L'économie sociale et solidaire

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innovation, emploi, social, valeur, richesse sociale, coopératives


Crise économique, crise sociale, crise écologique... Le profit à tout prix est-il vraiment durable ? On oppose souvent les systèmes capitaliste et socialiste, sans imaginer d'autres options crédibles. Existent-elles ? « Oui, répondent certains entrepreneurs, mais on nous en parle peu ». Parmi ces propositions nouvelles, l'économie sociale (ou économie sociale et solidaire, ESS) fait figure de point de convergence. Cette approche dynamique émerge à travers de multiples réussites concrètes et porte en elle les germes d'un contrat économique et social sans doute plus harmonieux.
Réconcilier l'économie avec l'intérêt général, c'est l'objectif premier de ces entreprises de l'ESS. Le groupe français SOS en est un exemple représentatif avec ses 10 000 salariés et 300 établissements gérés (hôpitaux, maisons de retraite, centres d'insertion ou d'hébergement, maison de jeunes, centres de développement durable...). Au total 1 million de bénéficiaires pour un chiffre d'affaire de 560 millions d'euros. Le but n'est pas tant le profit que la création de richesse sociale.
En France, l’ESS mobilise 10% des salariés et génère de l'emploi (20% des créations), selon le panorama du Conseil national des chambres régionales d'économie sociale et solidaire (CNCRES), sur la base des données de l’Insee en 2008.[1].

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Les 7 valeurs de l’ESS

  1. Bien-être social : être plutôt qu’avoir.
    Les acteurs et actrices de l’ESS visent à construire une économie qui affirme la primauté de la personne sur le capital. Ils reconnaissent l’importance de dimensions immatérielles (esthétiques, émotionnelles, spirituelles, etc.) nécessaires au fonctionnement de la société et à l’épanouissement de ses membres.
  2. Citoyenneté : chaque contributeur a une voix qui compte.
    Les acteurs et actrices de l’ESS participent de manière libre, égalitaire et responsable à la construction d’une société assurant le développement des personnes et l’intérêt collectif. Ils appliquent la démocratie participative en favorisant le partage de l’information, des responsabilités, de la prise de décision et la reconnaissance du rôle de chacun.
  3. Ecologie : produire pour vivre et non vivre pour produire.
    Les acteurs et actrices de l’ESS reconnaissent l’interdépendance des processus socio-économiques et écologiques. Ils s’engagent à privilégier un système économique qui respecte les processus et équilibres écologiques dans un souci d’équité intra et intergénérationnel.
  4. Autonomie : autonomes mais pas individualistes.
    Les acteurs et actrices de l’ESS valorisent les compétences et renforcent les moyens d’agir des personnes (salariés, bénévoles, membres, usagers, investisseurs) au sein de leur organisation. Ils recherchent une plus grande autonomie de fonctionnement de celle-ci, ainsi que de l’ESS à l’égard du secteur public et des autres acteurs du secteur privé.
  5. Solidarité : 1 + 1 > 2...
    Les acteurs et actrices de l’ESS privilégient la recherche de l’intérêt collectif sur le seul profit individuel. Ils valorisent la création de lien social d’interdépendance au plan local, régional et international.
  6. Diversité : riches de nos différences.
    Les acteurs et actrices de l’ESS s’engagent à comprendre, respecter et valoriser les différences entre les personnes et les peuples, à prohiber toute forme de discrimination et à rechercher les complémentarités pour apprendre ensemble.
  7. Cohérence : dire ce qu’on fait et faire ce qu’on dit.
    Les acteurs et actrices de l’ESS s’efforcent d’appliquer de façon cohérente l’ensemble des valeurs ci-dessus à tous les niveaux de leur fonctionnement. La cohérence entre les valeurs prônées et le vécu est essentielle à la crédibilité et au développement de l’ESS.

Source : Après-Vd, Association pour la promotion de l'économie sociale et solidaire - Vaud (Suisse).

Une alternative économique crédible

Un peu partout en Europe, l'économie sociale se forge une réelle légitimité face aux logiques qui privilégient le profit au détriment de l’intérêt général et de l'utilité sociale. Les entreprises sociales représentent au sein de l’Union européenne 10% de l’ensemble des entreprises de cette dernière, soit deux millions d’entreprises qui emploient plus de 20 millions de salariés (6% de l’emploi total), selon les chiffres de l’Observatoire européen de l’entreprenariat social[2].
A pas feutrés, ces valeurs « réémergentes » s'imposent comme un axe incontournable pour la refonte de nos échanges économiques. Même si la notion de solidarité comme vecteur de bien-être social fait encore un peu figure de douce utopie pour les tenants du paradigme capitaliste, l'économie à visage humain, non spéculative, concentrée sur la création de richesse sociale, rallie un nombre croissant de managers, de créateurs d'entreprises. C’est pourquoi, en France, un appel commun a été signé en juin 2011 par de nombreuses organisations de l’ESS et des personnalités pour poursuivre la démarche des États généraux de l'ESS, en formulant des propositions aux partis politiques mais également à l’opinion publique, et faire débat[3] : « Si nous voulons changer de paradigme, si nous voulons offrir un futur plus accueillant aux jeunes générations, il est temps de reconnaître le poids politique et économique des acteurs de l’économie sociale et solidaire.»
Les promoteurs de l'ESS se dotent de chartes, de fédération, de chambre de commerce alernative. Travailant beaucoup en réseaux (comme le réseau intercontinental Ripess[4]), ils parviennent peu à peu à influencer la composition des gouvernements (par exemple, dans certains pays, avec la création de poste de ministres délégués à l'ESS). Ils ont même désormais leur propre encyclopédie : solecopedia.org...

De nombreux domaines d'expression

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Source : Après-Vd.

Économie sociale ou économie solidaire?

Jean-Claude Detilleux, président du Conseil des entreprises, employeurs et groupements de l’économie sociale (CEGES [5], France) rappelle que « l’économie sociale et l’économie solidaire partagent les mêmes valeurs. Ces deux mouvements (et la myriade de sous-cultures ou groupes connexes sans tête ni dirigeant unique) se sont dotés de chartes éthiques pour définir leurs valeurs communes. Nous assistons à l’émergence de nouvelles pratiques qui se rejoignent dans une seule et même volonté : favoriser une économie à visage humain ».

« L'économie sociale est sans aucun détour favorable à une économie plus solidaire. Elle se retrouve donc très largement dans ce manifeste (celui de l’économie solidaire, ndlr) qui établit clairement la filiation historique entre deux générations d'entrepreneurs.

L'économie sociale agit pour soutenir le foisonnement d'initiatives solidaires à travers ses banques coopératives, ses mutuelles d'assurance ou de santé, son mouvement coopératif et associatif en apportant des moyens financiers, des ressources humaines, des moyens d'accompagnement. (...)

Car pour l'essentiel nous partageons les mêmes valeurs : la solidarité, la démocratie et de manière plus globale, les valeurs visant à mettre l'économie au service de l'homme.

Ne figeons pas trop les nuances ou les différences entre économie sociale et économie solidaire. L'économie sociale mène un combat essentiel pour réguler les marchés, rénover la protection sociale, mieux maîtriser la mondialisation et promouvoir le développement durable. Dans les grandes banques coopératives, les mutuelles d'assurance ou de santé, les coopératives de production, de logement, d'artisans, les associations dans des secteurs comme le tourisme et la culture, les fondations ne sont pas opéables, difficilement délocalisables et ont un autre rapport au territoire et aux résultats à long terme. Dans une économie plurielle de marché, l'économie sociale est indispensable.

Plus elle sera forte, plus elle pourra soutenir les initiatives d'économie solidaire et peser pour entreprendre autrement. Ma conclusion est donc claire : Travaillons ensemble ! »


Une vision globale qui impliquent de nombreux acteurs

Chacun doit faire sa part, mais nous ne pouvons y arriver qu'ensemble.
Voici une liste, proposée par EnviroCompétences Comité sectoriel de main-d’œuvre de l’environnement au Canada, de domaines à réorganiser pour tendre vers une production durable et améliorer la responsabilité Sociale de l'Entreprise (RSE):

TRAVAUX DE RÉNOVATION
Choix de l’entrepreneur
Choix de l’écodesigner
Choix de la peinture
Choix de l’éclairage
Choix du tapis
Transformer le toit
Créer un mur végétal
SERVICES ET FOURNISSEURS
Choix d’un imprimeur écoresponsable
Travaux d’infographie
Choix d’un traiteur
Entretien ménager
PRODUITS ÉCOLOGIQUES
Implantation du commerce équitable
Achat de papier recyclé
Achat d’équipement de bureautique
Achat du mobilier de bureau
Achat des cartouches d’encre et de toneur
Conception et achat d’un stand d’exposition
ÉCOATTITUDES AU TRAVAIL
Réduction de la consommation de papier
Réduction de la consommation d’eau
Efficacité énergétique (chauffage, climatisation)
Transport durable (covoiturage, en commun)
Introduction de vaisselle et de tasses durables
Vérification de la qualité de l’air
Planification d’événements écoresponsables
Réunions de travail et vidéoconférences
DISPOSITION DES MATIÈRES RÉSIDUELLES
Programme municipal de collecte des matières recyclables
Equipement en bureautique et de cellulaires
Matières dangereuses domestiques
Ecocentres (peintures, teintures)
MISE EN PLACE D'UNE POLITIQUE DE DÉVELOPPEMENT DURABLE
PRODUCTION D’UN BILAN ENVIRONNEMENTAL

Source : www.envirocompetences.org, Guide de gestion et d’implantation d’une politique de développement durable.

Notes et références

  1. Panorama de l'économie sociale et solidaire accessible sur app.box.com/shared/szp5fazj6j ou sur www.cncres.org
  2. Union Européenne Entreprenariat Social et ESS
  3. www.lelabo-ess.org
  4. Le RIPESS est un réseau de réseaux continentaux engagés dans la promotion de l’économie sociale et solidaire. Les réseaux continentaux du RIPESS rassemblent des réseaux nationaux et des réseaux sectoriels. Le RIPESS croit à l’importance d’une mondialisation de la solidarité afin de construire et de renforcer une économie qui met les gens et la planète au centre de son activité. De Lima à Québec, de Dakar au Luxembourg, le RIPESS organise des Rencontres internationales aux quatre ans afin de créer un espace d’apprentissage, d’échange d’informations et de collaboration.www.ripess.org
  5. www.ceges.org