Pourquoi et comment c'est possible: Tour d'horizon des écolieux

De Wiki ECOPOL

Si j'étais un écolieu: Est-ce que je serais un endroit où les écolos se retrouvent, une fois par an pour un congrès annuel? Ou un lieu où ils voudraient vivre retirés d'un monde qui les révolte? Pour s'imaginer y vivre, ne doit-il pas être ouvert à tous, que chacun y trouve sa place tout en respectant les autres ?

Si j'étais un écolieu, à quels principaux défis devrais-je répondre ?


  • Forte autonomie : trouver une large majorité des biens et services produits sur place pour une offre adaptée au besoin sans surconsommation.
  • Empreinte écologique très faible sinon nulle : 100 % recyclage et 0% pollution.

Chacun de nos actes est instinctivement pensé pour laisser le moins de trace possible, comme les animaux dans la nature.

  • Alimentation saine: l'usage d'une approche naturelle pour enrichir les sols plutôt que les appauvrir est essentielle. (biodynamique le plus possible)
  • Placer l'Homme au centre du projet :
    • Chacun doit pouvoir créer sa petite entreprise (Soutien à la création de micro-entreprises (production de biens et services))
    • avec une préoccupation permanent de l'équité des chances et d'un équilibre des richesses (Economie sociale et solidaire, basée sur l'équité des chances et la lucrativité limitée).
    • l'architecture intégrée à la nature avec des matériaux locaux (bio-construction).
  • Apprentissage par la formation continue et partage des savoir-faire: l'aide apportée à chacun dans la réalisation de ses projets doit être une clé de voute importante (aide au développement personnel et thérapies douces).

Dans un écolieu, l'ecologie est donc perçue comme un tout, dans une approche complète, qui touche à tous les aspects de la vie en société. Le point le plus difficile est toujours le facteur humain (écologie relationnelle), c'est à dire la bonne régulation des relations entre acteurs d'un tel lieu, le bon équilibre entre libertés individuelles et bien commun.

Les spécificités d'Ecopol

Dans cette constellation d'expériences pilotes, les spécificités du projet Ecopol sont:

- la combinaison de nombreuses expériences et méthodes/outils déjà testés

- l'absence de dogme politique ou spirituel, favorisant la démocratie participative

- les 15 ans d'expériences des fondateurs dans la gestion de projets communautaires mixtes (combinant habitat, bureaux, formation, art, soutien aux micro-entreprises...)

- le démarrage sur un terrain neutre, où il n'y a pas à imposer à des habitants un mode de fonctionnement qui bouleverse leurs pratiques.

- une équipe de base motivée et compétente, reliant institutions et acteurs du terrain

- la possibilité de croitre rapidement et de manière harmonieuse (passer par exemple de 100 à 10'000 personnes en 20 ans) grâce à l'informatisation de la gestion des flux de biens et services entre participants, ceci évitant une majeure part des problèmes relationnels potentiels.

L'une des motivations principales de ce projet est de fournir un modèle qui pourrait permettre de réorganiser à terme l'urbanisme des grandes agglomérations urbaines, en les construisant autour de petits centres de quelques milliers de personnes. En effet, admis que plus de la moitié des habitants de la planète habitent dans des villes de plus de 10'000 habitants, une réorganisation de leur mode de fonctionnement nous paraît essentielle pour permettre de mettre en place une écologie à grande échelle.

Pour ce faire, il faut évidemment démontrer que la vie dans une vraie écoville avec un bilan pollution proche du 0% est parfaitement viable et ne relève pas de projections absurdes et impossibles, ce à quoi le projet Ecopol se propose de contribuer.

Parler de visions ou du fonctionnement d'un monde meilleur, c'est bien joli! Si on se fait l'avocat du diable on se rend compte qu'être visionnaire est bien plus facile que mettre en pratique. Alors comment commencer? Où démarrer? C'est bien là tout l'intérêt de ce chapitre. Un des points clefs est de parler de l'expérience pratique. C'est cela la force du projet. Avoir des fondateurs qui ont de l'expérience dans les domaines sociaux et économiques, non pas dans la technologie même si elle est essentielle et s'il est important de bien la maîtriser. Car c'est là le grand défi: éviter que les participants ne rentrent dans des jeux de pouvoir et, plus grave, éviter que les personnes bien intentionnées et compétentes ne jettent l'éponge à cause de personnes moins bien intentionnées qui leur mettent la pression. Autrement dit, c'est dans ce chapitre que vous trouverez les réponses à la question principale: comment faire concrètement pour se lancer?

Encart 1: le démarrage d'Auroville

Sri Aurobindo était un des compagnons de lutte de Gandhi. Fils de Maharaja, il se retrouva à la tête d'un état vers l'âge de la trentaine puis démissionna pour protester contre les colonies anglaises. Il publia de nombreux livres pour exposer sa vision d'un monde plus juste. Dans ses dernières années, il se fit offrir un terrain près de Pondicherry, seul comptoir français d'Inde. Avec sa compagne française nommée the Mother, ils initièrent ce projet avec une identité internationale confirmée. Quelques années après sa mort, en 1968, Auroville fut officiellement inaugurée. Des adolescents de plus de 100 pays du monde s'y retrouvèrent pour une célébration de lancement. Chacun apportait un peu de terre de son pays qu'ils mirent dans un pot commun pour célébrer l'union des nations, le tout sous l'égide de l'UNESCO. Malheureusement, aucun plan concret pour gouverner cette ville en devenir n'était formalisé. The Mother et les gens qui l'entouraient n'avaient pas comme moteur la cohérence de la gestion, ils étaient plus concentrés sur la spiritualité. Aujourd'hui, plus de 1500 personnes de plus de 100 nationalités y vivent. Ils ont reforesté un espace de 10km/10 composé de petits hameaux avec des lieux de formation, de vie et d'accueil. Néanmoins, leur durabilité est due à une curiosité administrative exceptionnelle due à Sri Aurobindo. Le rattachement direct du territoire d'Auroville à l'administration fédérale de New Dehli située à plusieurs milliers de kilomètres et donc l'indépendance d'Auroville par rapport à l'état régional du Tamil Nadu qui compte plus de 65000 habitants. Ceci a fait d'Auroville dès son début un lieu où de nombreuses choses impossibles ailleurs sont possibles. Ce sont ces germes qui ont poussé, notamment l'absence de propriété privée, l'absence d'intervention du pouvoir local en matière de décisions urbanistiques et la grande liberté laissée à l'initiative individuelle pour créer des écoles, des centres artistiques ou des petites entreprises. Néanmoins, tout n'est pas juste et équitable à Auroville ce qui est le défaut de la liberté extrême dont jouissent les aurovilliens.

http://www.auroville.org/

Encart 2: le démarrage de Findhorn

Findhorn est une des principales sources d'inspiration pour des pôles d'écologie communautaire. Situé en Ecosse, il est né dans les années 60. C'était d'abord un immense hôtel géré par trois amis. Ils eurent l'inspiration de ne pas se limiter à l'hôtellerie mais de démarrer de l'agriculture bio et biodynamique. Dans les années 70 puis jusqu'au début des années 80, Findhorn connut une croissance exponentielle. Des centaines puis des milliers de personnes de tous milieux venaient y résider ponctuellement ou durablement. Ils avaient même entre temps déménagé sur un terrain plus large. Dans les années 80 il y eut des querelles internes et à certains moment, plus que quelques habitants sur place. Mais comme le phénix qui renaît de ses cendres, Findhorn connut un nouveau souffle. Aujourd'hui ses fondateurs mènent de nombreux programmes éducatifs à l'écologie pratique et communautaire en coopération et sur financement de l'Union Européenne, de diverses agences de l'ONU et des participants venus du monde entier pour apprendre cet art de vivre.

http://www.findhorn.org/

Encart 3: le démarrage de Masdar

Masdar est une ville en construction dans le golfe persique dans l'émirat d'Abou Dabi. Elle compte atteindre 50'000 habitants en 2020 et faire office de ville énergétique modèle. Elle vise le zéro pollution avec une production d'électricité 100% solaire et renouvelable. Initiée selon les grands principes du management, les dimensions humanistes et spirituelles sont largement mises de côté, d'ailleurs, de grandes multinationales comme Toyota la sponsorisent en y apportant leurs technologies et leur moyens. Comme Brasilia dans les années 1960 au Brésil ou Washington DC au XVIIIème siècle aux Etats-Unis, Masdar est une ville qui émerge de rien. Elle n'est pas la volonté d'un peuple ni le résultat d'une croissance organique, elle est planifiée pour servir certains intérêts. La bonne question est donc: quels intérêts sert-elle?

http://www.masdar.ae/masdar2010/en/home/index.aspx