Les incubateurs ou promoteurs de l'innovation sociale
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Vous avez dit promoteurs? Surgit l'image du cadre peu scrupuleux, en train de nous vendre une maison sur plan, dans un coin où on a jamais mis les pieds... Non, non, cette fois, il s'agit de nous proposer un progrès social et non un retour sur investissement purement financier. Les incubateurs ou promoteurs de l'innovation sociale sont des managers qui, telle la poule qui couve ses oeufs, accompagnent les porteurs de projets jusqu'à leur autonomie.
Pour mémoire, dans le langage économique, les incubateurs sont des structures d’appui à la création d’entreprises. Ils réunissent des ressources spécialisées dédiées à l’accompagnement et l’assistance des entreprises avant leur création ou dans les premières années de leur vie. Ils incluent, en général, un hébergement immobilier souple, des services administratifs, des actions de conseil et de mise en relation avec les réseaux d’affaires. L'incubation d'entreprises n'est pas une activité nouvelle, mais elle est en très forte progression depuis l'arrivée du numérique. « On voit une véritable industrie de la création d'entreprise se former, se professionnaliser au cours des ans », expliquent les auteurs du rapport Les incubateurs : émergence d'une nouvelle industrie, réalisé en 2002 pour le ministère de l'industrie en France.
Sommaire
Priorité à la richesse sociale
Bien qu’il poursuive le même objectif que n’importe quel incubateur d’entreprise traditionnel, un incubateur social présente une double spécificité. D’une part, il accompagne des initiatives économiques innovantes au service de l’intérêt général. Ces initiatives, qui doivent être économiquement solides et socialement utiles, peuvent prendre différentes formes : entreprise, association, fondation, Scop ou Scic, et poursuivre un but marchand ou non marchand. Ces structures bénéficient, au sein de l’incubateur social, d’une base logistique indispensable et d’un accompagnement adapté à chaque phase de la création et du démarrage de leur activité : conseils techniques et stratégiques, accompagnement dans la rédaction d’un business plan social, hébergement et financement le cas échéant.
D’autre part, l’incubateur social soutient des porteurs de projets qui s’engagent à analyser, suivre et maximiser leur retour social sur investissement. Pour ce faire, il accompagne les entrepreneurs sociaux dans leur réflexion sur la mesure de leur impact social.[1].
Des communautés très actives
Ashoka. Lancée en Inde en 1980 par Bill Drayton qui a popularisé le terme d’entrepreneur social, Ashoka - organisation sans but lucratif, laïque et apolitique - est le plus grand réseau d’entrepreneurs sociaux existant. Son objectif est de faire émerger un monde où chacun est capable d’agir rapidement et efficacement pour répondre aux défis sociétaux.
« Le secteur social a besoin de structures équivalentes aux fonds de capital-risque, capables d’identifier et d’accompagner les entrepreneurs sociaux innovants pendant la phase de développement de leur activité », explique Ashoka. L’approche choisie est celle du capital-risque philanthropique. Ashoka investit dans les entrepreneurs sociaux, qu’elle sélectionne pour leur projet innovant et leurs qualités entrepreneuriales, tout en attendant un "retour sur investissement" qui est social et non pas financier. Ce "retour" se calcule en fonction de l’augmentation de l’impact que les entrepreneurs sociaux ont sur la société. Site : ashoka.org
Imagination for People. Une communauté de citoyens créatifs pour repérer et soutenir les projets d'innovation sociale. Place au pouvoir de la créativité pour trouver des solutions concrètes contribuant au mieux-vivre ensemble : l’imagination, en somme, au service du bien commun. « Nous croyons aux histoires portées par des anonymes – individus, associations, collectifs, organismes publics ou entreprises – qui inventent, testent et perfectionnent des solutions sur le terrain, autant de succès ingénieux, souvent modestes, qui ne trouvent pas leur chemin jusque dans les médias. » Imagination for People se veut un moteur d'activation de nouveaux partenariats PPP : People, Public, Private. Site : www.imaginationforpeople.org
Les Ted Fellows. Ted est une organisation à but non lucratif destinée à promouvoir les bonnes idées et découvertes à travers le monde, portées par des acteurs innovants. Créée en 1984, le réseau s'est développé partout dans le monde. Deux conférences annuelles sont organisées, un prix annuel est décerné, et plusieurs programmes sont menés à l'international, dont le programme de traduction. Ce dernier permet à chaque internaute d'avoir accès aux meilleures idées et innovations en cours, dans sa langue, sous forme de vidéo. Site : www.ted.com/OpenTranslationProject
Les institutions de microfinance ou IMF. Elles fournissent un ensemble de prêts à des taux non usuriers à tous ceux qui sont exclus du système financier classique ou formel. Ces prêts concernent en général les habitants pauvres des pays en développement. De façon plus générale, la microfinance reflète une vision du monde où « le maximum de foyers pauvres ou assimilés peuvent avoir un accès permanent à une gamme de services financiers incluant non seulement le crédit mais l'épargne, l'assurance et les transferts de fonds ».
Source : Article Microfinance sur Wikipédia.
Les « évangélisateurs »
C'est sous cette appellation un peu bizarre que se reconnaissent certains porteurs de projet dans le domaine de l'innovation numérique, domaine où le nombre d'incubateurs est en plein boum. Parmi ces incubateurs/promoteurs de projets web radicalement nouveaux, les évangélistes en chef les plus connus seraient:
- Vinton Cerf, "chief evangelist" de Google, considéré comme le père d'internet, avec la découverte du protocole TCP/IP (Protocol for Packet Network Intercommunication).
- Sir Tim Berners-Lee, citoyen britannique connu comme le principal inventeur du World Wide Web. Anobli par la reine Elizabeth II pour ce travail d'utilité générale. Sa plus grande contribution fut sans doute d’avoir rendu son idée complètement libre, sans brevet ni droits, afin que chacun puisse l'adopter librement. Il fait aujourd'hui la promotion du web sémantique, un système qui permettrait aux machines de « comprendre » et de répondre à des demandes complexes de l'homme.
Le forum social mondial, un incubateur informel
Un des événements phares vers la transition sociale et durable est le forum social mondial qui a lieu tous les quatre ans. Il est ouvert à toute personne ayant un engagement associatif et citoyen tant à un niveau économique, que social et environnemental. Il peut s'agir des acteurs de l'économie solidaire, des logiciels libres, des énergies renouvelables ou encore de la défense des droits de l'Homme. Au coeur de la philosophie qui l'anime : l'intelligence collective (ou la sagesse des foules).
Mettons en relief un exemple de bonne pratique à travers une petite initiative concrète mise en place lors de la deuxième édition du forum mondial à Porto Alegre au Brésil en 2002. A l'entrée du forum, les dizaines de milliers de participants recevaient un kit d'alimentation saine. Le Kit comprenait :
- une assiette en calebasse, fabriquée par des détenus de la Prison centrale de Porto Alegre et du Pénitencier de Jacui.
- un verre en bambou, fabriqué par des agriculteurs de l'« Assentamento » Capela Santana, situé dans la commune de Nova Santa Rita.
- des couverts en bambou, sculptés par des artisans du Rio Grande do Sul.
- un sac en coton, conçu par l'Univens, coopérative des couturières unies « On vaincra ».
Plusieurs messages sont à retenir :
- il est techniquement possible de donner du travail à des personnes exclues.
- nous sommes capables de produire des objets utiles et durables qui remplacent ceux que nous sommes habitués à utiliser, plus faciles à produire certes mais qui desservent les intérêts de l'humanité.
- il est simple d'amorcer le mouvement de la responsabilité. Recevoir un petit sac avec une assiette, une fourchette et un verre nous contraint à les laver nous-même, et à bien les laver. Cette initiative met en valeur les habitudes alimentaires régionales dans le but d'accéder à la souveraineté alimentaire.
Les buts recherchés sont multiples :
- promouvoir l'éducation alimentaire,
- faciliter l'accès aux aliments de qualité,
- vendre ces aliments à des prix abordables,
- créer des revenus pour les populations rurale et urbaine,
- contribuer au développement durable.
- ↑ Source : www.biblio-solidaires.org