mettre valeur ;
- Télécharger de la musique et des séries TV avant tout le monde.
Annexes
Réponses au quiz
Bonnes réponses : 1,2,4,6,8.
Notes et références
- ↑ Plus d'informations sur www.europe-education-formation.fr
Savez-vous qu'en 2013, une quinzaine de pays sur terre offrent déjà la possibilité à des jeunes de faire un cursus universitaire avec éà la clé un master en gestion d'entreprise en faisant autrechose que suivre des cours pendant 5 ans : en créant une entreprise collectivement avec d'autres étudiants. eh oui, c'est le programme team acadaemy, petite expérience pilote qui monte qui monte qui monte...
Notre monde connaît de grandes transformations. Déclin des grandes institutions, niveau général d’éducation plus élevé, montée en puissance de nouveaux géants économiques, développement soutenu de technologies qui bouleversent notre quotidien, crises écologiques, financières, sociales,...
même le sacro-saint monde universitaire, réputé lent à évoluer, est touché par les mondes de l'éducation
Team Académy : l'école post-industrielle
Initié en Finlande, le réseau Team Academy délivre des diplômes universitaires à des jeunes qui ont appris à créer une entreprise sous la supervision de chefs d'entreprise. Et pour les jeunes, elle a bien l'intention de développer une succursale de ce réseau. Voici la vision qu'Ecopol partage et qui est présentée sur le site du groupe français qui a décliné le concept.
Notre monde connaît de grandes transformations. Déclin des grandes institutions, niveau général d’éducation plus élevé, montée en puissance de nouveaux géants économiques, développement soutenu de technologies qui bouleversent notre quotidien, crises écologiques, financières, sociales,...
Nous quittons difficilement, mais pourtant très rapidement, les façons d’organiser la société que nous avons héritées de l’ère industrielle. Le monde de demain ne ressemblera pas à celui que nous avons connu.
Comment préparer des jeunes générations à s’y repérer, à développer des compétences adaptées, à se frayer un chemin de bonheur personnel et responsable ? Beaucoup d’initiatives dans le monde cherchent à inventer une école qui soit adaptée à ces évolutions. Team Entrepreneur est l’une d’entre elles. Inspirés par Team Academy en Finlande, nous développons une méthode radicalement nouvelle d’apprentissage fondée sur un principe : apprendre par l’action.
Nos étudiants sont des entrepreneurs. Ils créent leur propre activité - pour de vrai ! - dès les premières semaines à l’école. C’est avec cette entreprise et avec les autres qu’ils vont développer des compétences précises, parmi lesquelles une grande autonomie, des capacités de leadership et d’innovation, les comportements qui font d’eux des équipiers solides. Créé par des chefs d’entreprise, Team Entrepreneur a comme ambition de devenir une des références en France dans le domaine de l’innovation éducative et du management du futur.
Apprentissage par l’action Chaque étudiant fait partie d’une équipe qui crée une véritable entreprise. L’équipe réalise alors une succession de projets auto-financés de plus en plus complexes, qui permettront d’apprendre tout en développant « l’entreprise-école ». Parcours personnalisé : chaque étudiant rédige un contrat d’apprentissage qui sert de fil conducteur tout au long de ses études. Il est aussi invité à tenir un journal de bord, qui garde une trace de son cheminement pour apprendre.
Dialogue réflexif Chaque semaine, les équipes se retrouvent avec un coach pour réfléchir sur les apprentissages réalisés et sur les compétences qui seront travaillées dans les semaines suivantes. Cet espace de dialogue permet aussi l’innovation : dans les projets des équipes, mais aussi dans l’école elle-même, dont la forme évolue constamment. Lectures orientées vers l’action : chaque étudiant doit lire une centaine d’ouvrages lors de ses trois années d’étude et rédiger pour chacun un essai, dans lequel il indique ce qu’il a appris et comment il compte utiliser dans l’action les concepts ou modèles découverts.
Autonomie des étudiants entrepreneurs
A Team Academy, il n’y a pas d’enseignants mais des coaches. Mis à part quelques rares séminaires spécialisés (le leadership ou la valeur client), il n’y a pas de cours, mais des rencontres avec des experts selon les besoins, l’échange avec les membres des entreprises partenaires et les clients ou avec des anciens élèves qui ont créé leur entreprise.
Tout l’argent gagné par l’entreprise sert à financer un voyage autour du monde à la fin des études.
voir aussi : http://www.tiimiakatemia.fi/en/