Service d'incubation
Dans son livre best-seller Vivre autrement : écovillages, communauté et cohabitats, Diana Leafe Christian présente des cas concrets de création d’écohabitats mais elle constate que seuls 10 % des communautés écologiques intentionnelles réussissent à durer.
Monter un écolieu est un projet enthousiasmant ; malheureusement, l'aventure humaine peut être plombée dès le départ par la complexité du montage administratif, tant l'esprit d'innovation prime sur la gestion courante. Par exemple, pour obtenir un prêt bancaire pour un cohabitat en coopérative, les porteurs du projet doivent fournir vingt à trente documents différents, car ils ne sont plus clients mais acteurs de l'immobilier en tant que maître d'ouvrage d'utilité publique.
Pour qu'il réponde parfaitement aux conditions de financement, chaque document demande un temps relativement important. Citons notamment : les statuts de la coopérative, les divers procès-verbaux de séances, la liste des membres et un profil succinct des membres du comité, les comptes (bilans et les pertes & profits) des années précédentes et le rapport d'audit externe relatif, le descriptif du projet sous divers aspects (accessibilité, répartition des logements, motivation, vision, rapport d'activités), le contrat d'achat, le plan d'architectes pour la demande de permis de construire ou de transformer, le permis obtenu, toutes les contraintes émises dans ce permis ayant été évaluées comme acceptables par des experts tiers, les extraits du registre foncier et du registre du commerce, le devis des entreprises de construction, le plan de financement, le comparatif des prix du marché pour des biens similaires, la preuve de solvabilité des futurs habitants, les études techniques diverses, la certification Minergie pour les économies d'énergie (isolation thermique), les contrats de bail et parfois la preuve de solvabilité des futurs habitants. Voilà plus ou moins le degré de complexité administratif d'un projet d'habitat en coopérative d'habitation, tant pour démarrer (incuber) que pour durer (coadministration).
C'est moins ardu que de faire adopter une nouvelle constitution pour un Etat, mais c'est bien plus complexe que d'acheter une propriété immobilière seul-e ou en couple. Un Ecopol est une forme de mini-Etat, respectant lois et règles, les complétant par des accords entre cohabitants, le contrat social traitant du quotidien et de la vie citoyenne.
Pour une bonne incubation, nous appliquons aussi la règle « un projet, un responsable », qui part du principe que quand il y a plus d'une personne responsable, et surtout si tous sont co-responsables du même sujet (gestion des loyers, du potager, du ménage…), alors plus personne ne se sent personnellement responsable. Pour chaque activité, chaque projet, chaque groupe de travail, une seule personne est officiellement responsable, tout en étant encouragée à s'entourer de collègues tout aussi engagés qu'elle. Ils sont donc référents en dernier ressort, pour communiquer aux autres sur l'avancée de leur projet.
Ainsi chacun apprend à coordonner une équipe, développant sa culture citoyenne du vivre-ensemble.
L'équipe de la Smala, qui pilote le développement des services Ecopol, a réussi à animer plus de 40 petits pôles d'écologie communautaire sur 1 à 10 ans chacune. Nous avons rencontré toutes sortes de difficultés. A chaque fois, nous avons pu en retirer des enseignements permettant d'améliorer le contrat social et les moyens nécessaires pour que la majorité des cohabitants s'accordent sur des règles communes, aussi équitables qu'applicables.
Avec ses deux prérequis et neuf critères de base, Ecopol est une démarche plus globale que l'adhésion au GEN en 4 points généraux. Smala fournit des outils de base (règlement, modèles de contrats…). Ils sont à adapter et à adopter progressivement, pour que la coopérative dépasse le seul cadre de la copropriété, et s'ouvre un peu plus au vivre-ensemble, à l'entraide au quotidien.