Pourquoi et comment c'est possible: Tour d'horizon des écolieux
Si j'étais un écolieu
Est-ce que je serais un endroit où les écolos se retrouvent, une fois par an pour un congrès annuel?
Ou un lieu où ils voudraient vivre retirés d'un monde qui les révolte?
Serai-je un lieu ouvert à tous?
Veillerais-je à ce que chacun trouve sa place?
Si j'étais un écolieu, à quels principaux défis devrais-je répondre ?
- Forte autonomie :
Pourvoir aux besoins en biens et services, par une production sur place ou par l'échange avec des acteurs responsables. Construire une offre adaptée qui répondent aux besoins sans surconsommation.
- Empreinte écologique très faible sinon nulle :
Atteindre le 100 % recyclage et le 0% pollution.
Construire en respectant la nature, développer une architecture intégrée à l'écosystème, en utilisant des matériaux naturelles et locaux. (bio-construction).
Chacun de nos actes est instinctivement pensé pour laisser le moins de trace possible, comme les animaux dans la nature.
- Alimentation saine:
Proposer à chacun des produits naturelle issus d'une agriculture naturelle, visant l'enrichissement des sols plus que l'appauvrissement. (agriculture biodynamique par exemple)
- Placer l'Homme au centre du projet :
- Favoriser l'initiative individuelle, faciliter la création d'entreprises.
- Assurer l'équité des chances, en offrant à tous la chance d'apprendre et de se former.
- Tendre vers l'équilibre des richesses, respecter les valeurs de l'économie sociale et solidaire, en limitant la lucrativité.
- Apprentissage par la formation continue et partage des savoirs-faire
Développer l'entraide afin de favoriser le développement personnel, le bien être de chacun (thérapies douces) et la possibilité de réaliser des projets personnels.
Dans un écolieu, l'écologie est donc perçue comme un tout, dans une approche complète dite aussi complexe. Tous les aspects de la vie en société sont pris en compte.
L'élément le plus délicat est la gestion du facteur humain (écologie relationnelle). La régulation des relations entre acteurs d'un tel lieu, le bon équilibre entre libertés individuelles et la gestion du bien commun sont autant de dimension à organiser.
Sources d'inspiration
Les peuples premiers
Le réseau mondial dit des « peuples premiers » (Bushmen, aborigènes, moines tibétains, pays du Bouthan, amérindiens...), est composé de peuples souvent spoliés par les états où ils vivent depuis toujours.
N'ayant pas adopté les technologies accélératrices (cf. Technologies accélératrices) ces peuples ont un mode de vie durable. Leur mode de vie traditionnelle fait d'eux les gardiens de savoirs ancestraux notamment en matière thérapeutique, mais aussi économique et sociale. Selon l'ONU, ils seraient plus de 200 millions.
Malgré leurs souffrances, ces peuples ont décidé de se mobiliser et de coopérer internationalement, l'ONU soutient leurs actions.
Les récentes élections d'indigènes à la tête de plusieurs pays d'Amérique Latine (Guatemala, Bolivie, Equateur) sont des signes d'espoir.
Le saviez-vous?
« les parcelles de terrain exploitées puis abandonnées par les Indiens d’Amazonie depuis plus de quarante ans sont deux fois plus riches en espèces sylvestres que la forêt voisine. Leur système de gestion traditionnelle de la forêt est de loin le plus efficace. Une étude menée en 2006 au Brésil montre que la vitesse de déforestation est 17 fois plus élevée dans les zones non indiennes que dans les territoires autochtones. Depuis toujours, les populations ancestrales vivent de la forêt avec en corollaire la durabilité de cette relation. »
La vitesse de déforestation actuelle est de 13 millions d’hectares par an, soit l’équivalent d’une agglomération de 100 000 habitants toutes les heures. Près d’un quart des émissions de CO2 d’origine humaine, responsables du réchauffement climatique, sont dus à la déforestation.
(source: http://peuplespremiers.romandie.com)
Les communautés intentionnelles
Communauté intentionnelle est une expression, surtout utilisée au Québec, pour désigner un ensemble de personnes d'origines diverses ayant choisi de vivre ensemble en un lieu donné et sous une forme organisationnelle et architecturale définie. C'est l'intention qui distingue la communauté d'une autre.
On recense aujourd'hui au moins cinq formes de communautés intentionnelles définies :
- la communauté religieuse ou communauté spirituelle (ex: monastère, kiboutz, ashram etc.)
- la commune, habituellement rurale
- l'écovillage,
- l'écoquartier
- la coopérative d'habitation (marché locatif, secteur semi-privé)
- le cohabitat
Les communautés intentionnelles regroupent souvent, bien que pas nécessairement, des gens partageant une préoccupation pour l'environnement et le développement durable.
On parle aussi de communautarisme de lieux de vie.
Source: www.wikipedia.org
Le réseau est informel, il est composé de nombreux projets aux idéologies assez marquées (politique, spirituelles), qui, pour survivre, ont du s'ouvrir à la différence.
A citer notamment:
- les centres anthroposophes découlant des travaux de Rudolf Steiner,
- les communautés de l'Arche initiées par Lanza del Vasto ou
- le mouvement socio-économique solidaire des Focolari ou simplement
- les monastères et temples de toutes religions, organisés selon des pratiques globalement très durables
- les projets utopiques plus anciens (phalanstère de Fourier, les Ashram du Mohatma, Gandi en Inde, ou les projets utopiques, non réalisés, uniquement décrits de Thomas Moore, Marivaux ou de Rabelais)
Ecovillages
Un écovillage (ou éco-village, éco-lieu, éco-hameau), est une agglomération, généralement rurale, ayant une perspective d'autosuffisance variable d'un projet à l'autre et reposant sur un modèle économique alternatif. L'écologie y a également une place prépondérante. La priorité est en effet de redonner une place plus équilibrée à l'homme en harmonie avec son environnement, dans un respect des écosystèmes présents.
Vécus comme des laboratoires d'expérimentations alternatives, les écovillages peuvent accueillir une production potagère, des constructions écologiques, un centre de ressources, un espace d'accueil, ou encore des ateliers artistiques. L'objectif est de créer, ensemble, un mode de vie convivial et juste, avec une empreinte écologique minimale.
L'expression écovillage a vu le jour lors du Sommet de la Terre à Rio de Janeiro au Brésil en 1992. Suite au rapport Brundtland de la Commission mondiale sur l'environnement produit en 1987 faisant le constat alarmant du réchauffement de la planète, de la raréfaction de l'eau, d'espèces vivantes et de l'accroissement de la pauvreté dans le monde, les dirigeants de 178 pays se sont réunis à Rio pour discuter de l'avenir de la planète.
Source: www.wikipedia.org
Le réseau mondial des écovillages
Il est composé de plusieurs milliers de petits lieux avec 50 à 5'000 habitants , dont les plus connus sont notamment Findhorn (Ecosse) et Auroville (Inde). C'est le principal réseau qui confronte les rêves d'écologie globale avec la pratique réelle au quotidien et à large échelle.
A consulter: www.ecovillages.org
Les écoquartiers
La conception d’un écoquartier a pour objectif de proposer des logements pour tous dans un cadre de vie de qualité, tout en limitant son empreinte écologique.
Pour ce faire, un écoquartier doit respecter les principes du développement durable :
- Promouvoir une gestion responsable des ressources
- S’intégrer dans la ville existante et le territoire qui l’entoure
- Participer au dynamisme économique
- Proposer des logements pour tous et de tous types participant au « vivre ensemble » et à la mixité sociale
- Offrir les outils de concertation nécessaires pour une vision partagée dès la conception du quartier avec les acteurs de l’aménagement et les habitants.
Une fois ces grands principes énoncés, il est toutefois indispensable d’adapter la réalisation de l’écoquartier aux caractéristiques de son territoire. L’écoquartier a donc la particularité de s’appuyer sur les ressources locales, qu’elles soient paysagères, urbaines, humaines ou environnementales.
Plutôt que de parler de « territoire d’exception », l’écoquartier est un levier vers la ville durable, même si contraint par le fonctionnement même de la ville.
Source: www.developpement-durable.gouv.fr
Ces expériences se centrent sur l'éco-construction et plus modestement sur les aspects sociaux et environnementaux globaux (réduction des gaz à effet de serre, potagers biologiques...). Ces projets son généralement de petite envergure, il existe cependant une exception notable en Chine ( ChengDen projet en construction pour 500'000 habitants près de Shanghai).
Voici quelques exemples d'écoquartiers:
- Vauban à Freiburg (Allemagne),
- BedZed à Londres (Grande Bretagne) et de nombreux
- les éco-lotissements de l'ecocentro IPEC (Pirénopolis, état du Goiais, Brésil).
Les villes écologiques
Ce sont des villes industrialisées qui ont tenté d'adopter progressivement des pratiques écologiques plus restrictives que la moyenne (au niveau transport, traitement des déchets...). On y compte notamment la ville de Curitiba (Brésil), de Lausanne (Suisse, coordinatrice du réseau) et on y retrouve là aussi Auroville, qui est la seule écoville vraiment peu polluante.
Focus sur une écoville créée ex-nihilo
Masdar est une ville en construction dans le golfe persique dans l'émirat d'Abou Dabi. Elle compte atteindre 50'000 habitants en 2020 et faire office de ville énergétique modèle. Elle vise le zéro pollution avec une production d'électricité 100% solaire et renouvelable. Initiée selon les grands principes du management, les dimensions humanistes et spirituelles sont largement mises de côté, d'ailleurs, de grandes multinationales comme Toyota la sponsorisent en y apportant leurs technologies et leur moyens. Comme Brasilia dans les années 1960 au Brésil ou Washington DC au XVIIIème siècle aux Etats-Unis, Masdar est une ville qui émerge de rien. Elle n'est pas la volonté d'un peuple ni le résultat d'une croissance organique, elle est planifiée pour servir certains intérêts. La bonne question est donc: quels intérêts sert-elle?
http://www.masdar.ae/masdar2010/en/home/index.aspx
Revitalisation des friches
Les revitalisations de friches (lieux abandonnés) agricoles, industrielles et militaires, sont des projets artistiques dont certains ont donné naissance à de véritables joyaux de créativité humaine. Ces lieux sont souvent symbolisé par le surnom «petit Soho », car Soho est une friche industrielle à New York qui a réussi sa reconversion en quartier artistique. Il existe des expériences plus globales, telles la Friche Belle de Mai à Marseille, Kalakhuta Republic à Lagos, Christianien à Copenhague et de nombreux autres lieux de vie artistique dans une bonne part des ville de notre planète.
Petite escapade à travers le monde
Visitons quelques écovilles existantes, afin de nous imprégner de leurs ambiances respectives. Elles seront une source d'inspiration pour la suite de notre aventure...
Auroville
Présentation
Auroville, la "Cité universelle", est une écoville qui réunit environ 1'700 personnes venant du monde entier. Elle est située au Sud de l'Inde, dans l'Etat de Tamil Nadu, à 10 km au nord de Pondicherry. Sa population, est issue d'environ 35 nations, composée de tous les groupes d'âge, de toutes les classes sociales, milieux et cultures. En 1966, le projet Auroville a été recommandé unanimement par l'Unesco comme "projet d'importance pour le futur de l'humanité."
=Le démarrage
Sri Aurobindo était un des compagnons de lutte de Gandhi. Fils de Maharaja, il se retrouva à la tête d'un état vers l'âge de la trentaine puis démissionna pour protester contre les colonies anglaises. Il publia de nombreux livres pour exposer sa vision d'un monde plus juste. Dans ses dernières années, il se fit offrir un terrain près de Pondicherry (seul comptoir français d'Inde). Avec sa compagne française nommée the Mother, ils initièrent ce projet avec une identité internationale confirmée.
Quelques années après sa mort, en 1968, Auroville fut officiellement inaugurée. Des adolescents de plus de 100 pays du monde s'y retrouvèrent pour une célébration de lancement. Chacun apporta un peu de terre de son pays qu'ils mirent dans un pot commun pour célébrer l'union des nations, le tout sous l'égide de l'UNESCO.
Cependant, aucun plan concret pour gouverner cette ville en devenir n'était formalisé. The Mother et les gens qui l'entouraient n'avaient pas une grande expérience en gestion, ils étaient plus concentrés sur la spiritualité.
Aujourd'hui, plus de 1500 personnes de plus de 100 nationalités vivent à Auroville.
Ils ont reforesté un espace de 10km/10 composé de petits hameaux avec des lieux de formation, de vie et d'accueil. La durabilité du projet est due à une curiosité administrative exceptionnelle oeuvre de Sri Aurobindo.
Il s'agit du rattachement direct du territoire d'Auroville à l'administration fédérale de New Dehli située à plusieurs milliers de kilomètres de l'écoville. Ce qui confère à Auroville une indépendance par rapport à l'état régional du Tamil Nadu.
Ainsi, dès son début ce fût un lieu où de nombreuses choses impossibles ailleurs devenaient possibles.
Ce sont ces germes qui ont poussé:
- l'absence de propriété privée,
- l'absence d'intervention du pouvoir local en matière de décisions urbanistiques et
- l'autonomie en matière d'éducation
- la possibilité de créer des centres artistiques
- la liberté laissée à l'initiative individuelle pour créer des petites entreprises.
Source: http://www.auroville.org/
Findhorn
Présentation
Findhorn est une des principales sources d'inspiration pour les pôles d'écologie communautaire.
La communauté de base de Findhorn est une expérience de vie consciente, un centre d'éducation et un ecovillage. Basé principalement dans le parc Findhorn et à l'université de colline de Cluny, dans la ville voisine de Forres.
La communauté regroupe des individus, des entreprises et des organismes dans un rayon de 50 milles du parc, aux îles d'Iona et Erraid, sur la côte ouest de l'Ecosse.
Le démarrage
Né dans les années 60, c'était à l'origine un immense hôtel géré par trois amis. Ils eurent l'inspiration de ne pas se limiter à l'hôtellerie mais de démarrer des activités d'agriculture bio et biodynamique.
Dans les années 70 puis jusqu'au début des années 80, Findhorn connut une croissance exponentielle. Des centaines puis des milliers de personnes de tous milieux venaient y résider ponctuellement ou durablement. Durant la même période la communauté déménagea sur un terrain plus large.
Dans les années 80, il y eut des querelles internes, ce qui reduit la population à quelques habitants. Tel le phénix qui renaissanr de ses cendres, Findhorn connut un nouveau souffle.
Aujourd'hui ses fondateurs mènent de nombreux programmes éducatifs à l'écologie pratique et communautaire en coopération et sur financement de l'Union Européenne, de diverses agences de l'ONU et des participants venus du monde entier pour apprendre cet art de vivre.
Damanhur
Damanhur, primée par les Nations Unies comme modèle pour un futur durable, est une éco société basée sur des valeurs éthiques et spirituelles. Fondée en 1975, la Fédération compte environ 1000 citoyens et s’étend sur 400 hectares de terrains, disséminés dans la Valchiusella et dans la zone du Haut Canavese, aux pieds des Alpes Piémontaises, en Italie.
Damanhur offre des cours et des événements tout au long de l’année. A chaque saison, nous avons la possibilité d’y séjourner ou d’y effectuer une visite sur des courts ou plus longues périodes : des séjours d’étude, de vacances ou de régénération.
Damanhur promeut la culture de la paix et du développement équilibré à travers la solidarité, le volontariat, le respect de l’environnement, l’art et l’engagement social et politique. Damanhur a une constitution, un système de valeur complémentaire, un quotidien et des revues, des ateliers d’art, un centre de recherche et d’application médicale et scientifique, une Université libre et des écoles pour les petits et les plus grands jusqu’à la dernière année secondaire.
La Fédération est aussi connue dans le monde entier pour la création des Temples de l’Humanité, une œuvre d’art souterraine extraordinaire conçue par ses citoyens, dédiée à l’Eveil de la partie divine de chaque être humain et considérée par un grand nombre de personnes comme la Huitième Merveille du monde. Les ateliers d’art qui ont réalisé les Temples sont réunis à la Damanhur Crea. La Damanhur Crea est un centre innovateur, d’art, de recherche et de bien-être, ouvert au public tous les jours.
Damanhur a des centres et des amis en Italie, en Europe, au Japon et aux Etats-Unis et collabore avec des organisations internationales engagées dans le développement social, civil et spirituel de la planète.
Les concepteurs du projet ECOPOL ont visité et étudié l'histoire et le fonctionnement de ces lieux, afin de pouvoir s'appuyer sur l'existant pour construire un projet solide.