Des cathédrales aux bazars

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Cathédrale, bazar, culture libre, Linux,


On accorde souvent plus d'attention et de prestige à une belle cathédrale qu'à un bazar (à l'apparence) anarchique. ; pourtant, en ce qui concerne les modes d'organisation, d'entreprises ou de projets, ces a priori devrait être remis en question. Cathédrale, bazar ? De quoi parle-t-on ? Le système en cathédrale fonctionne de manière hiérarchique ; le pouvoir se trouve au sommet d'une pyramide avec de nombreux niveaux intermédiaires qui la séparent de la base. Cette hiérarchie pyramidale exerce un contrôle important sur la base, notamment en s'interposant dans la circulation de l'information et les prises de décisions ; tout doit passer d'échelon hiérarchique du haut vers le bas ou inversement, jamais de manière transversale. La plupart des États fonctionnent de cette manière (quoique la Confédération helvétique ressemble presque à un bazar non ?). En revanche, dans un fonctionnement en bazar, il n'y a pas de position dominante a priori. Chacun agit de son côté, individuellement ou en petit groupe, et partage ses expériences avec les autres selon des règles communes, parfois informelles et issues de l'expérience.

Ces deux systèmes se retrouvent aussi dans le monde des médias numériques. Les médias traditionnels exercent un quasi-monopole (du haut vers le bas) sur l'information. De la même manière, les géants de l'informatique tels que Microsoft, Apple, Google ou Facebook maitrisent totalement l'utilisation et le développement de leurs produits.

Même si le fonctionnement en cathédrale est prédominant, le bazar, notamment à travers la culture libre est en train de bouleverser le rapport de force. Linux, le noyau du système d'exploitation GNU/Linux, est un excellent exemple de ce changement. Alors que ses homologues privatifs sont conçus par une poignée d'ingénieurs qui conçoivent entre eux, à l'abri des regards, un produit pendant de long mois, Linux est améliorable par tous, pourvu qu'on respecte les règles de fonctionnement de la communauté. Là réside, sans doute, une des clés de la force du bazar. Il fonctionne grâce à des micro-hiérarchies de contributions et non de statut (ex. : j'ai raison car je suis ton chef, ou bien j'ai raison car j'ai fait 5 années d'étude et toi seulement 2). Au-delà de lutter contre le contrôle de l'information et des logiciels par une minorité, il est aussi plus efficace. En effet, les producteurs sont aussi les consommateurs. De plus, par leur nombre important, ils observent plus vite les problèmes et au moins l'un d'eux trouvera la solution rapidement. C'est pourquoi, au contraire d'autres concurrents, les bugs de Linux sont corrigés avec une réactivité incroyable (parfois en quelques heures). Ceci n'est possible qu'au travers d'un partage important, que ce soit des informations, des expériences ou du code des logiciels.